Jean-Pierre Kalfon
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Nda : Incontournable du cinéma français (une bonne soixantaine de films et deux nominations aux César à son actif), Jean-Pierre Kalfon s’est aussi illustré dans le domaine du théâtre (en fondant sa propre compagnie, Théâtre 15, puis en jouant dans une vingtaine de pièces tout au long de sa carrière) et de la télévision (de nombreux rôles dans des téléfilms et séries). Un succès qui ne l’a pas fait céder au chant des sirènes et qui, au contraire, n’a fait qu’amplifier son statut de « bad boy » du milieu. Il faut dire que c’est, souvent, dans des registres (ou rôles) sortant des sentiers battus que ses choix se sont portés (il a tourné pour Jean-Luc Godard, Romain Gary, Philippe Garrel, Jose Benazeraf, Marc’O, László Szabó, Barbet Schroeder, François Truffaut, Claude Lelouch, Henri Verneuil, Claude Chabrol, Yves Robert, Agnès B. et tant d’autres).
Pilier du milieu underground français, ce passionné de musique(s) peut également se targuer d’avoir été un punk avant l’heure…comme en attestent ses premiers enregistrements au milieu des années 1960 (il a, aussi, été à l’affiche du premier Festival Rock-Punk de Mont-De-Marsan en 1976). C’est, une fois de plus, en véritable électron libre qu’il a décidé de poursuivre son chemin musical en compagnie du groupe P.I.B (Bruno Besse, Eric Traissard, Stéphane Vilar aux guitares ; Gilles Erhart aux claviers ; Christophe Garreau à la basse et Robert Plisson à la batterie) afin de se consacrer, une fois de plus, au rock et au blues. Des genres auxquels il se voue corps et âme, dans le plus grand respect de ses modèles en la matière (d’Elvis à Sam Cooke en passant par Otis Redding, Bob Dylan, Stevie Wonder, James Brown, Marvin Gaye, Ray Charles, Donny Hathaway, Freddie King, Albert King et BB King). C’est donc avec une ponctualité qui rendrait jaloux n’importe quel train de banlieue, que Jean-Pierre Kalfon m’a rejoint dans son troquet préféré, afin d’évoquer la note bleue. Assis devant son habituel « Père-Lachaise » (expression de comptoir, désignant un café allongé) celui qui a accompagné Godard sur le tournage du film « One+One / Sympathy For The Devil » (aux Olympic Studios de Londres, avec les Rolling Stones) s’est montré aussi affable, qu’humble et touchant…

Jean-Pierre, je crois que vos premiers pas dans la musique remontent à l’époque durant laquelle vous étiez enfant de chœur. Pouvez-vous évoquer les circonstances qui, par la suite, vous ont amené à trouver des goûts plus personnels et à développer votre passion pour les sons américains ?66
La musique des églises, alors que j’étais enfant de chœur, ne m’a jamais inspiré. J’ai davantage été marqué par les chansons interprétées dans les lieux de culte américains (en découvrant des registres tels que le gospel et le negro spiritual). Cela m’a vraiment intéressé…
Lorsque j’étais gamin, il n’y avait pas de musique chez moi. C’est donc à la radio que j’ai pu « choper » des trucs. Dans un premier temps, c’est le jazz et le blues qui ont eu mes faveurs. Je suis tombé instinctivement amoureux de ces sonorités, sans que je sache vraiment pourquoi. J’ai ressenti le même frisson en découvrant la musique africaine. Tout ce qui est rythmé, qui bouge et qui donne des « pulses » corporelles m’intéresse. Si ces registres nécessitent de savoir bien jouer, composer et écrire, ils sont aussi tributaires de l’engagement physique que leurs interprètes y mettent.

Cette passion est-elle antérieure à celle que vous avez pu ressentir pour la comédie et le théâtre ?
Oui, bien sûr ! C’est vraiment de la musique que je voulais faire au départ. Malheureusement, cela ne marchait pas chez mes parents. J’ai ramené une trompette, un trombone puis une guitare mais je me faisais systématiquement jeter.J’ai donc fugué car ils voulaient que je fasse des études de médecine (alors qu’eux même ne pouvaient pas m’aider, puisqu’ils n’avaient que le Certificat d’Etudes Primaires).
Comme je le dis toujours, les études je les ai poursuivies en justice et je les ai fait condamner (rires) ! Je suis passé du domicile de mes parents à des centres de délinquance, où il n’était pas possible de pratiquer de la musique. En sortant, je me suis enfin senti libre. Cependant, je ne pouvais toujours pas jouer d’un instrument. Donc, j’ai intégré une école de dessin. Si je dessinais bien, cela ne m’a pas beaucoup intéressé. J’ai pourtant gagné un concours qui a permis à l’une de mes réalisations de se retrouver placardée dans tout Paris. Il s’agissait d’une affiche pour une exposition se déroulant au Grand Palais. C’est dans cette école de dessin que j’ai rencontré des gens qui participaient à des cours de théâtre. Je les ai accompagnés et cela m’a passionné, bien que n’y connaissant rien à ce moment-là. J’adorais le fait de voir des gens s’exprimer de cette manière.
Le métier d’acteur est ce que l’on peut faire de mieux lorsqu’on y met sa tête, son cœur et son corps. Il n’y a pas besoin d’un instrument pour cela. Ce n’est donc que plus tard que je suis revenu à la musique, une fois que j’ai commencé à gagner de l’argent dans le milieu du cinéma et dans le théâtre. Je me suis offert des instruments et j’ai débuté en bidouillant des trucs. J’ai, aussi, participé à des pièces au sein desquelles nous chantions. J’y ai appris des choses dans le domaine du chant mais, n’y connaissant rien, je faisais un peu n’importe comment. A mon humble avis, ce n’était pas toujours très réussi (rires) ! C’était, malgré tout, violent, franc et sincère.
Si vous écoutez mon titre de 1965, « Chanson hebdomadaire », on se rend compte que l’atmosphère qui s’en dégage est déjà annonciatrice du mouvement punk qui est, pourtant, né bien plus tard. Ne sachant chanter (ni lire la musique), j’y braillais littéralement. C’était très délirant ! Petit à petit, j’ai essayé de me rapprocher de ce que j’aimais le plus et je me suis mis à la batterie. Un instrument qui nécessite évidement un bon sens du rythme. Je suis devenu batteur dans différents groupes mais, comme mes partenaires d’alors n’étaient pas très créatifs, je me suis mis à apprendre (toujours en autodidacte) la guitare, la basse et le piano. J’ai commencé à écrire et à chanter des titres en anglais, puis en français. C’est sur le tas que tout est venu, au fur et à mesure…

Cette passion pour la musique a-t-elle pu vous guider, par la suite, dans vos choix de films ?
En fait ce sont les gens qui sont venus à moi. Ainsi, que ce soit dans « Rues Barbares », « Laisse Béton », « Les Idoles » ou « L’Amour ou Presque » on me donnait régulièrement l’occasion de m’exprimer en chantant. Les réalisateurs sont, dans chacun de ces cas, venus à moi car ils savaient que je faisais de la musique. En toute honnêteté, je ne me suis jamais trouvé très bon chanteur sur ces longs-métrages. J’étais très sincère mais je ne possédais pas de technique. Disons que c’était un peu « patho » (rires) !

Vous appréciez, particulièrement, les grandes chanteuses américaines de blues. Les premières stars du genre, dans ce domaine, pratiquaient leur art dans des conditions difficiles (noires dans une Amérique ségrégationniste et puritaine, alors qu’ellesn’hésitaient pas à parler de sexualité ou de rébellion). En tant que rebelle du cinéma français, cet aspect de leur démarche artistique vous a-t-il touché ?
J’étais, principalement, touché par leurs voix et leur expressivité. Mahalia Jackson a été l’une des premières que j’ai connues (dans un registre plus proche des spirituals). Bien sûr, j’aimais beaucoup Billie Holiday, Sarah Vaughan, Nina Simone, Tina Turner. Parmi les chanteuses blanches, il y en a une (en plus de Janis Joplin) qui a fait quelque chose d’extraordinaire. Il s’agit d’Amy Winehouse. Bien qu’étant blanche, elle possédait la sensibilité de ses ainées noires américaines (comme Billie Holiday ou Aretha Franklin).La malheureuse n’a pas tenu le choc. Très sensible de nature, elle est tombée dans des histoires d’amour pourries qui l’on conduite directement à la morgue. Si elle était sincère, ce n’était pas le cas des gens autour d’elle. De fille de chauffeur de taxi, elle est devenue star internationale. Le pognon, les groupies et les vautours se sont mis à pleuvoir. Beaucoup de gens ont cherché à la tirer vers le bas, car ce type de personnes n’aime pas que quelqu’un sorte du lot.
La célébrité est quelque chose de très dangereux. Regardez Elvis Presley ou Marilyn Monroe… Ce sont des personnes qui ne pouvaient plus sortir dans la rue…C’est ce qui est marquant dans le film sur Amy Winehouse (« Amy » sorti en 2015 et réalisé par Asif Kapadia, nda). A la fin, on la voit harcelée et en proie aux flashs des photographes. Elle ne peut plus se promener, tranquillement, dans la rue. Tous ses gestes étaient observés et décortiqués. Elle était complètement prisonnière de sa propre célébrité. Chose qu’elle exprime à merveille dans le film quand, à l’époque de son premier album, elle fait vœux de ne jamais devenir célèbre en précisant qu’elle n’y résisterait pas. Elle s’y montre, à la fois, visionnaire et fragile.
A titre personnel, on a commencé à me proposer beaucoup de films alors que j’étais très jeune. J’étais très choyé de ce côté-là et j’en ai refusé pas mal car la célébrité m’est tombée dessus très vite. C’était, au départ, dans un petit milieu mais j’ai rapidement senti le piège que cela pouvait constituer. Michel Cournot dans le Nouvel Observateur avait, à l’époque, signé une très bonne critique sur moi. Il délirait carrément dans cet article qui, au final, m’a fait peur. J’ai senti une certaine forme de jalousie malsaine se développer autour de moi alors que, évidemment, je n’avais pas joué une sérénade à cet écrivain et journaliste pour qu’il soit élogieux à mon égard. A cette époque-là c’était impossible, chose qui peut sembler étonnante de nos jours, tant tout est devenu consensuel…J’ai donc, rapidement, été « agressé ».
Actuellement, tout le monde court après la célébrité alors que la plupart de ces soi-disant « stars » ne savent rien foutre. Moi je savais que je ne savais rien foutre et qu’on m’employait, principalement, pour ma personnalité. Au départ, je pense que je travaillais plus en tant que personne qu’en tant qu’acteur. J’ai démarré dans le circuit de la Nouvelle Vague. Les réalisateurs cherchaient à casser le côté conventionnel et classique des acteurs. Donc, ils employaient des gens tels que Jean-Pierre Léaud ou moi-même. Delon n’est pas davantage un acteur de cours. Belmondo l’est plus, mais il conserve un côté authentique.

Parmi les grandes personnalités musicales que vous avez côtoyées, il y en a une avec laquelle vous avez même pu jouer à New-York. Il s’agit de Bob Marley. Pouvez-vous revenir sur les circonstances de votre rencontre et de la manière dont votre enregistrement commun s’est déroulé ?
Je tournais un film au Brésil (au début des années 1970) où j’ai connu un américain. Avec ce dernier, ainsi que sa compagne, nous avons fait des folies (rires). Nous jouions aussi de la musique car il était harmoniciste, je l’accompagnais à la guitare. On y allait beaucoup, on « chargeait la mule »… Puis, nous sommes rentrés dans nos pays respectifs. Il m’a rappelé un an ou deux plus tard, pour me proposer de tourner un film au Chili. Le producteur de ce dernier étant américain, nous devions écrire le scénario à New-York. Je m’y suis rendu mais, au final, nous n’avons jamais rien écrit et le film n’a pas vu le jour. Je suis, cependant, resté quelques temps, dans cette ville.
Ce garçon, rencontré au Brésil, s’occupait un peu de Bob Marley qui venait d’éditer l’album « Catch A Fire » (1973) dont la pochette originale était la réplique d’un Zippo. Un jour, nous dinions dans un restaurant et Bob Marley, que presque personne ne connaissait encore, est venu nous rejoindre. A ce moment-là, le reggae ne jouissait pas de sa réputation actuelle. Moi-même, je mélangeais encore tout dans ma pauvre tête, entre le reggae et le râga indien (rires) ! Tout à coup, mon ami américain nous a proposé de nous rendre au Blue Rock Studio, situé sur Greene Street, afin de jouer un petit peu. Nous nous y sommes rendus et Bob Marley s’est emparé d’une guitare. Il s’est mis à chanter tandis que je jouais de la basse et notre pote de l’harmonica et des percussions. L’ingénieur du son, qui dormait dans une autre partie du local est descenduet a décidé d’enregistrer ce bœuf. Les bandes ont, malheureusement, été perdues et je n’ai jamais plus revu Bob Marley…en dehors d’un concert au Palace où des garde-chiourmes ne m’ont pas autorisé à l’approcher. Ils ne connaissaient pas notre histoire commune, donc je ne l’ai plus revu. Il était devenu une telle star internationale que, de toute façon, je ne voulais pas me la « ramener » sous prétexte que j’avais passé une nuit à jouer avec lui. Une nuit à nous éclater au milieu de substances qui nous ont fait délirer durant toute la session. Je suivais, à la basse, ce qu’il jouait à la guitare. Tout cela a disparu, comme tout le reste dans ma vie…
Je sais qu’il y a quelqu’un qui est, actuellement, à la recherche de bandes que j’avais enregistrées avec mon groupe Crouille-Marteaux. Ces dernières ont été réalisées à Londres et nous sommes revenus en France avec. La maison de disques les a, malheureusement, écoutées à l’envers (bande retournée) ce dont il a résulté un son complètement sourd. C’est notre bassiste qui s’en est rendu-compte, quelques mois plus tard, en les récupérant. Ces imbéciles ne se sont pas aperçus de la chose et tous nos espoirs ont été réduits à néant…

Conservez-vous le souvenir d’autres « bœufs » réalisés en compagnie de musiciens connus ?
J’étais très copain avec les New-York Dolls mais je n’ai jamais, réellement, joué avec eux. Je trainais souvent avec David Johansen et je lui traduisais des chansons françaises en anglais. Il aimait aussi que je traduise ses textes en français. C’est d’ailleurs lui qui m’a rappelé la chose, il y a quelques années lors d’un concert à Paris (suivant la reformation du groupe). Je suis un « rolling stone », une pierre qui roule et il m’arrive d’oublier certaines choses (d’autant plus que j’en fais beaucoup) !Je n’amasse pas la mousse mais je reste ouvert à tout ce qui se passe…peut-être, parfois, un peu de trop (rires) ! Sinon, j’ai joué avec énormément de musiciens à New-York mais ils sont, pour la plupart, inconnus du grand public. Je me souviens y avoir rencontré, alors que je marchais dans la rue avec des copains, un mec qui jouait de la guitare seul chez lui. Nous avons sonné et il nous a permis de monter chez lui. Nous avons fait un long bœuf tous ensemble…

Du film « La Vallée » de Barbet Schroeder (1972) jusqu’à « J’ai Toujours Rêvé D’être Un Gangster »de Samuel Benchetrit (2008), pour ne citer que ceux-là,on vous a vu à l’affiche de nombreux films ayant une connotation « rock ». Pour vous, quelles sont les similitudes entre le cinéma et la musique. En avez-vous trouvées tout au long de votre carrière ?
Ce sont des expressions artistiques et il y a quelque chose de commun dans le sens où il s’agit de gens qui racontent, toujours, des faits qui leur tiennent à cœur. Que ce soit du bon cinéma ou de bonne musique, c’est toujours la résultante d’une vision que des artistes ont envie de partager. Sur ce plan-là, on peut donc toujours trouver des correspondances. La Nouvelle Vague (à travers des réalisateurs tels que Jean-Luc Godard ou Jacques Rivette) laissait la part belle à une sorte d’improvisation qui a, peut-être, été inspirée par le jazz. C’est une chose que l’on ressent aussi en voyant les films d’Andy Wahrol ou ceux de mon ami Pierre Clémenti. Ce dernier faisait des films très rock’n’roll, il les produisait seul jusqu’à en devenir ruiné. Il tournait partout avec sa caméra Beaulieu. Il a filmé toute une époque vécue de l’intérieur. Celle des années 1960-70, durant laquelle tout a « explosé ». C’est un document, à la fois, rare et extraordinaire. Il réalisait des films muets qu’il doublait par la suite et sur lesquels il faisait jouer de la musique…c’était souvent du rock.

Depuis quelques temps, vous vous êtes lancé dans une nouvelle aventure musicale avec le groupe P.I.B…
Oui, c’est la continuité de ce que j’ai toujours réalisé. Je ne fais que poursuivre un chemin sans savoir si j’arriverai, un jour, à mon but. On se dit que ça ne passe pas, jusqu’au moment où ça passera peut-être. J’ai écumé tous les clubs de Paris avec ce groupe, ce que je ne peux plus faire car je me vois mal passer quinze fois dans les mêmes endroits. Il faudrait que je passe à un niveau supérieur et pour cela il nous faut un album…donc une production. Tout ce que nous avons fait, pour le moment, a été réalisé à « l’arrache ». Nous proposons un teaser, visible sur internet. Dieu seul sait si cela déclenchera quelque chose (rires) !

Avez-vous créé de nouveaux morceaux ensemble ?
Oui et non (rires) ! Ce sont surtout d’anciens morceaux, réarrangés, dont j’ai modifié les paroles. J’ai beaucoup composé avec mon ami Paul Ives et l’un des autres membres du groupe a, aussi, écrit des chansons. A ce jour, nous avons mis en place un répertoire d’un peu plus d’une heure et demie. Ce dernier nous plait et nous voudrions en faire un album, puis le jouer sur scène. J’ai plein de nouveaux textes dans ma besace mais ça ne sert à rien de casser les pieds aux compositeurs, afin d’obtenir des musiques qui n’aboutiront peut-être jamais. Il faudrait déjà faire vivre notre répertoire actuel. A mon humble avis, les chansons sont vraiment bien. Il y a une matière sincère et, si je n’arrive pas à faire sortir quelque chose de cela, je ne vais pas casser les pieds à la terre entière. Il faudrait déjà graver cela en CD puis continuer à avancer. J’ai, par exemple, écrit une chanson sur Paris (à l’occasion d’un concert, en hommage aux victimes des attentats, qui n’a finalement pas eu lieu) que je verrais bien en reggae. Sinon, notre registre oscille entre rock, blues, rhythm & blues, funk et ballades. Il me manque un reggae puisque cette musique fait partie de mes racines. J’ai tout de même joué avec, Bob Marley, l’un de ses créateurs. J’aimerais donc faire un reggae, en français, qui tienne bien la route. Malheureusement, pour le moment, nous n’avons aucun projet de concert, nous n’avons rien de rien…

Dans le passé, notamment aux côtés de Boris Bergman, vous aviez su aborder de graves sujets de société avec une pointe d’humour voire de la dérision. Est-ce dans cette veine que vous écrivez vos nouveaux textes ?
J’aime les ambiances différentes. Les histoires d’amour, qui sont en général toujours des désastres, ainsi que ce qui me touche dans le monde. J’essaye, en effet, de ne pas être ennuyeux et de ne pas prendre la tête de ceux qui nous écoutent. Je veux être percutant, tout en conservant un certain recul et en utilisant une dose d’humour (ou de distance). Si je ne peux pas prendre les choses à la légère, je ne peux pas pour autant y faire grand-chose. De ma place, je peux juste essayer de m’exprimer et de réunir des musiciens autour de moi, afin de gagner un public.
Actuellement, l’univers est bouché et les maisons de disques n’investissent plus…sauf pour ceux qui ont déjà vendu ou qui sortent d’émissions de télévision telles que « La Nouvelle Star ». Ils usent les gens puis les jettent comme des kleenex. Je ne vais tout de même pas participer à ce genre d’émissions pour arriver à mes fins, ce n’est plus de mon âge (rires) ! J’aime beaucoup de choses différentes dans la musique, j’écoute même du rap, de la bonne techno ou du classique. La Callas, quand elle chante, c’est aussi beau pour moi qu’Aretha Franklin, Billie Holiday ou Amy Winehouse. Il y a de l’âme dans tout cela…
Je me suis donc surpris à aimer des sons que je n’aurais jamais imaginé aimer. J’ai une amie qui danse dans le ballet de Jean-Claude Gallotta. Je l’ai vue dans « Le Sacre Du Printemps » (d’Igor Stravinsky) et j’ai pris un choc terrible en écoutant cette musique. C’était d’une grande violence, c’est vraiment énorme ! Pareil pour Pierre Boulez… Je n’avais jamais rien entendu de lui jusqu’à sa récente disparition. En entendant un extrait de l’une de ses œuvres, à la télévision, je me suis surpris à aimer cela. C’est extraordinaire, même si c’est loin de mon univers. On ne peut pas tout faire dans la vie, mais on peut aimer beaucoup de choses ! Les anglo-saxons ont inventé le rock avec leur langue d’origine. Le fait d’y transposer des paroles françaises demande un certain travail, car notre langue est beaucoup plus « raisonnable ». Chez nous, le sens est plus dominant que le son. Il n’y a que des gens comme Bob Dylan ou The Doors qui se sont distingués par leurs textes outre Atlantique. Le plus important reste de proposer une musique qui vienne des tripes !

Souhaiteriez-vous ajouter une conclusion à notre entretien ?
J’espère, simplement, pouvoir aboutir un jour avec mon groupe. Jouer dans de belles salles et dans de bonnes conditions… Je suis toujours dans le provisoire mais j’ai profité de tout ce travail dans « l’underground », afin de me fabriquer ma propre technique. Au contraire de mes musiciens, je ne lis pas la musique. En toute humilité, j'essaye simplement de faire en sorte que ma voix soit le reflet de ma vie...

 
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Interview réalisée
Bistrot La Renaissance -
Paris le 3 avril 2016

Propos recueillis par
David BAERST

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