Jef Lee Johnson
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

 

Nda : Chanteur-guitariste atypique, Jef Lee Johnson est devenu (en près de 30 ans de carrière) une figure incontournable de la scène indépendante américaine. Maniant différents styles avec dextérité, cet adepte de l’improvisation est aussi à l’aise dans le blues, la soul, le funk, le rock, le jazz que dans le rap. Si sa musique ne rentre dans aucune case, il parvient cependant à l’imposer sur toutes les scènes internationales. Son concert donné au Festival Jazzdor de Strasbourg (en compagnie des excellents Yohannes Tona à la basse et Charlie Patierno à la batterie) en a, encore une fois, été la preuve. C’est à l’issu de celui-ci qu’il m’a reçu dans sa loge afin lee johsond’enregistrer l’entretien qui suit.

Pour commencer Jef, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Jef Lee Johnson, je suis un guitariste et je viens de Philadelphie, Pennsylvanie, aux USA…

D’où te vient cet passion pour la guitare ?
Je crois que je l’ai toujours eue. Je ne me souviens pas avoir vécu sans m’intéresser à cet instrument. Je ne sais pas exactement d’où cela vient. A chaque fois que j’entends un guitariste, je suis totalement transporté. Très jeune je rêvais d’avoir une bonne voix et une guitare. En toute franchise, le premier de ces voeux n’a jamais vraiment été exaucé (rires), par contre j’ai eu une guitare !
A un certain âge j’aurais, peut être, préféré me plonger dans la bande dessinée mais c’est la guitare qui a eu raison de moi.

Peux-tu revenir sur ton cursus « d’apprenti musicien » ?
J’ai débuté à l’église, aux côté de ma mère et de ma tante… Je jouais de la basse à cette époque.  Il se trouvait qu’il y avait un groupe qui gravitait dans la rue qui m’a vu grandir. C’était un petit combo de rock and roll. Il m’arrivait de jouer quelques morceaux avec…
Par la suite, à l’école, j’ai été contacté par des gars qui y avaient formé un orchestre. Ils m’ont sollicité afin que je les rejoigne en tant que bassiste. Cette perspective ne m’enchantait pas réellement car c’est à ce moment là que j’envisageais de me perfectionner à la guitare. D’autant plus que je ne portais pas beaucoup d’estime à mon professeur de basse…

Quels étaient alors tes artistes de prédilection ?
Je me nourrissais, musicalement parlant, de musiciens issus de genres complètement différents. Pour cela, la télévision a été un vecteur de découvertes très important. Je pouvais passer d’un dessin animé au show télévisé de Tom Jones. J’écoutais aussi beaucoup la radio en ondes moyennes. Là, je me délectais des jingles et des publicités que je pouvais y entendre. Puis je suis retourné aux racines de toutes les musiques et me suis mis à écouter de vieux blues interprétés par des artistes tels que Robert Johnson, Sister Rosetta Tharpe… J’ai assimilé un nombre incroyable de choses… N’importe quel son avait de l’importance pour moi. Que ce soit le chant d’un oiseau, le bruit d’une voiture dans la rue ou le vent, je restais toujours très attentif. J’essayais de reproduire tous ces sons à la guitare. Je ne connaissais pas les notes mais tout ce que j’entendais était susceptible d’être revisité à ma manière. Il n’y a pas beaucoup de bruits que je n’ai jamais joué (rires) !
Je continue encore aujourd’hui, je ne peux pas m’arrêter…

A quand remontent tes débuts professionnels ?
J’ai donné mon premier gig payé (soit un cachet d’environ 18 dollars) alors que je devais avoir 15 ou 16 ans. Puis, deux à trois ans plus tard, le rythme de mes concerts s’est amplifié. Je me produisais alors dans des bars. Il s’agissait de concerts qui étaient payés de 11 à 15 dollars, bref de la petite monnaie…

Tu as travaillé et enregistré aux côtés de nombreux grands noms de la musique. Quand tu as commencé cette carrière de sessionman, étais-tu particulièrement impressionné ?
En effet, j’ai donné des concerts et enregistré avec de très grands noms. L’appréhension des débuts s’est très vite estompée au profit de ma passion dévorante. Aujourd’hui cette liste de collaborations est devenue très longue : Esperanza Spalding, George Duke, Roberta Flack, Jeff Beck, Michel Portal, Melody Gardot, Chaka Khan, Eryka Badu, Billy Joel, D’Angelo, Huey Lewis, Leon Russell, McCoy Tyner … je ne me souviens même plus de tous tant il y en a (rires) !lee johson
Je crois que j’ai joué avec tout le monde et dans tous les styles…
J’ai également fait résonner ma guitare auprès de quelques artistes français dont je n’arrive pas à prononcer les noms… Il m’est impossible de me souvenir de tout.

Tu continues de travailler avec George Duke. D’ailleurs vous vous produirez tous deux (les 15 et 16 novembre 2011) sur la scène du New Morning. Peux-tu l’évoquer, je crois que c’est l’un de tes bons amis…
Oui, nous partagerons la scène et l’affiche mais nos deux prestations se suivront dans la même soirée. Ce n’est pas un concert que nous donnerons ensemble. Je l’estime beaucoup, c’est l’un des premiers musiciens qui a osé provoquer le mélange des genres. Il est aussi à l’aise dans le funk, que dans le jazz ou la soul. Il est à la fois un musicien, un chef d’orchestre, un producteur… Ce n’est pas pour rien si sa discographie est aussi riche et ses collaborations prestigieuses (Frank Zappa, Miles Davis, Tom Waits, Al Jarreau, Michael Jackson, Stanley Clarke etc…). J’ai partagé des aventures musicales extraordinaires avec lui. George est mon ami… Le fait de le connaitre est l’une des plus belles choses qui me soit arrivée dans ma vie professionnelle  !

Comment l’idée d’enregistrer l’album « The Zimmerman Shadow » (paru sur le label Nato en 2010 et magnifiquement illustré par le dessinateur Stéphane Levallois, nda), entièrement consacré à une partie de l’œuvre de Bob Dylan, t’est-elle venue à l’esprit ?
Avant d’être mon idée, ce projet est né dans l’esprit de mon producteur Jean Rochard. C’est lui qui voulait que j’enregistre cet album et qui a sélectionné les morceaux qui sont présents sur le CD. Les musiciens qui jouent dessus sont ceux qui sont actuellement sur scène avec moi.

As-tu enregistré d’autres disques depuis ?
Oui, j’ai enregistré et je viens de sortir un album qui se nomme « Black & Loud » …
Très objectivement, je le considère comme la deuxième chose la plus importante de ma vie. La première a été d’épouser la femme de ma vie… Ce disque est très important à mes yeux. Quand tu l’entendras, tu comprendras où je veux en venir. C’est quelque chose que je devais faire et ma sœur m’a poussé dans ce sens. J’en suis très fier… ce disque est important à mes yeux. Je ne peux que conseiller à tes lecteurs et auditeurs de l’acheter, merci !

De quoi t’inspires-tu lorsque tu écrits tes chansons ?
Je me sers de tout ce qui peut se passer dans ma vie. Je pourrais très bien, en rentrant dans ma chambre d’hôtel, écrire une chanson sur l’interview que nous sommes en train de réaliser. Je n’écris que sur ce que je vis ou que je connais, cela peut être n’importe quoi : les gâteaux que je mange au petit-déjeuner, le béret Kangol que tu portes sur la tête etc…
Je pourrais aussi (Jef prend le ton de la plaisanterie) évoquer ma tourneuse Thiphaine qui me déteste et ne fait plus attention à moi depuis qu’elle va se marier (rires).
Plus sérieusement, j’écris sur mes propres expériences… je joue avec elles et leur redonne vie en musique.

Portes-tu des espoirs particuliers en l’avenir ?
Hum… (long moment de réflexion)…
J’espère donner encore davantage de concerts en France (dit-il en regardant Thiphaine avant d’éclater de rires, nda).

As-tu une conclusion à ajouter à cet entretien ?
Non (rires) !
Sinon que je te remercie !

www.myspace.com/jefleejohnsonmusic

Remerciements : Patricia Jacopin (Pôle Sud), Mathieu Schoenhal (Festival Jazzdor)

 

 

 
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myspace.com/jefleejohnsonmusic

Interview réalisée
au Pôle Sud de Strasbourg
le 10 novembre 2011

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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