Jeff Lang
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST


Jeff, quand les gens disent de toi que tu es le Neil Young australien, est-ce une bonne comparaison, à ton sens ?
Oui, je n'ai jamais entendu cela - mais c'est OK pour moi…
J'aime beaucoup la musique de Neil Young. Plus spécifiquement, quand il joue de façon complètement folle de la guitare électrique en faisant ressortir beaucoup de bruits différents.

J'estime que les comparaisons dépendent toujours de ce que les gens écoutent. Une personne dira que la musique que je fais lui rappelle Neil Young, une autre citera Bob Dylan. On y trouvera des éléments de Blues, de Folk ou un côté Rock'n'roll. Comme il s'agit un peu d'un mélange de tout cela, les gens trouveront systématiquement des comparaisons. Je n'ai pas de problème avec cela. Chacun peut comparer ma musique à quelque chose qu'il connaît.
C'est toujours difficile de décrire quelque chose…

Peux-tu revenir sur ton apprentissage de la musique et sur tes débuts ?
J'ai commencé la musique par la clarinette qui a été mon premier instrument. J'ai commencé alors que j'étais très jeune. C'était assez formel et cérébral. Cependant je travaillais, aussi, l'improvisation grâce au professeur que j'avais et qui cassait les règles établies.
J'avais une structure de formation assez particulière qui me rendait joyeux. Elle me permettait d'improviser et de faire des jams (rires). A la même époque, j'écoutais des choses telles que Led Zeppelin, Bob Dylan, Ry Cooder etc…
La clarinette n'était pas l'instrument rêvé pour jouer comme Jimmy Page (rires) !

J'en suis venu naturellement à la guitare, d'autant plus que ma sœur en jouait un peu. Cela m'a permis de découvrir cet instrument. Dans une période, assez brève, j'ai décidé d'arrêter l'apprentissage de la clarinette et d'apprendre, par moi-même, la guitare.

Dans ton style musical, la scène australienne est-elle très prolifique ?
Oui, il y a de nombreux musiciens qui sont formidables en Australie !
La scène musicale y est très dense. La communauté de musiciens y est importante. Plus particulièrement depuis une dizaine d'années, on assiste à une exposition, de plus en plus, croissante de cette scène. Ceci est surtout vrai parmi les gens qui font des musiques orientées vers le Blues, les sons " Roots " en général et le Folk.

Avant les années 1998-99, ce milieu là était considéré comme étant beaucoup plus " underground ". Puis le mouvement s'est largement amplifié et les médias s'y sont intéressés. Il y a, aujourd'hui, beaucoup de gens qui jouent. Il n'est pas rare de retrouver de bons amis sur les Festivals ou dans le circuit…
C'est une bonne scène qui est une vraie communauté, c'est cool !!!

Tu as inspiré John Butler, quelles sont tes relations avec lui ?
J'ai rencontré John, pour la première fois, alors que je jouais dans l'ouest de l'Australie en 1996...
Je devais, à cette période, avoir 3 ou 4 disques à mon actif. Je crois que je l'ai rencontré juste après mon concert, il avait dû rester pour me voir…
Dans les 5 ou 6 dernières années suivantes, son succès international est devenu phénoménal. Il n'a plus besoin de faire mes premières parties maintenant (rires) !
C'est un très bon instrumentiste et un ami formidable. Je l'aime vraiment !

Pour toi, les songwriters ont-ils une mission de nos jours ?
La mission des songwriters ? Je n'en ai aucune idée !
J'écoute les choses qui se passent autour de moi. Je projette ma propre histoire dessus, comme chacun pourrait le faire. J'essaye d'y apporter des associations d'idées ...
J'ai ma propre vision de l'écriture mais je ne pense pas avoir une mission particulière que mes textes permettraient d'accomplir. Je raconte simplement, avec passion, des histoires aux gens. Le but est de les faire voyager dans leur esprit, avec ces chansons...
Elles reflètent ce qui se passe, ici et maintenant, et transportent les auditeurs dans mon propre monde et leur permettent d'imaginer ce monde. Un peu dans la lignée des vieux enregistrements de Blues, comme ceux de Skip James, que j'écoutais et que je jouais à mes débuts. Il me transportait ailleurs. De la même façon, je peux imaginer d'où Elvis Presley venait, dans les années 50, alors que je vis en Australie, de l'autre côté de la planète...
Nous pouvons nous projeter et imaginer les choses de cette façon...

As-tu des sujets de prédilection ?
Non ! En fait, j'essaye plutôt d'écrire sans avoir de sujets prémédités. Au lieu de prendre un journal en me disant : "OK, quelqu'un a été viré : je pourrais en faire une chanson "...
Je me contente d'attendre que l'inspiration me vienne. C'est un peu comme si on me tapait sur l'épaule pour me dire "Hey, écris ceci..."

Je laisse aller mon inspiration et les chansons viennent naturellement, c'est très pur. Si j'essaye de prévoir les choses, je peux casser ce flux naturel qui doit rester très fort. J'aime quand les chansons viennent d'elles-mêmes et me surprennent alors que je n'ai pas d'idée particulière. C'est comme si tu conduisais aux USA ou ailleurs, que tu prenais ton petit-déjeuner et que, tout à coup, l'inspiration te venait. Je n'ai jamais idée de ce qui peut se passer dans ma tête et je n'ai pas d'intentions particulières concernant les chansons.

C'est une bénédiction d'être choisi par une chanson et de pouvoir en faire le récit.

Tu as enregistré 13 albums en dix ans. Comment peux-tu expliquer un tel rythme de travail ?
(rires)
C'est comme si j'avais tenu mon journal intime sous forme d'albums. Je ne sais pas. Je ne me sens pas, particulièrement, prolifique...
Je serais heureux d'arriver à faire 2 ou 3 fois plus de chansons. J'ai toujours l'impression que j'écris laborieusement, en attendant qu'une chanson daigne apparaître...
J'estime que de nombreux disques de ma production ont été fait de façon très spontanée. C'est, par exemple, le cas de certaines collaborations comme les disques réalisés avec Bob Brozman et Chris Whitley. Même si ce sont deux albums très différents l'un de l'autre.

Nous allions en studio, travaillions ensemble et écrivions les chansons directement au studio. L'enregistrement de ces disques était, à chaque fois, très rapide ...
Le fait de beaucoup enregistrer est, aussi, une chance. J'aime avoir de nouvelles chansons afin de rendre mes concerts encore meilleurs. Je suis moins anxieux quand je peux jouer de nouveaux titres.

Tu as, justement, la réputation d'être un grand "showman". Le fait de te produire sur scène, à travers le monde entier, est-il vraiment important à tes yeux ?
J'adore jouer en live !
Cela représente une part très importante de ce métier. Il y a un côté honnête et primitif de se retrouver avec quelques personnes, dans une pièce, afin de les faire voyager à travers la musique.

C'est très tribal d'être devant un public et des passer une très bonne nuit. D'autant plus que tu ne sais jamais comment cela va se passer et quelles seront les réactions. J'aime aussi voyager et partir à la recherche de nouveaux publics qui ne savent pas, véritablement, ce que tu vas faire. Les sensations sont, à chaque fois, différentes en fonctions des énergies des publics respectifs. D'une nuit à l'autre, tu peux modifier les structures de tes chansons et te laisser aller à improviser... Plus particulièrement quand je suis confronté à un nouveau public, qui n'a pas l'habitude de m'écouter, je peux adapter la forme de mes chansons en improvisant dans des directions imprévues.

Y'a-t-il une grande part d'improvisation durant tes concerts ?
Je pense, surtout quand je me produits en solo, qu'il est possible de changer la structure et les codes des chansons assez facilement. Tu peux, aussi, varier les mélodies et même changer les textes si tu le sens bien. La section instrumentale de la chanson peut être, facilement, modifiée...

Peux-tu me parler de ton nouveau CD "Whatever Makes You Happy" (Wagram) ?
"Whatever Makes You Happy" vient juste de sortir en France mais a, déjà, été édité il y a quelques années en Australie (en 2004, Nda). C'était sa première chance de sortir ici...
C'est une collection d'enregistrements réalisés de façon assez dépouillée avec, juste, 1 ou 2 instruments. Sur le prochain disque je serai seul avec, simplement, un bassiste acoustique sur la plupart des titres. Sur celui-ci les instruments sont très variés. Il y a par exemple, parfois, un batteur. J'y ai travaillé avec d'excellents musiciens, comme le bassiste, et plusieurs choristes sur certaines chansons. Il y a, aussi, un vibraphone sur plusieurs titres...

Quels sont tes projets ?
J'ai un nouveau disque qui est prêt...
J'ai sous le coude deux séries de chansons qui sont prêtes à enregistrer. D'un côté, il y a quelques chansons que j'aimerais enregistrer avec un groupe et en me produisant, peut être, à la guitare électrique. Mais je n'en dispose pas encore suffisamment pour en faire un disque.
D'un autre côté, j'ai de quoi faire un album complet avec des chansons dans un registre très Folk avec des textes sombres. Ainsi donc, le prochain disque sera très minimaliste avec simplement un bassiste qui m'accompagnera...

As-tu une conclusion à ajouter ?
Simplement que je suis très heureux d'être ici. C'est une bonne opportunité pour découvrir de nouveaux endroits...
De toute façon, c'est un privilège de faire de la musique !

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Interview réalisée
à la Laiterie de Strasbourg
le 11 Décembre 2007

Propos recueillis par
David BAERST
et Jean-Luc

En exclusivité !

Interview de Jeff Lang

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