Nda : Apôtre d’un rock’n’roll échevelé, poussé à son paroxysme et en ligne directe avec les rythmes imaginés jadis par ses idoles, Jim Jones a décidé de se plonger dans une musique plus complexe, hypnotique et élaborée…. Une mutation musicale réussie, qui ne perd rien en énergie, correspondant au changement de groupe du chanteur. Ainsi, l’explosive Jim Jones Revue a cédé sa place à l’impressionnante combinaison Jim Jones and The Righteous Mind (avec Gavin Jay à la basse, Malcolm Troon à la guitare et à la pedal steel, Matt Millership aux claviers et Andy Marvell à la batterie). Dix ans après notre première rencontre, le chanteur m’a accordé un entretien au même endroit, soit à La Laiterie. Une soirée particulière, soldant sa tournée commune avec le groupe Dirty Deep et célébrant le quart de siècle d’existence de l’incontournable salle strasbourgeoise…qui a donc vu le jour la même année que l’émission Route 66. Une concordance de faits peut-être à l’origine de la loquacité d’une personnalité dotée d’une profonde sincérité, d’une détermination sans faille et dépositaire d’un discours plus engagé que jamais.
Cela fait vraiment plaisir de te revoir 10 ans, Presque jour pour jour, après notre première interview ici même à La Laiterie (voir ICI). Tu es, aujourd’hui, de retour avec The Righteous Mind. Quand et de quelle manière ce groupe est-il né ?
Ce groupe est un projet avec lequel je travaillais déjà avant la fin de la Jim Jones Revue. Il y avait, en effet, des chansons que j’écrivais pour ce concept du temps de la Jim Jones Revue. Elles ont été exploitées à partir du moment où cette dernière s’est dissoute, lorsque je me suis dit que ce serait dorénavant dans je projet que je m’investirai.
D’où provient l’origine de ce nom, The Righteous Mind (L’Esprit Juste) ?
Alors que je travaillais sur cette idée de groupe, j’ai regardé de nombreuses photos afin de me pencher sur l’image que nous pourrions dégager. A ce moment là, j’écrivais aussi beaucoup de textes et de musiques dans le but de développer notre personnalité. Je me suis donc constitué un véritable dossier et j’avais besoin d’un nom pour ce dernier. J’ai regardé autour de moi et je suis tombé sur ce livre, « Righteous Mind », écrit par Jonathan Haidt. Il s’agit d’un ouvrage consacré à la morale humaine en rapport avec la politique. Je me suis dit que cela pourrait être une bonne appellation de groupe et que c’est celle-ci que j’utiliserai. C’est, typiquement, le genre de nom que je souhaitais…
En quoi ce groupe diffère-t-il de The Jim Jones Revue ?
Au début, tout ce qui constituait le son de la Jim Jones Revue n’était pas totalement fait de ce que j’aimais le plus. Durant les premiers enregistrements je n’ai, en effet, pas pu explorer tous les aspects des musiques que j’aime. Je voue une véritable passion pour de nombreux registres différents…car je suis aussi bien influencé par le jazz, par le gospel, par une musique plus moelleuse que l’on pourrait qualifier de lounge (dans le sens où, pour moi, quelqu’un comme Lee Hazlewood faisait une sorte de musique lounge…même si cela était aussi mélangé à d’autres styles) ou des rythmes plus exotiques… J’apprécie, effectivement, beaucoup l’exotica et des choses de ce genre… Je suis donc très content de pouvoir mettre en exergue cet autre aspect de mes goûts qui peuvent m’orienter vers des sonorités beaucoup plus sensuelles ou rêveuses. Quand tu joues le même registre musical pendant 8 ans, la première chose à laquelle tu penses quand tu mets en route un nouveau projet est de trouver une autre voie. De ce fait, dans mes premiers enregistrements avec The Righteous Mind, j’ai immédiatement souhaité explorer ma face la plus rêveuse. De manière graduelle, je reviens maintenant au rock’n’roll et tu t’en rendras compte lors de notre concert de ce soir. Ceci-dit, je frotte ce registre à d’autres choses afin d’en faire une musique en plusieurs dimensions. Je reste fidèle au rock’n’roll car c’est de là que je viens, mais j’en fais quelque chose de plus « exotique »…
Peut-on dire que ta musique est, aussi, plus cinématographique ?
Oui, c’est exactement ça !
Ton personnage scénique est-il très éloigné de ta personnalité privée ?
Oui, absolument ! Il y a une part de Dr. Jeckyll & Mr. Hyde en moi. En privé, à la maison, je suis quelqu’un de très calme tu sais. J’ai besoin de ces deux aspects pour trouver un équilibre dans ma vie. Nous avons tous besoin de nous montrer tour à tour sombres ou lumineux, bon ou mauvais… Tous ces aspects sont valides car cette vie est vraiment très bruyante. Dans ma vie personnelle, je suis toujours à la recherche d’une certaine forme de solitude et je ne m’y montre pas sous un aspect très ouvert. J’ai une fille âgée de 5 ans et je suis très calme en sa compagnie (rires) ! De même, dans mon travail créatif, j’ai besoin de quiétude autour de moi. Peut être qu’un jour je me trouverai une petite cabane perchée sur une montagne où je pourrai me ressourcer dans la tranquillité la plus absolue. Au final, je crois que ces deux aspects existent chez toutes les personnes et que chacun de nous possède une personnalité et un caractère en trois dimensions. Ma musique, quant à elle, dévoile quelqu’un d’impliqué dans son art et de très agité sur scène…où je pousse ma voix jusqu’à l’extrême et mes performances jusqu’à la rupture.
Comme tu le faisais remarquer, tu écoutes de nombreuses musiques différentes chez toi. Au sein de la scène musicale actuelle, quels sont les registres qui te touchent le plus ?
C’est vraiment très difficile à dire…Je n’écoute pas vraiment beaucoup de musique de notre époque. Parmi les parutions les plus récentes, j’apprécie beaucoup « Ghosteen » le nouvel album de Nick Cave and The Bad Seeds. La première fois que j’ai eu l’occasion de l’écouter, nous étions plusieurs et j’ai demandé à tout le monde d’arrêter de disserter dessus. En effet, j’aime me forger ma propre opinion et découvrir des choses par moi-même sans subir l’influence d’une autre personne. Il m’est difficile de parler de la musique nouvelle car je ne la juge pas en fonction de son époque. C’est l’effet qu’elle a sur moi qui est primordial, l’émotion qu’elle me procure… La dernière chose qui m’a procuré énormément de plaisir est le film « Amazing Grace » (réalisé par Allan Elliott et Sidney Pollack) qui relate un concert d’Aretha Franklin dans une église. Ce dernier date de 1972 mais n’a été édité que cette année en raison de divers problèmes techniques. C’est vraiment l’un des plus belles choses que j’ai pu voir récemment, même si les bandes sont âgées de 47 ans…
Je prends, par ailleurs, beaucoup de plaisir à voir des films. Le dernier qui m’a vraiment marqué est « The Death Of Dick Long » de Daniel Scheinert. Une comédie dramatique dont l’action se déroule en Alabama. L’équipe, ainsi que les acteurs, sont d’ailleurs pour la plupart issus de cet état. Sinon, pour en revenir à la musique, cela fait maintenant longtemps que j’ai plus été surpris par un groupe en particulier en assistant à un concert. Je suis donc assez malchanceux de ce côté là et je ne peux même pas me souvenir à quand remonte la dernière fois où j’ai ressenti cette sensation. Quelqu’un comme Patti Smith peut encore transmettre de l’émotion en étant sur scène. Pour moi, c’est un peu comme lorsque tu lis un livre et que, tout à coup, il y a un passage qui te transperce littéralement. Lorsque tu te dis « oui, c’est exactement ça ».
De mon côté, j’essaye de produire une musique fun, sur laquelle les gens puissent danser et s’amuser. Je m’applique simplement à transmettre de l’énergie. Les sons qui me touchent le plus sont toujours le vieux gospel, le jazz, le rock’n’roll et toutes ces choses qui prennent aux tripes. Je veux rester connecté à cela et, dans le même temps, je veux rester moi-même sans chercher à jouer à une sorte de jeu de rôles. Certains groupes sont, aujourd’hui, trop proches de l’imitation pour être vraiment honnêtes. Pour moi, on ne peut pas se convertir en chanteur au moment où la lumière de la salle s’éteint et qu’on te dit que c’est le moment de monter sur scène. C’est quelque chose qui doit s’installer en toi petit à petit, dès l’après-midi. Je crois que nous avons un peu dérivé de ta question d’origine mais cela nous a, au final, permis d’évoquer pas mal de choses (rires) !
Aujourd’hui, tout le monde est tatoué ou porte des blousons de cuir. Pour toi, quel est le secret pour rester rock’n’roll ?
C’est davantage quelque chose qui est en toi, qui est propre à ta personnalité. C’est de la rébellion… Je pense qu’il n’est pas nécessaire d’être agressif dans son comportement ou à travers son look. Il faut avant tout être en accord avec soi-même et avoir le courage de s’opposer aux choses que la plupart des gens jugent acceptables.
L’exemple de Little Richard est frappant. Tout en lui l’opposait à la société bien-pensante de son époque. Il était noir, il était gay et il jouait cette musique totalement détestée par une grande partie de la population américaine durant les années 1950. Cependant, ce n’est pas une musique agressive. Il s’agit d’une musique pleine d’intensité et elle peut porter beaucoup d’amour en elle. Elle est très expressive… Je pense que c’est avec l’émergence du mouvement punk que tout a changé. Beaucoup de gens se sont autoproclamés punk rock sans vraiment savoir ce que cela veut vraiment signifier. Ils ont davantage pris cela comme un phénomène de mode mais, en ce qui me concerne, je pense que le mot fashion rime avec le mot fasciste ! Pour moi le rock’n’roll ne doit pas être « mainstream ». Si tu es « mainstream » tu n’es probablement pas très rock’n’roll dans ta vie de tous jours. D’ailleurs, tu peux très bien ne pas beaucoup écouter cette musique mais vraiment être rock’n’roll dans ton état d’esprit. J’aurais beaucoup d’exemples à te donner…qui vont tous dans ce sens. Musicalement, le rock’n’roll est quelque chose qui doit te percuter et qui doit révéler en toi certaines attitudes…qui doit te faire dire « Waouh, mais c’est pour cela que je suis fais ! ». Ce registre doit être ancré en toi et t’aider à vivre ta vie. Il n’est pas nécessaire, lorsque tu as cette attitude en toi, de toujours te confronter à une rafale de décibels. Quant tu es possédé par le rock’n’roll, tu sais que tu peux être de tous les combats et que tu n’es jamais seul. C’est un compagnon qui te permet de te révéler et te pousser à devenir une vraie personnalité. Il s’agit d’une sensation de liberté qui te porte dans ton engagement quotidien et qui entre en opposition avec le conformisme prôné par une grande partie de la population. C’est l’opposé du « politiquement correct » ! En tout cas c’est ce que j’espère mec (rires) !
Selon toi, depuis notre dernière rencontre, la scène rock a-t-elle beaucoup évolué en Angleterre ?
Je ne sais pas car je ne suis pas spécialement une scène musicale en particulier. Cependant, si la scène pop a changé de manière générale c’est surtout lié à la politique du moment. Cette dernière a eu un effet direct sur la scène musicale. En Angleterre, de plus en plus de salles viennent à fermer leurs portes. A la place, ce sont des appartements qui sont construits. C’est, par ailleurs, même le cas avec des églises et les cafés. Les promoteurs immobiliers essayent de s’accaparer de nombreux biens afin de les transformer. Je ne veux pas passer pour un prophète mais il devient de plus en plus difficile de survivre en tant qu’artiste.
D’ailleurs, de nombreuses personnes ont été contraintes de mettre un frein à leur carrière afin de changer de voie et d’essayer de trouver un autre travail. Tu as une émission de radio et je suis sûr que tu dois te battre au quotidien afin de continuer à défendre cette musique pour laquelle tu t’investis depuis tant d’années. Chaque personne que je connais, dans l’industrie musicale, se démène pour conserver son identité. Mon travail est d’être musicien, pas de devenir une pop star…il n’est pas question, pour moi, de faire des concessions. Nous avons besoin de nous battre pour survivre. L’aspect positif dans tout cela est le fait que cela peut créer des liens entre les gens. Il y a une forme de solidarité qui s’instaure. Je ne veux pas tenir un discours politique mais je pense que je suis arrivé à un âge où je peux me permettre de rester fidèle à mes convictions. Il y a de grandes choses qui ont besoin de changer dans le système actuel…pas que des petits détails malheureusement.
Le capitalisme est plus fort que jamais et l’argent est roi. Quelque-soit l’univers autour duquel tu gravites, tout doit rapporter un maximum d’argent. C’est, selon moi, la première chose qui doit changer. Il faut revenir à de vraies valeurs humaines. Ce système est comme une sauce avec laquelle tu pourrais recouvrir ton repas. Elle cache tout et masque le goût originel de ton plat…alors qu’à petite dose elle pourrait simplement l’améliorer. Aujourd’hui, tout est trop concentré sur le pouvoir de l’argent et cela provoque la disparition de certaines niches…notamment dans le domaine artistique. Puis, quand une chose fonctionne, les financiers cherchent à la récupérer jusqu’à son extinction. Ils ne feront rien pour l’aider à perdurer mais passerons à quelque chose de différent…qui leur rapportera plus d’argent à l’instant T. Il peut y avoir plus de guerres, plus de conflits sociaux, plus de pauvreté et de souffrance, au final ils ne s’en soucient pas. Leur seul but est de faire des profits et de tout contrôler. Il est temps de faire disparaitre cette sauce trop grasse… C’est effrayant de le dire mais je pense que si nous ne nous battons pas nous-mêmes, nous allons mourir en raison de leur attitude égocentrique. Ce n’est pas le moment d’être tranquille et de se dire que tout est ok. Notre époque est emprunte d’une forme de fascisme.
J’ai récemment, vu une vidéo tournée à Barcelone. J’y ai observé des catalans qui manifestaient tranquillement et qui ont été pris à partie par la Police. La violence était extrême et nous a ramenés aux heures les plus sombres. C’était du véritable fascisme et il pleuvait des coups. Les manifestants étaient brutalisés, frappés au visage et poussés par des camions. Cela faisait penser à une scène violente de « Star Wars ». C’est comme le problème politique qui touche les kurdes. Il est incroyable de constater la réaction du gouvernement américain qui soutient le régime turc de cette façon. On à l’impression que ces gens-là sont impatients de provoquer une 3ème Guerre Mondiale, car cela favoriserait un grand business international. Certains pourraient, ainsi, se remplir encore davantage les poches…au détriment des plus pauvres bien sûr. Les populations américaines, iraniennes ou chinoises sont, dans leur majorité, opposées à cela…mais elles ne peuvent rien faire face à la folie dévastatrice de leurs leaders.Tout n’est qu’une question de business. Notre but à tous et de vivre correctement, de bien manger et boire, de s’occuper de nos enfants. Nous ne voulons pas d’une putain de guerre !
C’est pour cela que nous ne pouvons pas rester calmes. Il nous faut combattre le fascisme galopant, sinon nous l’encouragerons et nous l’aiderons à encore plus se développer. C’est ce qui s’est, malheureusement, passé à l’aube de la 2ème Guerre Mondiale. Il ne s’agit pas de sortir dans la rue et de ses battre mais il est nécessaire de garder les yeux ouverts et d’en parler afin de sensibiliser l’opinion. Dans le cas contraire, la haine et le dédain ne vont pas cesser de grandir. Nous devons rester soudés et debout les uns à côté des autres. Nous formerons ainsi un barrage s’opposant à cette mentalité individualiste et dangereuse pour notre avenir. Je dis cela en pensant qu’il est, peut-être, déjà trop tard. Changer les choses afin d’atteindre un autre niveau s’avère très compliqué. Quand j’étais gosse, je m’imaginais le 21ème siècle comme une époque idéale avec des gens en lévitation vivant sur une planète idéale et en paix. A la place de cela, nous avons cette sauce indigeste qui englouti tout sur son passage. Nous avons encore tellement de choses incroyables à créer et à imaginer, mais je parle là dans un langage que beaucoup ne cherchent pas à comprendre. La musique est l’une des meilleures choses qui soit. Elle te provoque des sensations uniques, c’est vraiment magique ! Cet art peut changer la vision des choses auprès de beaucoup de gens. Il n’est pas possible de se passer de ce moyen de communication qui est une arme pacifique. Je ne peux pas m’en passer, j’adore cela et j’en suis complètement dingue. Il en faudrait partout, à chaque instant !
Tes chansons reflètent-elles les problèmes de notre civilisation ?
Oui, absolument ! Pas dans une direction spécifique, car je ne vais pas me complaire à chanter « Fuck you Donal Trump… ». Ceci n’est pas dans mon langage et je préfère mettre en exergue une attitude plutôt que des personnalités définies. L’album que nous avons récemment réalisé joue sur l’aspect collectif et démontre que nous devons être unis. Les politiciens et les banques sont censés nous servir, alors que ce n’est absolument pas le cas. Nos leaders doivent être nos représentants mais ils ne représentent qu’eux-mêmes. Ceci est de plus en plus clair dans ma tête… A partir du moment où ils ne nous représentent pas, je ne vois pas pourquoi nous aurions besoin d’eux. Il faut changer tout cela ! Les gens, aujourd’hui, sont poussés à voter pour des personnalités médiatiques. Ils ne votent plus pour un programme économique ou social. Ils votent pour un gars qui cherche à te séduire toi, ta famille et tes enfants. Beaucoup pense que c’est compliqué alors que c’est très simple. Il suffit de prendre cela comme une relation humaine et de voir ce qui peut être le plus favorable pour la société. Ce qui peut t’apporter les meilleures choses dans ton épanouissement personnel et dans celui des tiens. Il faut penser programme et non personnalité. Sinon le risque est de développer une sorte de Syndrome de Stockholm. C’est pour cela que l’album évoque cette nécessité de rester tous unis et de ne pas nous disperser. Si nous devenons individualistes, nous serons de plus en plus manipulés… Nous sommes tous des frères et des sœurs, quelque soit l’endroit d’où nous venons à travers le monde.
C’est, également, pour cette raison que nous avons repris « Get down and get with it » (couplé à « Ace of spades » du groupe Motörhead) sur un nouveau 45 tours. Une chanson qui était très populaire en Angleterre, via une version du groupe de glam rock Slade. C’est Little Richard qui avait popularisé en premier ce morceau créé et écrit par Bobby Marchan qui était un chanteur qui se produisait régulièrement aux côtés de Huey « Piano » Smith (et le groupe de ce dernier, The Clowns) lors des prémices du rock’n’roll. Ce titre reflète l’unité et pousse les gens à agir ensemble en passant un bon moment. En effet, il n’est pas nécessaire de passer par la case manifestation et d’être emplis de rancœur pour être solidaires les uns des autres. Le fait de passer du bon temps est parfois suffisant et permet de nouer des liens indéfectibles. Le fait d’être positif peut être la meilleure des armes pour changer les choses. Ce message particulièrement vaste, j’essaye de le faire passer simplement sur l’album…sans chercher à donner des leçons aux gens.
Peux-tu revenir sur la réalisation de « Colleçtiv », paru cette année, qui est le deuxième album du groupe ?
Oui, nous l’avons conçu en plusieurs étapes pour une période d’enregistrement s’étalant sur deux semaines. En amont, une semaine complète a été consacrée à l’écriture des chansons. Puis, nous sommes retournés au studio quelques jours afin de réaliser le mixage. Nous avons fait appel à un financement participatif comme Gavin Jay (déjà bassiste au sein de la Jim Jones Revue) avec lequel je travaille depuis de nombreuses années, me l’avait conseillé. Nous avons, également, fait appel à quelques invités sur divers titres. Ainsi il y a un gars qui joue du bouzouki sur une chanson, il y a un saxophoniste sur une autre etc. C’était un travail collectif dont le but était de proposer quelque chose de joli et d’exotique. Dans ce sens, faire appel à un financement participatif était une chose parfaite car cela permettait d’impliquer les gens dans notre projet et de répondre à l’idée générale du disque. Nous n’avions pas à faire à un patron de label, possédant l’argent et tirant toutes les ficelles. Ce sont les gens qui étaient à nos côtés et qui nous accordaient leur confiance. Nous avons beaucoup travaillé afin de répondre à toutes leurs attentes et dans le but de fournir le meilleur résultat qu’il soit possible d’espérer.
Tu as produit « Tillandsia », le dernier album en date de Dirty Deep. Peux-tu revenir sur cette collaboration et évoquer ce que ce groupe français représente pour toi ?
Les membres de Dirty Deep comptent parmi nos amis. D’ailleurs, ce soir, nous donnons notre dixième concert d’une tournée commune. Je les ai rencontrés il y a quelques années lors d’une précédente tournée française et il s’est immédiatement passé quelque chose entre nous. Nous somme, instantanément, devenus amis… Victor, le chanteur-guitariste est vraiment un mec très gentil. Lorsqu’il m’a proposé de participer à des sessions d’enregistrement du disque, j’ai été enchanté à cette idée. Je suis donc venu en Alsace et me suis permis de lui glisser quelques idées. Ensemble, nous avons essayé de créer le son qui correspondait le mieux à ce disque. Le processus créatif était vraiment passionnant. Il me disait ce qu’il souhaitait, j’y réfléchissais puis nous y travaillions ensemble.
Pour conclure cette nouvelle interview, que souhaiterais-tu ajouter à l’attention de ton public français ?
Je dois, régulièrement, venir en France depuis plus de 30 ans maintenant. Je suis très déçu par la situation politique anglaise et, en particulier, par le Brexit. Je suis opposé à cette sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne. Je reste indépendant et je passe à travers ces lois merdiques. C’est vraiment ridicule et ce n’est pas ce qui m’empêchera de revenir en France autant que je le souhaiterai. Avec le groupe, nous adorons venir jouer ici. Certaines personnes nous disent que ça ne sert à rien de venir en Europe. Ce à quoi nous leur rétorquons qu’ils feraient mieux d’essayer. Il y a tant de gens formidables et de beaux endroits ici. Nous n’avons pas besoin de nous enfermer. Au contraire, il nous faut évoluer, continuer à aller vers les autres et de faire des choses incroyables…
Remerciements : Anne-Sophie Henninger (La Laiterie)
www.righteousmind.co.uk
https://www.facebook.com/jjatrm
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