L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST | ||
Pour avoir été le guitariste des Fabulous Thunderbirds, avez vous le sentiment d'avoir joué dans un groupe qui est devenu mythique ? Non pas du tout. A l'origine nous étions avec Kim Wilson et Lou Ann Barton. Nous recherchions simplement des bars où jouer pour prendre notre pied en faisant de la musique, sans chercher à gagner de l'argent ou à devenir connu. Avec votre renommée actuelle, jouez vous dans une région spécifique des U.S.A où bien partout dans le pays ? Je fais beaucoup de dates aux USA, mais aujourd'hui à plus de cinquante ans, je veux arriver à un certain équilibre et ralentir ma cadence pour trouver un juste milieu entre le travail et la détente. Quel a été le rôle du club Antone's dans votre développement musical ? Le fondateur du club Antone's était un amateur convaincu et il faisait le maximum pour avoir les meilleurs artistes dans son club. A l'époque avec les Fabulous Thunderbirds, nous étions le groupe maison. De ce fait, nous accompagnions tous les artistes de passage. Nous connaissions ainsi tous les styles de blues (Chicago, Louisiane.). Quand des gens tels que Jimmie Rogers ou Eddie Taylor venaient là, ils jouaient tellement avec leur cour, qu'à chaque fois c'était une vrai leçon pour nous. On parle beaucoup de Chicago Blues mais quand est il de la scène blues au Texas ? Lorsque l'on parle de Texas Blues on se réfère beaucoup à des guitaristes. Mais l'une des caractéristiques de cette scène est qu'il y a aussi beaucoup de groupes de cuivres. Je crois que les guitaristes texans se sont inspirés des solos de cuivre pour donner une personnalité à leur jeu. Actuellement les jeunes musiciens reviennent au blues , bien que mon fils, qui a composé un morceau sur mon dernier album, soit plutôt porté par le rythmn & blues. Mais après toutes les musiques préfabriquées que l'on a entendu ces derniers temps je trouve qu'il y a un maximum de gens qui souhaitent revenir aux choses essentielles. Avec des musiciens tels que Chris Duarté, Kenny Wayne Sheppard etc. est ce que tu penses que l'avenir du blues est entre de bonnes mains ? Oui, j'en suis sur mais en ce qui me concerne moi j'écoute toujours les gens qui m'ont " branché " sur cette musique comme Lightning Hopkins. Ce type était fantastique, il avait un jeu de guitare révolutionnaire. Les gens qui m'ont inspiré étaient eux déjà inspirés par des choses qui venaient d'ailleurs. Ce que j'ai appris d'eux c'est qu'il faut avoir son propre son. J'ai un rêve, celui de me retrouver dans une pièce avec BB King, Albert King et tous les autres et que l'on joue tous avec notre propre son. C'est très important ça, ne jamais copier. Vous servez vous de l'opinion de vos fans pour faire évoluer votre musique ? J'écoute toujours l'opinion de mes fans. La différence c'est que dans les années soixante-dix, avec les Fabulous Thunderbirds, en tant que guitariste c'est moi qui faisait les accords. Donc j'avais un rôle dans ce groupe où je tenais la guitare rythmique, le piano, les cuivres et j'étais chargé de " remplir les trous " pour créer un véritable support pour les solos et le chant de Kim Wilson. Aujourd'hui je suis le leader, le soliste, c'est moi qui suis en avant. Donc j'ai quelqu'un qui fait ce travail pour moi. Fatalement ce n'est pas le même style de jeu. Quand on joue du jazz ou du blues en tant que soliste il y a une évolution naturelle qui se fait. Mais aussi une recherche qui se passe au niveau du solo, car on ne peut pas toujours jouer la même chose. Sinon au bout d'un moment on est le premier à s'ennuyer. Donc on cherche à aller plus loin. Quelqu'un comme Buddy Guy, c'est quelqu'un qui cherche et qui continue à avancer. Il ne fait plus la même chose qu'avant. Il faut toujours persévérer pour aller plus loin, sinon on peut rentrer chez soi.
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Les liens : Interview réalisée au Cognac Blues Passions, le 26 juillet 2002 Propos recueillis par David BAERST |
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