Jimmy Burns
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Nda : Depuis décembre 1997 et une tournée du Chicago Blues Festival (au sein de laquelle il se produisait en compagnie Golden Big Wheeler, Karen Carroll et Byther Smith), l’occasion ne m’avait pas été donnée de revoir Jimmy Burns en concert. Près de 16 ans plus tard, c’est avec une grande joie que j’ai pu le retrouver afin d’enregistrer l’entretien qui suit. Le chanteur-guitariste s’y est, une nouvelle fois, montré à la hauteur de sa réputation… faisant preuve d’une humilité proportionnelle à son grand talent.

Jimmy, dans quelles conditions t’es-tu lancé dans l’apprentissage de la musique ?jb
J’ai appris par moi-même. Cela remonte à loin puisque je n’étais qu’un petit garçon et je vivais encore dans le Mississippi. J’ai suivi ma propre voie et, chaque jour qui passe, j’essaye encore d’en apprendre un peu plus…

Tu es natif du Mississippi, quand t’es-tu exactement installé à Chicago ?
Je n’ai pas décidé de déménager par moi-même car ce sont mes parents qui l’ont fait. C’était en 1955…J’avais donc une douzaine d’années et c’est à ce moment-là que j’ai découvert l’Illinois.

Quelle a été ta première réaction lorsque tu t’es retrouvé dans cette ville ?
Je n’étais qu’un jeune garçon âgé de douze ans. Le but principal, pour mes parents, était de trouver une vie meilleure, d’avoir un bon emploi et de faire en sorte que je bénéficie d’une éducation correcte.

Te souviens-tu de la première sensation musicale que tu as ressentie à Chicago ?
Oui, je m’en souviens parfaitement… mais c’était dans une église. Je n’y jouais d’aucun instrument, j’y chantais uniquement. Oui, je m’en souviens parfaitement bien…

Je te sens particulièrement enjoué par le fait d’être, aujourd’hui, de retour en France…
J’aime vraiment beaucoup la France. Je n’étais pas prévu dans la programmation du festival cette année (Jimmy a, en effet, remplacé Marquise Knox contraint de déclarer forfait au dernier moment, nda). De ce fait, lorsque l’opportunité de l’intégrer s’est offerte à moi en dernière minute, je l’ai immédiatement saisie. Jusqu’ici tout se passe à merveille !

Si tu es généreux vis-à-vis du public français, il est clair que ce dernier te le rend bien…
Oui, il est plus enthousiaste que le public américain. Les gens ici ont une bonne culture musicale et se souviennent davantage des racines que les américains dont c’est pourtant le terroir. Ces derniers ont vraiment la mémoire courte (rires) !

Depuis tes débuts, as-tu ressenti un grand changement en ce qui concerne la scène blues de Chicago ?
Le blues reste le blues mais il est différent car les artistes ont changé, ils sont différents que ceux qui étaient là il y a 30 à 50 ans en arrière. Les jeunes amènent des idées nouvelles et originales. C’est une bonne chose et j’apprécie le fait de constater cela…La scène locale reste très bonne et très ouverte…

Ici, à Cognac, il y a beaucoup de groupes très différents les uns des autres. Parmi eux, il y en a certains qui revisitent le blues en y adjoignant des sonorités nouvelles (le hip hop par exemple). Apprécies-tu cette démarche artistique ?
Oui, j’aime bien cela ! C’est ce qui permet de maintenir ce style en activité. Je ne tiens pas particulièrement à ce que cette musique reste figée et ressemble note par note à ce qui se faisait il y a 50 ans. J’aime vraiment beaucoup les jeunes musiciens qui apportent tous des idées différentes. C’est ce qui permet de garder cette musique vivante, nous avons besoin de ça !

Et toi, où puises-tu ton inspiration ?
Une grande partie de mon inspiration est puisée dans le passé. Je reste un grand appréciateur d’artistes tels que Muddy Waters, Howlin’ Wolf, Robert Johnson, BB King et de gens comme ceux-là. Je me plais à remettre au goût du jour, donc de manière plus moderne, les musiques qu’ils ont créées. Si on écoute John Lee Hooker, on se rend compte à quel point sa musique véhicule une tradition très riche. Il y a beaucoup de chose à y puiser et beaucoup de choses à faire avec.

Quels sont les jeunes guitaristes que tu apprécies le plus ?
J’en aime vraiment beaucoup… Parmi les plus récents, issus du terroir de Chicago, je peux te citer Toronzo Cannonou encore Mike Wheeler (qui est aussi présent en 2013 au Cognac Blues Passions, avec Jimmy Johnson) ainsi qu’Eric Davis et des musiciens tels que ceux-ci…

Qu’est-ce qui te touche le plus dans les différentes musiques qui existent ?
Je les aime toutes… Je ne peux pas me contenter que d’un style. A partir du moment où les productions sont réalisées avec talent, je peux aussi bien écouter du blues que du rock. Cela peut aussi se ressentir dans mon jeu, d’ailleurs je fais tout ce que je me sens capable de faire…

Tu as aujourd’hui 70 ans et une belle carrière derrière toi, quel serait ton souhait le plus cher ?
Tout simplement continuer à jouer et devenir encore plus créatif.

De quels sujets t’inspires-tu lorsque tu écris des textes de chansons ?
J’écris des choses inspirées par l’actualité de certaines personnes que je côtoie.

Quelles sont les chansons que tu aimerais le plus interpréter dans l’avenir?
Il y a tant de chansons que j’aimerais encore interpréter. Je n’aurai jamais assez de toute ma vie pour pouvoir le faire, il y en a tant…

Quels sont tes prochains projets ?
Je serai de retour en Europe en septembre prochain. Je me produirai au Danemark et en Suède. Puis en octobre, je me rendrai en Chine pour un seul concert et j’irai me produire en Russie pendant deux semaines. De là, j’irai en Turquie où je jouerai pendant un mois et demi. En ce qui concerne ma production discographique, je ne sais pas encore si j’enregistrerai un nouvel album avant l’année prochaine.

Es-tu surpris par l’intérêt que portent au blues tous ces gens à travers le monde ?
Non, les publics du monde entier sont très enthousiastes vis-à-vis de cette musique. Le blues est un genre très spécial. Je peux en jouer partout dans le monde, que ce soit en Europe, au Japon, en Amérique du Sud, en Afrique et, bien sûr, en Amérique du Nord. Partout les gens peuvent être touchés par ce rythme et par les sujets véhiculés dans ces chansons…

Qu’y-a-t-il de si spécial pour toi dans le blues ?
C’est la musique avec laquelle j’ai grandi… Le blues est la première forme musicale que j’ai entendue lorsque j’étais un petit garçon. Elle représente le son de mon peuple, des afro-américains. Je me sens très proche du blues. C’est une chose à la fois importante et émouvante pour moi. Cette musique circule dans mes veines… je l’aime.

As-tu une conclusion à ajouter ?
Non « sir », ce sera tout… merci !

Remerciements : Aurélie Roquet (On The RoaD Again), Fabrice Bessouat, Valérie, Rebecca & Chloé (R&V Hayat Chatelus), l’ensemble du service de presse du Cognac Blues Passions.

http://www.jimmyburnsband.com

 

 
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Interview réalisée au
Cognac Blues Passions
le 5 juillet 2013

Propos recueillis par
David BAERST

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