Joe, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Oui, je suis Joe Filisko et je suis membre du duo Joe Filisko & Eric Noden. Je joue de l’harmonica et je chante…

Comment as-tu découvert cet instrument et depuis combien de temps en joues-tu ?
Je me souviens avoir entendu de l’harmonica autour de moi alors que j’étais très jeune… cela a duré tout au long de ma croissance. Cette passion naissante s’est intensifiée alors que j’étais au collège, lorsque j’ai découvert le blues. Le son de l’harmonica m’a profondément touché… je ne m’en suis plus jamais passé, il est en moi.

Quelles étaient alors les musiciens qui te touchaient le plus ?
Mes premières influences, en ce qui concerne l’harmonica, sont vraiment liées à d’anciens spécialistes de cet instrument. Les premiers noms qui me viennent à l’esprit sont ceux de Sonny Terry, Big Walter Horton, Little Walter…
J’ai vraiment commencé en portant un vif intérêt pour le talent de ces personnalités. Je suis aussi un grand fan de pre-war blues, une musique qui m’a inspiré tout au long de ma carrière.
C’est probablement DeFord Bailey qui a eu le plus d’importance pour moi. Je me suis intéressé de près à son style et à son approche en ce qui concerne sa manière de jouer de cet instrument.

A quand remontent tes débuts professionnels ?
Je ne peux pas vraiment te donner une réponse avec certitude. Je ne me souviens pas exactement de la date…
Je dois admettre que je n’ai jamais particulièrement cherché à devenir un musicien professionnel. C’est une situation qui est venue naturellement à force de tourner.
Je pourrais te donner une date plus sûre en ce qui concerne le début de ma carrière en Europe, puisque je suis venu pour la première de ce côté-ci de l’Atlantique en 2001. C’était à l’occasion du World Harmonica Festival de Trossingen en Allemagne. Depuis, d’année en année, j’ai multiplié mes apparitions sur ce continent…

En quoi te considères-tu différent des autres harmonicistes, comment pourrais-tu définir ton propre style ?
Je déploie beaucoup d’énergie à essayer de ne pas me cantonner à un seul style. Ce que je fais ressemble vraiment à une tentative fidèle de perpétuer une tradition. Cependant,  je « capture » des sons existants et je les recréés à ma manière, en voulant mettre en exergue la magie qui se dégageait de la musique des pionniers du genre.
Ma principale approche de la musique est d’offrir un son d’harmonica qui soit le meilleur possible. Cela en proposant un panel représentatif de la variété que l’on trouvait aussi chez les guitaristes de blues et de folk des débuts. Je pense sincèrement que l’harmonica et l’instrument qui soutient le mieux les guitaristes. La guitare acoustique et l’harmonica, lorsqu’ils sont en symbiose, offrent le son le plus magique qui soit. C’est simplement fantastique…
L’une des choses que je fais est de jouer beaucoup d’accords. Probablement davantage que la plupart des harmonicistes de notre époque…
Je traite cet instrument de manière très large, comme d’une rythmique, d’une percussion voire d’un accordéon miniature. Mon but est de le faire passer comme le meilleur soutien pour une guitare acoustique.

Je crois que tu fabriques tes propres harmonicas d’ailleurs…
L’une des choses que je fais est d’accompagner, jusqu’à la création, la marque Hohner. En particulier pour la gamme « Marine Band » qui est probablement la plus importante dans le monde du blues. C’est l’harmonica diatonique le plus réputé à travers la planète. La plupart, pour ne pas dire l’ensemble, des harmonicistes jouent ou ont joué avec des Marine Band. C’est mon modèle préféré et j’essaye de lui permettre de se développer encore davantage, dans le but qu’il obtienne des performances de plus en plus importantes.

Il y a beaucoup d’excellents harmonicistes en Europe et, particulièrement, en France. En connais-tu certains ?
Bien sûr !
J’en connais beaucoup à travers l’Europe. J’ai beaucoup voyagé et suis rentré en contacts avec un bon nombre d’entre eux. Ne serait-ce que pour collaborer sur certains concerts.
Mes rencontres se sont amplifiées lorsque j’ai commencé à participer aux « harmonica masters workshops » de Trossingen, en Allemagne.
C’est l’endroit idéal pour être confronté à un maximum d’homologues…

Peux-tu me parler de ta discographie ?
J’ai fait trois disques avec monsieur Eric Noden, le dernier en date se nomme « Missed Train Blues ».
Je suis aussi l’auteur d’un double CD nommé « History Of The Blues Harmonica Concert »  sur lequel je remonte jusqu’aux origines. J’y interprète de très vieux morceaux et des medleys qui retracent les heures de gloire de l’harmonica (comme des titres issus du catalogue de la firme Chess Records par exemple)…
En tant que sideman, j’ai dû enregistrer sur une bonne douzaine d’albums de différents artistes.

Je crois que l’histoire de l’album « Missed Train Blues » est un peu particulière… Peux-tu me l’évoquer ?
Oui, c’est une histoire intéressante…
Avec Eric Noden, nous avions des billets SNCF afin de venir en Alsace depuis Paris. Nous étions arrivés à temps à la gare de l’est.
Avec nos trois bagages, nous étions sur le quai à la recherche de notre wagon. Deux trains étaient accolés et, de ce fait, les numéros des voitures étaient inversés. Le temps que nous trouvions la bonne, il ne restait que quelques minutes avant que le train ne parte. Tant et si bien, que le chef de quai nous a interdit de monter… prétextant que c’est impossible moins de 5 minutes avant l’horaire de départ prévu. Les portes se sont donc fermées peu après devant nous… nous n’en revenions pas (Joe imite le bruit des portent qui se ferment)… good bye…
Du coup, nous avons été contraints d’acheter de nouveaux billets pour le suivant. Nous les avons payé plein pot… Cette mésaventure nous a couté la moitié de notre cachet du soir même…

Quels sont les sujets que tu évoques dans tes chansons ?
Je suis un auteur qui cherche à être honnête avec son public. De ce fait, j’évoque mes propres perspectives et capture mes propres émotions. Je le fais autant que possible…
Certaines chansons sont plus drôles que d’autres… Il y en a aussi de très sérieuses.
Avec Eric Noden, nous pensons que l’essentiel est de rester proche de la réalité de nos quotidiens. Nous ne voulons pas prétendre chanter et évoquer des faits qui nous sont inconnus.

Quels sont tes projets ?
Je suis heureux de t’annoncer qu’avec Eric, nous avons déjà six chansons de prêtes et d’enregistrées pour notre prochain album en duo. Nous en avons écrites d’autres et nous serons de retour en studio au début de l’année 2013. Un autre album devrait donc sortir l’année prochaine…

As-tu une conclusion à ajouter ?
C’était un véritable plaisir de jouer pour tes auditeurs dans ton émission de radio (séquence enregistrée le 9 novembre 2013 mais diffusée quelques semaines plus tard, nda) et de passer un peu de temps avec toi. J’espère que tous les gens qui entendront cette session auront autant de plaisir que nous en avons eu en l’enregistrant, merci !

Remerciements : Robert « Sunnyside » Koch

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