J.S. Ondara
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Nda : Entrant dans la salle de l’Espace Django Reinhardt le 3 mai 2019 à Strasbourg, il ne m’a fallu que quelques fractions de seconde afin d’être totalement happé par la voix et par le charisme de J.S. Ondara, alors que ce dernier y effectuait son soundcheck. Un fait appuyant tout ce qui a déjà pu être dit ou écrit sur ce jeune auteur-compositeur originaire du Kenya et installé aux Etats-Unis depuis une poignée d’années. Surfant sur le succès de son premier album, « Tales Of America » (Verve-Universal), le chanteur-guitariste m’a accueilli dans sa loge avant d’entrer sur scène où il a livré un concert captivant devant une audience totalement acquise à sa cause. Une rencontre accordée alors qu’il travaillait sur de nouvelles compositions destinées à son prochain disque. Humble et doté d’un solide sens de l’humour, J.S. Ondara n’a alors fait que conforter l’image que je me faisais déjà de lui. Celle d’un artiste en devenir, promis à suivre le chemin emprunté jadis par les plus grands de ses héros issus de la scène folk.

Afin de débuter cet entretien, je souhaiterais que tu reviennes sur tes origines. Comment se déroulait ta vie quotidienne à Nairobi ?66
Mon nom est J.S Ondara et j’ai, effectivement, grandi à Nairobi au Kenya. La vie, durant mon adolescence, n’y était pas vraiment différente de celles de tous les autres adolescents à travers le monde. J’entends par là que j’étais vraiment très occupé. En effet, je passais mon temps à jouer, à manger etc. Tu sais, lorsque l’on est un adolescent, rien ne compte vraiment en dehors de cela (rires)…

Te souviens-tu du premier frisson musical qui t’a envahi ?
Oui, bien sûr ! En fait, je me souviens d’être véritablement tombé amoureux de la musique rock. Ceci s’est déroulé alors que j’étais vraiment très jeune ! J’écoutais, notamment, la musique de Jeff Buckley qui est l’un des artistes qui m’a donné envie de chanter.

Tu as été très influencé par certains enregistrements de Bob Dylan. Comment as-tu découvert l’univers de dernier ?
J’ai donc grandi en écoutant beaucoup de musique rock, surtout lorsque j’étais au Lycée. C’est à cette période que j’ai été frappé par la chanson « Knockin’ on heaven’s door » que j’ai découverte par l’intermédiaire du groupe Guns N’ Roses. Lorsque j’ai appris que cette chanson était, en fait, une création de Bob Dylan…je me suis plongé dans l’œuvre de ce dernier. C’est ainsi que je suis rentré en contact avec la musique folk…surtout lorsque j’ai découvert son album « The Freewheelin’ Bob Dylan » qui date de 1963. Il s’agit là d’une fondation de la folk music que j’interprète actuellement. Ce registre m’a touché au point de ne plus jamais me quitter.

Je crois que tu as, également, commencé à écrire des textes très tôt. En ce qui te concerne, penses-tu que les mots sont plus importants que les notes dans les chansons ?
Oui, absolument ! Je n’ai, durant ma jeunesse, jamais eu accès à un instrument. Pour m’exprimer, j’ai donc écrit des textes qui prenaient souvent la forme de poèmes ou de petites histoires. De fil en aiguille, je me suis mis à écrire des textes de chansons alors que j’étais plus grand.

Aujourd’hui, tu es déjà considéré comme un grand songwriter. A l’image de ton modèle Bob Dylan, penses-tu également être un artiste contestataire ?
Pas vraiment, je ne me considère pas comme un chanteur contestataire. Je me considèrerais plutôt comme un observateur. Je me sers de ce que je vois et je mets en forme ma vision des choses au sein de petites histoires qui forment mes chansons. Il y a certainement certains de mes mots qui peuvent apparaître comme contestataires mais ce n’est jamais mon intention de départ.

Il y a 5 ans, tu as décidé de t’installer à Minneapolis. Pourquoi as-tu choisi cette ville en particulier, alors que Los Angeles ou New York semblent plus attirantes pour un artiste qui débute ?
J’ai décidé de déménager à Minneapolis, dans le Minnesota, lorsque j’ai appris que Bob Dylan était originaire de cet état. Je sais que cette explication peut paraitre courte et étonnante mais il s’agit là de ma vraie motivation !

T’es-tu joint à une scène musicale particulière à Minneapolis ?
J’ai fréquente ce que l’on appelle des « open mics », c’est-à-dire des scènes ouvertes qui permettent à de jeunes artistes de faire leurs armes dans des cafés de la ville. J’ai, également, eu la chance d’être particulièrement bien suivi par une radio locale qui m’a aidé afin de gagner en notoriété et de créer un premier petit réseau de fans. Ces derniers se sont mis à me suivre et à m’encourager à chacune de mes prestations. Cette succession de faits positifs m’a poussé à ne pas perdre courage et à ne jamais arrêter ma carrière.

Sur certaines biographies te présentant, on peut lire que tu pratiques une musique située entre le blues et la folk. De ton côté, comment qualifies-tu ton univers musical ?
Je pense que je suis avant tout un chanteur de folk. Ceci parce que je conte des histoires à la manière des nombreux artistes de folk qui m’ont précédé. Il est vrai qu’il y a différents éléments musicaux qui se combinent à cela mais, encore une fois, je me considère avant tout comme un chanteur de folk.

A ton avis, aujourd’hui, vis-tu ton « rêve américain » ?
Oui, c’est le cas…d’autant plus que j’arrive à vivre dans le même temps, de ma passion ! Tout se bouscule pour moi et un processus positif est en route !

Dans quelles circonstances as-tu enregistré ton premier album. Peux-tu me présenter l’équipe qui t’a épaulé dans cette aventure ?
Nous avons enregistré cet album à Los Angeles, dans un studio nommé EastWest. J’ai pu m’appuyer sur le soutien de Mike Viola qui a produit ce disque et qui est également le vice-président du label sur lequel j’ai enregistré, c’est-à-dire Verve Records. Durant les sessions, j’ai eu le plaisir d’être accompagné par d’incroyables musiciens tels qu’Andrew Bird au violon, Taylor Goldsmith à la guitare. Il y a vraiment un groupe incroyable autour de moi ! Chacun de ses membres m’a apporté sa propre vision de la vie durant l’élaboration de ce projet…

Quelles sont les choses que tu tenais à exprimer sur ce disque ?
Je suppose que je voulais, avant tout, évoquer mon histoire et les expériences que j’ai vécues aux Etats-Unis depuis que je m’y suis installé et ce jusqu’à l’enregistrement. Ce disque reflète un peu l’histoire américaine actuelle, telle que je la vois à travers mes yeux.

Quel est ton ressenti vis-à-vis de ce pays dans lequel tu t’es installé, alors qu’il allait être pris en charge par l’administration Trump ?
Je crois qu’il y a pas mal de travaux en cours actuellement aux USA. Le pays traverse une période difficile et c’est comme s’il était couvert de bosses. Nous avons besoin d’un élan plus positif, car cette nation a tendance à se renfermer sur elle-même. Je reste quelqu’un d’optimiste mais il faut avouer que nous traversons une période particulièrement trouble.

Te sens-tu vraiment heureux aux Etats-Unis ou y as-tu vécu des déceptions ?
Je voyage énormément (rires) ! De ce fait, je ne suis pas aux USA si souvent que cela. J’y suis installé depuis ces 5 dernières années et j’y au débuté ma carrière mais, dès que les tournées ont commencé à s’accumuler, j’ai passé le plus clair de mon temps sur les routes. Je me suis, par exemple, souvent rendu en Europe… Quoiqu’il en soit, je conserve beaucoup d’amour pour ce pays car c’est lui qui m’a permis de débuter ma carrière. Si j’en suis arrivé là aujourd’hui (et si rapidement), c’est aussi grâce à cette nation qui continue d’être un extraordinaire catalyseur de vocations. Il est encore possible d’y faire des choses et de vivre son rêve américain ! Ceci, même si tout le monde est conscient que le pays a de sérieux challenges à relever…

Portes-tu des souhaits particuliers en ce qui concerne l’avenir ?
J’espère donner de plus en plus de concerts…ici, en France, par exemple. Je souhaite continuer à me produire à travers le monde. Bien sûr, mon souhait est aussi de pouvoir continuer à écrire mon histoire en musique et de vous la soumettre au fil des albums qui sortiront dans l’avenir.

Tout semble être arrivé très rapidement en ce qui te concerne. Es-tu surpris par cet engouement soudain pour ta musique ?
Absolument, oui ! C’est quelque chose qui me marque au quotidien. Je m’aperçois que jour après jour, mes concerts affichent complet. Je ne me considère que comme un raconteur d’histoires et je m’estime très chanceux d’en être arrivé là si rapidement. Je ressens une très profonde gratitude vis-à-vis de tous ces gens qui répondent présent et qui me portent spectacle après spectacle.

Es-tu déjà plongé dans de nouveaux projets ?
Je travaille sur mon prochain album et je compose actuellement des morceaux qui lui seront destiné. C’est pour cela que tu vois ma guitare à mes côtés dans la loge. Je travaille continuellement sur ces nouveaux titres et je mets à profit, pour cela, le temps que je passe seul avant chaque concert.

Souhaiterais-tu ajouter un mot à l’attention de ton public français ?
La France a toujours été gentille à mon égard. Ceci depuis la sortie de ma première chanson. Je crois qu’aujourd’hui, ce pays représente l’un des endroits où ma musique est le mieux accueillie et où elle obtient le plus de reconnaissance dans le monde. J’en suis vraiment reconnaissant vis-à-vis du public de l’hexagone. C’est une chose que je trouve surprenante car mes chansons évoquent une histoire forte et très personnelle, liée à mon pays de naissance et à celui dans lequel je suis aujourd’hui installé. Les français pourraient ne pas du tout se sentir concernés, alors que c’est l’inverse qui se passe. Ils sont très intentionnés à l’égard de ma musique. Ils y portent leur regard chargé d’humanisme. Encore une fois, je suis très reconnaissant vis-à-vis du public français… J’espère pouvoir revenir plus souvent et plus longuement ici !

Remerciements : Chloé Pelanski, Benoit Van Kote et toute l’équipe de l’espace Django Reinhardt à Strasbourg.

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Interview réalisée à
l'Espace Django Reinhardt - Strasbourg
le 3 mai 2019

Propos recueillis par

David BAERST

En exclusivité !


 

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