Keith B Brown
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Keith, de quelle façon as-tu découvert la musique durant ton enfance à Memphis Tennessee ?
J'ai commencé à jouer de la guitare, dans un registre classique, à l'adolescence alors que j'étais à l'Université. Par la suite je me suis penché sur le passé musical du Sud des USA, d'autant plus que j'étais étudiant en histoire.

Cela s'est accentué car ma famille est originaire du même endroit que quelques grandes figures historiques du Blues comme Son House, Skip James et tout ce genre de personnes.
Je me suis alors rendu compte que cette musique était ma musique!

J'ai donc beaucoup appris par moi-même en lisant de nombreux ouvrages, en écoutant des CD et beaucoup d'enregistrements divers.
C'est ainsi que j'ai pu commencer à jouer le Blues.

Tes parents étaient-ils déjà sensibles au Blues ?
Oui bien sûr!
Ils écoutaient beaucoup BB King, James Brown, Albert King qui étaient alors les artistes les plus réputés de cette époque. Ils aimaient aussi les vieux Bluesmen comme Skip James et Son House et m'ont permis de faire des recherches musicales et, ainsi, de trouver ma voie.

Memphis est aussi réputée car elle est un berceau du Rock'n'roll. Est-ce un genre dont tu étais friand ?
Oui Memphis est la source de toutes les musiques populaires américaines. C'est aussi vrai pour la Country Music, le Rythm and Blues, la Soul Music, le Rock'n'roll que pour le Jazz. Il y a une grande tradition de Jazz à Memphis…
Je suis très fier d'être originaire de cette ville qui a une telle histoire musicale, une histoire formidable !

Quelles sont tes premières grandes rencontres musicales ?
C'est très difficile à dire (longue hésitation)…

Les artistes qui t'ont le plus marqué sur scène par exemple ?
L'un des premiers concerts auquel j'ai assisté était celui de James Brown…
J'ai aussi vu les Jackson 5 dont c'était la grande époque, les années 70...

Puis j'ai rencontré quelques Bluesmen comme Robert Belfour que j'aime beaucoup et qui vit aussi à Memphis. J'ai aussi sympathisé avec Big Lucky Carter et bien d'autres…

Quand as-tu commencé ta carrière professionnelle ?
Cela fait une vingtaine d'années. J'ai commencé en me produisant dans les Clubs puis j'ai continué à Memphis avant d'avoir l'opportunité de venir en France en 1996, il y a donc 11 ans.

J'ai enregistré mon premier CD ici puis suis revenu tous les ans. C'est aussi ici que j'ai été contacté par Wim Wenders pour son film. Il y a donc une grande histoire entre moi et la France. Je ne pourrais pas expliquer pourquoi ni comment cela s'est exactement produit…

De ce fait tu as côtoyé de nombreux musiciens français. Quels ont été tes premiers contacts et quels sont tes artistes préférés ici ?
La première fois que je suis venu j'ai rencontré Patrick Verbeke puis, juste après, Paul Personne.
J'apprécie des artistes comme Francis Cabrel car il pratique une musique qui s'inspire du Blues et de la musique Folk. Il fait un peu des chansons dans la veine de Bob Dylan et j'aime ça. Les paroles sont en français mais la musique est très américaine. J'aime aussi beaucoup De Palmas, d'ailleurs le bassiste et le batteur qui m'accompagnent actuellement sont des musiciens qui ont joué avec De Palmas.

Es-tu ami avec les autres artistes américains qui vivent en France, y'a-t-il une petite " communauté " ?
Non je n'ai pas vraiment de rapports amicaux avec des musiciens américains qui vivent ici. Par contre il m'arrive parfois de croiser des artistes en tournée avec lesquels j'ai de bons rapports.
Par exemple c'est ici que j'ai rencontré BB King dont j'ai assuré la première partie en Espagne ainsi qu'à Juan-les-Pins. C'était vraiment quelque chose de formidable…

Est-ce que le fait de vivre en partie à Paris aujourd'hui te rend fier ? Car il y a de nombreux Bluesmen et Jazzmen qui ont adopté cette ville dans le passé…
Je crois que le fait de vivre ici peut être une bonne opportunité pour sa carrière car la ville de Paris a toujours été très généreuse pour les Bluesmen et les Jazzmen. Les français aiment cette culture et c'est un bon endroit pour travailler.

Tu as évoqué le sujet plus tôt mais pourrais-tu revenir sur la façon dont tu as été amené à travailler avec le réalisateur Wim Wenders pour son film " The Soul of a Man " (issu de la série de longs métrages produits par Martin Scorcese, Nda) ?
J'avais tourné dans un court-métrage auparavant qui s'appelait " Stop Breaking Down " (réalisé par Glenn Marzano, Nda). J'ai fait la promotion pour celui-ci et une copie du film est parvenue à Wim Wenders. Il l'a vu puis m'a contacté afin de m'inviter en Allemagne pour participer au casting. Je vivais à Bordeaux à ce moment-là, c'était en 2002…

Je suis donc allé en Allemagne, j'ai joué du Skip James pour lui et j'ai été retenu.
Nous nous sommes donc rendus aux USA pour tourner le film.

Le fait de te mettre dans la peau de Skip James t'a-t-il demandé un travail particulier ?
Non, car je pratiquais sa musique depuis un long moment. Je connaissais bien la vie de Skip James et jouais sa musique depuis des années et des années. C'était très naturel pour moi et je n'ai rien fait de spécial.

J'ai simplement appris les titres que je n'avais jamais joué pour parfaire les playbacks dans le film. Je travaillais beaucoup cela à l'hôtel. Par contre je connaissais déjà très bien sa vie, d'autant plus que nous sommes originaires du même endroit, issus du même milieu, du même Mississippi, du même air…

C'était donc très simple car je n'avais qu'à être moi-même et à jouer les chansons de Skip James (rires).

Quelle est ta discographie à ce jour ?
J'ai, à ce jour, enregistré 4 CD. Le premier a été enregistré en France, en solo. Le deuxième " Got to Keep Movin " a été fait en Floride, en trio, et n'est constitué que de titres originaux. Le troisième " Delta Soul " est un autre CD enregistré en solo. J'y reprends des titres de Skip James, de Son House, de Blind Lemon Jefferson. C'est un disque de Blues traditionnel…

Il a été enregistré après le film de Wim Wenders qui m'avait permis de récolter de nombreuses informations et de créer de nombreux contacts. Le quatrième album est une compilation faite avec le groupe qui m'accompagne ce soir. Il y a aussi des morceaux en trio, en solo et a cappella.

J'aime varier les configurations dans lesquelles je joue et ne pas toujours faire la même chose. Sinon ça m'ennuie !

Quels sont les sujets que tu aimes aborder lorsque tu écris ?
Cela dépend…
Je ne fais pas beaucoup de chansons d'amour alors que j'aime aborder les sujets sociaux et politiques.
C'est en fonction de mon feeling, un jour je ferai des chansons joyeuses, un autre un des chansons plus pessimistes, encore un autre jour une chanson sur les filles etc…

Quand tu retournes aux USA, ressens-tu un changement dans la scène Blues locale, là-bas, par rapport à tes débuts ?
Il y a beaucoup de Festivals de Blues dans tout le pays. Par contre, dans les villes, il est devenu beaucoup plus difficile de jouer qu'il y a quelques années en arrière. Aussi bien à Memphis qu'à Chicago, cela devient de plus en plus dur de faire une carrière.

Heureusement qu'il y a ces grands Festivals comme le " Chicago Blues Festival " . Faire une carrière devient vraiment de plus en plus complexe surtout dans le domaine du Blues…

D'après toi, y a-t-il plus de facilités en France ?
Pour moi ça reste compliqué car la musique est une vie difficile. Cependant, sans pouvoir donner d'explication, je constate que pour moi il est plus facile de trouver des engagements en France.
Le film m'a aussi beaucoup aidé ici…
J'ai donc plus d'opportunités ici que chez moi…

Quels sont tes projets, travailles-tu déjà sur de nouveaux titres ?
Nous travaillons avec le groupe et j'ai beaucoup de nouvelles chansons pour un futur album.
Je souhaite changer un petit peu de direction en ouvrant mon Blues à de nouvelles sources d'influence. Ce sera plus un mélange de Soul - Folk avec de nombreuses compositions originales.

Je crois que les fans de Blues sont avant tout des fans de musique et qu'ils comprendront que je ne souhaite pas toujours m'exprimer dans exactement le même style. J'ai envie de m'orienter vers un peu de Pop, de R&B, de Soul et je pense avoir de bonnes chansons pour cela.

As-tu une conclusion à ajouter ?
Merci beaucoup de m'accepter. Cela fait plus de dix ans que je viens très régulièrement en France. C'est une deuxième maison pour moi ici. J'essaye d'apprendre la langue et à chaque fois que je viens, j'apprends un petit peu plus.

Merci à la France (prononcé en français)!

www.keithbbrown.net


 
Interviews:
Les photos
Les vidéos
Les reportages
 

Les liens :

keithbbrown.net

Interview réalisée le 17 mai 2007 au Munster Jazz Festival

Propos recueillis par David BAERST

En exclusivité !

 

Le
Blog
de
David
BAERST
radio RDL