Nda : Le parcours de Kid Colling est, pour le moins, atypique.
Né et abandonné en Colombie, le jeune homme vit depuis sa plus tendre enfance au Luxembourg. Il y a été doublement adopté car il est, aujourd’hui, considéré comme l’un des meilleurs bluesmen du pays.
D’ailleurs, en tant que vainqueur du Blues Contest luxembourgeois en 2016, c’est lui qui a eu l’honneur de représenter sa nation lors de l’European Blues Challenge qui s’est déroulé à Horsens, au Danemark, entre le 06 et le 08 avril 2017.
C’est là que j’ai rencontré cette valeur montante de la musique du diable, pour l’entretien qui suit…
Kid, peux-tu m’évoquer ton cursus de musicien. Quand as-tu découvert ta passion pour la musique et, plus particulièrement, pour le blues ?
J’ai découvert cette musique à l’âge de 17 ans. Ceci en commençant à « trainer » dans un bar, qui s’appelait La Cave, au Luxembourg. Ce genre musical y passait régulièrement…Je suis tombé sous son charme, bien qu’ayant grandi au rythme de sons bien différents comme le rap ou le r & b. Il faut dire, qu’auparavant, je n’avais jamais eu accès au blues, à la soul music ou au jazz. Ce soir-là, dans ce bar, cette musique m’a directement interpellé…elle m’a fait quelque chose.On me demande souvent pourquoi j’ai choisi le blues. Je réponds, alors, que c’est lui qui m’a choisi…
Quels sont, dans ce registre, les premiers artistes qui t’ont touché ?
Aujourd’hui, il est devenu très facile d’avoir accès à cette musique. Auparavant, il n’existait pas des sites tels que YouTubeetc. Le premier CD que j’ai possédé dans ce registre était le « Live In Chicago » de Luther Allison. Un ami me l’avait donné, en me disant que cela me plairait. Il ne s’est pas trompé, j’ai directement accroché. C’est Luther Allison tout de même (rires) !
Ton apprentissage de guitariste a-t-il été long ?
J’ai commencé en tant qu’autodidacte. L’un de mes potes possédait une guitare et, comme je trainais tout le temps chez lui, je me suis mis à m’exercer. Il m’a appris les premiers accords...
De son côté, il écoutait du néo metal comme Korn ou Slipknot. Moi, j’avais d’ancrées en moi ces mélodies bluesy ou jazzy qu’il m’était arrivé d’entendre durant mon enfance.
Lorsque j’ai été remis en confrontation avec ces sons, tout s’est réveillé en moi. C’est au moment où j’ai constaté que je ne possédais pas des « doigts de plomb », que j’ai essayé de reproduire ces mélodies de manière autodidacte. Puis, je suis allé à Paris afin de suivre des cours dans une école spécialisée. Je voulais aller plus loin et élargir mon horizon…
Tu évoquais Luther Allison. Est-ce le Chicago blues dont tu te sens le plus proche ? Quel est le style de blues qui t’accroche le plus, sachant que cette musique possède un grand nombre d’influences et de dérivés ?
J’adore le Chicago blues et, aussi, les trucs très « old school » (picking, delta blues…). Par contre, mon style est plus moderne. J’apprécie toujours le fait de jouer les classiques lors des jams auxquelles je participe. Par contre, lorsque je compose, j’essaye d’avoir une approche plus contemporaine. Comme je te le disais, la première musique que j’ai vraiment découverte est le rap. Après avoir découvert le blues, je me suis également mis à écouter de la soul music (notamment les enregistrements de la firme Motown) puis du jazz. Je possède de nombreuses influences et si je devais citer quelques guitaristes qui comptent pour moi, ce sont les noms de Robben Ford et de Larry Carlton (que j’ai croisé) qui viendraient à moi en premiers. Puis, il y aurait des bluesmen tels que Stevie Ray Vaughan (à une époque, je ne jouais que ça), B.B. King, Albert King, Freddie King etc. J’aime le fait de métisser ces influences. D’ailleurs, je compare souvent la musique à la cuisine, j y ajoute des épices.
Si mon style devait être une pizza, la pâte serait le blues. J’y parsèmerais d’autres ingrédients (rock, funk ou jazz) que je mélangerais car j’aime composer la musique. C’est ce qui peut garder le blues en vie et le faire évoluer. Le fait d’aller dans « l’arrangement » et de signer des compositions originales…
Tu es, aujourd’hui, l’un des rares bluesmen luxembourgeois vivant de sa musique. Peux-tu me parler de cette scène, est-elle développée dans ton pays ?
Il y a pas mal de groupes de blues au Luxembourg. En faisant mes premiers pas, cela m’a même étonné. Le pays étant petit, cette scène est principalement occupée par des musiciens amateurs. Le seul professionnel a, longtemps, été Remo Cavallini qui est, également, l’une de mes influences. Par contre, de nombreux festivals se déroulent sur notre territoire et des concerts ont lieu tous les week-ends. Notre quartier général, pour le jazz et le blues, est le LiquID qui est un club très réputé chez nous.
Peux-tu me présenter ton groupe et revenir sur l’origine de son nom, Kid Colling Cartel ?
Le nom de Kid Colling m’a été donné par un harmoniciste américain, avec lequel je jouais au Luxembourg. C’était à mes débuts et je remplaçais son guitariste précédent, qui était parti en tournée avec Slash des Guns N’Roses. Ce chanteur-harmoniciste est Dave White qui, après un concert, a dit « I think we gonna call him kid, he's the new kid on the block”. J’ai donc gardé ce nom en tête, Kid Colling…Sur mon premier album, j’ai même écrit un morceau à ce sujet… « New kid on the block ». Le terme Cartel vient du fait que nous nous produisons, le plus souvent, en quartet. Je suis né en Colombie où j’ai été adopté par une mère belge et un père luxembourgeois. C’est donc un petit clin d’œil à mes origines… Mais c’est un cartel de musique (rires) !
Ce groupe se compose de musiciens rencontrés à Paris durant mes études. On y retrouve Florian Pons à la batterie, David Franco à la basse et Vincent Charrue aux claviers. C’est avec eux que j’ai enregistré mon premier album, « In The Devil’s Court ».
Il m’arrive, cependant, de me produire avec d’autres musiciens, en fonction des disponibilités de chacun. Ce n’est qu’avec les trois artistes cités que je joue sous le nom de Kid Colling Cartel, car notre sonorité est un peu différente.
Ton premier album, « In The Devil’s Court » (paru en janvier 2017), est entièrement constitué de titres originaux (en dehors de la reprise de « How blue can you get » de B.B. King, qui y figure en tant que bonus). Où puises-tu ton inspiration ?
Le fait de proposer quelque chose d’original est très important à mes yeux. Mon approche musicale consiste au fait de mélanger ce que j’aime. Des structures blues que je cherche à enrichir en ajoutant des ponts, des intros et en essayant de « jazzyfier » les accords. Cela ne s’entend pas forcément à la première écoute…
Quoi qu’il en soit, je cherche à proposer quelque chose de différent. C’est en cela que je remercie des gars tels que Larry Carlton, John Scofield et Robben Ford qui savent jouer de ces éléments. J’essaye de me démarquer de ce qui est proposé par ailleurs, car je cherche à évoluer…
En ce qui concerne ta carrière, quelles sont tes attentes ?
C’est une question à laquelle il est assez difficile de répondre… Si je peux parcourir l’Europe (et pourquoi pas le monde), afin de partager ma musique avec les gens, je serai ravi !J’ai des choses à raconter et à montrer. La musique est un partage, un langage universel qui peut mettre tout le monde d’accord. Il y a peu, j’étais en vacances en Afrique du Sud. Je me suis retrouvé à « jammer » avec des gens sur place. J’y ai même donné un concert dans un petit club.
Avec les musiciens locaux, nous parlions le même langage…Mon but est donc de découvrir de nouveaux endroits et de partager la musique avec des gens…
As-tu une conclusion à ajouter ?
In the blues we trust !
https://www.kidcolling.com
https://fr-fr.facebook.com/kidcolling
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