Nda : La force de King Automatic réside dans sa musique sans concession et sans étiquette. Une force qui est aussi, malheureusement, le talon d’Achille de ce one man band… issu d’un delta lorrain semblant tout droit sorti de l’imagination du dessinateur Baru (qui a, par ailleurs, signé la pochette du 25 cms « Les Johnny’s » du multi-instrumentiste).
En effet sa démarche artistique n’est guère relayée par les grands médias, visiblement peu enclins à jouer la carte de l’originalité et de la diversité artistique, même quand ils prétendent le contraire.
Une promotion inversement proportionnel à l’important nombre de concerts que le bonhomme donne à travers la planète, devant des publics de clubs conquis de longue date.
A mon micro, j’ai trouvé un musicien bien plus réservé que sur scène. Il n’a que, très timidement, répondu à ces quelques questions…
Au final cela n’a que peu d’importance puisque, comme tous ses admirateurs le savent, c’est sous les projecteurs et dans la chaleur moite des salles de concerts que King Automatic délivre ses plus beaux discours…
Jérémie, il est assez difficile de trouver des éléments biographiques te concernant… pourquoi tant de discrétion de ta part ?
Je n’y suis pour rien (rires) !
On va dire que l’essentiel est résumé sur mon site internet…
Pourrais-tu profiter du micro qui t’est tendu afin de te présenter plus en détails ?
Je suis un homme orchestre des temps modernes. En anglais on appelle cela un one man band.
Je joue de plusieurs instruments simultanément et je chante…
Quel a été l’élément déclencheur, qui a fait que tu t’es lancé dans la grande aventure musicale ?
Dans le passé j’étais déjà assez fan de plusieurs hommes orchestres et notamment de Bob Log III. C’est ce qui m’a donné l’envie de jouer tout seul…
T’es-tu toujours produit sous la forme d’un one man band ou as-tu intégré des groupes dans un premier temps ?
Au départ je jouais dans des groupes, chose que j’ai continué à faire parallèlement à ma carrière de one man band. J’étais, par exemple, le batteur de Thundertrack. Ce combo se produisait dans un registre « blues punk minimaliste » (2 guitares, tom basse, caisse claire). Notre collaboration s’est terminée en 2004-2005. Nous avons enregistré deux albums ensemble, en 1999 et 2003.
Pour quelles raisons as-tu décidé de te tourner définitivement vers une carrière de one man band ?
Cela s’est fait naturellement puisque les concerts des groupes au sein desquels j’officiais se sont de plus en plus espacés. Le fait de me produire seul a donc pris le dessus.
D’où te vient ce nom de King Automatic ?
Plus le nom est composé, moins tu as chances qu’il soit repris. Bien que, dans ce cas de figure, un groupe de metal du Kentucky l’utilise aussi (rires) !
Je trouve que cela sonne bien. De plus le terme « King » est une référence au rock and roll et, plus particulièrement, à Elvis Presley. Le mot « Automatic », quant à lui, est un clin d’œil au côté systématique des boucles que j’utilise en live.
A titre personnel, quels sont tes one man bands préférés ?
Il y a Bob Log, Hasil Adkins, Doctor Ross, Jesse Fuller…
Il y en a aussi des plus contemporains comme Urban Junior qui est suisse. Je pourrais aussi te citer Mr Occhio qui est italien et bien d’autres… Il y en a partout maintenant !
Quand j’écoute ta musique, je pense à un subtil mélange entre Hasil Adkins que tu citais mais aussi Joe Hill Louis, Dick Dale et The Cramps. Quelle serait ta propre définition de ta musique ?
Quand je joue, j’essaye de ne pas ressembler à un homme orchestre. C’est pour cela que je fais en sorte de rajouter tout un tas de trucs. Mon but est de faire penser à un groupe à part entière. The Cramps, comme tu le dis, mais aussi quelques autres sensiblement différents.
Tu joues également des claviers sur scène, une chose assez rare pour ce type de formule…
Oui, il est vrai que la plupart des one man bands se contentent de la batterie, d’un harmonica et d’une guitare. Je voulais trouver quelque chose de supplémentaire pour me différencier et aussi pour montrer que je suis fan de nombreux groupes des sixties. Ces derniers utilisaient souvent des orgues. C’est donc pour leur rendre hommage que j’ai fait ce choix.
A quels groupes fais-tu référence ?
On va démarrer une longue liste (rires) !
Parmi les plus connus je peux citer The Animals, Question Mark and the Mysterians, The Sonics et toute la scène garage de ces années là…
Tu t’es aussi essayé au chant en français…
Oui mais je n’ai fait, qu’une seule fois, une tentative dans la langue de Molière (chanson « Le redresseur de torts » sur l’album « In The Blue Corner », nda).
Il faut prendre cela comme une illustration de mon goût pour la musique française des années 60. En tout cas celle d’artistes comme Jacques Dutronc, Nino Ferrer ou Serge Gainsbourg.
D’ailleurs je trouve qu’il serait presque plus normal pour moi de chanter en français. Même à l’étranger, je pense que les gens y adhèreraient…
Dans quelles directions les textes de tes chansons s’orientent-ils ?
C’est un ami anglais (Rich Deluxe, nda) qui m’écrit mes textes (en dehors, précisément, du titre français évoqué précédemment). Nous trouvons les thèmes ensemble puis il prend sa plume. Il travaille très rapidement, c’est « vite fait, bien fait ».
Peux-tu revenir sur ta discographie ?
J’ai sorti quelques 45 tours et trois albums…
De quelle manière pourrais-tu me présenter le dernier en date « In The Blue Corner » ?
Il date de 2009, année durant laquelle il a été édité sur un label suisse. Il est ressorti en France en 2010... Il faudrait que j’en enregistre un quatrième au plus vite !
Dans cette optique, as-tu déjà des chansons de prêtes ?
Oui j’en ai un wagon, il faudrait que je mette tout cela en place. D’ailleurs, c’est ce que je fais actuellement pour tout te dire…
Ce travail m’a pris un peu de temps car j’ai déménagé etc…
Quand on est seul on ne fonctionne pas comme un groupe. A titre personnel j’aime faire vivre mes chansons sur scène le plus longtemps possible. J’apprécie vraiment le fait de les jouer. Je ne suis pas toujours immédiatement attiré par mes nouvelles compositions.
Quelle est la part de tes concerts donnés à l’étranger ?
Elle est importante car je donne davantage de concerts à l’étranger qu’en France. Je ne tourne régulièrement dans l’hexagone que depuis peu de temps. En effet, ma collaboration avec un tourneur de notre pays n‘est que toute récente. Sinon, il n’est pas rare de me voir en Belgique, Suisse, Allemagne etc…
J’effectue aussi des tournées dans des pays plus lointains comme l’Italie, l’Espagne, l’Angleterre voire le Brésil ou l’Australie…
D’un pays à l’autre, ton public est-il le même ?
C’est plus d’une ville à l’autre que ça peut changer…
Les gens qui viennent te voir sont-ils davantage des fans de rock and roll ou ton audience est-elle diversifiée ?
C’est plutôt diversifié…
Mon label, Voodoo Rhythm, touche un public très éclectique. Il a beaucoup de fans dont certains sont des promoteurs étrangers. Cela va de la musique folk au garage… Tout cela reste, évidement, dans la lignée du rock and roll… ça ne tend pas vers la dub ou vers la trance (rires) !
As-tu une conclusion à ajouter ?
J’invite les gens qui ne me connaissent pas à venir me voir sur scène… J’adore cet élément et aller à la rencontre de mon public comme ce soir, au Caf’ Conc’ d’Ensisheim…
Remerciements : Nadia Sarraï Desseigne, Alex Bianchi
www.kingautomatic.com
www.myspace.com/lekingautomatic
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