Laura Cox
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Nda : Révélée par de nombreuses vidéos, patiemment mises en ligne sur un célèbre site de partage, Laura Cox devient (dès 2008) l’une des guitaristes les plus suivies de sa génération (220.000 abonnés sur sa chaine YouTube, pour une bonne cinquantaine de millions de vues !). Armée d’un immense talent et d’une touchante sincérité, elle fonde le Laura Cox Band en 2013. Très vite son (déjà) large cercle de fans s’agrandit et les concerts s’accumulent à la vitesse d’un solo exécuté par Steve Vai. Naturellement, la concrétisation arrive en même temps qu’un premier album, « Hard Blues Shot » (label Verycords), qui trouve sa place parmi les sensations musicales de l’année 2017. De quoi titiller la curiosité de n’importe quel amateur de musique, surtout s’il tient un micro dans l’une de ses mains…

Laura, on sait que tu as grandi au sein d’une famille franco-anglaise. Cette dernière porte-t-elle un intérêt spécifique pour la musique et a-t-elle joué un rôle formateur en ce qui concerne ton apprentissage de cet art ?
Cela a joué mais, malheureusement, je pense avoir surtout été élevée « à la française ». J’ai toujours vécu en région parisienne et mon père, bien qu’anglais, ne m’a jamais parlé dans sa langue maternelle (rires). De ce fait, j’ai tout d’une petite française. Cependant, j’ai toujours écouté de la musique anglo-saxonne…ce qui a, probablement, déclenché mon intérêt pour la guitare ! Dès mon plus jeune âge, je me suis passionnée pour la country music, le classic rock et le hard rock.66

Des influences qui se ressentent, aujourd’hui, nettement dans ta musique. Ceci-dit, et pour revenir plus spécifiquement à la country, cette musique est riche d’une multitude de styles différents. Quels sont, à tes yeux, les artistes les plus importants dans ce domaine ?
A l’époque, j’écoutais principalement Johnny Cash et Willie Nelson que mon père m’a fait découvrir. Actuellement, j’écoute davantage les « vrais » guitaristes orientés country. Des gens qui jouent en fingerpicking comme Brad Paisley (c’est, surtout, l’aspect instrumental de la musique de ce dernier qui m’intéresse) ou Johnny Hiland (qui n’est pas très connu, mais qui est un « monstre » de technicité en la matière). Dans ce domaine, ce que j’écoute se résume donc à un mélange de country traditionnelle et de new country instrumentale…avec un maximum de shred à la Télécaster (rires) !

T’es-tu intéressée à des artistes plus anciens, qui ont lancé cette mode de la country instrumentale (des gens tels que Chet Atkins par exemple) ?
Très peu… J’ai tendance à ne pas trop me diversifier en ce qui concerne mes influences. C’est, peut être, une erreur et je sais que je devrais davantage partir à la découverte de sons que je ne connais pas encore de manière suffisante. Il est vrai qu’il me faudrait plus écouter quelqu’un comme Chet Atkins…

Tu as commencé la pratique de la guitare alors que tu étais âgée de 14 ans. Maitrisais-tu un autre instrument auparavant ?
Non, je n’étais pas musicienne avant de commencer la guitare. J’avais juste acheté un petit clavier mon m’amuser chez moi…mais je ne me suis jamais considérée comme pianiste. Aujourd’hui, il y a d’autres instruments qui m’attirent mais je ne souhaite pas me disperser de peur de ne rien faire suffisamment bien. J’essaye donc de me concentrer au maximum sur la guitare. Ceci-dit, si le pouvais, j’apprendrais mieux la basse et la batterie. Récemment, je me suis mise au banjo…ce que j’ai envie de développer davantage. En effet, cet instrument m’intéresse vraiment.

Pourquoi ce choix de la guitare ?
Je n’ai pas vraiment choisi cet instrument puisque, écoutant du rock, sa sonorité (les solos, les riffs…) m’a naturellement touchée. C’est, davantage, une évidence en ce qui me concerne.

Ton apprentissage s’est-il déroulé auprès d’un professeur ou étais-tu autodidacte ?
J’ai commencé en prenant des cours et cela m’a bien aidée ! J’avais un excellent professeur qui m’a enseigné de nombreuses choses durant 4 ans. Ainsi, je n’ai pas pris de mauvaises habitudes ni de mauvais réflexes. Puis j’ai arrêté car, logistiquement parlant, c’était assez compliqué (nous habitions loin l’un de l’autre, ce qui nécessitait des voyages en train etc.). J’ai donc continué à bosser toute seule…

Je t’ai observée, durant le soundcheck qui vient de se terminer. Pendant les réglages tu continues à t’exercer. Joues-tu en permanence ?
Non mais il est vrai que, pendant les balances, j’essaye de me chauffer la voix ou les doigts lorsque l’on n’a pas besoin de moi. Sinon, de manière générale, la durée de mes entrainements est très variable. Cela peut aller de rien à 7 heures par jour. Je ne me fixe jamais de planning type, je ne joue que lorsque j’en ai envie. C’est, peut-être, un défaut mais je ne tiens pas à rentrer dans une routine d’échauffement.

Tu es très jeune, on peut dire que tu fais partie de la génération 2.0. De ce fait, tu connais la puissance d’internet. Malgré cela t’attendais-tu à un tel succès sur la toile, suite aux vidéos que tu as pu y poster (suscitant, au passage, l’intérêt de millions de personnes) ?
Non, mais le succès n’est pas venu d’un coup…de nulle part. J’ai commencé à poster en 2008 et tout s’est mis en place petit à petit. Dès le début, j’ai senti que les gens accrochaient car, à petite échelle, je récoltais déjà pas mal de réactions positives. Un après-midi, alors que je passais déjà beaucoup de temps à regarder des guitaristes qui m’impressionnaient sur YouTube, je me suis dit que je pourrais faire la même chose qu’eux. Ceci dans le but de motiver d’autres personnes et de me faire plaisir. Je suis donc partie de cette idée, sans arrière pensée et sans attendre quoi que ce soit. Le résultat est positif et j’en suis contente…ça a donné quelque chose (rires) !

Tu as regardé beaucoup de vidéos et tu as pris des cours de guitare. As-tu également appris certains rudiments de cet instrument en t’appuyant sur internet ?
Actuellement, je me concentre vraiment sur le groupe et j’ai tendance à ne plus trop chercher des outils pédagogiques sur internet. Je le faisais il y a quelques années car, dans cette optique, certains sites sont vraiment bien construits. Je me souviens d’un guitariste, Doug Seven (spécialisé dans la country), qui m’a permis d’acquérir de nombreuses connaissances. J’avais téléchargé ses leçons… Je devrais, peut-être, m’y remettre mais j’ai moins le temps et moins de motivation pour cela. En effet, je me consacre à fond sur nos compositions et sur nos concerts.

Tu viens d’évoquer ton groupe, Laura Cox Band, dans quelles circonstances l’as-tu fondé. Peux-tu me présenter les membres qui le constituent ?
J’ai mis un peu de temps car, au début, j’étais juste présente sur YouTube. Puis, j’ai rencontré Mathieu Albiac (deuxième guitariste du Laura Cox Band) qui m’a poussé à former le groupe. Nous nous sommes rencontrés en 2010 et nous avons commencé à nous pencher sur la question en 2011. Ce n’est que 2 ans plus tard que le combo a fait son apparition sur scène. Nous n’étions pas, spécialement, intégrés au milieu de la musique. C’est pour cela que nous avons mis du temps à trouver une bonne section rythmique. Nous avons donc posté des annonces et, après plusieurs changements, nous avons pu mettre en place notre line up actuel…je suis très fière de ce dernier ! Nous y retrouvons le bassiste François C. Delacoudre (rencontré via un ami commun, également guitariste) et Antonin Guérin à la batterie. Nous avons fait la connaissance de ce dernier via un site. Comme quoi on peut, quand même, trouver des gens biens sur internet (rires) !

Il en résulte un premier album « Hard Blues Shot », quelle a été sa gestation…de quelle manière êtes-vous entrés en contact avec le label Verycords ?
Avant de nous lancer dans l’enregistrement de l’album, nous jouions déjà sur scène (depuis 2 ans) les morceaux qui le constituent. Pour notre prochain disque, par contre, les chansons seront inédites… La plupart de nos fans connaissaient donc l’intégralité de « Hard Blues Shot » avant sa sortie (en dehors de 2 ou 3 titres écrits juste avant les sessions). Les morceaux ont été composés par Mathieu et moi-même, avant l’arrivée de François et Antonin au sein de notre formation.
A l’heure actuelle, les idées de bases viennent toujours de Mathieu et de moi…puis nous signons les arrangements tous les quatre. En ce qui concerne Verycords (un label que je connaissais déjà, car c’est le plus important en ce qui concerne le rock et le hard rock en France), nous avons été mis en contact via une société de production qui est, globalement, gérée par certains membres des Fatals Picards. Ce groupe étant signé chez Verycords, tout à coulé de source et nous en sommes très contents !

Au final, de quelle scène te sens-tu la plus proche…avec le groupe, vous sentez-vous affiliés à une famille musicale en particulier ?
Non…c’est une chose très compliquée et je ne sais pas si je vais trancher définitivement pour un registre ou si je vais rester entre plusieurs genres. Je pense que nous ne seront jamais 100% hard rock ou 100% country. Entre les deux, se trouve le rock sudiste qui est sensiblement la musique dont nous sommes les plus proches (avec le classic rock). Pour notre deuxième album, l’objectif sera de « resserrer » notre style et de créer une empreinte propre au Laura Cox Band. Ce sera compliqué car, comme je te le disais, j’aime aussi le bluegrass et il sera difficile de faire un choix. A l’heure actuelle, je ne pourrais pas te dire…

En tout cas, votre registre actuel constitue une belle manière de faire tomber les barrières et (surtout) les étiquettes…
D’autant plus que j’ai l’impression que ce genre n’est pas très répandu en France. On nous a, parfois, conseillé de changer notre façon de faire et de, par exemple, ajouter de l’électro à notre registre afin de le moderniser. Cela ne nous ressemblerait pas…nous préférons conserver cet esprit vintage et « old school ». Nous allons continuer de faire ce que nous faisons le mieux, en espérant que cela donne quelque chose. Nous essayerons aussi de tenter notre chance chez nos voisins européens…

Quels sont les thèmes qui se dégagent le plus particulièrement de tes premières chansons ?
Il s’agit des thèmes classiques du rock… Nous n’avons pas envie de « prendre la tête » aux gens avec des sujets « sérieux ». Je ne voulais, par exemple, absolument pas parler de politique… Je souhaitais, simplement, détendre les gens et faire en sorte qu’ils puissent décompresser après une journée de boulot. Nous évoquons donc l’alcool, la fête, les virées automobiles, les histoires d’amour (parfois compliquées)...Il y a, tout de même, un thème sérieux qui est abordé. Il s’agit de la chanson « 13 », que j’ai composée suite aux attentats du Bataclan…

On vous entend, aussi, proclamer que « TV is shit » dans le morceau « Hard blues shot » qui a donné son nom à l’album. Vous vous « révoltez » face aux programmes qui peuvent être proposés aux gens, c’est en soit un acte politique…
Vu sous cet angle c’est vrai ! Cela nous touche directement… A chaque fois que j’allume la télévision, je sais que je ne pourrai pas y voir (et entendre) de la musique qui me plait. Heureusement, il reste quelques radios qui se consacrent au rock et cela fait plaisir ! Nos paroles ne sont, cependant, pas toujours à prendre au premier degré même si je le pense. J’avais, avant tout, envie d’écrire cette chanson pour m’amuser…

Il y a beaucoup de jeunes femmes, aujourd’hui, qui sont guitaristes dans le milieu du rock et du rock blues. Depuis quelques années, le label Ruf Records a même lancé les tournées itinérantes « Blues Caravan » qui mettent en avant les talents féminins issus de ces musiques. Adhèrerais-tu à ce type de démarches, si on te proposait d’en faire partie ?
Pourquoi pas, mais de façon ponctuelle…pour rigoler. Je ne connaissais pas ce principe mais, à priori, pourquoi pas ? Malgré tout, je préfère tourner avec mon groupe et propager l’esprit du Laura Cox Band…

Musicalement parlant, où souhaiterais-tu emmener ce Laura Cox Band ? Avec ta nouvelle passion du banjo, seriez-vous prêts à explorer des territoires plus acoustiques, plus bluegrass ?
C’est à définir et c’est la grosse question du moment. Nous pensons à notre deuxième album et, maintenant, tout va venir très vite. Nous partons de zéro et commençons tout juste à sortir des ébauches de nouvelles compositions. Ces dernières sont moins hard, l’esprit est plus sudiste avec un peu de banjo et de dobro. Nous verrons ce que l’ensemble donnera car je n’arrive toujours pas à être fixée. Je vais suivre mon instinct et nous verrons comment sonne l’ensemble…

Après ces premières années de carrière, as-tu ressenti que tu as « dragué » un public en particulier ? As-tu amené des amateurs de hard vers la country ou l’inverse ?
Je n’arrive pas à savoir… Même si j’ai l’impression que notre public est, principalement, constitué de rockers (ainsi que des bikers). De toute manière, il y a peu d’amateurs de country en France. Ces genres musicaux ne sont, au final, pas si éloignés l’un de l’autre. De ce fait, je ne fais pas forcément de distinction entre les personnes. Je ne vais pas, non plus, faire des sondages après chaque concert…dans le but de savoir de quel univers viennent les gens et pourquoi ils sont venus (rires). En règle générale, notre public est, principalement, masculin avec une moyenne d’âge qui tourne entre les 40 et les 50 ans. C’est une chose assez normale car nous jouons une musique qui est, surtout, appréciée par la génération de nos parents.

Souhaites-tu ajouter une conclusion à cet entretien ?
Continuez à écouter de la bonne musique rock et faites vivre les radios ! Merci beaucoup pour cette interview !

Remerciements : Christophe « Jaja » Jardon (Muzivox), Sabrina Cohen Aiello et Maxime Bert (Verycords).

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Interview réalisée
Au Camionneur - Strasbourg
le 14 mai 2017

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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