Lenine Mc Donald
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

 

Lenine, ton parcours artistique est très diversifié. En préambule à cet entretien, pourrais-tu revenir sur celui-ci ?
Il est vrai que j’ai beaucoup « trainé » dans les studios de musique…
En bossant dans des locaux de répétition, j’ai vu « grandir » des gens tels que FFF et La Mano Negra. J’y ai aussi croisé Luther Allison… et bien d’autres.
Comme tout le monde j’ai formé différents groupes. Ainsi, je me suis retrouvé dans des formations de rhythm and blues avant d’aborder d’autres genres musicaux.lenine
Par la suite, j’ai croisé Jacques El Tao qui est actuellement à côté de moi (nous accompagnant, durant cet entretien, en jouant de la guitare acoustique, nda). C’était dans une école de musique.
Avec un chanteur, nous avons fondé un « petit » groupe qui est devenu Jesus Volt. Ensemble, nous avons beaucoup bourlingué en bousculant le blues. Il faut dire que nous aimons bien bousculer les choses, désolé pour les puristes (rires) !
De fil en aiguille, pour diverses raisons, j’ai quitté ce combo que j’appréciais particulièrement …
J’avais, entre autre, le besoin d’explorer de nouveaux horizons…
Il faut dire que j’écris depuis très longtemps et que j’avais vraiment envie de placer mes propres textes en français. J’ai donc commencé à « trainer »  avec de nouvelles personnes et à essayer des choses qui ne me plaisaient pas forcément.
Puis j’ai réalisé quelques essais avec Matt, du groupe Bo Weavil, qui m’a rejoint par la suite sur mon album.
J’en suis donc arrivé à mon concept Lenine Mc Donald, en signant de premières compositions et en y ajoutant des textes.
Je ne pensais pas chanter moi-même, mais ne trouvant pas de chanteur… j’ai décidé de me lancer. J’ai demandé à Jacques de me rejoindre afin de m’aider à composer. Il faut dire qu’après dix années partagées, au sein de Jesus Volt, notre feeling est très développé. J’ai naturellement pensé à lui pour devenir l’intervenant principal de ce projet. Pour mon plus grand bonheur, il a été d’accord pour me suivre dans cette aventure…

Avais-tu déjà eu l’occasion de chanter avant d’enregistrer cet album ?
Je faisais des chœurs avec Jesus Volt, mais j’ai toujours eu du mal avec ma voix. Pourtant cette envie était en moi depuis longtemps. Je ne croyais pas en mes capacités dans ce registre. J’ai pris du temps avant d’accepter ma voix et de me dire que le fait de chanter pouvait me plaire.

A l’instar de ton nom d’artiste, ta musique réunit deux genres (la chanson française à textes et une musique lorgnant du côté du blues et du funk) qui peuvent paraitre diamétralement opposés. Pourrais-tu, de ce fait, me parler de ton univers qui est si original ?
Cet univers vient de mes influences. Il est vrai que j’ai toujours aimé la musique américaine. J’ai découvert le blues avant mon aventure Jesus Volt.
J’ai, également, toujours apprécié une certaine partie de la chanson française (Bernard Lavilliers, Serge Gainsbourg, Alain Bashung)…
J’ai toujours écouté des gens qui avaient des choses à dire…
J’avais donc ces deux entités en moi et je ne savais pas comment faire pour les réunir. En tout cas j’étais un peu frustré de ne pas avoir la possibilité d’exprimer cela dans Jesus Volt.
J’essaye vraiment de trouver un nouveau chemin, même si tout semble déjà avoir été fait.
Je n’ai pas envie de faire comme tout le monde…
J’ai commencé par poser ma voix sur du blues puisque mes premières mélodies ne me plaisaient pas. Au fur et à mesure j’ai rajouté quelques sonorités plus personnelles. Ma préoccupation étant de ne jamais tomber dans la variété…

Ton premier album vient de sortir et tu y déploies tous tes talents d’auteur. Aussi, peux-tu revenir sur les thèmes que tu as souhaité aborder sur ce disque ?
Le premier morceau que j’ai écrit s’intitule « L’Origine du monde ». Il fait bien sûr référence au tableau, qui m’a toujours marqué, de Gustave Courbet. lenine
J’ai fait un parallèle avec la femme et ce que pouvait représenter cette œuvre. D’autres textes sont plus légers, comme « Donne moi des Ailes », où sonnent plus « gainsbouriens » en insistant sur le côté érotique.
J’ai toujours aimé cela, une chose que je partage avec Bashung…
Le côté « Lavilliers » est plus présent sur le titre « Cruelle et Belle » où j’évoque davantage la liberté…
J’essaye simplement de ne pas tomber dans le côté « Trust » ou le côté trop « love » car cela ne me ressemble pas…
C’est, dans l’ensemble, une recherche qui est assez longue. J’écris toujours des « trucs » puis je reviens dessus. Il faut que le résultat sonne, qu’il me plaise immédiatement et surtout qu’il me plaise toujours quinze jours puis un mois plus tard.
Après, il faut que ça plaise aussi au public, ce qui semble être le cas…

As-tu déjà, par le passé, eu l’occasion d’écrire des textes pour d’autres artistes ou de t’essayer, pour ton propre compte, à l’élaboration de poèmes ou d’essais ?
Oui, cela fait très longtemps que j’écris… peut être 15 ou 20 ans…
J’avais écrit une nouvelle pour le Festival « Blues sur Seine », dans le cadre d‘un concours. Elle avait été sélectionnée dans les 10 finalistes mais, finalement, n’avait pas été retenue. C’était passé à l’as…
J’ai, également, écrit un texte pour Alex Bianchi que ce dernier a mis en musique (chanson « Allons voir ») pour son propre compte.
Puis j’ai fait quelques textes pour une chanteuse du sud de la France.
J’aimerais bien employer ce talent pour d’autres artistes…
Cela se fera, ou pas, en fonction des opportunités. C’est la musique du hasard…
J’ai toujours lu et j’aime écrire, c’est un besoin…

En termes d’auteurs, d’écrivains ou poètes, quels sont, pour toi, les noms les plus marquants ?
Il y en a un paquet…
Du côté des américains je pourrais citer des gens comme Jim Harrison, Paul Auster, Dennis Lehane, David Goodis, Chester Himes etc…
Du côté des français il y en a plein également, même si les noms me reviennent de manière moins automatique…
J’ai bien sûr lu les grands classiques, d’Honoré de Balzac à Emile Zola…

Est-ce que tu ressens, dans tes textes, une certaine « filiation » avec les poètes de la « beat generation » ? Ces gens là ont-ils eu un apport sur ta propre écriture ?
Curieusement, non…
Je me dis toujours qu’il faudrait que je m’y mette. Je connais « Le Festin Nu » de William Burroughs mais c’est tout…
Je m’y suis peut être, intéressé indirectement en écoutant des artistes comme Bashung mais c’est tout… Je n’ai jamais lu d’auteurs issus de cette « école »…

Pour en revenir à ton album, comme tu le disais précédemment, tu y as accueilli quelques invités (notamment Boogie Matt de Bo Weavil). Avaient-ils « quartier libre » ou savais-tu, à l’avance, ce que tu attendais d’eux… et leur as-tu donné une « ligne directrice » à suivre ?
Matt a récupéré les anciens studios de Pierre Barouh (auteur-compositeur-interprète et producteur connu pour son travail sur le film « Un Homme et Une Femme » de Claude Lelouch, nda) et c’est là-bas que les morceaux ont été enregistrés. Cela s’est fait sur le vif…
Pour le morceau « Petite Muse », par exemple, nous avons « balancé » la bande et il s’est greffé dessus. Il n’y a rien d’autre à dire sur son travail, il est parfait !
Pour moi c’est l’un des bluesmen français les plus authentiques…
Il n’y a rien eu à jeter de son travail.
Il a aussi joué de l’harmonica sur un titre et fait les chœurs sur d’autres. Il suivait notre affaire de loin, tout en étant toujours présent. Notre amitié dure depuis longtemps, et c’est vraiment quelqu’un que j’adore !

Outre votre amitié et son talent, le fait de l’avoir invité sur ton disque te donne-t-elle une petite caution auprès des puristes du blues ou, au contraire, est-ce quelque chose dont tu te fous royalement ?
Je m’en fous…lenine
Je suis content qu’il soit là car c’est un ami et quelqu’un que j’apprécie beaucoup dans sa musique. Rien n’était prémédité, dans le but de cautionner cet album auprès de tel ou tel public…

Autre invité sur ce disque, Alex Bianchi qui s’y est beaucoup investi également. Depuis combien de temps le connais-tu ?
Avec Jacques El Tao, nous l’avons rencontré lorsque j’étais membre de Jesus Volt. Il nous avait trouvé quelques dates en Alsace. Nous avons sympathisé rapidement car c’est quelqu’un qui a énormément de cœur et qui donne beaucoup de sa personne. Je pense qu’il fait beaucoup pour la musique dans cette région…
Etant dans le doute, je luis avais envoyé un texte pour savoir ce qu’il en pensait. Il en a fait le morceau dont je te parlais tout à l’heure pour l’un de ses disques. Il a continué à m’aider et c’est l’un des premiers à m’avoir poussé à chanter. Il m’a donné confiance pour aller jusqu’au bout de cette histoire… C’est une personne que j’aime beaucoup…

La pochette de l’album est, aussi, particulièrement réussie. Qu’évoque-t-elle pour toi, avais-tu des idées très précises de ce que tu désirais ?
Comme toujours, j’ai laissé faire la personne qui s’est occupé de cet aspect artistique (en l’occurrence le graphiste Dom S-D, nda). J’interviens en dernier lieu, pour dire ce qui me plait ou pas.
Dom SD m’a proposé cette photo de gens qui portent des masques à gaz et qui essayent de lire. Ce cliché doit représenter, d’après moi, des expériences russes d’une certaine époque…
J’avais aussi envie de quelque chose de plus actuel. C’est pour cela qu’il y a une autre photo représentant un chantier abandonné mais, pourtant, en construction. Ce sont des images chargées de paradoxes.
Nous vivons dans des paradoxes de toute façon… Lenine Mc Donald colle bien à ça, il y a des choses bizarres qui se rejoignent. On va chercher dans le passé et, en même temps, on ne sait pas où l’avenir va nous mener.
Cette pochette représente donc l’état d’esprit qui règne dans notre société.

Souhaites-tu atteindre un objectif précis avec ce disque ?
Toucher les gens, tout simplement…
Puis, parvenir à jouer le plus possible…
Nous avons envie de jouer et de défendre un maximum ce projet avec Jacques. Si les gens aiment mes textes, même si ce n’est que 200 personnes, ce sera gagné !
Le plus important, pour un artiste, est de montrer ce qu’il a en lui et de ne pas mentir par rapport à cela.

Petite question un peu plus « technique »… Quel est le nom de l’album, puisque c’est écrit en caractères russes (rires) ?
Il y a simplement marqué, en russe, le nom Lenine Mc Donald. Nous n’avons pas voulu donner de nom particulier au disque. Pour un premier album, c’est suffisamment fort !

Quels sont tes souhaits pour le futur ?
Continuer à travailler avec mister Jacques El Tao. C’est quelqu’un qui a énormément apporté à l’album. Son son et ses riffs de guitare représentent exactement ce que j’attendais…
Bien sûr, je tiens également à beaucoup tourner et à faire des Festivals. Je veux rencontrer des tas de gens…
Il y a une notion qui se perd dans la société actuelle. Celle du partage qu’il faut absolument remettre au goût du jour. Pour moi c’est primordial…
Partager les choses, partager ma musique, rencontrer des gens, faire un deuxième album puis continuer la route… voila mes souhaits !

Est-ce que tu as une conclusion à ajouter ?
Non (rires) !
Est-ce que tu as quelque chose à ajouter Jacques ?
(Jack El Tao se lance alors dans un petit solo à la guitare acoustique, nda)
Voila, je crois que c’est une belle conclusion ça (rires) !

Remerciements : Nadia Sarraï-Desseigne, Alex Bianchi ainsi que Mélanie, Pascal et toute l’équipe du Greffier à Mulhouse.

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Interview réalisée au
Greffier - Mulhouse
le 1er mars 2012

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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