Little Bob
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Je crois que tu as découvert ta vocation musicale lors d'un concert de Vince Taylor. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur tes influences musicales ?

C'est vrai. Je m'en souviens : j'étais tout gamin. Ma mère ne voulais pas que j'y aille, à ce concert. Parce qu'il y avait de la violence lorsque Vince Taylor était là. J'y étais quand même. C'était quelque chose. C'était peut-être la première fois que je voyais un groupe anglais. Vince Taylor étant américain, il était accompagné par un groupe anglais.

En fait, mes influences viennent du rock noir américain. Donc Little Richard, un peu Chuck Berry après, que j'ai découvert grâce aux Beatles et surtout aux Stones. Puis le blues de Howling Wolf. Ma musique est d'abord plus " black " que blanche. En tout cas, c'est ce qui m'a inspiré dès le départ. Dès le premier album, si vous vous rappelez, j'avais " You'll be mine " de Chester Burnett, alias Howling Wolf. Sur le single de l'album " Libero ", se trouvent " Viva Esperare " qui est une des deux chansons italiennes de l'album et " My Poor Heart Ponds Like Thunder " inspiré par " Smokestak Lightning ". Depuis le départ, Howling Wolf a toujours été là. Après j'écoutais dans les sixties les gens qui jouaient du rythm'n blues ou du blues comme les Animals, les Stones ou un peu plus tard les Small Faces. Je regardais ce qui les inspirais pour aller écouter ces albums d'où tout venait, pour avoir cette source d'inspiration qui était la leur, pour au moins essayer de copier.

Par la suite, comment t'es venue l'idée d'aller tenter ta chance au Golf Drouot ?

On étais amateurs, mais en même temps je n'ai jamais eu peur de rien. Un truc me bottait vraiment, c'était le défi. Le défi, c'était trop important. J'amenais mon groupe, on avait à peine trois mois d'existence, on ne savait pas jouer. En fait, on avais commencé à apprendre avec un prof qui nous disais où mettre les doigts, tu vois. Donc au bout de trois mois, tu ne sais sûrement pas jouer ! On avais l'impression de savoir.  Dès le départ, on a été jouer au Golf parce que c'était le temple du rock. Puisque le rock était notre musique. D'ailleurs chaque fois que je montais ce fameux escalier du Golf,  j'avais le cour qui battait et j'étais très ému. Comme plus tard, lors de mon premier concert au Marquee Club à Londres ! Les premières tournées anglaises, c'était fantastique parce que dans chaque ville, je me disais : " Oh, là il y a eu Jo Cocker, les Moody Blues, Eric Burdon ! Là les Stones ". Même à Liverpool on a joué dans l'ancienne Cavern. La rue s'appelait Beatles Street. J'avais une grande fierté quand les mômes de Liverpool venaient avec les magazines qui parlaient de nous, pour nous faire signer des autographes sur le Melody Maker, le Sounds ou le NMI.

Je suis un passionné du rock et du blues depuis le début. En tant que passionné, tu sais que telle musique vient d'ici ou de là. Donc cela me touchait profondément. Le Marquee Club, j'y avait tellement le trac que je n'arrivait pas à chanter. J'étais aphone tant j'avais le trac. En fait, on m'a fait une piquouse pour me décontracter et j'ai pu chanter.

Comment expliques-tu le succès que le Little Bob Story a eu en Angleterre ?

On avait très peur. Mon anglais s'est beaucoup perfectionné depuis, mais à l'époque, on disait que j'avais un accent à l'ail (galic accent). En fait, je me disait que j'allais me prendre des canettes dans la tête. C'est toujours cette passion qui nous a fait bouger. Les gens voyaient tellement qu'on avait envie d'être un groupe parmi les autres groupes anglais qu'ils nous ont rapidement accueillis et acceptés. La preuve, c'est qu'on était dans la presse anglaise comme tous les autres groupes. On a fait 300 dates en Angleterre en quatre ans. C'est énorme. Personne n'a jamais fait ça. De quelque genre de spectacle que ce soit. Variété, théâtre ou rock, blues et tout ce qu'on veut. Enfin, du blues encore moins évidemment.

Encore aujourd'hui, quand je pense à ça, c'était grandiose ! On a même été jouer dans des endroits dans lesquels les anglais n'allaient pas à l'époque. En Irlande du Nord, par exemple. Les groupes anglais évitaient d'y aller parce que c'était dangereux. Nous, on y allais et on voyait ces soldats anglais qui marchaient avec leurs fusils en regardant en l'air. On nous fouillait les coffres du camion pour voir s'il n'y avait pas une mitraillette dans l'étui de guitare.

On a été accepté comme un groupe anglais ou comme les groupes américains qui tournaient à l'époque. Johnny Thunders, les Heartbreakers . On fréquentait les mêmes pubs que les Sex Pistols, qui nous regardaient un peu de haut. Quand même, les Frenchies, les Frogies, on était pas copains. Alors qu'à nos concerts, on avait Paul Simonon des Clashs et Chrisie Hynde des Pretenders qui venaient. Johnny Thunders aussi, qui était tellement fait et qui voulait faire le bouf. Je lui dit : " attends le rappel ! " et il montait sur scène.

C'était une grande épopée, c'est vrai. J'en suis pas nostalgique, maintenant ça me manque un peu. Depuis quelques années, on a surtout tourné en France. On s'est repris en main il y a cinq ans. Je suis en train d'étudier le terrain pour retourner en Angleterre, en Hollande et dans les pays scandinaves, comme on faisait avant. C'est très difficile, parce qu'il faut tout refaire aujourd'hui. Evidemment, vingt, vingt-cinq ans sont passés par là.

Cette notoriété vis-à-vis des artistes anglo-saxons t'a conduit à reprendre un morceau de Springsteen à une certaine époque ?

Il faut dire la vérité. C'est vrai que cela serait bien plus beau si Bruce m'avait donné cette chanson. En fait, en Angleterre, on avait le même éditeur que lui. Une secrétaire qui travaillait aussi pour notre manager anglais, et qui savait que j'aimais beaucoup Springsteen, m'avait filé une cassette inédite. Il y avait cinq titres que j'ai gardés jalousement, évidemment. J'en ai pas fait des pirates. Il y a en peut-être qui l'auraient fait, mais ç'aurait été irrespectueux.

 

 
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Interview réalisée à la Laiterie de Strasbourg le 22 octobre 2002
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Propos recueillis par Jean-Luc & David BAERST

 

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