Manu Lanvin
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST



Manu, comme tout le monde le sait, tu as grandi dans un milieu artistique. Peux-tu revenir, en particulier, sur tes premiers souvenirs liés à la musique ?
 Mes premiers souvenirs remontent essentiellement à des expériences vécues lors de concerts, car mes parents adoraient (et adorent toujours) la musique. De ce fait, ils me « trainaient » dans les salles.
 Je devais avoir entre 5 et 7 ans lorsque j’ai découvert le groupe Téléphone et Renaud sur scène. C’était au Zénith de Paris, qui avait été inauguré peu de temps auparavant.
Ce sont ces « mômes » qui s’éclataient devant leurs publics qui m’ont donné l’envie de reproduire ce schéma.
Voir une bande de jeunes casser une batterie à la fin du concert, s’amuser et donner du plaisir aux spectateurs a dû m’émouvoir. A ma manière, j’ai souhaité retrouver ces types d’émotions et d’échanges.manu

Te souviens-tu des premiers musiciens que tu as pu côtoyer chez toi, à la maison, lorsque tu étais enfant ?
parents étaient des proches des membres du groupe Téléphone, c’est d’ailleurs pour cela que nous allions les voir lorsqu’ils étaient en tournée. Ma mère était une amie de ce combo et, en particulier, de la bassiste Corine Marienneau. Je conserve des souvenirs de bons moments passés en compagnie de Richard Kolinka (batteur de Téléphone, nda) et de Louis Bertignac (guitariste et chanteur de Téléphone, nda)
Un peu plus tard, d’autres artistes sont entrés dans notre environnement comme Paul Personne. Il faut dire que mon père (le comédien Gérard Lanvin, nda) a toujours apprécié les voix un peu cassées telles que celles de Joe Cocker, Bruce Springsteen…

Paul Personne se situe dans cette lignée de chanteurs qu’il aime. Je me souviens de chansons du type « Comme un étranger »… Ce sont des choses que je n’ai pas cherchées car mes parents écoutaient cela à la maisonNous avons eu la chance de croiser la route de certains de ces artistes et ce sont même eux qui m’ont poussé à me lancer dans l’aventure musicale Plus tard j’ai rencontré Bernie Bonvoisin (chanteur du groupe Trust et réalisateur, nda) et toute une série de musiciens qui appartiennent davantage à la génération de mes parents qu’à la mienne. Ils m’ont donné l’envie d’aller puiser à la source musicale de ce qui se passait à leur époque, c’est-à-dire les années 1970... Petit à petit j’en suis venu à écouter ceux qui avaient inspiré les guitar heros de cette période. A savoir tous les bluesmen du delta du Mississippi… et voilà où j’en suis aujourd’hui (rires) 
 Tout cela constitue un long travail de recherches !

Comme beaucoup de gens, tu as été inspiré par la musique que tu entendais à la maison durant ton enfance. A l’inverse as-tu, par la suite, permis à tes parents de découvrir des sons qui leurs étaient alors inconnus ?
Il est vrai que, plus tard, mes goûts se sont affinés. D’ailleurs, je revendique une certaine appartenance à la culture des musiques électroniques. L’univers des machines a aussi bercé ma génération. Je me suis toujours trouvé un peu en décalage par rapport à cela. Je ne dirais pas « le culs entre deux chaises » mais un peu « tiraillé » par cette envie de travailler avec des ordinateurs, d’utiliser des samplers pour obtenir de grosses dynamiques et des choses modernes, à l’instar de ce que pouvait faire Everlast (ancien leader du groupe House Of Pain, nda).

J’aimais ce travail un peu artisanal et ce mélange entre une MPC et une guitare acoustique. Je me rappelle aussi du groupe Day One qui se produisait dans un registre proposant une fusion entre la musique de la génération 1990/2000 et des choses beaucoup plus anciennes et authentiques.    C’est ce registre musical que je devais faire écouter à mes parents…

Peux-tu revenir sur ton apprentissage de la guitare. As-tu pris beaucoup de cours ou étais-tu plutôt un autodidacte ?    
Je suis plutôt un guitariste autodidacte. Je me souviens qu’il y avait une guitare qui trainait à la maison…   Ceci-dit j’ai commencé par la batterie mais, lorsque les jeunes se mettent à cet instrument, ils se font vite virer de chez leurs parents en raison du bruit (rires) !            

Je me suis donc replié vers la guitare et me suis mis à gratter les cordes de celle qui était dans le salon. C’était très dur et c’est seulement au moment de fonder mon premier groupe que l’émulation est venue naturellement. Nous étions une bande de potes et ne savions pas jouer mais nous avions tellement envie de nous retrouver lors de nos rendez-vous hebdomadaires dans un studio de répétitions…           
Chacun voulait épater l’autre et lui dire « regarde ce que je sais faire » etc… C’est comme cela que j’ai appris.    A un moment on m’a conseillé de travailler les harmonies mais j’en ai été très rapidement lassé. En fait j’avais un professeur de guitare jazz qui ne faisait que s’écouter (rires) !      On payait les cours mais on ne faisait que l’écouter, je me suis vite dit que ça n’allait pas le faire…       C’est pour cette raison, j’ai rapidement arrêté tout cela.

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Est-ce que tu pourrais, justement, me parler de tes premières expériences avec des groupes et de ton attirance immédiate pour la scène ?
Cela s’est fait dans la continuité de mon premier groupe (Caïman) qui a vu le jour avant 3D qui, lui, a accompagné ma jeunesse et qui était un combo un peu plus « sérieux ».         

En pleine crise d’adolescence, vers l’âge de 15/16 ans, nous avons dû participer à la Fête de la Musique dans une maison de quartier avec Caïman. A cette occasion, nous avons fait la première partie de Human Spirit qui était un groupe de reggae qui tournait beaucoup en France. Au moment où j’ai mis les pieds sur scène je me suis dit « Ici c’est ma maison, c’est chez moi et c’est là que je veux vivre ». J’en conserve ce souvenir intact dans ma tête…     

Je m’y sentais bien, tout simplement…

Comme je te le disais avant le début de l’enregistrement de cet entretien, la première fois que je t’ai vu sur scène remonte à la tournée « Patchwork Electrique » (en 2000, nda) de Paul Personne. Que représente cet artiste (et en particulier ce guitariste) pour toi ?     
C’est une sorte de modèle car dans son registre il s’en sort vraiment très très bien !   En tant que français on peut avoir quelques complexes à proposer une musique qui n’est pas la nôtre. On dit souvent que le niveau de nos guitaristes est inférieur à celui des américains ou des anglais…    

C’est un fait culturel car jouer de la guitare est une chose beaucoup plus usuelle là-bas, ne serait-ce que pour s’accompagner autour d’un feu de bois.           

En France, il faut vraiment se « bousculer » pour faire de la musique. Paul a accompli quelque chose d’énorme. Il n’a pas à se sentir intimidé face à d’autres guitaristes que nous aimons tous. Il a développé un style qui lui est propre, il a un son à lui et possède une voix qui fonctionne très bien avec le maniement de la langue de Molière.      
Sur une musique sur laquelle beaucoup se cassent la gueule, lui y arrive et parvient à faire sonner à merveille ses mots. En cela c’est un bon modèle même si je ne cherche pas à le suivre.         

Les gens trouvent souvent des similitudes entre nous deux mais, à titre personnel, je ne le pense pas vraiment.      
La grande leçon que je retiens de la part de cet artiste est qu’il est celui qui a su faire sonner cette musique en français.

Tout en conservant une grande humilité, ce qui constitue aussi une bonne école pour tous les guitaristes en herbe…       
Oui, d’ailleurs tous les grands artistes que j’ai pu rencontrer ont ce point commun. J’ai eu la chance de collaborer avec Calvin Russell sur l’album « Dawg Eat Dawg » (2009 - XIII Bis Records, nda) et nous avons fait une tournée ensemble. Je n’ai jamais vu un artiste avec lequel il est aussi « facile » de travailler. Il ne se pose pas de question, il est content d’être là et il est humble derrière son micro.      

Il a accepté que je le dirige alors que j’ai beaucoup moins d’expérience que lui.  Ces grands artistes savent que lorsqu’ils font un album, ils sont dans une aventure à plusieurs. Donc il faut écouter l’autre…          

Ce qui fait la différence avec certains qui se « prennent la tête » un petit peu pour rien…

Comment as-tu été amené à travailler avec Calvin, de quelle manière l’as-tu rencontré et comment s’est déroulée votre collaboration ?      
C’était à l’occasion d’un double concert de Paul Personne à La Cigale (les 24 et 25 mars 2007, nda). Il avait invité pas mal d’artistes pour que ces derniers le rejoignent sur scène (Hugues Aufray, Benoit Blue Boy, Hubert Félix Thiefaine, Beverly Jo Scott, Jean-Louis Aubert…).          

Calvin, pour qui c’était le grand retour, étaient parmi eux. Lorsqu’il est monté sur scène, les gens étaient comme des fous. Il a même eu droit à un rappel car c’était quelqu’un de très aimé par ce public.        

J’ai eu la chance de pouvoir discuter avec lui dans les coulisses, après que nous ayons été présentés par Paul. Le courant est immédiatement passé entre nous.     

Nous avons passé une soirée à nous tordre de rires puis à boire des bières et à écouter beaucoup de musique, à la maison, jusqu’à 5 ou 6 heures du matin. Nous sommes devenus très amis avant même d’imaginer une seule seconde que nous ferions de la musique ensemble un jour. Cela n’a jamais été le propos et ce n’était même pas une envie cachée dans ma tête.           
J’aimais simplement partager avec ce mec, c’était un contact familial.      

 Lorsqu’il venait à Paris, il aimait se « réfugier » à la maison après ses concerts. Puis, je lui ai demandé une collaboration avec mon groupe d’électro, The Songe Black, qui fusionnait ce style avec le blues. Un titre me semblait être fait pour lui. Il a dû cerner cette évidence car il a accepté de le faire…        
Du coup, je suis parti au Texas avec mon ordinateur, un micro et un petit pré-ampli. Je l’ai enregistré dans sa cuisine, c’était unique… Il y a une vidéo assez marrante qui reflète de ce moment.    Là, nous avons vraiment appris à nous connaitre. Il m’a parlé de sa déception vis-à-vis des maisons de disques. Il avait décidé d’arrêter la musique mais avait refait une tentative suite à son passage à La Cigale. Très vite, il était retombé dans des schémas qu’il avait déjà eu l’habitude de voir. Les labels qui parlent beaucoup mais qui, au final, ne traduisent pas cela en actes. C’est très démotivant pour quelqu’un qui se donne beaucoup dans un projet…          

A partir de là, nous avons évoqué l’idée de produire un album sans aucun soutien. Le but étant de se retrouver dans une vraie liberté de production.  Au début, je devais juste intervenir comme producteur exécutif financier mais, de fil en aiguille, l’histoire s’est transformée en une vraie collaboration artistique. Je lui ai envoyé tous les brouillons que j’avais en tête pour lui, sans vouloir le forcer ou l’influencer à réaliser quelque chose.         

J’avais simplement l’envie de faire une partie de ping-pong artistique en sa compagnie.        
Un jour, il m’a appelé pour me dire qu’il allait prendre tous mes morceaux. Il avait écrit des textes sur toutes mes musiques…          Il me disait que mes riffs avaient le feu et qu’ils constituaient quelque chose qu’il n’avait jamais entendu. Il voulait que l’on fasse cet album ensemble et pas simplement que je me contente de lui trouver des musiciens, de lui apporter ses cafés, sa bouteille d’eau et des serviettes (rires) !    Nous sommes donc partis ensemble dans la production de ce disque…

Sur ton dernier album « Mauvais Casting » (2012 – Verycords), tu lui rends hommage à travers la chanson « My good old friend ». J’ai également remarqué le morceau « Lil’ white man », dont le riff d’intro n’est pas sans rappeler celui de « Wild wild west »  extrait de son CD « Sam » (1999 - Columbia). Est-ce, pour toi, un prétexte supplémentaire afin de lui faire un  clin d’oeil ? 
« My good old friend » est une chanson qui lui est totalement dédiée, même si elle peut avoir une résonnance différente pour plein d’autre gens. Elle évoque la perte d’un ami, quelqu’un avec qui on a partagé des choses intenses.       
Pour lui rendre hommage, il fallait aussi que je « prenne ses souliers » et dans les harmonies de « My good old friend » on est très proches des choses que Calvin et moi jouions ensemble sur scène. Comme je le dis dans la chanson, ça me permet de me sentir plus près de lui. Je reprends ses accords (la mineur, ré mineur…) car je sais que c’est ce qu’il faisait et je savais comment il le faisait, car je l’ai vu jouer et j’étais souvent près de lui. C’est une manière de continuer à communiquer avec lui…          Le titre « Wild wild west » en fait partie car c’est du vrai boogie texan.   C’est ce que j’ai appris en me baladant à Austin, en comprenant le parcours de guitaristes tels que Stevie Ray Vaughan. Sur la 5ème Avenue de cette ville, tous les mecs sont obnubilés par Stevie Ray qui, tout jeune mec, se produisait dans les clubs de cette artère.         Ils ont tous cette manière de jouer que l’on retrouve aussi chez Neal Black. Un côté boogie-blues qui est très texan. J’avais envie de faire ça et je n’arrêtais pas de dire à mes musiciens qu’il manquait un boogie à l’album. L’idée est partie de ça et « Lil’ white man » a rejoint la setlist du CD (Par ailleurs, Manu à l’excellente idée de mixer « Lil’ white man » et « Wild wild west » en une seule séquence durant ses concerts, nda).

On parle beaucoup des guitaristes texans mais, en te rendant dans cet état, t’es-tu aussi intéressé à d’autres musiciens que Calvin adorait. Je pense, notamment, à certains grands songwriters tels que Townes Van Zandt, Guy Clark et consorts…       

Bien sûr, cette culture du mot est très importante et quelqu’un comme Townes Van Zandt a beaucoup inspiré Calvin. Ce dernier a d’ailleurs pu collaborer avec lui…     Le rapport à l’écriture est très intéressant. Il est même souvent plus élaboré que le blues.     
Le blues est très animal, on pense que cette musique est minimaliste mais elle ne l’est pas. Il s’agit de cris primaires qui renferment beaucoup plus de subtilité qu’on ne l’imagine. Dans ce qu’ont digéré les musiciens intéressés par le mot et les textes, il y a beaucoup d’images. Ainsi, on peut aussi penser à Bob Dylan…       C’est très agréable de lire ces textes signés par de vrais auteurs !

Peux-tu me présenter, plus en détails, cet album « Mauvais Casting » et revenir sur son enregistrement avec des pointures telles que Nikko Bonnière, Clive Martin, Steve Prestage… ?  

Clive Martin et Steve Prestage sont, un peu, mes papas (rires) ! J’ai toujours travaillé avec, au moins, l’un de ces deux gars.         L’album que tu as cité a été fait avec les deux. Avec Steve nous avons fait tous les recordings de batterie alors qu’avec Clive nous avons procédé au mixage.       Ce sont des ingénieurs du son qui ont une expérience énorme, ils ont gardé une âme de « hippies papas du rock » qui me plait beaucoup. Ils ont une vraie culture musicale et ça me rassure de travailler avec eux car ils ont des épaules et m’ont permis de pouvoir donner le meilleur de moi-même. Nikko Bonnière (ex guitariste de Dolly et actuel guitariste d’Eiffel) m’avait déjà accompagné sur « Dawg Eat Dawg » et était sur scène avec moi et Calvin. Nous avions beaucoup travaillé l’approche, que nous petits frenchys, pouvions avoir d’un album pour Calvin.  Nous savions que nous ne pouvions rivaliser avec des guitaristes texans qui, techniquement, sont beaucoup plus forts que nous. Chose que je dis en toute objectivité…   Là où nous pouvions peut-être faire quelque chose de différent pour Calvin, dont la discographie est très complète, c’était d’essayer de bousculer les choses dans l’approche des sons.       Je pense que « Dawg Eat Dawg » est une réussite. C’est pour cela que Nikko m’a aussi accompagné sur mon propre album, car nous avions envie de conserver cette « touche à nous » qui est vraiment liée à cette collaboration.

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J’en profite afin d’ouvrir une nouvelle parenthèse liée à Calvin. Une partie des enregistrements de « Dawg Eat Dawg » a été faite au Maroc, ce qui est aussi une manière de « bousculer » les clichés. Quelle a été la perception de Calvin car, sur certaines vidéos, on le sent très heureux de pouvoir déambuler dans les rues marocaines ?

C’est beaucoup plus simple que ça… A tel point qu’on pourrait en faire une légende de cet enregistrement à Marrakech…    

En fait, nous y sommes allés pour des raisons pratiques. J’allais devenir papa et, de ce fait, il était compliqué d’accueillir Calvin à la maison. Il était complexe de pouvoir tout gérer…     J’ai eu la chance d’avoir un riad de disponible dans la médina à ce moment-là et de pouvoir facilement obtenir des billets d’avion, alors que nous partions sans garantie financière et sans maison de disques pour nous soutenir. J’ai donc appelé Calvin pour lui dire que nous finirions peut être l’album à Paris mais que nous allions, au moins, le pré-produire à Marrakech. Histoire de voir ce qui se passe entre nous et si nous avons raison de nous associer tous ensemble. J’ai déplacé tout mon studio d’enregistrement parisien (La Chocolaterie) et l’ai transporté dans des cars, un vrai bordel organisé !    
Arrivés sur place, nous avons enregistré 80% de l’album là-bas. C’était superbe car nous vivions tous ensemble dans une maison très rassurante. Nous avions des gens qui s’occupaient de nous. Cela peut paraître anodin mais ça nous a permis de nous concentrer exclusivement sur l’album.      

Calvin passait ses journées enfermé dans sa chambre afin de peaufiner ses textes alors que Nikko et moi étions en bas, afin de travailler la production. On lui ramenait les différentes tonalités et des maquettes…      
Le soir, il descendait à 18h00 dans la suite que nous avions aménagée en studio (en open space avec la régie, la prise de voix et des instruments dans la même pièce). Une approche telle que Daniel Lanois (musicien et célèbre producteur canadien ayant travaillé avec des artistes tels que Bob Dylan et Neil Young, nda) le ferait… C’était super !     
Quand Calvin arrivait, on travaillait pendant deux heures avec lui et, à chaque fois, c’était le bingo car deux ou trois textes étaient mis en boite.        Ce mec avait une mécanique formidable, malgré son âge avancé, ses troubles de mémoire et certains troubles comportementaux… car il n’a pas carburé qu’à l’Isostar dans sa vie…  

 Quand il s’agissait de se mettre derrière le micro et de livrer le truc, il était vraiment très impressionnant. Le fait de le dire n’est pas de la frime, je l’ai vécu tous les jours et à chaque fois, avec Nikko, nous étions bluffés par la rapidité d’exécution de ce mec…

Pour « Mauvais Casting », quelles sont les ambiances musicales et les thèmes qui te tenaient particulièrement à cœur lors de l’écriture du disque ? 

« Mauvais Casting » parle beaucoup de la désillusion amoureuse, un thème propre au blues…On y trouve un petit virage social sur le titre éponyme car j’ai toujours été un incompris dans ce milieu musical français. On m’a toujours dit que j’ai une fibre anglo-saxonne mais j’aime mon pays et ma langue. J’ai toujours mis un point d’honneur au fait de faire du blues en français.   Je n’ai jamais, comme certains le disent, eu la tête de l’emploi pour cette musique car les gens pensent qu’il faut être barbu, avoir des cicatrices plein la gueule et un bras en moins pour faire cette zic.  

 Ici les gens se font cette image du blues alors qu’aux Etats-Unis cette question se pose moins. Il suffit de voir un mec comme Jonny Lang qui dès son plus jeune âge avait les épaules, la voix, le charisme et la culture pour faire sonner cette musique.           C’est une manière de renvoyer la balle à tout ce système qui ne m’a jamais compris et dont je n’ai jamais vraiment voulu (maisons de disques, promo, médias…). On fait de la musique pour autre chose, donc ça m’amusait de leur dire que je ne suis pas là que pour nourrir cette machine, enfin la leur quoi !     

Faire la prostituée n’est pas ma motivation première. Ma motivation est de me retrouver sur une scène et de jouer avec mes gars pour un public. J’ai toujours fait de la musique pour rendre les gens heureux, ne serait-ce qu’un court instant. D’ailleurs, de mon côté, quand je vais voir des artistes en concert c’est pour prendre du plaisir…

En tout cas, la chanson « Mauvais Casting » laisse présager que tu n’es pas quelqu’un qui aime manier la langue de bois…        

Non, d’ailleurs ce n’est pas dans l’état d’esprit de la famille (rires) !           C’est culturel aussi…

Tout à l’heure tu évoquais Neal Black avec lequel tu vas tourner prochainement. Là aussi, peux-tu me parler de votre relation et de votre rencontre. Cet artiste texan est aussi un excellent songwriter dont on n’évoque pas assez la qualité des textes. Seriez-vous prêts, dans le futur, à écrire ensemble ?  

Ce n’est pas impossible…    Je l’ai rencontré par l’intermédiaire de Sophie Louvet (attachée de presse qui travaille, entre autres, pour une grande partie des artistes signés par le label Dixiefrog, nda). Elle s’occupe de sa communication et collabore avec des émissions comme la tienne, qui font de la résistance pour défendre les musiques roots américaines. Elle m’a présenté Neal qui voulait me rencontrer. Dans un premier temps, nous avons travaillé ensemble sur l’album de la chanteuse et guitariste américaine Janet Martin. Le feeling a été très bon et nous nous sommes dit que nous pourrions faire un bout de route ensemble. A ce jour, nous avons déjà une dizaine de dates communes de planifiées. J’en suis très content et suis impatient de tourner avec lui !

Est-ce qu’il y a, en particulier, d’autres artistes avec lesquels tu aimerais travailler ?

 Il y en a beaucoup avec lesquels j’aimerais travailler…       Il y a quelqu’un que j’aime beaucoup et je pense que, lorsqu’il ne sera plus là, on se rendra vraiment compte de ce qu’il a pu léguer. Il s’agit de Ben Harper…      

Dès que j’écoute n’importe lequel de ses albums, je suis toujours subjugué par le son qu’il produit, par ses textes, ses qualités vocales, son amplitude dans différents registres (allant de la folk à la soul, en passant par le blues et le rock). C’est un artiste remarquable et si demain je ne devais plus avoir d’idée pour conceptualiser un album, c’est le genre de mec que j’aimerais avoir comme producteur. Je signerais tout de suite !

Après être revenu à des sons roots, as-tu déjà des idées quant à tes prochaines directions musicales ?    
       Pour le moment, je me concentre sur le fait de défendre « Mauvais Casting ». J’ai encore du mal à avoir une vision sur l’avenir. J’ai l’impression d’avoir trouvé une sorte d’exactitude. Tant que je serai à l’aise dans ces pompes-là, c’est-à-dire de tourner dans une formule trio (avec Jimmy Montout à la batterie et Gabriel Barry à la contrebasse) je n’arrêterai pas. C’est une chose qui me manquait et que je voulais désespérément retrouver. J’ai commencé de la sorte….           En power trio, c’est très fragile, tout se joue sur un fil… c’est comme un combat sur scène… mais c’est une position qui me plait.    Je pense que nous allons encore davantage creuser ce sillon, dont « Mauvais Casting » est l’amorce.

As-tu une conclusion à ajouter à cet entretien ?      

Non, je pense que nous avons bien fait le tour de la question.  D'ailleurs, maintenant, je n’ai plus de question à me poser (rires ) !


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Interview réalisée au
Camionneur –Strasbourg
le 25 janvier 2013

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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