Mardi Gras BB
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST


Dans un premier temps, pouvez vous vous présenter ?
Révérend Uli Krug : De façon générale, je peux dire que je suis le Révérand Krug, je joue le Soubassophone au sein du Mardi Gras BB.

Doc Wenz : Oui je suis le Doc et je joue de la guitare et je chante dans le Mardi Gras BB.

Révérend Uli Krug :

L'histoire, pour faire court, a commencé il y a treize ans alors que Doc et moi même avions décidé d'organiser une petite fête façon Nouvelle-Orléans dans notre ville, Mannheim.
Après cela nous avons continué à nous produire avec ce groupe de cuivres, créé spécialement pour cette fête. De mon côté, presque immédiatement après je me suis rendu à la Nouvelle Orléans où j'ai écouté de nombreux groupes de cuivres de la ville.

C'est comme cela que l'histoire a commencé mais on peut dire que la vraie naissance de Mardi Gras BB date de 1998, année durant laquelle nous avons rencontré notre producteur Gordon Friedrich. Ce dernier a produit notre premier album " Alligatorsoup " qui nous a tout de suite ouvert les portes d'une carrière internationale dans un style très personnel que nous avons créé. Un style unique….

Quel genre de musique faisiez vous avant de fonder ce groupe ?
Révérend Uli Krug : C'était très différent, pour ma part je faisais beaucoup de Rock d'Avant-garde en tant que bassiste et contrebassiste. Doc, quant à lui faisait du Punk et de la Soul. Les autres membres du groupe se produisaient aussi dans des styles très différents.

D'où vous est venue cette idée de créer un Brass Band et que représentait pour vous la musique de la Nouvelle-Orléans à ce moment là?
Révérend Uli Krug: Personnellement, je peux dire que j'ai senti une grande facination pour le soubassophone. J'ai commencé à jouer de la trompette dans mon enfance puis j'ai retrouvé les cuivres avec la naissance de Mardi Gras BB.

Doc pourra te parler de la façon dont cela lui est venu ainsi que de la Nouvelle-Orléans. A titre personnel je préfère éviter de parler de l'influence musicale de cette ville car nous faisons en sorte d'avoir notre propre style. Nous avons créé ce style et nous pouvons même dire aujourd'hui que les américains pourraient apprendre quelque chose de nous maintenant.

Doc Wenz: Oui, je crois que ce que dit le Révérend est absolument vrai. Je crois qu'aujourd'hui nous créons vraiment un style unique et je ne sais pas si un groupe américain s'est déjà aventuré dans ce style. Nous travaillons avec un DJ, avec un chanteur-guitariste etc....

Nous avons un avantage par rapport aux groupes américains car ces derniers sont plus enfermés dans leur tradition et c'est très difficile d'en sortir. Ils sont engagés dans une voie unique....
C'est vraiment un avantage que nous avons nous les groupes européens car nous prenons plus de distance ce qui nous avantage pour mixer différents genres et ainsi en créer de nouveaux.

Révérend, as tu des "maîtres" spécialistes du soubassophone?
Révérend Uli Krug: Oui, à titre personnel des soubassophonistes différents m'ont influencés comme Bob Stewart ainsi que de nombreux groupes de cuivres de la Nouvelle-Orléans comme le Dirty Dozen Brass Band. Aujourd'hui j'écoute beaucoup de choses différentes, surtout la musique d'Amérique du Sud, la musique Latine, Africaine etc....
Ceci sont mes styles préférés actuellement.

A l'inverse ressentez vous aujourd'hui, l'un et l'autre, qu'il y a des jeunes groupes qui s'inspirent de vous?
Révérend Uli Krug: Oui, bien sûr! Par exemple chez nous à Mannheim il y a deux groupes qui font des reprises de nous et qui ont commencé dans le même genre. De temps en temps lors de nos tournées, même en France, nous avons pu écouter des groupes de cuivres qui jouaient nos compositions.

Doc Wenz: Oui, je ne pourrai pas dire si un groupe allemand à été directement influencé par notre son parce que en Allemagne il y a bien plus de fanfares traditionnelles que de fanfares pop à l'inverse de la France. Par contre je peux dire qu'il y a beaucoup de groupe sur notre label Hazelwood Records qui écoutent Mardi Gras BB et qui essayent de reproduire certains de nos sons sur leurs disques. C'est peut être cela l'influence que nous avons....

Que pouvez vous nous dire sur la scène musicale de Mannheim que nous connaissons très peu en France? Y a-t-il un style musical précis qui s'y détache comme ce fût le cas pour Liverpool dans les années 60?
Doc Wenz: Ceci est venu un peu comme une rumeur, il y a eu quelques groupes puis la fréquence est devenue de plus en plus élevée. Ainsi il y a eu de nombreux groupes à Mannheim qui ont aujourd'hui un succès commercial.

Les gens qui vivent en dehors de Mannheim aiment parler de cette ville comme d'une "école", ce que je ne comprends pas car je ne ressens pas spécialement un mouvement spécifique dans cette ville. Si de nombreux groupes de cette ville occupent aujourd'hui des places dans le top 40, ce n'est pas spécialement lié à leurs origines. Si tu écoutes tous ces groupes, tu constateras qu'ils ont tous un son qui leur est propre ainsi qu'une vraie personnalité, aucunement liée à la ville.

On ne peut pas parler d'une corporation de Mannheim, ou d'un son propre à la ville, c'est juste une coïncidence si tant de groupes viennent de cette ville. Dans les années 70, par contre, il y avait un grand élan musical à Munich mais là aussi sans grande homogénéité, tout comme à Franckfort. C'est juste une coïncidence.....

Révérend Uli Krug: Pour nous, être confronté à d'autres musiciens de Mannheim n'est pas intéressant car nous avons une direction européenne. Notre but est de faire des voyages, parler avec des gens dans des pays étrangers. A titre personnel, je ne fais pas de la musique pour me retrouver dans le hit parade mais pour avoir mes amis autour de moi. A mon sens la musique est un langage universel et c'est ce que je veux pratiquer.

Vous inspirez vous de ces voyages, ramenez vous des sons nouveaux?
Révérend Uli Krug: Oui, par exemple nous avons joué il y a deux jours à Paris et j'en ai profité pour me procurer de nombreux cd de notre nouveau partenaire "Supersonic" (label parisien, Nda) qui s'occupe aussi de nombreux groupes internationaux.

Cette démarche est enrichissante car ces groupes ne sont pas connus en Allemagne à l'exception peut être de la Mano Negra. Par exemple M est une grande star en France alors que chez nous personne ne sait ce qu'il fait. C'est pourquoi il est très important pour nous de voyager et de rencontrer ces gens sur des Festivals, comme ici à Nancy, afin de savoir ce qui se fait autour de nous.

Je vais simplement vous poser une ultime question sur la Nouvelle-Orléans, en espérant que cela ne vous gêne pas de trop. Quelle était la réaction des musiciens américains à l'écoute de votre musique là-bas?
Révérend Uli Krug: En fait, nous n'y avons jamais joué. J'y étais au début du groupe pendant 4 semaines afin d'écouter un maximum de concerts. Aujourd'hui, ma relation personnelle avec l'Amérique du Nord a beaucoup changé. La grande catastrophe à la Nouvelle-Orléans m'a beaucoup peiné car d'ici on a pu voir la vraie face de l'Amérique du Nord comme le racisme, la pauvreté des noirs.

J'espère pouvoir prochainement y retourner afin de jouer mais ceci est très difficile pour nous les groupes européens. C'est pour des raisons économiques, nous n'avons pas forcément une grande dépendance financière avec nos labels. A ce jour nous n'avons pu jouer qu'au Canada, à Montréal. J'espère vraiment pouvoir faire des voyages jusqu'à la fin de mes jours avec Mardi Gras BB.

Parlons un peu de votre discographie, combien de disques avez vous enregistré à ce jour et comment avez vous fait évoluer votre musique?
Révérend Uli Krug: Notre dernier cd a été enregistré sans cuivre, moi même j'y joue la contrebasse et Doc y joue de la guitare et y chante. Il y a également une batterie complète jouée par Sir Erwin Ditzner. Cet enregistrement a été fait pour prouver aux allemands que nous ne sommes pas des traditionalistes. Je ne suis pas quelqu'un qui dort avec son soubassophone, j'écoute beaucoup d'autres musiques et j'aime jouer de la contrebasse.

Nous nous sommes un peu inspirés de groupes comme G Love & the Special Sauce ou bien les Stray Cats que j'aime beaucoup. Nous avons, comme à chaque fois créer une histoire qui est raconté tout au long du cd. C'était notre but et nous pensons avoir réussit!
Ce cd a été fait à 3, mais ceci ne veut pas dire que nous ne jouerons plus avec des cuivres. C'était une expérience exceptionnelle.

Quelle a été la réaction de vos fans à l'écoute de cet album très différent des autres?
Révérend Uli Krug: Pour le moment c'est nouveau, cela provoque de nombreuses discutions. Par exemple sur notre site internet les gens demandent si c'est la fin de Mardi Gras BB, mais je peux leur répondre que non. Doc a écrit normalement ces chansons et pour nous c'était l'occasion de retrouver une certaine liberté à 3 qui n'est pas possible dans un grand orchestre.

Sur scène c'est encore le grand groupe qui se produit?
Révérend Uli Krug: Oui, bien que spécifiquement pour la France nous commençons nos concerts à 3 avant que tous les cuivres nous rejoignent pour montrer toute la force du groupe. Ceci ne sera pas possible ce soir car nous ne pourrons jouer qu'une heure sur scène, ce qui est trop court pour pouvoir développer toutes nos idées.

Dans cette optique, de quelle manière pensez vous surprendre votre public dans le futur?
Doc Wenz: Avec ce trio nous avons retrouvé un background très rock, une formule swamp rock en fait. Le mot d'ordre était spontanéité en enregistrant rapidement. Nous avons fait cela avec beaucoup de plaisir. Je pense que nous enregistrerons le prochain album avec à nouveau le groupe au grand complet, cuivres etc....

Ce prochain album devrait être très lent, très mélancolique et il montrera la face romantique de Mardi Gras BB.

Comment expliquez vous votre succès en dehors des frontières germaniques?
Révérend Uli Krug: Je ne peux pas l'expliquer, mais je suis très fier et heureux que nous ayons du succès et des fans en France. Une autre grande fierté est de pouvoir voyager avec ce groupe et j'espère que cela continuera jusqu'à la fin de mes jours (rires).

Vous me disiez que vous faisiez votre propre style, si vous aviez un mot alors pour définir votre musique, lequel serait-il?
Doc Wenz: Impossible à dire.....

Et bien Impossible serait une bonne définition, non?
Doc Wenz: Oui tu as raison, Impossible pourrait être le mot! Impossible Music c'est pas mal (rires)!

Remerciements: Un grand merci au service de presse du NJP et surtout au Révérend et au Doc pour leur disponibilité et leur très grand talent.

 
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Les liens :

Le site : Mardi Gras

Interview réalisée le 15 Octobre 2005 au Nancy Jazz Pulsations

Propos recueillis par David BAERST.
En exclusivité !

 

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