Marie Knight
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST


Marie, pouvez-vous revenir sur vos origines exactes ?
Je suis née à Sandford, Floride, en 1927 mais je vis actuellement à New-York City. Toute mon éducation s’est faite à Newark dans le New-Jersey où j’étais scolarisé (où elle était, également, membre de la chorale de l‘église Baptiste, Nda).

Je suppose que vous avez commencé l’apprentissage de la musique très tôt…
La musique est véritablement un talent. C’est Dieu qui vous donne ce talent. En ce qui me concerne, c’est à l’âge de 5 ans qu’il m’est venu.
Petite, on me mettait sur la table et ma mère, ainsi que toutes les personnes qui se trouvaient là, me regardaient. J’ai longtemps cultivé ce don afin d’arriver là où je suis aujourd’hui.

Quels ont été vos premiers modèles musicaux ?
Parmi les musiciens qui ont eu une influence sur moi il y a, inévitablement, Mahalia Jackson qui faisait de la musique avec son cœur. Mahalia & Sister Rosetta Tharpe partageaient de nombreux points communs…
Elles sont, malheureusement, décédées à la même période.

Avez-vous rapidement commencé votre carrière ?
Oh, je n’avais que 16 ans…
Un jour (en 1947,Nda) j’ai réalisé ma première répétition pour Sister Rosetta Tharpe (célèbre chanteuse et guitariste de Gospel) à 17h00 et le lendemain je partais avec elle pour Chicago…

Pouvez-vous, justement, m’en dire plus sur votre collaboration avec Sister Rosetta Tharpe ?
Rosetta est dans mon cœur partout; où que je sois…
Elle continue de me parler et je lui parle toujours…

Elle était, toujours, pleine de fraîcheur et j’ai appris beaucoup de choses grâce à elle. Elle restera, à tout jamais, comme une des meilleures artistes que la musique ait engendré.  J’ai fait un long chemin en sa compagnie (de 1947 à 1954 Marie participe en tant que contre alto à quelques sessions historiques de Rosetta Tharpe comme « Precious Memories » ou « This Train », Nda) et beaucoup de choses que j’ai pu apprendre durant cette période viennent d’elle.

Je n’oublierai jamais le jour où elle m’a annoncé qu’elle irait chez ma mère, dans le New-Jersey, afin de lui dire qu’elle avait décidé de me prendre avec elle. C’est ainsi que je suis partie…

Quelles sont, pour vous, les différences fondamentales entre le Gospel et le Blues ?
Le fait de chanter du Gospel t’oblige à y mettre tout ton cœur et toute ton âme. Cela demande un réel talent  car tu dois prendre un maximum de choses des gens qui t’entourent  et complètement t’immerger à leur personnalité afin de pouvoir les toucher.

Quels sont les musiciens qui ont le plus compté pour vous ?
J’ai eu l’occasion de rencontrer et de voyager  avec de nombreuses personnes via les différentes scènes Folk. Parfois tu peux voyager avec et parfois sans ces gens…

C‘est comme un pianiste que j‘ai eu et qui ne pouvait pas toujours donner le meilleur de lui-même. Je lui en ai parlé à New-York et notre collaboration s’est arrêtée ainsi.
Aujourd’hui, je donne des concerts avec comme accompagnateur le pianiste David Keyes et c’est une expérience vraiment formidable !

Pouvez-vous me parler plus précisément de votre dernier CD en date « Let Us Get Together » (Dixiefrog) ?
« Let Us Get Together » est un hommage au Révérend Gary Davis, que je n’ai jamais rencontré (Gary Davis, né en 1896 en Caroline du Sud et décédé en 1972, était un musicien itinérant aveugle qui s’accompagnait à la guitare et qui interprétait aussi bien du Gospel, du Blues ou du Rag, Nda).

C’est un CD qui me tient beaucoup à cœur et que je tenais à enregistrer depuis longtemps. Je ne pouvais pas faire ces chansons exactement comme le Révérend Gary Davis. J’ai donc décidé d’enregistrer les morceaux à ma façon en gardant ma propre personnalité. Mon producteur, Mark Carpentieri, m’a dit « OK, fais-le comme tu le sens » et tout le travail s’est effectué en 3 semaines. Il y a Larry Campbell à la guitare (mais également à la mandoline et au violon, Nda)…

Ce dernier a fait quelque chose d’important pour moi car ce disque sonne très actuel. Il s’est imprégné des enregistrements de Sister Rosetta Tharpe sur lesquels je figure. J’ai participé à de nombreux disques d’elle qui sont sortis sur le label Decca (label pour lequel Marie enregistrera aussi plusieurs 45 Tours de Gospel ou de Rythm and Blues avant de signer chez Mercury en 1956,Nda). Ainsi il m’a permis de perpétuer cette tradition tout en me forgeant une identité musicale qui m’est propre.

Justement, pourriez-vous revenir sur votre collaboration avec Larry Campbell (multi - instrumentiste de génie et producteur qui a, longtemps, accompagné Bob Dylan, Nda) s’il vous plait ? Etait-il facile de travailler avec lui ?
Larry Campbell est une personne très facile et qui est, de surcroît dotée d’un grand talent…
Il est vraiment un musicien très talentueux !
Il n’a jamais joué deux fois la même chose sur ce disque, il a toujours joué différemment. Son son de guitare est vraiment splendide…

Après toutes ces années passées sur les routes du monde entier, quels sont vos souvenirs les plus marquants ?
Je pourrais simplement te parler de la semaine dernière et d’un périple aérien entre Atlanta, Georgie, Chicago et New-York. Avec les changements d’avions, mes bagages se sont perdus à Chicago…
J’ai passé trois jours sans aucune affaire, c’est aussi ça voyager continuellement..

Vous portez le message du Gospel aux populations européennes, qui ne comprennent pas forcément votre langage. Est-ce différent avec le public américain ?
Non, d’ailleurs je ne vois aucune différence. Il suffisait de voir les gens lors de mon concert de cet après-midi.
Ils avaient tous des réactions très positives. Je dirais même que les gens ici s’intéressent plus à vous.

Aux USA, vous pouvez accomplir votre prestation en 3 chansons et cela ne dérange personne tandis, qu’ici, j’aurais pu rester toute la nuit !

Avez-vous déjà des souhaits concernant un éventuel prochain album ?
Nous faisons actuellement la promotion du CD « Let Us Get Together » mais je pense que je retournerai en studio, afin d’enregistrer un nouveau disque, dès le mois de septembre 2008.

Souhaiteriez-vous ajouter une conclusion particulière à cet entretien ?
Non, je suis vraiment fatiguée après le concert que j’ai donné aujourd’hui. C’était vraiment bon. Le public a été particulièrement réactif : il a apprécié le show. Cela a aussi été très agréable de rencontrer tous ces gens après notre prestation. Tout le monde voulait des autographes, que je signe des CD ou que j’inscrive mon nom sur telle ou telle chose (rires).

C‘était vraiment agréable…
Je suis contente de ma musique et du fait de chanter parce que car c’est un don que Dieu m’a permis d’avoir. Donc je le fait…

http://www.myspace.com/1marieknight

Remerciements : Gwenaëlle Tranchant du service de presse du Cognac Blues Passions.

 

 

 

 

 
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Les liens :

myspace.com/1marieknight

Interview réalisée
au Festival
Cognac Blues Passions
le 23 Juillet 2008

Propos recueillis
par David BAERST

En exclusivité !

 

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