Comment
en est-tu arrivé à la musique ?
Pour en venir à la musique, je suis né tout simplement. Mon
père était musicien, comme toute ma famille d'ailleurs. J'ai
suivi un long chemin pour en arriver au blues. Du rock, de la musique africaine
et tout ce qu'on peut imaginer, sauf de la variété. Je dois
dire que je ne suis pas très doué pour ça !
Quelles ont été tes influences ?
J'ai découvert le blues assez vite.
Vers onze, douze ans : à l'époque on entendais encore beaucoup
d'émissions de jazz et de blues à la radio. Boris Vian faisait
un travail exceptionnel dans les maisons de disques. Il sortait des 45
tours de blues. Je me rappelle avoir acheté des 45 tours de Lighting
Hopkins. J'ai découvert Ray Charles quand il faisait encore du
blues. j'ai toujours aimé le blues et le jazz autant l'un que l'autre
depuis que je suis tout petit.
Comment s'est passée votre rencontre avec
Luther Allison ?
Ca remonte à 1980, je pense. A l'époque, je jouais dans
un groupe de rock un peu mythique " la Ray Martin Factory ".
On a fait toute une tournée en première partie de Luther,
jammant ensemble tous les soirs. Quelques mois après comme il se
retrouvait sans piano, il m'a demandé de faire le reste de la tournée
avec lui. De retour aux Etats-Unis, il m'a proposé de venir y jouer
avec lui. C'est parti comme ça pour quinze ans.
Au long de ces quinze années, quels ont
été tes souvenirs les plus marquants ?
Chez Luther, j'ai surtout retenu sa générosité vis-à-vis
du public. Quelquefois ça nous fatiguait un peu, spécialement
lors des longues tournées. Il était capable de concerts
de trois, quatre heures, sans break, quatre ou cinq jours par semaine.
Il fallait qu'il donne, qu'il donne toujours. Tout pour le public.
Une histoire marquante ?
Un soir, je ne sais où. On revenait au concert après avoir
été dîner en ville. J'essaye de passer la porte quand
le service d'ordre me refuse l'accès. Quand j'explique que je suis
le pianiste de Luther Allison, il me réplique qu'il est déjà
entré ! J'ai dû appeler Luther et sa femme et manageuse,
Rockie.
Tu t'es pas mal investi dans l'album de Zach Prather.
Comment est-ce arrivé ?
C'est une autoproduction qui sort sur le label d'un vieil ami nommé
Jacques " Upin ". Il possède ce club incroyable à
Rouan, l'Exocet. Aucune major n'a voulu de nous, ce qui dans ses temps
troublés peut se comprendre. Personne ne veut toucher au blues.
On a décidé de s'y mettre tous seuls et voilà !
Comment peux-tu expliquer cette désaffection
vis-à-vis du blues ?
Ce n'est pas vraiment une désaffection. Le truc le plus troublant
est que notre public habituel dans les concerts, même les jeunes,
est absolument ravi. Il faut seulement trouver le moyen de leur faire
rencontrer cette musique. Ça ne peut pas se passer par les médias
traditionnels. On est dans la marge ; on y est même très
bien. Mais il faut que les gens sachent qu'on existe et que des choses
intéressantes s'y passent. C'est assez frappant de voir venir des
jeunes de quatorze, quinze ans dans les concerts en accompagnant leurs
parents. Ils sont tout à fait scotchés par la musique.
Quels conseils donnerais-tu à des débutants
?
Bien sûr, ça marche au feeling et à l'instinct. La
première chose est qu'il faut écouter les anciens. Il faut
être certain d'avoir quelque chose à dire. C'est pas facile
en Province de trouver des musiciens pour cette musique. Il faut être
persévérant et avoir beaucoup de chance, je dirais. Si je
n'avais pas eu la chance de rencontrer Luther, je ne sais pas quelle aurait
été ma carrière par la suite. La chance, il faut
aussi la chercher quand elle se présente.
|
|
Interviews: |