Mig Toquereau
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Nda : Gagnant du trophée France Blues du meilleur chanteur en 2002, le trop discret Mig Toquereau se lance enfin dans une carrière sous son propre nom.S’il continue malgré tout d’œuvrer au sein de diverses formations, il a fort à parier que ce nouvel élan lui permette de trouver la place qui lui est due au cœur de la scène blues hexagonale. En attendant, partons à la découverte de ce personnage qui a aussi bien puisé son inspiration en écoutant Lightnin’ Hopkins que Los Lobos, Hank Williams, Bob Dylan ou encore Tom Waits…

Tu as commencé à faire parler de toi, dans le paysage musical blues français, alors que tu avais 16 ans. mig Peux-tu revenir sur ta découverte de cette musique ?
C’était tout simplement à travers les disques, principalement de jazz, de mes parents. Puis, à force de sortir dans les bars, j’en ai trouvé un qui était spécialisé dans le blues. Il s’agissait du Cricketers à Bordeaux. C’était à la fin des années 1980 ou au début des années 1990.J’y ai « trainé mes guêtres » pendant des années, jusqu’à sa fermeture…

Nous reviendrons sur ce club un peu plus tard mais, auparavant, j’aimerais savoir ce qu’a évoqué cette musique pour toi la première fois que tu l’as entendue…
Il est difficile de répondre à cela… Quand ça te marque, ça te marque… C’est une émotion mais c’est aussi un ressenti physique, c’est bien quoi (rires) ! Tu remets le morceau pour le réécouter et voilà, c’est tout (rires) !

De quelle manière s’est déroulé ton apprentissage en tant que guitariste ?
J’ai très très peu travaillé… en fait je n’ai pas travaillé du tout (rires) !A l’origine je suis davantage bassiste et chanteur et j’ai touché un peu à tout avant de commencer à manier une guitare. Ah non, surtout ne pas travailler… je préfère vivre au jour le jour et me contenter d’étudier une chose que lorsque j’en ai vraiment besoin.

Peux-tu revenir sur la constitution du groupe Shake On Shake qui a, je crois, été ta première formation ?
C’est vieux ça ! C’était le « house band » du Cricketers, qui était constitué de certains membres du groupe The Flyin’ Saucers qui sévit actuellement. De là à revenir sur cette formation… c’est que c’est loin, je n’avais pas encore de poils sur le menton ! Cependant, il est vrai que c’était mon premier groupe important et je n’en étais « que » le chanteur.

Comme tu le disais, il s’agissait du « groupe maison » du Cricketers à Bordeaux. En son temps, ce club a fait rêver tous les amateurs français de blues. Peux-tu revenir sur quelques-uns des meilleurs moments que tu as pu vivre en ce lieu ?
Cela va être dur car il y en a eu tellement… Je garde un grand souvenir du « Tribute to Muddy Waters », de Jimmy Rogers, de Philip Walker. C’est aussi là que j’ai rencontré le groupe français Doo The Doo. J’en suis devenu le bassiste et l’ai suivi en Bretagne. Bref, je conserve énormément de bons souvenirs de cet endroit. C’était un « sacerdoce » d’y être présent tous les soirs, d’y discuter et d’y boire des coups avec des artistes. C’était aussi important que de les voir jouer. D’ailleurs, c’est grâce à cela que nous avons appris plein de choses sur la vie de musicien.

As-tu eu l’occasion de te produire avec beaucoup de musiciens, qui venaient donner un concert sur la scène du Cricketers ?
Oui, j’en ai accompagné quelques-uns. De plus, beaucoup de concerts terminaient par des jams sessions… les opportunités étaient donc multiples pour moi et mes copains.

Dans l’univers du blues, quelles sont les sensibilités qui te touchent le plus. Es-tu davantage marqué par un style que par un autre ?
Absolument pas, pour moi une bonne chanson est une bonne chanson. Je ne sais même pas si je pourrais l’identifier en tant que blues ou que tout autre style.Dire une chose pareille peut paraitre prétentieux mais, franchement, c’est la réalité…

Dans tes propres chansons, quel(s) message(s) cherches-tu à véhiculer ?
Je n’en ai pas vraiment… La plupart du temps, elles racontent des choses personnelles ou sont liées à des gens que je connais. Il est plus simple de parler de ce que l’on sait. Ce n’est pas la peine d’aller inventer des choses, en tout cas pour moi. Mes influences s’y mélangent qu’il s’agisse de blues, de country, de country blues, de rock’n’roll etc… Quand tu écris une mélodie, tu y ajoutes tes paroles puis tu vois ce que cela donne.Lors du concert de tout à l’heure, il était intéressant pour moi de me produire en solo acoustique. J’ai pu y revisiter mon répertoire. C’est sous cette forme que l’on peut voir si une chanson est bonne…

Comment te situerais-tu sur la scène blues française actuelle ?
Actuellement, je suis en situation assise (rires) ! Plus sérieusement, je dirais que je suis un « petit nouveau » avec beaucoup d’humilité… car il y a déjà beaucoup de gens qui font cela très bien… d’être assis avec leurs guitares et de jouer le blues. Moi j’ai décidé de ne pas me poser trop de questions et de faire mes chansons ainsi que des chansons (d’autres artistes) que j’aime. Forcément, le résultat oscille entre blues, country et des choses différentes (issues de l’americana). Mon souhait principal étant d’interpréter des morceaux de qualité. Une bonne mélodie est une bonne mélodie… le reste n’est que fioriture. Le but principal reste de transmettre des émotions aux gens…

On constate que de plus en plus de jeunes groupes ont tendance à mixer un blues traditionnel avec des sons beaucoup plus contemporains. Es-tu touché par cette démarche ?
C’est la découverte du « crossover » en France…Il faut savoir qu’en Europe du Nord cela existe depuis 20 ou 25 ans. Les résultats peuvent être bons comme ils peuvent être très moyens. Je pense qu’il faut simplement jouer et donner des concerts. Si le résultat plait aux gens tant mieux car c’est le public qui décide. Ce n’est ni toi, ni moi, ni les radios, ni les magazines… C’est le public qui achète les disques ou non.Si mettre au point un « crossover » à base de country, de blues, de rock’n’roll ou de sons électroniques est une chose que veulent entendre les gens… ces groupes ont raison de le faire…

Peux-tu me présenter ton dernier disque « Down The Road » ?
Il s’agit d’un six titres… J’ai enregistré « au kilomètre » pendant une journée chez un ami qui s’appelle Roll Dubois. Nous avons posé deux micros et j’ai commencé à chanter un grand nombre de chansons. Je voulais faire un album mais, finalement, j’ai décidé de suivre les conseils d’un vieux pote qui a décidé de s’occuper de ma carrière. Ce dernier m’a suggéré, dans un premier temps, de me contenter de la sortie d’un EP afin de voir si ma formule actuelle plait.
Si tel est le cas, je réenregistrerai tout cela plus posément afin de produire un véritable album. Sur « Down The Road », on trouve trois compositions personnelles et trois reprises de chansons que j’aime. Le son est très simple et je m’accompagne seulement à la guitare. Il n’y a aucune fioriture…

En termes d’auteurs-compositeurs, quels sont ceux que tu préfères dans le milieu du blues ?
Je ne peux pas omettre de citer l’incontournable Willie Dixon, il n’y a pas plus efficace que lui dans le blues pur et dur. Tous les bluesmen importants ont écrit de grandes chansons mais je reste marqué par Dixon qui, je le répète, est pour moi l’efficacité même. Ses titres sont faits pour danser, pour s’amuser et ils racontent toujours quelque chose. C’est toujours bien tourné et si on écoute une seule de ses chansons, on peut être sûr qu’on l’a toujours en tête plusieurs minutes après…C’est une référence !

Quels sont tes souhaits les plus chers pour la poursuite de ta carrière ?
De poursuivre ma carrière (rires) !J’ai arrêté pendant dix de ne faire que de la musique. Je viens de reprendre à temps complet (avec plusieurs groupes). Je souhaiterais que cela continue, évolue et que je fasse de nouvelles rencontres qui me permettront de jouer dans de nouveaux endroits et d’enregistrer d’autres disques.

As-tu des projets dans ce sens ?
Je vais déjà essayer de vendre mon EP 6 titres avant de réfléchir à un nouveau disque en solo. Sinon j’enregistrerai un album live (en septembre 2013), à Bordeaux, au sein du groupe Loretta and The Bad Kings. Ce disque sortira en 2014…Puis, il n’est pas impossible que je rentre en studio, l’année prochaine, avec le groupe Three Gamberros qui se produit dans un registre tex-mex (conjunto, country etc…). C’est ma chère femme qui tient la contrebasse dans le groupe et Anthony Stelmaszack que l’on retrouve à la guitare et à la lap-steel. Je vais donc sortir au moins 3 disques dans les deux ou trois ans. Pour le moment, cela ne sert à rien de voir plus loin…Je tiens, avant tout, à ce que ces premiers projets soient qualitativement réussis.

Souhaites-tu ajouter une conclusion à cet entretien ?
Non, sinon qu’il fait chaud et que l’on va aller boire un coup (rires) !

Remerciements : Valérie, Rebecca & Chloé (R&V Hayat Chatelus), l’ensemble du service de presse du Cognac Blues Passions et Bruno Migliano pour les photos.

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Interview réalisée au
Cognac Blues Passions
le 5 juillet 2013

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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