Mike, quelles sont tes origines et de quelle manière as-tu découvert le Rock'n'roll ?
Je suis originaire de Montparnasse à Paris et j'ai découvert la musique, plus particulièrement le Blues et le Rock, dans les années 1960 au Lycée Lavoisier, près du Luxembourg.
Je jouais dans des groupes de Lycée et j'ai suivi un parcours « classique » en les rejoignant dès l'âge de 15-16 ans...
C'était la grande époque des Rolling Stones, des Beatles, des Who, des Animals etc...
J'étais très influencé par ces groupes anglais puis à force de voir sur leurs pochettes de disques des noms comme Muddy Waters, BB King, Chuck Berry je me suis mis à vouloir remonter aux sources.
J'ai, ainsi, découvert la musique noire américaine et me suis rendu compte qu'il s'agissait vraiment d'un autre monde. Après le premier choc auditif je me suis mis à apprécier de plus en plus ce que ces gens faisaient puis me suis dit « Tiens, pourquoi ne ferions nous pas cela en français ? »...
Mes potes de Lycée voulaient continuer à chanter en anglais mais je me suis, quand même, mis à composer des titres en français dès le début des années 70 avec Bernard Zuang.
Avant cette première « grosse » expérience, il y a eu une période alternative durant laquelle tu étais DJ dans des Clubs. Comment accrochais-tu le public avec cette musique qui était bien différente que celle que passe les DJ aujourd'hui ?
Je pense que le boulot de disc jockey n'a pas changé, il suffit de passer des disques pour faire danser les gens...
Je faisais cela dans les années 1968-69 lorsque j'ai arrêté mes études après le BAC.
La boite dans laquelle je travaillais était « Le tripot » à Paris, rue de Montpensier près de l'Opéra...
C'était la grande époque du Rythm and Blues et de la Soul Music, je passais des disques d'artistes tels que James Brown, Otis Redding, Sam & Dave...
Au bout d'un moment j'avoue avoir été saturé et je n'ai plus écouté cette musique pendant quelques années...
De temps en temps je me faisais mon « petit plaisir » en arrivant à passer, en fin de soirée quand tout le monde était crevé, un Pink Floyd ou un Rolling Stones. Mais c'était vraiment à trois heures du matin juste avant la fermeture.
En ce qui concerne les boites de maintenant, je ne peux pas te dire comment ça se passe car ça fait des années que je n'y suis pas allé. Je suis devenu trop vieux pour les « night-clubs » (rires) !
Par la suite tu as, rapidement, commencé une carrière de journaliste. Pour quels supports travaillais-tu alors et était-ce frustrant pour un musicien tel que toi de passer de l'autre côté de la barrière ?
Ce n'était pas frustrant car j'étais vraiment un musicien amateur ...
L'idée d'être« rock critic », comme on disait à l'époque, est venue via deux évènements conjugués. D'un part dans Rock & Folk, vers 1969, il y a eu un grand article qui faisait le point sur la Pop française. D'autre part j'ai envoyé une lettre-article en anglais au magazine Rolling Stone aux USA. Cette lettre faisait aussi le point sur la scène Pop française et a été publiée...
Je me suis dit que si les américains publient ma lettre il n'y a pas de raison pour que ça n'intéresse pas le public français. J'ai rencontré un ancien manager de groupes (Jacques Barbier, Nda) au Golf Drouot avec lequel nous avons décidé de créer une revue dédiée aux groupes français. C'était Pop 2000 dont le premier numéro est sorti en janvier 1972.
C'était un mensuel en noir et blanc et nos moyens étaient très limités. Le tirage de départ était de 15.000 exemplaires alors que vers la fin de son existence, au milieu de 1973, il était passé à plus de 30.000 exemplaires. Nous étions distribués par les NMPP dans toute la France.
Quelques mois après cette première expérience pour défendre les groupes français, ce qui reste encore aujourd'hui mon cheval de bataille avec les groupes de Blues, le directeur du Tripot m'a appelé pour me dire que son beau-frère qui était gérant d'imprimerie venait de se séparer de l'hebdomadaire Pop Music qui était leader en France. Il voulait monter un autre « canard » avec une nouvelle équipe et m'a demandé si j'étais intéressé. C'est de cette façon que Maxipop est né, fin 1972 ou début 1973...
On a fait 28 numéros en hebdo, en étant toujours en retard, mais la revue n'a pas survécue au choc pétrolier...
Nous interviewions des stars internationales comme les Rolling Stones, Tina Turner, Chuck Berry, Pink Floyd alors qu'avec Pop 2000 nous nous consacrions au français avec Magma, Variations, Triangle, Martin Circus, Ange etc...
C'est comme cela que j'ai connu plein d'artistes et les maisons de disques, ce qui m'a bien servi par la suite...
As-tu une anecdote sur ces premières années de Journalisme passées aux côtés d'artistes prestigieux ?
Il y a Tina Turner chez Maxim's...
Je ne sais pas si c'est Ike & Tina Turner qui avaient eu l'idée ou leur maison de disques mais ils pensaient judicieux d'organiser une soirée pour les journalistes en nous invitant chez Maxim's. Il y avait Philippe Manoeuvre et tous les gars de Rock & Folk, de Best, d'Extra etc...
Nous étions une demi-douzaine...
Nous étions tous en jeans et en arrivant dans cet établissement le portier n'a pas voulu nous laisser rentrer car nous n'avions pas de cravates...
Après quelques palabres Ike est descendu, puis le directeur du lieu...
Ce dernier a accepté de nous faire monter dans le petit salon à condition que nous passions rapidement sans nous faire remarquer.
Si j'avais une veste correcte Philippe Manoeuvre, lui, était déjà fidèle à son image en Perfecto et lunettes noires.
Cette soirée reste un grand souvenir...
Je me souviens aussi d'une anecdote plus personnelle avec les Who à la fête de l'Humanité en septembre 1972. J'étais avec eux en coulisses, il faisait mauvais, il s'est mis à pleuvoir et au bout de 45 minutes le concert s'est arrêté. Le groupe électrogène avait sauté suite à un violent orage...
Tout le monde était déçu...
J'ai appris bien plus tard que ma future épouse, que je ne connaissais pas encore, était avec ses copines au milieu des 300.000 spectateurs. Donc en ce qui me concerne c'est un très bon souvenir puisque j'étais avec les Who alors que pour elle c'est l'un de ses plus mauvais souvenirs de musique (rires)...
Par la suite tu recommences à composer, d'ailleurs il existerait de nombreux titres inédits datant de cette période. Parmi eux une chanson dont le texte était de Claire Bretécher. Comment s'était passée la collaboration avec cette dessinatrice ?
C'était une grande déception à l'époque dans le sens où j'avais composé une musique sur son texte « Frustration Blues » extrait de l'un de ses albums de la série « Les Frustrés »...
Je l'avais contactée et lui avait fait écouté la maquette du titre. Elle m'avait donc donné son accord pour que je l'enregistre.
J'avais signé mon contrat avec Crypto grâce à Christian Décamps , le chanteur du groupe Ange qui aimait bien mes chansons un peu Rock, un peu Blues et un peu humoristiques. Lorsque nous avons prévu d'enregistrer cela à Angers au Studio 20 de Richard Loury elle m'a appelé, désolée, en me disant qu'elle ne pouvait plus me donner l'autorisation. Ceci car une de ses amies voulait utiliser ce texte dans une pièce de Café Théâtre. Elle était embêtée par le fait que son texte soit utilisé sous deux formes différentes...
Je suis d'autant plus déçu que cette pièce n'a jamais vu le jour finalement...
Je n'ai jamais repris le contact mais pourquoi pas ré-étudier la chose et refaire une nouvelle maquette...
En 1977 ta carrière de musicien a pris un nouvel essor. A-t-il été facile, pour toi, de signer dans une maison de disques ?
Oui et non...
Il faut savoir qu'au départ j'ai commencé à démarcher les labels et les éditeurs dans l'espoir de placer mes titres pour d'autres artistes et non dans le but de les interpréter moi-même.
Comme tout un chacun j'ai fait la tournée des maisons de disques avec mes maquettes qui avaient été enregistrées avec Bernard Zuang sur un Revox 2 pistes...
Il y avait les chansons de mon premier 45 Tours et de mon premier 33 Tours qui étaient faites avec une boite à rythmes, une basse, une guitare, un peu d'harmonica et des choeurs...
J'ai envoyé des cassettes un peu partout ou faisais directement écouter les bandes.
Ce travail avait été facilité par le fait que je connaissais beaucoup de monde via mon expérience de journaliste que je continuais en collaborant à Watts Magazine et à Rock'n'roll Musique dans les années 1976-77 (ne voulant cumuler ces deux fonctions, Mike a arrêté d'écrire pour ces revues dès la sortie de son premier 45 Tours)...
Cependant j'ai essuyé plusieurs refus et je connaissais les mêmes problèmes que les autres artistes.
Finalement Christian Décamps m'a proposé un contrat...
Crypto, qui n'avait pas de gros moyens, finançait tout de A à Z. J'ai appris bien plus tard qu'il y avait eu une réunion avec les membres fondateurs du label pour savoir qui de moi ou de Hubert Félix Thiéfaine ils choisiraient...
J'ai remporté la mise à une voix près...
C'était une bonne chose pour moi mais je pense que pour Crypto il aurait, peut être, mieux valu choisir Thiéfaine car il a fait une plus belle carrière que moi (rires).
Peux-tu revenir sur ta rencontre avec Christian Décamps et sur vos collaborations ?
Je l'ai connu, comme tout le groupe Ange, à l'époque de Pop 2000 dont ils avaient fait deux fois la couverture. Je les avais aussi suivis lors de la tournée « Johnny Circus » de Johnny Hallyday en 1972. C'était quelque chose d'extraordinaire, de très ambitieux avec une logistique très lourde. Cette tournée a duré près de 3 mois. Le premier concert avait eu lieu à Chantilly et Ange avait eu la chance de faire la première partie de cette folle entreprise. Si au début du mois de juin ils n'avaient pas beaucoup d'expérience, venaient tout juste de gagner le tremplin du Golf Drouot et de signer un contrat pour leur premier album, à la fin de cette tournée avec Hallyday ils avaient gagné en expérience et savaient tenir une scène. Ce ne sont pas forcément d'excellents musiciens mais quand on les voit sur scène il y a toujours quelque chose qui se passe. C'est à la fois théâtrale et musical, leur univers est extraordinaire.
Quelles étaient tes sources d'inspiration pour écrire tes textes ?
J'ai écrit pas mal de chansons dans un Café, avenue du Maine, à Montparnasse.
Je regardais les gens...
Par exemple les petits retraités, qui jouaient au billard tous les après-midi, m'ont inspiré « Oncle Paul ».
Je m'inspirais de plein de petites tranches de vie de la vie de « Monsieur Tout le monde »
et de mes propres expériences.
Il y a aussi le mystère de l'inspiration car je ne peux pas expliquer comment est arrivée la chanson « Enlève tes Chaussures ».
Je me suis réveillé en pleine nuit avec toute la chanson en tête, aussi bien la musique que les paroles. Pourtant il ne m'est jamais arrivé une telle histoire, durant laquelle je vais chez une nana qui me dit d'enlever mes chaussures pour ne pas faire de bruit avant que son père arrive et me vire (rires) !
La mécanique du cerveau est une chose miraculeuse...
Pour « Gare du Nord » et « Une Tonne de Blues » les paroles ne sont pas complètement de moi mais d'un ami de Bernard Zuang, Yves Phélut, qui travaillait à la SNCF et qui m'a montré des textes que j'ai remis à ma sauce. Par la suite j'ai aussi collaboré avec Mauro Serri qui m'a fait des musiques fabuleuses. Elles n'ont, malheureusement, pas eu un grand impact radio alors que j'avais eu deux morceaux de l'album de 1978 (« Gare du Nord » et « Ou est donc le Bon Vieux Temps ») qui étaient souvent diffusées.
Je ne sais pas si tu vas être d'accord avec ma définition mais ces textes, souvent teintés d'humour, reflètent parfaitement l'ambiance de cette époque. Ce sont un peu des « photos » des années 1970 au même titre que certaines bandes dessinées de Frank Margerin ont pu l'être...
Oui, si à l'époque on ne me le disait forcément pas, c'est une chose qui revient maintenant et que j'entends de plus en plus. C'est étonnant car je ne m'en rends pas compte et je n'avais pas l'impression, en écrivant de la sorte, d'être typique des années 70.
C'est certainement lié à des films de cette époque voir à la façon de parler des gens qui évolue dans le temps.
Il y a des termes actuels comme « les djeuns » qu'il m'est impossible de dire. Par contre je vais employer « çà m'botte sec » et personne ne me comprendra (rires).
Comme tu le disais, tu travaillais beaucoup avec Mauro Serri. Par contre, comment te situais-tu par rapport à la scène Blues parisienne dont tu faisais parti. Avais-tu des contacts avec les Milteau, Verbeke, Blue Boy etc... ?*
En fait je ne me situe pas du tout dans cette famille et je ne sais pas si on peut vraiment parler de scène Blues française. Benoit Blue Boy avait sorti un disque en 1978 ou 79 tout comme Bill Deraime. C'était vraiment typé Blues alors que moi si j'avais des Blues sur mes disques, on y trouvait aussi du Rock et de la Folk....
J'avais eu la chance d'être l'espoir de l'été 1978 sur RTL et je passais au Hit Parade d'André Torrent, parfois même entre Sheila et Louis Chédid. J'ai fait des émissions en public avec eux....
Quand je passais en radio le programmateur, à RTL ou Europe1, ne présentait pas mon morceau comme un titre de Blues mais comme on l'aurait fait d'une chanson de Dutronc, bien que je n'ai pas la prétention de ma comparer à ce dernier.
J'ai connu Bill Deraime qu'à partir du moment où Mauro a commencé à jouer avec lui.
Je ne connaissais pas Benoit Blue Boy et connaissais Patrick Verbeke quand il était dans des groupes tels que magnum ou Tribu à l'époque de Pop 2000.
De plus je ne faisais que très peu de concerts. On ne me proposait que des premières parties de « vedettes » avec de nombreux aléas plus ou moins intéressants.
En dehors du Golf Drouot il y avait peu de Bars pour me permettre de jouer...
Tant et si bien qu'au début des années 80 ta carrière musicale s'essouffle. As-tu immédiatement mis la musique entre parenthèses ou as-tu continué à en faire ?
Après Crypto RCA pour les deux premiers disques j'avais rompu mon contrat afin d'aller chez Philips. J'étais déçu que RCA et Crypto ne sachent pas mieux me promouvoir alors que j'étais le seul artiste de la firme à passer en radio. Christian Descamps était d'accord, d'autant plus qu' Ange était déjà chez Philips.
Malheureusement, en 1980 les maisons de disques revoient à la baisse leurs productions indépendantes et tous les artistes indépendants de chez Philips sont convoqués.
Ils nous ont donnés un mois pour leur présenter une maquette de 2 titres et si ça leur plaisait pas nous étions virés.
Un mois plus tard j'y suis retourné avec « Mister JJ Cale », mon hommage à JJ Cale...
Le titre n'a pas plu et j'ai été viré....
En même temps Bashung qui était aussi sur la sellette leur proposait « Gaby Oh Gaby » qu’ils ont gardé. Tout le monde connaît la suite de l'histoire...
Tu gardes cependant un pied dans la musique et plus spécifiquement dans le Blues. Peux-tu me parler de toutes les initiatives que tu as prises afin de promouvoir cette musique ?
C'est venu grâce à Internet...
J'ai « hiberné » dans les années 80 et 90 devenant maquettiste pour le groupe Hachette. Je faisais des maquettes de livres.
Vers 1996-97 j'ai monté un premier site qui se nomme « Bleu Blanc Blues ». Je voulais proposer une « vitrine » de tous les artistes français qui faisaient du Blues. Même ceux qui ne faisaient qu'un morceau par ci par là étaient cités. C'est actuellement en « stand by » par manque de temps...
Puis j'ai fait un deuxième site sur mes archives de presse.
Plus récemment j'ai eu des contacts avec Pierrot Mercier qui organise le Festival « Blues à Sénart », et qui faisait une page web sur le Blues, ainsi qu'avec Olivier de Lataillade qui avait fait une page sur Robert Johnson et Mississippi John Hurt.
Je leur ai envoyé un mail en leur disant « oh la la on est trois, est-ce que vous êtes d'accord si je fais un « club » entre les sites qui parlent de Blues ». Ils étaient d'accord à condition que cela ne demande pas d'argent. C'est ainsi que m'est venue l'idée de fonder La Chaîne du Blues.
Je pensais qu'on serait une trentaine au bout d'un an mais après 1 mois nous étions déjà 50...
Je suis tombé « sur le cul » et c'est ainsi que j'ai découvert une scène Blues française dont je ne soupçonnais pas l'existence. Au bout d'un an nous étions au moins 100....
Pierrot et Olivier ont fondé la Gazette de Grenwood un webzine qui n'est plus, régulièrement, mise à jour...
De fil en aiguille j'ai renoué le contact avec d'anciens musiciens comme Mauro Serri et Lionel Raynal (Le Révérend, Nda) et plein de jeunes groupes constitués de mecs qui avaient 20 balais...
C'étaient les Hoodoomen, Malted Milk, Charles Pasi etc...
Puis il y a eu le tremplin « Blues sur Seine » en 2000. Lors de la première édition, je n'étais que membre du jury et à partir de 2001 j'en étais le présentateur et un membre de l'association.
Cette manifestation m'a fait découvrir des centaines de jeunes groupes très intéressants et d'un niveau extraordinaire !
Aujourd'hui, en 2008, l'opportunité est enfin offerte aux plus jeunes d'entre nous de découvrir ta musique par le biais d'une compilation qui retrace tes grandes années d'artiste. Peux-tu me parler de l'élaboration de ce CD ?
Après avoir eu l'occasion de découvrir tous ces jeunes groupes français il m'est arrivé de faire des jams avec eux. Nous chantions certains titres de mon répertoire comme « Gare du Nord » puisqu'il s'agit d'un shuffle assez facile à faire lors de ce genre d'occasion.
Du coup l'envie est revenue de rechanter et de refaire un peu de scène.
En 2004 je suis allé au Festiblues de Montréal où l'un de mes anciens musiciens, Claude Dornier, a répété avec moi et avec l'orchestre de Bob Walsh.
Nous avons fait quelques gigs en duo dans des Clubs. J'ai aussi pu passer sur la grande scène du Festival où devant 20.000 personnes nous avons chanté « Gare du Nord ». Cela reste l'un de mes plus grands souvenirs...
Il y a une vidéo de ce moment impérissable sur mon site...
Quand tu dis « ça va Montréal » et qu'il y a 20.000 personnes qui te répondent « Wouai ! », je peux te dire que ça décoiffe...
Je me suis donc dit qu'il fallait que je continue et Claude Dornier m'a proposé de faire un disque de nouvelles chansons. Nous avons commencé à composer mais c'était un peu laborieux car nous les faisions via Internet avec l'océan Atlantique entre nous.
Il est venu par la suite pendant un mois en France mais j'étais bloqué par des impératifs familiaux à ce moment là. Ceci ne m'a laissé le temps que de passer 3 jours en studio avec lui...
J'étais très déçu et sachant que je n'avais pas le temps de composer tout un album de façon rapide, l'idée m'est venue de faire une compilation.
Il n'a pas été simple de retrouver tous mes contacts dans les maisons de disques et d'obtenir les autorisations pour récupérer mes droits d'exploitation.
Après ce parcours du combattant j'ai retrouvé un ancien ami qui, entre temps, a fondé le label de Rock Brennus. Je lui ai fait part de mon idée de créer un petit label de Blues spécialisé dans la production française.
Il a été d'accord et, du coup, la première référence de Bluesiac est mon disque « 19 777 879 » sous-titré « Putain 30 ans ! ». Nous sommes en bonne voie pour signer deux ou trois artistes dans les mois qui viennent. A ce jour je ne peux pas encore citer les noms....
Je ne sais pas encore combien de disques nous sortiront par an....
Il faut dire que c'est une gageure, aujourd'hui, de créer un petit label pour avoir une distribution dans les magasins de disques. On sait bien que 80% de la vente de ces disques va se faire lors des concerts de ces artistes. Nous n'espérons pas vendre de grandes quantités via les boutiques car nous ne sommes qu'un petit label indépendant.
A l'instar de La Chaîne Bu Blues et de mes revues, j'ai voulu créer ce label pour aider les groupes français.
Donc tu es réellement impliqué dans ce label dont tu es, en quelque sorte, devenu le directeur artistique...
Tout à fait, c'est moi qui propose à Brennus Music les artistes.
Pour être plus précis nous n'allons pas signer des artistes mais des CD. Cela veut dire que les musiciens seront libres de signer partout ailleurs par la suite. S'ils obtiennent un contrat chez Universal, ce que je leur souhaite, ils pourront le faire sans problème.
Nous signons des auto-produits financés par les artistes car nous n'en avons pas les moyens.
Notre deal est assez sympa car nous leur laissons vendre leurs CD lors des concerts, tandis que nous nous occupons de la vente par Internet, par correspondance et dans les magasins...
Cela offre une exposition supérieure à celle que peut espérer un groupe qui ne bénéficie pas d'une distribution nationale via un grand label.
Mais, à notre époque, qui peut se targuer d'être dans une vraie « Maison de disques ».
Même des gens comme Bill Deraime ou Benoit Blue Boy ont sorti leurs derniers disques chez des indépendants...
Nous pouvons donc, dans le futur, envisager de te ré-entendre avec des compositions originales...
Oui, j'ai commencé à retravailler dans ce sens en compagnie de Bernard Zuang et de Claude Bornier qui vit au Québec depuis 25 ans alors qu'il est originaire de Levallois-Perret.
Lorsqu'il parle maintenant, son langage est un mélange d'argot parisien et d'accent québécois, c'est « le fun » comme ils disent (rires).
Ces compositions sont en train d'être « maquettées », j'espère commencer l'enregistrement d'un nouveau disque dès le début 2009.
Je ne connais pas encore le titre mais je pense que le sous-titre sera; ce coup-ci, « Putain 60 ans ! » puisqu'en 2009 je fêterai mon soixantième anniversaire.
Pour le moment je vais me focaliser sur de nouvelles signatures pour Bluesiac et sur la promo de ma compilation.
As-tu une conclusion à ajouter ?
Place aux jeunes dans le Rock et dans le Blues (rires) !
Je vais faire des disques pour mon plaisir mais j'espère surtout que grâce au Tremplin, à Bluesiac, à La Chaîne Du Blues, à tous les magazines spécialisés et à toutes les émissions du Collectif des radios Blues nous pourrons redynamiser le Blues français.
Pourvu qu'il y ait encore des lieux pour jouer car c'est vraiment l'angoisse de tous les musiciens pour l'avenir. Nous savons que les ventes de disques pour les artistes de Blues se fait beaucoup lors des concerts. Donc j'espère que la tendance s'inversera et que nous aurons de plus en plus de salles ouvertes au Blues à travers le pays !
Note : Les photos qui illustrent cet article sont « collectors ». En effet ce sont les dernières prises avec la mythique barbichette. Mike ayant décidé de la raser quelques jours plus tard... !
Ecouter Mike Lécuyer sur W3 Blues Radio : http://bluesradio.free.fr
http://www.myspace.com/mikelecuyer
http://www.mike.bluesfr.net
http://bluesiac.com
http://www.blues-sur-seine.com
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