Molly Gene
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Nda : Afin de promouvoir la sortie de son troisième album, « Delta Trash » (Kayos Productions), la one-woman band Molly Gene s’est embarquée pour une nouvelle tournée européenne en avril 2015. A cette occasion, elle a posé guitares, harmonicas et percussions à Colmar (dans le cadre de la première édition du One Man Fest co-organisé par la Fédération Hiéro et Zone 51) dans une véritable brasserie artisanale, entre cuves en inox et cartons remplis de bouteilles prêtes à satisfaire les papilles les plus exigeantes. Un cadre correspondant bien à une personnalité à la fois très rurale et très rock’n’roll.
Après un concert particulièrement sauvage, c’est pourtant face à une jeune femme douce, chaleureuse et hyper enjouée (semblant tout droit sortie d’un « teen movie ») que je me suis retrouvé pour réaliser l’entretien qui suit, sur la mezzanine de la fabrique (assis sur des sacs laissant filtrer des odeurs de houblon). Entre deux éclats de rires, la belle américaine en a profité pour revenir sur son cursus de musicienne, sur son actualité et sur ses projets.

Molly, dans un premier temps, peux-tu te présenter et évoquer la manière dont tu t’es immiscée dans le milieu musical alors que tu vivais dans le Missouri ?
Je m’appelle Molly Gene et je suis une one-woman band. J’ai grandi dans un environnement rural, puisque j’ai été élevée dans une ferme. Je connais donc ce qu’est la fatigue, le quotidien des gens qui travaillent la terre et qui vivent au contact des animaux. Mon cercle familial était cependant très porté vers la musique, il y avait toujours des sons autour de moi. C’est probablement cela qui m’a, naturellement, donné l’envie de commencer à en jouer.66

De quelle manière l’idée de devenir une one-woman band est-elle venue à toi ?
J’ai commencé à jouer de la guitare puis, petit à petit, je me suis mise à l’harmonica. Par la suite, j’ai découvert le foot drums (kit de percussions qui se jouent avec les pieds, nda). J’ai combiné l’ensemble en essayant de progresser et de faire évoluer mon style. Plus tard, j’ai poursuivi mes études en Floride puis, en revenant dans le Missouri, je me suis aperçue que je n’avais pas beaucoup de connaissances parmi les musiciens locaux. De ce fait, il m’a été plus facile d’exercer mon art en devenant une one-woman band. C’est un concept qui, de surcroit, apporte beaucoup plus de liberté et qui permet de tourner plus facilement. C’est plus facile à gérer, ça demande une organisation plus légère et il y a moins de contraintes qu’avec un groupe complet.

As-tu, malgré tout, eu la possibilité de te produire au sein de groupes avant de te lancer dans cette carrière ?
Pas vraiment, en dehors de quelques ensembles alors que j’étais au Lycée et à la Faculté. Je jouais avec des gens mais sans vraiment former de groupes à part entière avec eux. Actuellement, je projette l’idée de me joindre au combo The Hooten Hallers l’été prochain. C’est un trio (composé par John Randall à la guitare et au chant, Andy Rehm à la batterie et au chant ainsi que Kellie Everett à la basse et au saxophone baryton) qui tourne beaucoup aux Etats-Unis et avec lequel je vais peut-être débuter un nouveau projet, dans un registre qui s’oriente davantage vers la soul music. Ce sera ma première, réelle, expérience de groupe (rires) !

Quel est le one-man band qui a eu la plus grande influence sur toi ?
Le premier nom qui me vient à l’esprit est celui de l’artiste avec lequel j’ai effectué ma première vraie tournée. Il s’agit de Bob Log III. Il m’a beaucoup inspirée, tout simplement parce qu’il est… formidable (rires) !Je garde un merveilleux souvenir de cette tournée. Il a eu une grande influence sur moi, en ce qui concerne mon son et mes réglages. J’ai pu beaucoup apprendre en l’observant et en décryptant ses méthodes de travail.

Peux-tu me parler de la scène musicale actuelle dans le Missouri ?
On y trouve un peu de tous les registres musicaux. Je vis en dehors de Kansas City où l’on peut voir se développer des scènes particulièrement étoffées dans des registres qui sont le blues, le heavy metal et la country music… Je ne peux pas te dire quelle est la plus prédominante, d’autant plus que beaucoup d’autres styles sont bien représentés.

Comment définis-tu ta propre musique, es-tu surprise par l’intérêt qu’éprouve le public européen pour celle-ci ?
La première fois que je suis venue ici, j’ai joué dans un festival en Suisse. Une manifestation appelée le Blues Rules Festival (à Crissier, nda). C’était ma première expérience sur ce continent et je l’ai adorée ! J’ai, immédiatement, décidé de profiter de chaque opportunité qui me permettait de revenir afin de jouer de ce côté-ci de l’Atlantique. Aujourd’hui, je débute ma troisième tournée européenne et je m’en réjouis. J’éprouve davantage de plaisirs qu’aux Etats-Unis. Ici, les gens ont une très forte appréciation du blues et des musiques américaines. Je tiens vraiment à accentuer mes venues en Europe. En tout cas, c’est ce que je vais essayer de faire afin d’y présenter ma musique que je nomme du delta trash. C’est un style qui est directement issu du delta blues qui était joué, à l’époque, par des artistes tels que Mississippi Fred McDowell, Bukka White et leurs contemporains. J’y adjoins des sonorités empruntées à des registres plus trash et au heavy metal. C’est ainsi que le delta trash est né (rires) !

Tu te définis toi-même comme une « one-whoaman band ». Quel est le sens exact de cette appellation ?
Le terme « Whoaman » inclus le sentiment de surprise, comme si on s’écriait « whooooa, man c’est dingue ! ». Ce nom vient donc de là…

Peux-tu me présenter Peppy Castro, qui a collaboré à ton nouvel album ?
Il a, en effet, produit mon dernier album en date. Il a découvert ma musique en se rendant sur un site internet consacré aux farmer foot drums. Il souhaitait en acheter un pour lui. C’est de cette manière qu’il est tombé sur quelques-unes de mes vidéos. Il s’est demandé qui pouvait bien être cette fille et il m’a contactée. J’ai été très surprise car je ne connaissais pas bien son cursus, en dehors du fait qu’il a travaillé pour des artistes tels que Kiss, Aerosmith, Cher, Diana Ross etc. Je n’en revenais pas qu’une telle personnalité émette le souhait de collaborer avec moi. Ceci dit, c’était une réalité et il m’a été d’une aide précieuse, notamment pour l’écriture de mes musiques. Il y a amené sa touche personnelle, ses couleurs et il m’a aiguillée pour mes parties vocales et ma manière de chanter. Cela a été une expérience merveilleuse et une très bonne chose pour moi que de travailler avec lui. Il m’a permis de trouver un label et je pense que, grâce à lui, d’autres nouvelles choses positives vont m’arriver. Je ne sais pas si cela va me hisser au niveau d’Aerosmith ou de l’un des autres groupes avec lesquels il a travaillé mais sait-on jamais (rires) !

Peux-tu me présenter ce nouvel album, « Delta Trash » ?
Certaines chansons de ce disque sont consacrées aux relations humaines. Une chose qui influe beaucoup sur ma manière d’écrire et qui revient souvent dans les thèmes que j’aborde. Un autre morceau « Turkey trailer farm » évoque l’endroit où je vis. C’est dans la campagne, au sein d’une ferme où l’on fait de l’élevage de dindes. Mes grands-parents avaient fondé le premier établissement, consacré à l’élevage des dindes, aux Etats-Unis. C’était dans les années 1920 et mon père l’a repris. Moi et ma sœur vivons dans une caravane installée sur ce terrain et c’est une chose vraiment amusante ! C’est pour cela que j’ai eu l’idée d’écrire cette chanson, « Turkey trailer farm », c’est vraiment drôle (rires) ! Dans ce disque, il y a donc un mélange de différentes choses… et je ne sais vraiment pas comment qualifier l’ensemble (rires) !

As-tu des souhaits particuliers, en ce qui concerne la suite de ta carrière ?
Je voudrais travailler moins et gagner davantage d’argent (rires) ! C’est ce que je souhaite mais je ne sais pas si cela est réalisable. Sinon, j’aimerais tourner en Europe une partie de chaque année et passer l’autre partie, chez moi, à la ferme. En effet, mon père est un éleveur et il a régulièrement besoin de mon aide. De ce fait, je souhaiterais vraimentpouvoir alléger sa charge de travail en cumulant ces deux activités. La musique une partie de l’année et l’élevage le reste du temps. Je deviendraialors une véritable « cow-girl blues woman ». C’est là que se trouve mon avenir (rires) !

As-tu déjà, malgré tous ces projets pour le moins variés, une idée concernant l’orientation que tu souhaites donner à ta musique dans l’avenir ?
Oh, tu sais il y a déjà ce projet, dont je te parlais, avec The Hooten Hallers. Ce sera une chose formidable ! Je pense, cependant, continuer à me produire seule le plus longtemps possible. C’est en soit une structure solide qui ne nécessite pas de changement radical. Cette formule one-woman band peut encore prendre de l’ampleur et continuer à s’améliorer. Je pourrais très bien faire, parallèlement, des choses différentes mais je tiens à ce concept. Je veux encore le développer et tourner dans cette configuration solitaire.

Souhaiterais-tu, en conclusion, ajouter un petit mot à l’attention de tes admirateurs français ?
Merci beaucoup ! L’hospitalité, dans ce pays, est vraiment formidable et les français sont des gens incroyables. Merci à tous, vous êtes impressionnants (rires) !

Remerciements : Julien Rimaire (Hell Prod), Nicolas Miliani (Normandeep Blues)

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Interview réalisée à la
Brasserie Sainte-Crue
de Colmar le 3 avril 2015

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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