L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST | ||
Nous parlions de Bob Dylan hors antenne, Peux
tu en guise d'introduction décrire en un mot ta passion pour cet
artiste ? D'où te vient ce surnom de " Monster
", quand on te connait tu n'a rien d'un monstre (rires) ? Dan Aykroyd y figurait en tant que " Elwood Blues "
et présentait l'ensemble du spectacle. Je crois bien qu'il a décidé
que j'avais besoin d'un nom de scène : " Monster "
en la circonstance. J'ai été présenté sur
scène sous ce nom et le lendemain, je faisais les titres des journaux.
Bon dieu, j'étais si jeune ! Dan Aykroyd surnomme notre guitariste
local : " Monster Mike " ! Je n'avais jamais figuré
dans les journaux auparavant. Je n'avais encore jamais bénéficié
d'une telle publicité. Donc, j'en ai conclu que je devais faire
avec. Quelle est l'histoire ce cette chanson "
My father's son " ? J'ai trouvé ce passage si drôle, absurde et inattendu que j'ai voulu tenter la même chose dans mes chansons à mon tour. " Avec mes ennemis à mes côtés, je les enchaînerai à ma volonté - Jamais je ne provoquerai un combat car j'ai juré de ne pas tuer " - une phrase telle obéit à ce même mécanisme de décalage. C'est un moyen très intéressant à utiliser dans une chanson, cette façon de surprendre l'auditeur en rendant le chanteur fort et sûr de lui. Voilà en quoi Dylan m'a influencé. Très jeune tu as joué avec des grands
du blues : peux-tu m'en parler ? Si je devais aller voir Hubert Sumlin en concert, je n'aurais aucune
envie d'entendre le solo d'un autre guitariste. Franchement, même
si c'est excitant de jouer avec ces gens, je n'ai jamais essayé
de m'imposer. Certains musiciens deviennent amis avec eux. Quel est ton meilleur souvenir avec l'un d'entre
eux ? C'était un encouragement : tu es un bon et tu peux suivre dans
le ton. Tu dois atteindre ce niveau de jeu. Et c'était fait d'une
façon si gracieuse et chaleureuse. Je suis parvenu à le
suivre, en donnant le meilleur de moi-même. Peux tu me parler de ce nouvel album " Cryin'
Hey ! " paru sur le label Dixiefrog ? J'ai enregistré un disque aux Etats-Unis appelé " Adding insight to injury " sur un minuscule label. Il n'a pas marché du tout. Les gens l'appréciaient sans aller jusqu'à l'acheter. Je me posais des questions sur mon avenir. Trouver des concerts aux Etats-Unis devient de plus en plus ardu en cette période. J'ai reçu un coup de fil pour m'engager à accompagner en
tournée française Nico Wayne Toussaint. Me retrouver
sur la route avec Nico à jouer du blues pur et dur, m'a inspiré.
Je me suis rappelé pourquoi j'avais choisi ce métier. De
plus, à la fin de la tournée, Philippe Langlois de Dixiefrog
est venu assister à notre concert final. C'est là qu'il
est venu me proposer d'enregistrer pour lui un album de blues traditionnel.
Je n'allais pas lui donner une réponse immédiatement, car
nous étions encore sur la route. Je voulais y réfléchir
et j'en ai parlé à ma femme cette nuit-même. Avais-je vraiment envie de faire un retour aux sources du blues avec un des meilleurs labels européens ? Elle m'a encouragé à le faire et à cesser de me casser la tête. J'ai donc pensé à mon approche du concept d'album de blues. Est-ce que je voulais faire un disque de reprises, reprendre les sons d'autres musiciens ou bien au contraire, dois-je créer un style spécifique pour cet album ? Je me suis finalement décidé à construire le disque autour d'un style commun à toutes les chansons. On retrouve le même groupe, la même guitare dans tout le disque. Nous avons tout enregistré en une seule journée, la voix et le reste. Beaucoup est du aux musiciens que j'ai engagé. J'ai pris mes bluesmen préférés : Michael "Mudcat" Ward, à la basse, Anthony Geraci au piano. Nous faisons tous les deux partie du groupe de Sugar Ray, les Bluetones et de celui de Ronnie Earl entre autres. Ce sont d'excellents amis depuis des années. Je ne pouvais que penser à eux pour tenir leur partie. Je les aimerai jusqu'à leur mort. Enfin, Warren Grant, le batteur, fait partie de mon propre groupe depuis
10 ans environ. Je savais qu'avec lui à la batterie, je n'aurais
pas besoin de réfléchir à ce que j'allais jouer.
Je saurais immédiatement d'instinct comment tout se mettrait en
place. J'avais besoin d'un groupe capable de jouer sans instructions préalables. Tous connaissaient le blues si bien qu'il leur suffisait de jouer à leur manière. Je les ai engagé pour leurs capacités respectives. Au finish, tout s'est passé très facilement. Une session d'un jour, les chanson étaient déjà composées et terminée auparavant. Je suis convaincu d'avoir enregistré mon meilleur album à ce jour. C'est marrant que tout se soit enchaîné si naturellement. Pour terminer, souhaite tu ajouter quelque chose
? Qu'on me permette de jouer ma musique préférée, le blues - pour des gens qui l'aimaient et s'y intéressent - voilà une bénédiction comme je n'en ai jamais reçue. Remerciements: Francis Campello ! |
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Les liens : Le site de Monster Mike Interview réalisée aux Studios de RDL le 17 janvier 2006 Propos recueillis par David BAERST En exclusivité ! |
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