Mountain Men
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Nda : Cela faisait quelques années que l’on sentait poindre une furieuse envie de mutation électrique chez les Mountain Men. Le duo franco-australien (constitué, faut-il le rappeler, de Mat Gillou aux guitares et au chant et de Ian Giddey, alias Barefoot Iano, à l’harmonica et au chant) a exaucé son rêve en s’entourant d’une équipe idéale. En effet, la production de son album « Black Market Flowers » a été confiée à Denis Barthe (Noir Désir, The Hyènes) qui y tient aussi les baguettes, alors que la deuxième guitare est assurée par Jean-Paul Roy (Noir Désir), que la basse est tenue par Olivier Mathios (The Hyènes) et que l’on retrouve Estelle Humeau (Eiffel) aux claviers,ainsi que Hervé Toukour (The Very Big Small Orchestra) au violon.
Il résulte de cet affranchissement musical un disque aussi audacieux que puissant.Ce sixième opus (enregistrements publics inclus) étend encore le spectre musical de la machine Mountain Men qui, lancée à un train d’enfer, célèbre cette explosion sonore en la reproduisant sur les scènes européennes, soir après soir, pour le plus grand plaisir d’un public qui ne cesse d’en redemander. C’est d’ailleurs juste avant une nouvelle extravagance live que j’ai retrouvé ce groupe, plus soudé que jamais. En effet, en compagnie de Denis Barthe et Olivier Mathios, complètement imbriqués dans ce projet, Mat et Barefoot Iano ont une nouvelle fois accepté de répondre à quelques-unes de mes questions.

Votre nouvel album s’intitule « Black Market Flowers ». Qu’évoquent ce titre et ces « fleurs du marché noir » pour vous ?
Mat : Cet album est, dans sa globalité, constitué de textes assez nostalgiques. Au moment de trouver un titre à ce disque, je venais de lire un ouvrage au sein duquel l’auteur évoquait les sentiments humains et amoureux. Il y remplaçait le mot « sentiment » par le mot « fleur ». Il s’agit de choses que l’on n’étale pas nécessairement au grand jour, on les dit plus généralement « sous le manteau ».D’où cette image de « Black Market Flowers »…66

Dans quelles circonstances avez –vous rencontré Denis Barthe et Olivier Mathios qui vous accompagnent, aujourd’hui, sur scène ?
Iano : Nous cherchions un réalisateur pour l’album et notre production a mis le nom de Denis Barthe sur la table. Nous l’avons rencontré et ça a, tout de suite, fait « clic ». Au bout d’un quart d’heure, nous avions l’impression de nous connaitre depuis des années. C’est lui qui a fait venir le bassiste, Olivier, avec lequel il joue dans le groupe The Hyènes depuis une douzaine d’années. Nous avons découvert ces personnalités en même temps qu’ils découvraient notre musique…C’était dans Les Landes, au milieu des sapins (rires) !

De quelle manière s’est déroulée votre première répétition commune. S’agissait-il d’une jam informelle ou aviez-vous déjà planifié les titres que vous alliez interpréter ?
Denis : La rencontre s’est passée de la manière que Mat et Iano viennent d’évoquer, c’était très naturel. Quand Mat m’a fait écouter les embryons des morceaux prévus pour le disque nous avons, immédiatement, commencé à travailler ensemble sur ces maquettes. Il en a résulté un échange permanent, des choses se sont dites et faites sans que l’on ait à forcer quoi que ce soit. Tous les matins, en arrivant au studio, je demandais à Mat de me jouer (en formule guitare-chant) une ébauche de chanson à l’état brut. Nous partions, alors, de cet axe puis le faisions évoluer quitte à lui faire prendre une tournure différente. Je tenais toujours à partir de la base qu’ils sentaient, eux, au départ.

Denis, avant de travailler avec Mat et Iano, avais-tu déjà eu l’occasion de les écouter ?
Denis : Non, pas du tout… Quand la production m’a contacté pour me dire que ces artistes seraient intéressé par moi, dans le but de produire leur album, je leur ai répondu « ça tombe bien, je ne sais pas qui c’est ». J’ai donc demandé à écouter ce qu’ils faisaient et je me suis tout de suite rendu compte qu’il y avait quelque chose dans leur style. Puis, je me suis servi de « cyber-technologie moderne » afin de voir quelques vidéos. Grâce à ces dernières, j’ai découvert des gens qui donnent beaucoup sur scène. Il n’y a pas de secret, quand tu donnes beaucoup…il y a de grandes chances pour que tu reçoives beaucoup. Cette complicité entre eux et leur public m’a touché et j’ai souhaité les rencontrer. Je les ai considérés comme deux punks jouant du blues… le fait de rencontrer ces deux mecs m’intéressait vraiment. Ils ne se posent pas de questions, il n’y a pas d’autre moyen pour eux de faire leur musique puis de la jouer sur scène. Ils arrivent et donnent tout à leur public de manière brut, ce dernier le prend tel quel. Quand on les voit sur scène, on a l’impression qu’ils sont devant des potes ou une grande famille, pas devant un public lambda.

Ce sont des artistes issus de la scène blues française, dont l’approche musicale est très ouverte. Est-ce l’image que tu avais de cette scène spécifique ?
Denis : Non, pas vraiment… Je n’ai pas d’image arrêtée de la scène, qu’elle soit blues ou rock. En France, on pâtit toujours de devoir être mis dans des cases. Je pars du principe qu’il faut « ouvrir les fenêtres et crever les plafonds » pour que ça aille beaucoup mieux. Ce que j’ai le plus apprécié chez eux c’est, comme ils te l’ont dit, qu’on avait l’impression de nous connaitre depuis longtemps. De plus, leur ouverture musicale et leur ouverture d’esprit m’ont particulièrement touché. C’est quelque chose de rare… On peut aussi bien parler de blues, que de metal, que de cinéma, que de nourriture (qu’il faut, forcément, accompagner de quelques breuvages) et de grosses déconnades. Cette ouverture est extrêmement appréciable !

De ton côté Olivier, comment as-tu ressenti la chose ?
Olivier : De manière très immédiate… Il n’y avait aucune préméditation. Mon vieil ami Denis m’a dit « j’ai un super groupe qui déchire à la maison ». En principe, quand il y a des musiciens chez lui, ce ne sont pas des « truffes ». Du coup, j’y suis allé confiant afin de jouer quelques parties de basse. En une seule poignée de mains, j’ai senti qu’il se passait un truc. Lorsqu’on a commencé à jouer ensemble, on se demandait ce que l’on était en train de faire. Le côté gastronomique de notre relation a amplifié les choses… Cette rencontre a été incroyable…ça marche, c’est magique… Rien n’est calculé, tout fonctionne tout seul. Bref, cela s’est tellement « mal passé » que l’on est, aujourd’hui, en tournée tous ensemble (alors que tout aurait pu s’arrêter après cet excellent disque et tous ces bons souvenirs partagés) !66

Pour vous, Mat et Iano, par rapport aux idées que vous aviez en amont de l’enregistrement, le son final du disque correspond-il à ce que vous imaginiez avant de collaborer avec tous les musiciens présents sur l’album ?
Mat : Le son du disque est proche de ce que nous avions en tête. Les pré-productions donnent déjà une image fidèle du résultat final. Nous avions déjà réalisé trois albums très acoustiques avec Mountain Men. Nous souhaitions que celui-ci soit plus électrique et plus rock. Nous avons donc joué cette carte à fond. La force de Denis et d’avoir réussi à conserver ce qui faisait la force du Mountain Men version acoustique et de sa musique. De toute façon, nous ne faisons que ce que nous aimons et avons envie de faire.
Denis : C’était notre challenge de départ. C’est-à-dire d’apporter une touche différente… De démultiplier Mountain Men sans oublierce qu’ils sont et ce qui est la base de leur musique. Si demain, ils devaient se retrouver tous les deux à jouer ces morceaux, il faut que cela soit possible. Donc, mon but était avant tout de faire du Mountain Men.

En ce qui concerne le travail en studio, combien de temps avez-vous mis pour élaborer le disque ?
Mat : De la première note d’écrite jusqu’à la sortie de l’album, nous avons travaillé un an à un an et demi. Nous avons passé, en tout et pour tout, une vingtaine de jours en studio. Puis, dix jours pour le mix. Ceci-dit, les prises se sont étalées sur deux seules sessions car nous voulions faire cela très rapidement, afin de leur faire conserver un aspect brut et essentiel. Nous avons pris beaucoup de plaisir à faire ce disque en studio car l’ambiance de travail était, vraiment, classe. Les journées duraient 12 à 13 heures et nous finissions, à table, sur les coups de 2h00 du matin. Cette expérience m’a réconcilié avec le studio. Cet aspect de mon métier me mettait toujours un peu mal à l’aise auparavant. C’était toujours une épreuve en ce qui me concerne. Là, c’était très détendu et chaque idée (émanant de qui que ce soit) était exploitée. J’ai réellement pris du plaisir !

Le fait de travailler sur un disque, proposant davantage d’intervenants qu’un album acoustique en duo, nécessite-t-il d’être plus exigeant vis-à-vis de son propre travail ?
Iano : Les exigences restent les mêmes, malgré le fait qu’il y a plus d’instruments. Lorsque nous ne sommes que tous les deux, il faut être encore plus carré car on ne peut se cacher derrière personne. En groupe, il faut que ce soit carré car si on laisse trop de marge à droite ou à gauche, ça va s’entendre dans le résultat final.
Mat : Avec Iano, nous sommes très exigeants en ce qui concerne la musique. Sur ce disque, je ne l’étais pas plus qu’avant car je l’ai toujours été. C’est notre musique et nous ne déconnons pas avec ! Avec Denis et Olivier, nous sommes tombés sur deux personnes aussi exigeantes que nous…
Iano : Ce n’est pas un concert… C’est un album, soit un objet qui marque un point dans notre histoire, donc il faut que le résultat soit à la hauteur. Si nous déconnons sur scène et que nous y essayons des nouvelles choses, nous ne laissons rien au hasard en studio.
Mat : Sur ce disque, nous avons juste ajouté une exigence supplémentaire car il y a plus d’instruments que sur nos précédents opus. Nous avons toujours eu envie de sortir le meilleur album possible de Mountain Men. Voilà où se trouve, systématiquement, notre degré d’exigence…

Lors d’une précédente interview, vous me disiez que vous vous considériez comme des libertaires. Quel était votre état d’esprit au moment d’écrire ces chansons ?
Mat : Je suis un fervent défenseur de la liberté, c’est la chose la plus précieuse que l’on puisse posséder… L’état d’esprit de « Black Market Flowers » résulte d’une année 2015 très difficile en ce qui nous concerne. Cette année-là, nous avons donné 110 concerts en 10 mois et nous avons été confrontés à quelques problèmes relationnels au sein de notre équipe. Il y a eu beaucoup de turbulences, y compris dans nos vies respectives. Le climat était assez délétère…Je me suis beaucoup réfugié dans ce disque, au milieu de la tournée, pour panser tous ces soucis.
Iano : Si les morceaux viennent de là, ils demeurent assez « aériens » et positifs. Pour moi, quelque part, ce disque ressemble à l’album « Hope ».
Mat : Je crois que nous avons trouvé notre ligne conductrice et que nous parlons de la vie telle que nous la voyons…donc un peu libertaire. Ce disque reflète à merveille ce que nous avons vécu.

Je vous ai connus alors que vous vous produisiez encore sous le nom Mat With Iano et vous avez énormément travaillé dans la formule duo. Aujourd’hui, vous avez des musiciens à vos côtés sur scène.Pensez-vous que Mountain men, à termes, pourrait devenir un « concept » sur lequel se grefferait d’autres artistes qui vous rejoindraient ou vous quitteraient au gré de vos besoins ?
Mat : Nous ne nous posons pas forcément la question. Mountain Men reste Mat & Ian dans la forme historique du truc. Ceci dit, au moment de faire la pochette de notre dernier disque, nous ne savions pas que Denis et Olivier allaient faire la tournée avec nous. Si c’était à refaire, nous figurerions tous les quatre sur la photo. Ce sera, probablement, le cas lors d’un retirage de l’album.
Je ne pense pas que nous sommes devenus un concept. Mountain Men reste Mountain Men. Nous avons trouvé des personnes qui ne dénaturent pas le groupe mais qui, au contraire, ne font que le renforcer. Ils ont le même état d’esprit que nous et font de la musique de la même manière que nous. Ils ne se posent pas trop de questions et restent très instinctifs. Nous sommes comme cela, même s’il y a beaucoup de travail et de rigueur derrière. Nous ne savons pas encore ce que nous ferons pour notre prochain disque. J’ai envie de te dire qu’on le fera avec les mêmes gars, car nous sommes biens ensemble et qu’il n’y a pas de raison pour que cela s’arrête. Nous partageons cet état d’esprit mais peut-être y aura-t-il aussi un quatuor à cordes…on ne sait pas.
Iano : Pour moi, Denis et Olivier ne nous accompagnent pas. Ils sont intégrés dans ce qui est devenu Mountain Men aujourd’hui. En fait, nous les accompagnons autant qu’ils nous accompagnent. Nous sommes quatre mais ne faisons qu’un.
Mat : Nous sommes un groupe, tout simplement…

Denis le soulignait tout à l’heure. Vous êtes dans votre élément sur scène et vous possédez une approche assez exceptionnelle du public. De par sa grande expérience personnelle, vous a-t-il, malgré tout, conseillé dans ce domaine ?
Mat : Je ne sais pas… Quand j’en parle avec lui, j’avoue avoir l’impression d’apprendre car je l’ai vu en concert à de nombreuses reprises, avec Noir Désir, quand j’avais 20 ans. Ce qui me plait, dans notre histoire commune, c’est que l’influence Noir Désir ne rentre pas en ligne de compte dans ce que nous faisons ensemble. J’ai l’impression d’apprendre auprès d’eux et je crois comprendre que Denis et Olivier apprennent beaucoup auprès de nous. Ceci, parce que nous avons notre propre façon d’appréhender la musique. C’est un vrai échange et c’est comme dans la vie. Nous grandissons ensemble… Nous avons déjà donné une vingtaine de concerts sur cette tournée et ça devient de plus en plus puissant…humainement et musicalement…

Avez-vous retravaillé une partie de votre ancien répertoire pour cette tournée avec Denis et Olivier ?
Mat : Oui, notamment des titres tels que « Blues before my time » ou « She shines » que nous revisitons d’une autre manière. Cela fait partie du challenge que nous nous sommes fixé. Nous aurions pu faire un quatrième album studio en duo mais, avant de faire plaisir aux gens, il faut que nous nous fassions plaisir. Je n’avais pas envie de faire quelque chose qui ressemble à ce que nous avons déjà fait et de tomber dans une sorte de routine. Pour éviter la lassitude, j’ai souhaité prendre un risque. C’est comme dans la vie de couple. Si tu laisses aller, au bout d’un moment tu t’ennuis… J’ai 38 ans et, à mon âge, je n’ai vraiment pas envie de m’ennuyer…

Malgré vos multiples changements de directions (blues acoustique, répertoire de Georges Brassens, formule électrique…), pensez-vous avoir conservé le même public ? Quelles sont les réactions des gens qui vous suivent depuis toujours ?
Mat : J’ai eu beaucoup de retour de gens qui attendaient cet album avec une certaine appréhension. Ces derniers étaient autant attachés à notre musique qu’aux personnages du duo sur scène. Le vrai pari était de conserver cela. Aujourd’hui, je pense que nous avons gagné ce pari car les retours sont positifs. Le public estime que ce changement a magnifié notre musique et que nous avons gagné en puissance…tout en conservant notre état d’esprit initial. Tout à l’heure, tu parlais d’un concept Mountain Men. Finalement, je pense qu’il s’agit davantage d’un état d’esprit, qui touche à notre manière de concevoir la musique. On ne se pose pas la question de savoir si c’est du blues ou autre chose, nous nous foutons des étiquettes. Nous faisons simplement la musique que nous avons envie de faire. Si les gens qui aiment le blues s’y retrouvent, tant mieux.

Suite à ces propos, je repense à ce « slogan » qui ornait vos t-shirts il y a quelques années « Mountain Men Family ». Avant d’être un groupe, vous formez une famille…
Mat : Oui, carrément ! Elle s’agrandit de jour en jour, car les gens qui nous découvrent reviennent. Notre famille s’agrandit… Nous nous rendons compte qu’en six ans et qu’après avoir écumé tant de salles, nous avons un public hyper fidèle. Tous ces gens nous considèrent comme des potes.
Iano : Parfois, cela est presque déstabilisant. Les gens nous disent que c’est la sixième fois qu’ils assistent à l’un de nos concerts et je m’excuse auprès d’eux de ne pas les reconnaitre. Se souvenir ou non d’une personne ne la rend pas moins importante. Les fans sont nos racines et c’est grâce à eux que nous sommes toujours debout et que nous faisons toujours pousser des branches, des feuilles et des fleurs. Ces fameuses fleurs du marché noir (rires) !

Vous êtes-vous fixé un objectif avec ce disque ?
Mat : L’objectif est toujours de se développer un maximum, de chercher d’autres gens et d’autres médias. Avec ce disque, nous avons eu des papiers dans Rock & Folk, dans Rolling Stone ou des chroniques sur RTL. Cela est super mais, pour des groupes tels que nous, ce n’est jamais gagné. Nous ne sommes pas hyper médiatisés et nous ne faisons pas une musique qui est à la mode. Aujourd’hui, tout est formaté, quelque-soit le domaine. Le meilleur moyen d’avancer est donc, en ce qui nous concerne, de rester nous-mêmes. Nous avons passé un superbe moment en studio et nous nous régalons sur scène. Le but est que cela continue… L’essentiel est d’apporter notre contribution au spectacle vivant car notre époque est très trouble. Nous sommes un peu des aspirines… Si en montant sur scène, nous enlevons le mal de tête des gens et que c’est derniers sortent en ayant oublié leurs problèmes…c’est gagné !

Je vais vous laisser rejoindre Denis et Olivier, qui viennent de commencer les balances sur scène. Auriez-vous, cependant, un dernier mot à ajouter ?
Mat : Merci pour ton accueil, c’est toujours un plaisir de parler avec toi.
Iano : Merci beaucoup David !

Remerciements : Vanessa Allaire, Cédric Chazaud et Patrice Mercoyrol (Echo Prod)

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Interview réalisée au
Studio RDL - Colmar
le 4 janvier 2017

Propos recueillis par
David BAERST

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