The Mystery Lights
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Nda : Première signature de Wick Records (sous-label de Daptone), le groupe The Mystery Lights pratique une musique directement héritée des sixties.Cette dernière réalise, néanmoins, la prouesse de parfaitement coller à l’époque que nous vivons. Elle se caractérise par un son garage rock qui prend encore plus d’ampleur « on stage », lorsqu’il est confronté à des déluges de lumières ainsi qu’aux décibels crachés d’amplis pouvant, pourtant, se prévaloir d’un glorieux passé.
En cette fin d’hiver 2017, The Mystery Lights signait son retour face à un public européen complètement acquis à sa cause et, très justement, touché par une sincérité non feinte et par un incroyable sens du show. C’est lors de l’une des étapes de cette dense tournée que ces résidents new-yorkais se sont emparés de mon enregistreur, afin de répondre aux questions qui suivent…

En préambule à cet entretien, pouvez-vous vous présenter l’un après l’autre ?

Mike Brandon : Je suis Mike Brandon, chanteur-lead et guitariste…
Alex Q Amini : Quant à moi, Alex Q Amini, je suis le bassiste du groupe. Zach Butler : Zach Butler, batteur !Luis Solano : Je suis Luis « L.A » Solano et je suis le guitariste des Mystery Lights…66

Pouvez-vous revenir sur l’histoire de votre groupe, en amont de votre collaboration avec Daptone Records ?
Mike Brandon : Oui, bien sûr ! A l’origine, nous avons formé ce groupe du côté de Los Angeles (à Salinas exactement)…alors que nous étions encore au Lycée. Nous nous produisions dans la région californienne et ce sont nos goûts musicaux qui nous ont permis de nous rapprocher. Nos influences étaient larges et naviguaient entre le blues, le garage rock, le punk et tous les types de groupes qui arrivent à allier ces registres respectifs. Nous avons donc parcouru la Californie de long en large et, après quelques changements dans notre line-up, le groupe a été contraint de s’arrêter. Ceci parce que quelques-uns de ses membres ont décidé de reprendre leurs études. Afin de mettre un terme à ce break forcé, j’ai déménagé à New-York. Los Angeles n’est alors devenue pour moi qu’une ville agréable à visiter de temps en temps. Je prenais plus de bon temps à New-York et, de ce fait, j’ai décidé de faire renaitre The Mystery Lights de ses cendres (avec Luis) dans cette ville. Petit à petit, le groupe a trouvé une vraie stabilité. Ceci, notamment, grâce à l’arrivée de musiciens tels que notre bassiste Alex ou notre batteur Zach. Tu sais, New-York a donné un vrai sens à notre projet… Je crois que cela fait, maintenant, 6 ans que The Mystery Lights est établi à « Big Apple »…

Le fait de s’établir à New-York était-il aussi lié à un besoin de changer de son ?
Mike Brandon : Non… C’était vraiment une question liée au fait que j’avais un ami qui a proposé de me mettre une chambre à disposition dans cette ville. Il m’a poussé à venir et, comme je trouvais que la vie était un peu ennuyeuse en Californie, j’ai franchi le pas. C’était cool, mais j’avais besoin de davantage d’action. Je me suis donc installé dans cette chambre et je me suis mis à apprécier New-York à sa juste valeur… Puis, j’ai pu y poursuivre l’aventure du groupe en m’y faisant de bons copains.

De quelle manière s’est établie la connexion entre vous et Daptone Records ?
Mike Brandon : Le siège de Daptone Records se situe à Brooklyn et, pour notre part, nous sommes tous installés entre ce quartier et le Queens. Il s’agit d’un label, spécialisé dans la soul music, que nous aimons beaucoup. Une personne qui y travaille, Chris, a assisté à quelques-uns de nos concerts. Elle a été particulièrement séduite et nous a permis de rencontrer le staff de cette maison de disques, dont Neal Sugarman qui en est le cofondateur avec Gabriel Roth. Il était accompagné de Wayne Gordon et Mikey Post. Ils ont, à leur tour, assisté à l’un de nos gigs qui se déroulait à l’Union Pool le 24 juin 2015. A l’issu de celui-ci, alors que nous vendions nos disques, ils se sont présentés à nous et nous ont invités dans leur studio situé à Brooklyn. Nous nous y sommes rendus et avons interprété quelques-uns de nos morceaux, dans une veine soulful garage. Par la suite, nous avons appris que l’intention de Daptone était de créer la subdivision Wick. Un sous-label dédié au rock garage, dont nous avons été la première signature. Ainsi, notre45 tours (couplant les chansons « Too many girls » et « To tough to bear ») a vu le jour. Il en a découlé d’autres enregistrements qui ont donné naissance à notre premier album, portant notre nom, pour le label Wick. C’est une longue histoire (rires) !

Pouvez-vous revenir sur l’enregistrement de votre album, au fameux studio House Of Soul. Le fait d’enregistrer en analogique était-il important pour vous ?
Mike Brandon : Nous ne nous sommes jamais, vraiment, posé la question. Cependant, il est vrai que nous avons déjà fait des tentatives en digital, sans jamais être vraiment satisfaits…A la maison, nous faisions nos enregistrements avec un petit enregistreur à cassette puis, au fur et à mesure, nous avons commencé à développer notre « home studio ». Grâce à Daptone, nous nous sommes retrouvés dans les mêmes conditions. En effet, ce studio ce situe dans un petit appartement aménagé…
Luis Solano : C’est vrai, nous nous sommes sentis comme à la maison. La pièce où on enregistre est située à côté de la cuisine et il y a une véritable interaction avec tous les gens qui sont là. Si quelqu’un a une idée, il n’hésite pas à la soumettre au groupe. Pour nous, c’est comme si nous enregistrions chez nous. Nous y avons gravé 8 titres de notre dernier album et la plupart en prises live. Nous ne nous sommes donc pas posé les questions habituelles, celles liées aux ordinateurs. C’est une bonne chose pour nous car tout ce qui touche aux technologies digitales est toujours un peu compliqué. Si l’équipement que nous avons utilisé peut sembler rudimentaire, il nous a cependant permis d’obtenir le son que nous souhaitions vraiment. C’est une excellente expérience !

Quand on écoute votre musique, cette dernière peut nous faire penser à des groupes tels que les Yardbirds ou les Stooges. En même temps, elle est parfaitement ancrée dans le rock actuel et peut évoquer Ty Segall ou les Black Lips. Vous-mêmes, comment la définiriez-vous ?
Mike Brandon : Je ne sais pas vraiment car nous sommes inspirés par des choses très différentes comme le jazz, le blues, la soul music…Nous sommes attirés par tout ce qui est très brut et assez peu connu. D’ailleurs, c’est aussi le leitmotiv de Daptone Records qui n’a pas hésité à signer le groupe The Frightnrs qui lorgne à la fois du côté du reggae mais aussi de la soul et du garage. Nous sommes nombreux, sur ce label, à ne pas vraiment avoir d’étiquette. Nousfaisons une musique de ressenti, c’est le feeling qui est privilégié et non tel ou tel style. Il est donc difficile de définir notre musique. Nous pouvons simplement évoquer nos sources d’inspiration qui sont, comme je te le disais, le blues, la soul, le garage ou le rock psyché. Il faut que ce soit groovy et fuzzy… L’ensemble n’est pas évident à décrire.

Vous considérez-vous comme un groupe faisant le lien entre les racines des musiques américaines et le rock actuel ?
Mike Brandon : Je ne sais pas vraiment…
Luis Solano : Je dirais simplement que nous ne savions pas où notre musique nous guiderait lorsque nous avons commencé. Lorsque nous avons monté ce groupe, nous n’étions pas très bons et notre seul but était de jouer un maximum. C’était la chose la plus importante, avant d’avoir un objectif précis en ce qui concerne le but que nous voulions atteindre. C’est, probablement, au contact de la scène new-yorkaise que notre style s’est affirmé…66

Avez-vous des contacts avec les artistes de soul music, signés sur le label Daptone Records ?
Mike Brandon : Oui, d’ailleurs nous venons de donner quelques concerts avec Lee Fields. Il n’a pas signé beaucoup de disques sur ce label, en dehors de quelques 45 tours, mais il fait partie de la famille Daptone…car des membres de son groupe ont été amenés à se produire dans celui de Charles Bradley. Sinon nous connaissons, effectivement, quelques artistes signés sur Daptone…
Luis Solano : Beaucoup de ces musiciens jouent sur les disques des autres. Certains ont même formé leur propre groupe ensemble, The Jay Vons, qui vient d’éditer son premier 45 tours il y a quelques jours. C’est ce qui est agréable sur ce label, il y a un vrai esprit de famille et une réelle interaction qui fait que chaque musicien peut se retrouver sur le disque de tel et tel chanteur. C’est une approche très appréciable, car nous savons que nous pouvons tous bénéficier du talent et de l’expérience des autres. C’est, vraiment, comme dans une vraie famille !

La situation politique actuelle, dans le monde entier, est vraiment étrange. Spécifiquement aux Etats-Unis mais, peut-être, également en France d’ici quelques semaines. Cherchez-vous à véhiculer certains messages à travers votre musique ?
Mike Brandon : A un certain degré oui, mais pas nécessairement un message politique. Je m’intéresse à des choses un peu plus légères qui ne sont pas, forcément, en résonnance avec ce qui peut se passer actuellement dans le monde. Les choses viennent à moi naturellement, même si c’est un peu moins le cas actuellement car nous sommes très occupés avec cette tournée.
Luis Solano : Je pense que la politique est une chose qui nous touche tous actuellement. Spécialement avec internet qui possède une grande force dans ce domaine. Nous devenons « addicts » de l’actualité et scrutons ce qui peut se dévoiler sur la toile. Nous sommes tous membres de petites communautés locales qui essayent de faire valoir leurs droits, mais nous sommes complètement noyés dans une sorte de situation globale qui fait que c’est une petite partie de la population qui règne en maitre. Nous restons très à l’écoute de ce que les gens peuvent nous dire lorsque nous les rencontrons, derrière la scène…
Mike Brandon : Je pense que les meilleurs artistes sont ceux qui arrivent à séparer les deux côtés de leurs personnalités respectives. Celui qui est propre à leurs convictions et l’autre qui est lié à leurs musiques. Le fait de pouvoir réunir ces deux aspects, afin de créer quelque chose, est tout un art. Comme ces comédiens de l’émission « Saturday Night Live » qui parviennent, avec talent, à faire part de leur opposition en traitant l’actualité par le rire. Ils arrivent à faire rire tout le monde, quelque-soit le sujet qu’ils abordent. Qu’il s’agisse de Trump ou des démocrates, tout le monde est logé à la même enseigne. Chaque personnalité devient un prétexte pour susciter des éclats de rires. C’est, humblement, ce que nous essayons de faire en musique. Que tout le monde, en dépit des idées de chacun, puisse se retrouver et prendre du plaisir ensemble.

Quelle direction musicale pensez-vous donner à votre musique dans l’avenir ?
Mike Brandon : Elle sera, certainement, un peu différente…c’est sûr !Nous y inclurons peut-être de nouveaux instruments… Puis nos influences évolueront sans doute par rapport à aujourd’hui, le son changera… Nous resterons, cependant, The Mystery Lights et nous conserverons notre base musicale.En janvier dernier, nous avons commencé à travailler sur un nouvel album, pour Daptone Records. Je pense qu’un premier 45 tours sera édité dans quelques mois. Nous n’allons pas nous précipiter pour terminer ce disque, mais nous espérons vous apporter quelque chose de nouveau pour la fin 2017 ou le début de l’année prochaine…Le résultat sera, probablement, légèrement différent de ce que nous faisons pour le moment.

Souhaitez-vous ajouter une conclusion à cette interview ?
Mike Brandon : Nous adorons le public français, merci pour l’amour que vous nous apportez en retour à notre musique.
Luis Solano : C’était vraiment formidable d’être confronté à ce public durant cette tournée européenne.
Mike Brandon : Chaque concert que nous avons donné en France figure parmi nos préférés !
Remerciements : Manuel Figueres (MF-Promotion), Gaspard (Highway Holidays)

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Interview réalisée à
La Laiterie - Strasbourg
le 15 février 2017

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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