Nathan, en quelques mots, comment pourrais-tu te présenter à ton public français ?
Je m’appelle Nathan James et je viens du sud de la Californie. Plus exactement, d’une ville nommée Oceanside qui se situe à proximité de San Diego.
De quelle manière as-tu découvert la musique et décidé d’en faire ?
(rires) J’ai l’impression de n’avoir jamais vécu sans en faire !
C’est à l’âge de 13 ans que j’ai reçu, de la part de « Santa Claus », une guitare pour Noël.
J’en ai débuté la pratique, en prenant quelques leçons durant une courte période. 
J’ai découvert le blues un peu plus tard, par l’intermédiaire de quelques disques sur lesquels j’étais tombé. C’est alors que je me suis mis à jouer cette musique qui, au bout de six mois, faisait déjà intégralement partie de ma vie. Vers l’âge de 14 ou 15 ans, j’ai fermement décidé de ne me consacrer qu’à ce style.
A partir de quand, et pourquoi, as-tu commencé à fabriquer tes propres instruments ?
(rires) C’est au Lycée que cette passion m’est venue, j’étais un adolescent …..
Je suis originaire d’une petite ville où il n’était pas rare de trouver des classes, permettant aux jeunes de se découvrir des centres d‘intérêt. C’est donc à cette période, alors que j’étais âgé de 17 ou 18 ans , que j’ai fabriqué ma première guitare.
Puis je n’ai plus rien fabriqué durant une longue période. Voulant réitérer ce type d’expérience je me suis lancé dans un nouveau projet il y a de cela deux ou trois ans. C’est là qu’est née la Washboard guitar…
Peux-tu me présenter plus précisément cet instrument ?
C’est, tout simplement, une guitare fabriquée sur une base de washboard… je la surnomme la « washtar guiboard » !
A quand remontent tes débuts professionnels ?
J’avais 18 ans et c’était durant ma dernière année de Lycée. J’ai commencé à me produire dans les boites de nuit avant de rejoindre le groupe de l’harmoniciste et chanteur James Harman. J’ai tourné avec lui, en non stop, pendant de nombreuses années…
Peux-tu revenir, plus en détails, sur cette collaboration avec ce prestigieux musicien ?
J’étais son guitariste alors que j’avais 19 ans. Nous avons beaucoup tourné ensemble et réalisé de nombreuses sessions en studio. Nous avons également produit des enregistrements pour d’autres artistes. Des disques sur lesquels j’étais aussi, en principe, le guitariste. Ce travail de studio, m’a permis de côtoyer des artistes qui, parfois, venaient même du Danemark afin d’enregistrer en Californie.
J’ai fait beaucoup de concerts au sein de son groupe mais il lui est aussi arrivé de venir se produire avec ma propre formation.
Quels sont les musiciens qui t’ont le plus marqué ?
Les musiciens qui ont eu le plus d’influence sur moi sont les anciennes gloires du country blues, les maitres du « fingerstyle » comme Big Bill Broonzy…
Je suis un grand appréciateur du pre-war blues mais j’ai également grandi au son du Chicago blues électrique, de la soul music et du rhythm and blues…
Tu as joué avec énormément de grands artistes, de Kim Wilson à Pinetop Perkins… Quelles ont été, pour toi, tes collaborations favorites ?
Jouer avec Kim Wilson a été une expérience fantastique. Nous aimerions enregistrer un album acoustique ensemble, l’un de ces jours… Il y a un guitariste dont je suis un grand admirateur et qui est également présent sur ce festival. Je veux parler de Billy Flynn avec lequel j’ai déjà eu la chance de partager la scène…
Sinon, je garde un merveilleux souvenir de mon travail aux côtés de Billy Boy Arnold. Il m’a d’ailleurs complimenté en me disant que je peux sonner comme Big Bill Broonzy. C’est l’une des choses les plus touchantes qu’il m’est été donnée d’entendre à mon sujet…
Billy Boy Arnold est aussi présent ici, au Cognac Blues Passions. L’as-tu déjà croisé sur l’un des différents sites du festival ?
Oui… D’ailleurs il nous arrive régulièrement de nous croiser depuis que nous nous connaissons. Notre première rencontre doit dater de 8 ou 10 ans. Il lui arrivait alors de rejoindre James Harman et son groupe lors de concerts.

A l’heure actuelle, comment définirais-tu ta musique ?
C’est un grand mélange des différents styles de musiques roots. On y retrouve du country blues, du gospel, de la musique de jug bands, un petit peu de ragtime. Parfois j’utilise une stomp box qui me permet de marquer le tempo et de faire des percussions avec mes pieds. C’est une musique rustre, bref un blues triste et déprimant (rires) !
De quelle manière t’es-tu retrouvé à enregistrer sur le label Delta Groove ?
Vivant et ayant débuté ma carrière en Californie, j’ai souvent eu l’occasion de discuter avec des gens de ce label. J’ai attendu de mettre au point un album, dont je sois vraiment fier, avec mon propre trio (The Rhythm Scratchers, nda) avant de leur proposer une collaboration. C’est un DJ (dans le sens : animateur radio, nda) nommé Jeff Scott Fleenor (qui officie tous les lundis en présentant « The Blues Disease » et qui est également un collaborateur du label Delta Groove, nda) qui a joué l’intermédiaire. Il aime beaucoup ma musique, et ce depuis mes tous débuts…
A ce jour, à combien de d’albums s’élève ta discographie ?
Rien que sous mon propre nom, le nombre commence déjà à être conséquent…
Il y a « This Roas Is Mine » (label Pacific Blues) en 2003, « Make A Change Sometime » (avec Ben Hernandez sur le label Sacred Cat Recordings) en 2004, « Carl Sonny Leyland Trio Meets Nathan James and Ben Hernandez » (sur le label Sacred Cat Recordings) en 2006, « Hollerin! » (avec Ben Hernandez sur le label Sacred Cat Recordings) en 2007, « I Don’t Know It » (sur le label Sacred Cat Recordings) en 2009 et, bien sûr, « What You Make Of It » (sur le label Delta Groove) en 2012.
Est-ce ta première venue en Europe, cette tournée est-elle importante à tes yeux ?
Je suis régulièrement venu de ce côté-ci de l’Atlantique. C’est un véritable honneur de jouer ma musique ici, sous mon propre nom…
Selon toi, en quoi les amateurs de blues européens sont-ils différents des américains ?
Ils sont formidables… Je ne pourrais pas te donner de raisons précises. C’est une chose que je ressens durant les concerts. Où que je me produise, les gigs aboutissent toujours sur de formidables moments d’échanges. C’est, en particulier, le cas en France… où je trouve le public très bon !
Pourquoi ?
Ici les gens aiment vraiment le blues et en connaissent l’histoire. Ils sont plus ou moins agités mais écoutent toujours avec beaucoup d’attention. On sent un intérêt de leur part, c’est comme s’ils nous donnaient une réponse. C’est un contexte très agréable pour un artiste.
As-tu des souhaits particuliers pour l’avenir ?
Simplement poursuivre sur cette lancée… faire connaitre mon nom et donner de bons concerts.
Ceci en continuant de développer mon son et d’enregistrer de bons disques.
J’espère, bien sûr, toujours avoir la possibilité de voyager à travers le monde…comme c’est le cas actuellement.
As-tu déjà des projets qui vont dans ce sens ?
Je vais déjà me concentrer sur mon actualité (rires) !
Pour le reste j’ai déjà des idées en tête et des ébauches de chansons. Je pense donc me consacrer à l’enregistrement d’un nouvel album assez rapidement. Ce sera probablement un disque en solo même si je n’en connais pas encore la teneur exacte.
Il devrait être enregistré de manière acoustique, sans groupe… D’ici là, je retrouverai mon combo pour de nouveaux concerts qui passerons, entre autres, par la France en janvier 2013.
As-tu une conclusion à ajouter ?
C’est vraiment un honneur de jouer sur ce festival. Il s’agit, aux yeux de nombreux musiciens, de l’un des meilleurs. On s’y sent un peu comme chez soit…
Remerciements : Sophie Louvet et Christine Filippi (service de presse du Cognac Blues Passions), Steve Dixon (Delta Groove Records), Alain Michel (Pbox Blues) et Bruno Migliano pour les photos.
www.nathandjames.com
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