Nda : Artiste discret, Nico ZZ n’en est pas moins l’un des chanteurs-guitaristes les plus actifs de la scène blues française. Non content de mener avec brio sa propre carrière, le jeune musicien multiplie les collaborations avec des artistes anglo-saxons. Il permet ainsi à ces derniers de pouvoir donner des concerts dans l’hexagone. De son côté, il en profite afin de gagner en expérience et en confiance. Un échange de bons procédés dont il est largement question dans l’entretien qui suit.
Nico, je sais que tu as commencé ton apprentissage de la musique par le saxophone et le violon. Peux-tu, cependant, m’en dire davantage sur ton cursus de musicien ?
Tu es au courant pour le violon et le sax ?! Pour ma part, c’est une chose que je préfère oublier (rires) ! En fait j’ai suivi quelques formations comme, par exemple, au MAI (Music Academy International) de Nancy. J’ai aussi fait le Conservatoire, lorsque j’habitais dans la petite ville de Bar-sur-Aube, alors que j’avais 7 ou 8 ans. C’est cependant à Brest que j’ai, sérieusement, commencé la guitare. J’ai toujours été attiré par cet instrument car mon père en possédait une à une époque. Il n’en jouait pas et je profitais de ses horaires de travail afin de la prendre en cachette.
C’est à l’âge de 12 ans que mes parents mon offert ma première guitare acoustique. J’ai alors commencé à prendre des cours auprès de David Briot pendant quelques années. Puis, je me suis installé à Nancy afin d’y intégrer le MAI comme je te le disais précédemment. Par la suite, je me suis lancé dans l’école de la vie et je me suis perfectionné au fil des rencontres… sur le tas. J’apprends encore aujourd’hui et je me considère toujours comme un étudiant (rires). J’ai monté mon premier groupe, Walking Blues, en 2001 après avoir touché au reggae, au rock et à d’autres musiques au sein de diverses formations. C’est là que les concerts ont réellement commencé à s’enchainer pour moi. Puis il y eu NZZ Blues Band et Nico’ ZZ Band… C’est avec ce dernier que nous avons eu l’occasion d’accompagner Donald Kinsey (fils de Big Daddy Kinsey) de Kinsey Report qui était aussi l’un des membres des Wailers de Bob Marley.
C’est l’un de mes instrumentistes préférés depuis que j’ai 12 ans… c’est dire si cette collaboration m’a impressionné. Actuellement, nous tournons avec Leburn Maddox. C’est aussi une belle histoire qui débute… Au mois de mai prochain, c’est Tim Mitchell que nous aurons l’honneur d’accompagner en France !
Tu es, visiblement, tombé amoureux du blues très tôt. Peux-tu revenir sur les circonstances exactes qui t’ont amené à cette musique ?
Aussi loin que je me souvienne, il y a du blues dans ma tête… Mon grand-père écoutait déjà cette musique (grands orchestres et cuivres à la louis Armstrong et même un guitariste tel que Lonnie Johnson)alors que j’étais tout petit. A l’âge de 4 ans j’avais « piqué » un violon en pensant que c’était une guitare. Avec, j’essayais de sortir ce fameux riff de Muddy Waters (Nico entonne alors « Hoochie coochie man », nda). Les gens me voyaient au fond du jardin, portant un chapeau, en essayant de singer ce bluesman (rires). Le grand tournant a, cependant, été ma découverte de Stevie Ray Vaughan et Jimi Hendrix. En voyant une vidéo du premier cité, je me suis dit « c’est ce que je veux faire plus tard ! ».
En dehors de ces musiciens, écoutais-tu d’autres artistes qui se produisaient dans un registre différent et qui auraient pu avoir un impact sur ta manière d’appréhender la guitare ?
Oui, mon père écoutait beaucoup Dire Straits ainsi que Larry Carlton ou Pat Metheny. Des artistes que j’apprécie et dont il nous arrive encore de parler ensemble. J’ai, aussi, beaucoup aimé Serge Gainsbourg dont il m’arrive encore de passer des disques, tout comme des enregistrements de musique classique…notamment Tchaïkovski, Beethoven et Mozart. C’est une chose pure, avec laquelle on s’envole. Je m’intéresse à toutes les formes de musiques. C’est par l’intermédiaire de cet art que l’on peut découvrir un peuple, qu’il soit africain ou sud-américain. Je peux apprécier toutes sortes de choses, mon univers ne s’arrête pas à la guitare.
Au début de cet entretien, tu as évoqué Walking Blues qui était ton premier groupe. Que peux-tu dire sur sa création et sur sa carrière ?
C’est un bon souvenir même si c’était bien le bordel (rires) ! On rigolait beaucoup mais n’étions pas très organisés. C’était ma première expérience en tant que leader et elle remonte aux années 2000/2001. J’étais plus insouciant qu’aujourd’hui et cette aventure m’a permis de mettre un premier pied dans le monde de la musique. En fait, je m’en sortais comme je pouvais (rires) !
En formant, par la suite, le Nico’ ZZ Band ton répertoire a-t-il beaucoup évolué ?
On grandit même si, à la base, on reste ce que l’on est. Je suis beaucoup moins désordonné qu’à mes débuts. Il y a des morceaux que je faisais à l’époque (principalement des reprises de standards du blues) qu’il m’arrive toujours d’interpréter avec ma formation actuelle. Des titres dont je ne me lasse pas mais que j’arrange de manière différente. Depuis j’ai, également, écrit des albums originaux qui m’ont permis d’enrichir mon répertoire.
Tu as eu l’occasion de travailler avec un autre jeune guitariste issu de la scène française, Charlie Fabert. Comment s’est déroulée votre collaboration et quels sont vos rapports ?
Je l’ai connu alors qu’il devait avoir 17 ans puisque je me souviens qu’il n’avait pas encore son permis de conduire. Il s’était joint à nous afin de participer à quelques jams puis je l’ai vu « partir » à l’assaut de sa propre carrière. Nous avons conservé des contacts occasionnels puis nous nous sommes revus il n’y a pas très longtemps. Il a produit mon prochain album solo qui sortira, en principe, en mars 2015. C’est quelqu’un qui a évolué très vite, c’est impressionnant !
Peux-tu revenir sur tes disques précédents ?
Le tout premier a été enregistré en 2003 avec Walking Blues (il portait le nom du groupe) et contenait dix compositions originales. Il a été réalisé avec les moyens du bord. Puis, il y a eu « Cold Shot » en 2004… Par la suite j’ai enregistré à Chicago, au Rax TraxStudio, avec les musiciens de Lonnie Brooks (« Chicago Sessions » en 2006). A cette occasion j’ai pu rencontrer Koko Taylor, c’était quelque chose d’assez incroyable qui a représenté une belle expérience.
En 2011, il y a eu « What’s On Your Mind », un 8 titres sur lequel j’ai repris un morceau de Donald Kinsey et sur lequel j’ai pu compter sur l’appui du saxophoniste Waldo Weathers. En 2013 j’ai édité un EP constitué de 4 titres originaux. Son nom est « Sweet All Night ». J’ai enregistré d’autres choses qui ne sont jamais sorties, elles sont chez moi et dorment sous des toiles d’araignées (rires) !
J’aimerais que tu reviennes un peu sur tes enregistrements réalisés à Chicago. Comment les musiciens américains se comportaient-ils avec toi ?
C’était en 2006 et j’avais 25 ans… Ils étaient adorables et ont fait un superbe travail. Ils ont réalisé la chose avec beaucoup de cœur et se sont réellement impliqués dans ce qu’ils faisaient. Tout est allé très vite, car il n’y avait que rarement plus d’une prise d’effectuée. Au pire des cas il y en avait trois s’ils pensaient qu’ils pouvaient faire mieux. Ils ont découvert les morceaux sur le tas et j’ai dû m’accrocher. C’est une expérience qui m’a appris l’efficacité. L’enregistrement s’est déroulé sur deux jours en tout et pour tout. J’ai mastérisé le disque en France. Je m’étais mis une certaine pression avant l’enregistrement mais ces musiciens ont su me déstresser. Tout s’est, finalement, très bien déroulé et en rentrant j’ai pu me dire « waouh, ça c’est fait ! » (rires).
Tu tournes actuellement avec Leburn Maddox. De quelle manière une connexion s’est-elle créée entre vous ?
Nous avons le même agent en Angleterre (Foxy Production). Je suis allé le voir lors d’une jam qu’il animait et il m’a invité sur scène. Par la suite, nous avons discuté ensemble et rapidement sympathisé. Puis, je l’ai recroisé lors d’un autre « rendez-vous de musiciens » à Northampton dont je suis devenu un habitué. Une nouvelle fois, nous avons fait le bœuf ensemble et nos liens se sont consolidés. Peu après, Leburn m’a proposé de l’accompagner lors de l’un de ses concerts. J’ai accepté et m’y suis rendu au pied levé, il m’a simplement montré deux ou trois petits trucs. Cette soirée s’est très bien déroulée. Tant et si bien que je lui ai proposé de réaliser une tournée commune en France. Il a été enchanté à cette idée et nous voici sur la route après deux petites journées consacrées aux répétitions.
En dehors de Leburn, tu as eu l’occasion de jouer avec plusieurs artistes expérimentés anglo-saxons. Quelles sont les principales leçons que tu as pu tirer de ces collaborations ?
Je garde un grand souvenir des apparitions en guest, à mes côtés, de l’ancien saxophoniste de James Brown…Waldo Weathers. C’est un vrai showman. Grâce à des artistes tels que lui, j’ai pu découvrir beaucoup de choses sur un point de vue musical. Avec Donald Kinsey (dont je suis officiellement devenu un membre de son groupe européen) j’ai beaucoup appris d’un point de vue humain. A force de passer du temps sur la route ensemble, nous sommes tous devenus frères. Je ressens particulièrement cela avec Donald qui serait pour moi un grand-frère âgé de 62 ans. Il m’a beaucoup soutenu car j’avais peur de ne pas être à la hauteur. Je l’écoute depuis mes 12 ans et je ne m’imaginais pas l’accompagner un jour. Il est l’un de mes héros…Lorsque notre collaboration s’est concrétisée j’ai dû aller courir pour canaliser mon émotion. C’était une nouvelle incroyable pour moi. C’est tout de même quelqu’un qui a joué 10 ans avec Bob Marley et qui a commencé, alors qu’il avait 17 ans, avec Albert King qui le présentait sur scène comme son fils spirituel ! Il a aussi joué avec Albert Collins et sa mémoire regorge d’anecdotes incroyables. Il a été très rigoureux durant nos répétitions (chacune durait une douzaine d’heures) car il entend tout. Avec lui, il ne faut pas en mettre une à côté. Ces rencontres ont été très formatrices et j’avais besoin d’une telle rigueur. Après chaque tournée, c’est toujours très émouvant de devoir se séparer de telles personnalités. Cette rencontre avec Donald a constitué un tournant dans ma vie. Nous sommes très régulièrement en relations, par e-mails interposés ou par téléphone. Nous gérons nos affaires ensemble et c’est génial (rires) !
Souhaites-tu ajouter une conclusion à cet entretien ?
Je suis content d’effectuer cette tournée avec Leburn. J’espère être à la hauteur pour que lui et tous les spectateurs soient contents. Pourvu que nous puissions continuer à nous éclater et à partager ces moments avec les gens. Enfin, merci à toi de t’être déplacé pour cette interview !
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