Nicole Willis
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Vous venez de Brooklyn, un endroit réputé pour ses mélanges culturels. Pouvez-vous revenir sur vos propres influences culturelles ?
Effectivement il y a beaucoup de cultures différentes à Brooklyn. Cependant ma plus grande source d'influences, durant mon enfance, a été la radio. Dans les années 70 nous l'écoutions beaucoup…
La musique qui y était le plus diffusée, alors, était la Soul Music. J'ai toujours beaucoup de mal à me remémorer les noms des stations, tant leurs sigles peuvent être compliqués en W etc…
Il y avait des radios spécialisées dans le Gospel ou le Jazz mais elles diffusaient en ondes courtes, donc nous privilégions la FM où la Soul Music dominait tous les autres styles.
Il y avait ce fameux DJ, Frankie Crocker, qui lui passait divers genres dont le Jazz…
A l'époque, nous ne connaissions pas les noms des musiciens. On ne savait pas qui jouait ou du saxophone ou de la trompette, sur tel et tel morceau, mais il y avait la musique qui était là et qui nous influençait.
Par la suite mes parents ont divorcé. De ce fait j'ai souvent déménagé et me suis finalement retrouvée à Manhattan qui est un endroit très différent de Brooklyn. J'étais donc dans une nouvelle école, avec de nouveaux camarades et de nouvelles radios à écouter. Comme j'étais plus âgée, je commençais à sortir davantage et à écouter de nombreuses musiques différentes. La musique à la mode à ce moment là était le Disco mais aussi des groupes comme les B-52's qui remportaient un succès énorme auprès des gens de ma génération puisque j'ai aujourd'hui 43 ans. Fatalement cela, aussi, m'a influencé…

Quand avez-vous décidé de pratiquer vous-même de la musique ?
Quand, avec mes amis, nous étions adolescents la musique était tellement importante que nous voulions tous devenir artistes. A l'âge de 18 ans, nous avons fondé un groupe très simplement en disant " toi tu joues le mieux de la basse donc tu seras bassiste, toi tu chantes le mieux donc tu seras chanteuse etc… ". C'est ainsi que je me suis retrouvée chanteuse.
Nous avions une batterie électronique qui faisait des rythmes Bossa Nova et une guitariste très inspirée par la même musique. Donc nous faisions ce style de musique. Le groupe se nommait " The Blue Period "…

Comment vous situez-vous par rapport au Blues et quel est le degré d'importance de cette musique dans votre œuvre actuelle ?
Il est évident que le Blues a influencé la Soul…
A titre personnel j'aime aussi bien le vieux Blues de Robert Johnson que des choses plus électriques comme Chris Whitley ou Led Zeppelin (rires).
Une autre de mes grandes influences est le son Motown et, il est vrai, que la plupart des artistes de ce label étaient influencés par le Blues.

Vous sentez-vous proche d'autres chanteuses, qui mixent leurs diverses influences, comme Ayo ou Amy Winehouse ?
Je ne connais pas du tout le travail de Ayo. Par contre c'est difficile de ne pas avoir entendu Amy Winehouse…
Fatalement j'écoute de la musique quand je suis en voiture mais je n'essaye pas de savoir ce que font les autres ni de me situer par rapport à cela. La musique est, aujourd'hui, mon travail. Je veux le faire à ma façon sans me placer dans une catégorie ou une autre.

Pouvez-vous nous parler de votre groupe originaire de Finlande " The Soul Investigators " ?
Nous nous sommes rencontrés à Barcelone après que le producteur de mon premier disque m'ait conseillé de travailler avec eux. Nous avons enregistré un premier single. Comme nous aimions le résultat, nous avons décidé de faire un album ensemble. Le producteur est un des membres du groupe, Didier Selin (basse et tambourin).

Vivez-vous en Europe actuellement ?
Oui je vis en Finlande comme mon groupe dont les membres sont tous originaires de la région d'Helsinki.

Votre approche de la musique a-t-elle changé au contact de la culture européenne ?
La musique européenne m'a toujours influencé car même aux USA les gens écoutent de la musique européenne, au même titre que l'inverse.
La musique circule, elle est partout, donc fatalement…

Quels sont les artistes européens que vous appréciez ?
(Rires) C'est encore la radio qui me permet de découvrir des artistes européens.
J'achète principalement des disques d'occasions, des vieux trucs en Soul, en Blues, en Rock, tout ce que je trouve…
Donc je ne peux pas vraiment répondre à cette question tant mes choix sont aléatoires.

Sur un de vos disques est présent Jimi Tenor, qui est un musicien électro, comment s'est passée cette collaboration ?
Ce musicien est mon mari et il m'a été d'une grande aide sur les deux derniers albums. C'est un grand bosseur. Nous venons à peine de terminer un album qu'il travaille déjà sur le prochain avec de nombreuses idées en tête. Il a également fait le solo de flûte sur mon dernier disque…
Il a toujours été d'une grande aide musicale pour moi.
Nous avons deux filles, je travaille dans une école d'Arts, ce qui me fait trois jobs avec mon métier de chanteuse…
Donc dans la famille, nous n'arrêtons pas de travailler!

Quels sont les sujets qui vous inspirent dans vos chansons ?
Sur les deux premiers disques j'étais beaucoup plus personnelle dans mes textes. Sur le dernier ("Keep Reachin' Up", Nda) j'ai moins fait les choses par rapport à moi. Je voulais surtout inspirer les gens à danser.

Comment travaillez-vous avec votre mari, vos disques se font-ils en étroite collaboration ?
Sur le dernier album nous avons travaillé avec The Soul Investigators puis lui avons demandé son aide. Jimi travaille déjà avec un groupe à Berlin et des musiciens de Jazz à Helsinki.
Comme je m'occupe de mes deux filles et que je suis en cours aux Beaux-Arts, en principe quand il est en studio moi je fais une lessive ou des travaux artistiques. Donc nous ne travaillons que très rarement ensemble. Nous avions, il y a peu, un projet commun mais il n'est plus d'actualité à ce jour…

Pensez-vous diversifier vos projets artistiques dans le futur ?
Nous commencerons l'écriture d'un nouvel album, avec The Soul Investigators, dès le mois prochain. Cependant je ne me vois pas me limiter à la musique. Je veux également faire de la Peinture et de l'Art en général…

C'est une attitude très new-yorkaise de dire on est artiste avant de dire on est peintre ou musicien…
Oui c'est vrai (rires)!
Il y a des tas de gens qui viennent, du monde entier, à New-York pour réussir dans un domaine.
Moi en tant que new-yorkaise j'ai ressenti le besoin de m'éloigner de New-York pour pouvoir faire ce que je voulais et ne pas rester dans cette ambiance où il faut absolument réussir.

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Interview réalisée au Cognac Blues Passions - le 25 Juillet 2007

Propos recueillis par David BAERST

 

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