Olivier Gotti
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Olivier, en quelques mots, peux-tu te présenter à nos auditeurs et lecteurs ?
Je m’appelle Olivier Gotti, j’habite à Aix-en-Provence et je suis âgé de 32 ans…
En tant que musicien, j’ai l’habitude de jouer de la guitare slide et, plus particulièrement, de la Weissenborn (lap steel guitar acoustique qui se joue à plat sur les genoux, nda).

Peux-tu revenir sur ton premier frisson musical, notamment sur ta découverte du blues ?
On ne peut pas exactement parler de blues, puoliier gottiisqu’il s’agissait de Jimi Hendrix.
Sa musique a constitué ma première « claque musicale ».
Je possédais, sous forme de cassette audio, son concert complet enregistré lors du Festival de Woodstock en 1969.
Je l’écoutais en boucle, c’était vraiment de mon premier choc musical…
A force de m’intéresser à Hendrix, je me suis rendu compte que j’appréciais surtout ses morceaux de blues… « Red House », par exemple.
C’est en écoutant sa manière d’interpréter cette musique que je m’y suis intéressé…
Donc, j’ai remonté le fil et j’ai découvert les artistes qui avaient inspiré Hendrix.

Justement, en revenant en arrière, quels ont été les premiers artistes antérieurs à « l’ère Hendrix » que tu as découverts ?
Il s’agissait de bluesmen tels que Robert Johnson, Blind Willie Johnson, Muddy Waters, Skip James, Blind Willie McTell, Son House, Charley Patton etc…
Les artistes se produisant, de manière acoustique, seuls avec leurs guitares avaient ma préférence. J’ai toujours aimé cette proximité et cette urgence que l’on peut ressentir à l’écoute de leurs œuvres respectives.

A quel âge as-tu commencé l’apprentissage de la guitare ?
J’ai commencé, en autodidacte, avec une guitare « normale » que j’ai achetée environ 500 francs, grâce à de l’argent que mon père m’avait donné.
Je devais avoir une douzaine d’années et cela à bouleversé ma vie.

De quelle manière as-tu découvert la guitare Weissenborn ?
Je devais déjà approcher mes vingt ans à ce moment là. J’étais pensionnaire dans un internat et entretenais de bonnes relations avec l’un des surveillants, qui savait que je jouais de la guitare. Il m’a donc prêté le deuxième ou troisième album de Ben Harper. C’est en écoutant ce disque que j’ai découvert cet instrument. Bien sûr, je connaissais déjà la technique de la guitare slide comme je te le disais précédemment.

As-tu intégré des groupes avant de te produire sous ton propre nom (et en solo) ?
J’ai toujours, principalement, joué seul.
Par contre, j’ai vécu quelques années en Nouvelle-Calédonie. J’y avais un groupe dont le registre était un peu plus électrique. Je me servais d’une lap steel Gretsch, que je possède toujours, et j’étais accompagné par un contrebassiste et par un batteur.
Pour info, ce groupe se nommait The Oliver Blues Band (rires) !
En rentrant en France, j’ai pris la décision de me « faire les dents » en jouant seul dans la rue.

Le fait d’avoir vécu en Nouvelle-Calédonie t’a-t-il poussé à t’intéresser à des sons différents que ceux traditionnellement entendus dans le blues ?
Pas forcément… par contre c’est là-bas que j’ai pris l’habitude de me produire devant un public.
Si j’ai appris la guitare relativement tôt, je n’ai commencé à chanter que « tardivement »  car je n’aimais pas ma voix. A l’époque, je me produisais sur quelques « scènes ouvertes » en tant que guitariste, c’est tout…
C’est donc en Nouvelle-Calédonie que la chance de jouer devant des spectateurs m’a été offerte… Pour cela, j’ai du « accélérer les choses », commencer à chanter et à mettre au point un répertoire.
Musicalement parlant, j’étais déjà formé et j’avais déjà une idée précise de ce que je voulais faire. De ce fait, sur place, je n’ai pas appris d’autres styles musicaux.
J’y ai simplement acquis l’expérience de la scène.

Comme tu le disais précédemment, tu t’es fait connaitre en tant que musicien de rue. Pourquoi as-tu décidé de lancer ta carrière par ce biais ? C’est une chose peu commune de nos jours et qui peut paraitre risquée…
Pendant des années, j’ai travaillé dans la restauration…
A un moment j’ai commencé à saturer de cette situation, je voulais vivre de ma passion qu’est la musique.
Je devenais mauvais dans mon métier alors que la guitare m’obsédait continuellement…
J’ai donc mis un terme à ma carrière et suis parti en Nouvelle-Calédonie où j’ai commencé à jouer.
En revenant en France, je ne voulais plus reprendre ma profession initiale et j’ai décidé de me consacrer entièrement à la musique.
Compte tenu du fait que je ne connaissais aucun professionnel (tourneurs, maisons de disques etc…), j’ai décidé de commencer dans la rue. Il fallait bien manger…
De plus, je trouve que c’est un endroit qui va bien au blues…

En l’espace d’un an, ta carrière a pris un bel envol. Comment abordes-tu cette reconnaissance naissante ?
Je me considère, tout simplement, comme un gosse dans un magasin de jouets. Je fais ce que j’aime et cela me rend heureux… c’est très libérateur !
Ce n’est, cependant, pas facile tous les jours. Il faut se battre (pour obtenir le statut d’intermittent du spectacle par exemple) et prouver beaucoup de choses…

Pour en revenir à ton expérience de musicien de rue… quels étaient tes objectifs à cette époque ? Par exemple, la première fois que je t’ai vu tu jouais dans la rue lors du Cognac Blues Passions (2011). Une année plus tard, tu t’y retrouve programmé durant 3 jours, t’y attendais-tu ?
Je ne pouvais pas pressentir cela… me dire que cette prise de risques allait payer aurait été prétentieux de ma part. Par contre le choix de venir jouer, sans prévenir personne, sur quelques festivals de blues était une chose pensée et délibérée. Je voulais aller au contact des amateurs et des professionnels de cette musique. C’était une bonne manière, pour moi, de connaitre mon niveau et d’être confronté à une critique constructive. Ainsi, j’ai pu voir si cela valait la peine de continuer…
Ce pari n’a pas été vain puisque, ainsi, j’ai pu me faire connaitre et dire « coucou, j’existe, je suis là » !

Tu as sorti un premier CD (5 titres) éponyme, enregistré en studio. Peux-tu me le présenter ?
Je suis content que tu me poses cette question !
C’est un album que j’ai enregistré avec un musicien « de chez moi » que j’affectionne particulièrement. Il s’appelle Peter Bishop et m’a grand ouvert les portes de son studio d’enregistrement qui se situe dans sa maison. Il m’a donné la possibilité d’utiliser son matériel (ordinateur, micros, table de mixage…) gratuitement. Le travail a été effectué en quelques heures et, à chaque fois, en une ou deux prises.
Il y avait un micro pour ma voix, un autre pour ma guitare et un dernier pour mon pied… puis tout s’est fait naturellement. Le but initial était d’avoir un support physique afin de pouvoir le présenter au public et, surtout, aux professionnels.

Tu interprètes quelques reprises de standards du blues (titres de Robert Johnson, Blind Willie Johnson…) mais aussi des morceaux plus inattendus (« Billy Jean » de Michael Jackson par exemple). De quelle manière traites-tu les morceaux que tu reprends, surtout quand ceux-ci semblent éloignés de ceux que tu produis habituellement ?
D’une manière assez simple…
Je joue avec une guitare Weissenborn et je chante donc, à la base, le traitement est forcément très acoustique. Pour « Billy Jean », j’ai utilisé une construction d’accords propre au blues.
J’ai voulu interpréter ce titre car Michael Jackson, comme c’est le cas pour beaucoup de gens, est quelqu’un que j’adorais. Petit, je m’amusais à danser comme lui (rires) !
J’ai appris sa mort alors que j’étais en Nouvelle-Calédonie. En regardant un reportage sur sa vie, alors que ma guitare était à mes côtés, l’idée de travailler « Billy Jean » m’est venue.
Pour les autres chansons, il s’agit de choix dictés par mes goûts personnels. J’ai pris beaucoup de plaisir à les reprendre…
Mon traitement de ces titres reste assez simple… Pour « Billy Jean », je voulais faire un retour en arrière. Comme si cette chanson datait des années 1930. Cela change des remix habituels que l’on peut entendre sur ce type de répertoire (rires) !
J’ai fait le chemin inverse par rapport à ce qui se pratique de nos jours. Je voulais faire ressortir le côté blues qui existe dans l’œuvre de Michael Jackson…

Tu es également un auteur-compositeur. Peux-tu me parler des chansons que tu écris ?
J’ai écrit quelques chansons et travaille déjà sur de nouvelles compositions. J’espère, en effet, enregistrer un album en 2012.
Le fait d’écrire est une chose de nouvelle pour moi. J’aimerais être aussi prolifique que Bob Dylan mais cela semble assez difficile (rires).oliier gotti
Malgré tout, il s’agit un exercice qui me plait beaucoup et qui me permet d’exprimer un certain nombre de choses. J’ai déjà signé une dizaine de titres et je continue de peaufiner mon style.
Les sujets que je traite sont assez diversifiés. Cela va de la politique à la société dans laquelle nous vivons, en passant par l’amour etc…

Quels sont tes projets et tes souhaits pour le futur ?
Jouer, jouer et jouer !
Je souhaite aller au contact des gens et vraiment leur faire partager ma musique.
Je veux créer une interactivité avec le public…
Le fait de voyager et de donner des concerts est primordial pour un artiste.
Cela peut sembler « bête » mais c’est tellement essentiel…

J’évoquais ta prochaine participation au Cognac Blues Passions 2012. As-tu d’autres évènements de ce type en prévision ?
Je vais participer, au début du mois d’août, au Festiblues de Montréal. Il s’agit de l’un des prix remportés au tremplin « Blues sur seine » (Olivier y a triomphé en gagnant 4 des 7 prix mis en jeu, nda).
Je vais donc accumuler les dates, y compris en première partie d’autres artistes.
En ce qui concerne le Cognac Blues Passions… il s’agit du premier Festival où j’ai décidé de prendre, en « off », la rue d’assaut. C’est là que nous avons commencé notre périple avec Toine, mon ami et manager. C’est donc un joli clin d’œil et une belle histoire, pour moi, d’être dans le « in » en 2012 !

As-tu une conclusion à ajouter ?
C’est un plaisir d’être là avec toi, nous passons de bons moments et nous rigolons bien !
J’aimerai encore profiter de l’occasion qui m’est offerte ici, afin de remercier quelques personnes qui ont permis à ma carrière de prendre cet essor. Elles sont très importantes à mes yeux…
A commencer par Toine, mon manager, ainsi que mon label Make Me Prod.
Je tiens, également, à citer Bruno Migliano (photographe émérite et figure incontournable du blues français, nda), Michel Rolland (Directeur Artistique du Cognac Blues Passions, nda), Jean-Pierre Vignola (programmateur du Jazz Club Etoile à Paris, Directeur Artistique des Festivals de Jazz de Vienne et Munster, nda), Arnaud Bell (président du festival « Blues sur Seine », nda), Jean Guillermo (fondateur de « Blues sur Seine » et président de l‘association France Blues, nda).
J’aimerais aussi, en conclusion, évoquer la prochaine assemblée générale de France Blues, qui se tiendra le 20 juin 2012. Il y aura un concert de Doc Pickup puis une jam session animée par Nina Van Horn. J’invite les gens à venir soutenir France Blues (www.franceblues.com) à cette occasion. En tout cas, moi j’y serai avec beaucoup de plaisir !

Remerciements : Toine et Jean-Pierre Vignola !

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Interview réalisée au
Studio RDL Colmar
le 17 mai 2012

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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