Outsliders : Christophe Marquilly
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

 

OUTSLIDERS : Christophe MARQUILLY


Christophe, te voilà de retour avec un nouveau groupe, les OUTSLIDERS, peux tu nous les présenter ?
Dans ce groupe, les OUTSLIDERS, il y a moi même, Christophe MARQUILLY à la guitare et au chant, Luc DEWERTE à la basse et Marc VEDRINE à la batterie. Il s'agit donc d'une formule trio.

Quand et pourquoi t'est venue l'idée de former ce nouveau groupe ?
Ce qui m'a incité à faire ce groupe, c'était une grande envie de ma part de revenir aux sources de ce que j'aime bien dans la musique, c'est à dire le blues-rock.

C'est également pour moi l'occasion de " reformuler " des grands standards anglo-saxons composés ou créés par des gens que j'apprécie particulièrement.

Ainsi nous jouons des morceaux de Johnny WINTER, Stevie Ray VAUGHAN, ZZ TOP, BB KING, Eric CLAPTON. Enfin tous les grands " classiques " du blues sont traités ainsi, dans l'esprit du " power-trio " de Rory GALLAGHER.

Il fallait pour cela que je trouve deux acolytes, attention je n'ai pas dis " alcooliques " (rires), pour monter l'opération. Cela se passe plutôt pas mal depuis deux ans maintenant….

Au bout de deux ans, il résulte de cette collaboration un album enregistré de façon live. Est-ce pour conserver cette énergie qui caractérise le groupe sur scène ?
Cet album, on l'a fait chez nous. Dans un studio qui s'appelle FEELING à Tourcoing. En parfaite osmose, notamment avec le patron que je connais bien. Un type qui se défonce pour produire des groupes locaux.
Nous avons voulu le traiter avec des prises " live " pour essayer de garder ce côté scénique.

C'est un exercice qui n'est pas toujours facile. D'autant plus que je n'ai pas l'habitude de travailler de cette façon.
Par exemple, sur le dernier album des STOCKS, j'étais plus rigoureux dans les prises de son.
Là, par contre, nous avons lâché les chevaux, mis la batterie en plein milieu de la salle et l'ampli de la guitare dans une grosse boite en bois avec des micros pour récupérer un son " live ".

Ce disque a été enregistré en trois jours. C'est un album sympa qui reflète bien l'ambiance. Il n'est pas surproduit, ce que je trouve pas mal lorsque l'on fait du rock-blues…
Dans ce style musical, il faut savoir rester simple dans l'interprétation ce qui est, je le pense, assez réussi.

Evidemment, il y a probablement des défauts dans ce CD, dans le sens où nous aurions pu plus le finaliser, plus le fignoler, mais je voulais principalement conserver avant toute chose cette énergie première, ce feeling. Je pense que nous avons réalisé cet objectif.

N'est-ce pas trop frustrant pour toi, qui a l'habitude de travailler sur l'écriture et les compositions de tes chansons, de nous présenter un album constitué en grande partie de reprises ?
Ceci n'est pas frustrant, car tous les morceaux ont été composés par des gens qui ont beaucoup de talent.

Il est même souvent plus difficile d'interpréter des morceaux de gens qu'on aime bien, des artistes qui ont fait leurs preuves et qui sont des gros vendeurs de disques.

C'était un pari. Il est plus facile d'interpréter ses chansons dans son style que de dire : " Je vais faire I thank you comme les ZZ TOP et avec le même feeling ".
D'autant plus que dans ce cas-là, il s'agit d'un groupe qui n'a plus rien à prouver.

Sans prétention aucune, c'est simplement ce que j'ai dis à certains amis organisateurs de spectacles : " C'est un album de savoir-faire ".
Ce sont des morceaux qu'on pense pouvoir faire. Donc on les fait avec notre patte à nous. Prenez-le, si cela vous plait.
Si ça ne vous plait pas, vous pourrez toujours faire un balle-trappe avec (rires).

Tu as choisi le titre du morceau que tu viens de citer " I thank you " comme titre de l'album. Est-ce un clin d'œil à ce noyau dur de fans qui te suit depuis des années ?
Je ne pense pas que ce soit cela. Les OUTSLIDERS sont un groupe que les gens découvrent. Même si j'ai un autre passé et une autre image par rapport à un combo différent. D'ailleurs il est vrai qu'il y a un public qui vient à nos concerts uniquement parce que je suis un membre des OUTSLIDERS.

Les deux groupes n'ont pas grand chose à voir. Bien que les racines soient les mêmes, l'état d'esprit est différent.
Je veux séparer les deux choses. Lorsque je suis dans mes propres chansons, ce que je donne est beaucoup plus tendu, je défends ma chair, mon sang, mon état d'esprit.
Avec les OUTSLIDERS je me libère, je suis tranquille, sur un nuage, nous sommes trois potes et nous nous amusons bien.

On s'arrange tous pour ne pas nous prendre la tête. Je suis très chiant comme mec.
Des fois, je les fais " chier " leur disant : " il faut jouer plus souvent, plus vite, plus fort, plus machin… ". Mais dans l'ensemble, ça me permet de prendre du recul car nous ne sommes pas vraiment dans le métier.

J'ai été dans le métier et je sais ce que cela comporte comme tensions. Là je me relâche, je suis plus décontracté. Je continue à jouer un peu partout, dans des endroits à chaque fois très différents.

Ce soir, par exemple, jouer à la même affiche que NINE BELOW ZERO, c'est une très belle date.
Hier, nous étions à Paris dans un petit club devant 120 personnes. Prochainement, nous nous produirons deux jours en juillet chez mon ami Jo qui a un groupe de rock à Sain Jean de Maurienne.

Tu vois c'est " open ", ça ouvre plein de choses, c'est ce que cette formule permet.

Quoiqu'il en soit il y a toujours un investissement total de ta part, surtout sur scène où tu livre toujours un véritable combat, c'est à chaque fois un vrai régal de t'y voir….
Je te remercie du compliment mais j'ai vu d'autres gens sur scène où là c'est moi qui me régalait…

La scène c'est quelque chose que soit on aime profondément ou qu'on aime pas de tout.

Moi j'adore ça, je ne m'y sens pas forcément bien mais c'est un endroit où je peux m'exprimer complètement.
On ne s'y fait pas de cadeau, on y va et on donne un maximum de plaisir.

Ce qu'on a vu ce soir avec les NINE BELOW ZERO c'est exceptionnel. Ces gens ont énormément de métier, font 150 à 200 dates par an. On y trouve l'ancien bassiste de Rory GALLAGHER. Ils donnent car ils savent qu'il n'y a pas 36 solutions dans ce métier-là.

Avec les STOCKS, j'ai fait la première partie de la tournée des stades de Johnny HALLYDAY l'été 2003. Tous les soirs où j'ai pu le voir, pendant 28 dates, il s'est donné à fond alors qu'il a 60 piges. Il n'y a rien à faire c'est ça vie, c'est son truc. Il me l'a dit : " Moi je ne sais faire que ça, je ne sais faire que chanter ".
Cela veut tout dire, ça veut dire que je n'ai pas le choix….

Que ce soit un stade de 60.000 places ou une salle de 300 ou un club de 100 quand c'est ta vie, c'est ta vie.
Il n'y a pas 36 solutions et je pense que c'est ma vie….

Ce serait une belle conclusion mais je ne peux pas m'arrêter là ! Cette nouvelle question va peut être te gêner ce soir ; je pense qu'OUTSLIDERS n'est pas le point final de STOCKS, alors as tu des projets avec tes comparses du mythique trio ?
J'ai des projets, des chansons que j'ai mis dans un coin de ma tête. Elles sont enregistrées en maquettes et ne sont pas forcément dans la même lignée que celles enregistrées avec STOCKS.
J'écoute pas mal de choses, de la musique actuelle et je suis conscient de l'évolution du " marché ". Je suis obligé de parler comme cela….

Je pars plus dans des chansons avec de l'émotion, j'essaye d'aller dans cette direction et ce n'est pas évident du tout. Allier l'énergie du rock avec des textes plus émotifs n'est pas toujours facile. Donc j'ai des titres, mais je ne sais pas avec qui je vais les jouer.
Pas forcément avec STOCKS, même si de ce fait il y aura peut être une coupure avec mon public de base. Je peux en assumer le risque.

J'ai envie de faire autre chose, plus electro acoustique avec d'autres ambiances et juste un guitariste derrière. J'ai envie d'évoluer et de diversifier mon style.

On pourrait t'imaginer auteur pour d'autres artistes ?
C'est un grand fantasme !
Pour faire une chanson pour quelqu'un d'autre, il faut d'abord trouver quelqu'un de connu qui, de ce fait, a énormément de propositions.

J'ai déjà fait l'expérience. J'ai été présélectionné pour une très grosse émission de variété ce qui est déjà pas mal.
On est dans le monde de la chanson, un monde d'artisans, de production, de finalisation. C'est un monde différent car les gens qui font des chansons taillées pour passer à la radio ne font pas de scène. Seul Jean-Jacques GOLDMAN est un cas unique pour faire pleins de tubes pour pleins de gens.

Le fait de devenir auteur pour les autres serait, il est vrai, un grand plaisir. Mais si je devais chanter les chansons moi même et que ça devait marcher, ce serait un grand plaisir aussi. Pas de problème, j'assume ! (Rires).

Que pouvons nous souhaiter pour les OUTSLIDERS pour les mois à venir ?
Je souhaite continuer à jouer avec mes camarades très longtemps et conserver notre plaisir actuel sans nous prendre la tête. Pourquoi pas refaire un petit album derrière, un peu plus personnalisé avec des titres sur lesquels on mettra plus notre patte.

En ce qui me concerne, c'est jouer, tourner, rencontrer des gens. Voir des mecs comme toi qui font 6 ou 700 bornes pour venir m'interviewer c'est énorme, alors continuons le combat !

Pour capter cette énergie du groupe, la meilleure solution ne serait elle pas d'enregistrer un concert et de proposer aux gens un album " live " comme tu l'avais fait avec STOCKS dès le départ ?
Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne solution. Pour enregistrer un " live ", il faut plusieurs dates, être très au point donc cela met une pression supplémentaire.

Il ne faut pas faire d'erreur et que tout soit nickel, au niveau de l'accent par exemple. Je suis français et je chante en anglais, je n'en fais pas un complexe mais pour les puristes, cela peut être gênant.

Je sais qu'enregistrer un " live " c'est très compliqué car il faut restituer l'énergie et surtout il faut qu'il y ait le public qui aile avec. C'est une lame à double tranchant. Je fais gaffe avec ça pour la simple et bonne raison que STOCKS était le seul groupe en Europe à avoir enregistré un " live " en 1982 donc je sais très bien par où je suis passé….

Pour enregistrer un album en public, il faut jouer dans des salles acquises et il faut qu'on soit " carré ".
Alors pourquoi pas enregistrer un concert et voir s'il peut être exploitable par la suite, mais ce n'est pas la finalité.

Ton parcours est unique, tu as croisé la route de gens exceptionnels, les ZZ TOP, GALLAGHER, HALLYDAY etc…, as tu encore un fantasme à ce niveau là ?
J'aimerai bien qu'il y ai des gens qui puissent dire un jour : " Putain, j'ai croisé le groupe de MARQUILLY, OUTSLIDERS ou STOCKS et c'était top ! ".
Cela me ferait un grand plaisir. Je sais qu'il y a une petite cote qui se fait…

Je pense qu'il y a, comme je le dis toujours, le savoir-faire et le faire-savoir. Le savoir-faire nous l'avons peut être eu un moment et nous l'avons peut être toujours. Le faire-savoir, c'est une deuxième partie du métier qui est vachement importante. Il faudrait aussi s'accrocher auprès des médias pour nous faire connaître et que les gens se rendent comptent qu'on a peut être aussi droit à une part du gâteau.

C'est toujours très sympa d'avoir un retour comme tout à l'heure quand Dennis GREAVES (chanteur et guitariste des NINE BELOW ZERO) est venu me voir dans la salle puis dans les loges pour me dire : " Putain, ça sonne grave ".

A ce niveau-là, on reste humble. On s'en fout, on est là pour jouer. Si les gens réagissent, je pense qu'on fait notre métier.
Le star system c'est autre chose, un autre monde que j'ai du mal à appréhender.

On se quitte sur une note optimiste, on va encore souvent te voir saigner sur ta guitare comme ce fut le cas ce soir sur scène ?
(Rires) C'est vrai que je me suis un peu explosé un doigt mais j'adore ça !
Plus je joue et plus j'aime ça, donc j'en profite un maximum.

Ceci dit, je ne vais pas sur mes 20 ans donc je suis conscient qu'il faut profiter du bon temps. Tant qu'il y aura du public et des gens pour aimer notre musique, il faudra y aller.

C'est ce que je disais à Gerry Mc AVOY (bassiste des NINE BELOW ZERO). Il a quand même un certain nombre d'années : il ne se pose pas la question, c'est sa vie, il est à fond dedans. Nous faisons partie de la même race. Quand il accompagnait GALLAGHER, il devait jouer dans des salles de 8000 à 10.000 places. J'ai rencontré Mick TAYLOR (ex guitariste des ROLLING STONES, de DYLAN, MAYALL etc…) qui a du jouer dans des stades de 100.000 à l'époque des ROLLING STONES et qui aujourd'hui se produit dans des petits clubs.

Ca fait drôle. Il faut vraiment avoir la tête sur les épaules.

Notre métier est d'être musicien. Nous connaissons des hauts et des bas comme les peintres ou les écrivains. C'est un métier d'artiste avec tout ce que cela comprend comme dangers.
Cela fait partie de la vie….

Remerciements : Marianne ; Nadia & Dom Sarraï Desseigne ; Alain " Leadfoot " RIVET ; Jaja, David & Fab des Classic and Troubles ; FX et tous les amis croisés à Lyon. Un grand merci à Christophe Marquilly pour son intacte passion et son amitié.
Un salut amical à Bruno de Planchon.

 
Interviews:
Les photos
Les vidéos
Les reportages
 

Les liens :

le site du groupe Outsliders :

Interview réalisée au Rail Théâtre de Lyon le 5 mars 2005

Propos recueillis par David BAERST
En exclusivité !

 

Le
Blog
de
David
BAERST
radio RDL