Popa Chubby
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

 

Pour commencer, peux-tu me dire pourquoi tu as décidé de consacrer ton dernier album, « Vicious Country » (label Dixiefrog), à la Country Music et au Rock’n’roll ?
Le Rock’n’roll est une racine de la musique, tu sais…
Cette musique a été fondée par la rencontre du Blues et de la Country Music. Toutes ces composantes sont à l’origine des musiques actuelles. Mon épouse, Galea (qui a activement participé à l’élaboration de ce CD, qui y chante et y joue de la basse, Nda), a grandi auprès de son père qui était un chauffeur routier. De ce fait, elle écoutait très jeune cette forme de Country Music destinée aux camionneurs, la « trucking music »…

C’est donc en souvenir de cette époque qu’elle m’a convaincu de réaliser un album qui soit dédié à ces genres musicaux. Nous savions que ce projet serait « fun » !
Pour l’enregistrement nous avons fait appel à un spécialiste français de la pedal steel guitar, Claude Langlois, avec qui travailler a été très agréable. Il y a également un violoniste qui s’est joint à notre groupe.

Vraiment, faire des disques qui soient très différents les uns des autres est une chose très intéressante et qui nous apporte beaucoup de plaisir.

Pour ta part, quand as-tu découvert ces musiques ?
J’ai écouté ces musiques très tôt. Que ce soit le Rock’n’roll ou le Rockabilly…
Mon premier disque était un vinyle de Chuck Berry, puis il y a eu Bill Haley & his Comets avant les Rolling Stones et ce genre de groupes.

Un des guitaristes qui a les plus eu d’influence sur moi est celui du groupe de Gene Vincent (The Blue Caps, Nda), Cliff Gallup. Je pourrais également citer Danny Gatton, qui était un grand guitariste, sans parler du chanteur de Rockabilly Robert Gordon. Ce sont des artistes que j’ai toujours aimés !

Toutes ces influences se retrouvent, aujourd’hui, dans ma façon de jouer.

La scène Country est-elle très développée à New-York ?
Il y a surtout une grande scène Rockabilly à New-York. Elle avait pris forme dans les années 70. Actuellement, une scène mélangeant le Punk et la Country Music se développe du côté de Brooklyn.

Il y a beaucoup de Clubs très « cool » dans cette ville, comme le « Rodéo Bar » où beaucoup de groupes viennent se produire. Il y a énormément de musique pour les gens qui veulent passer du bon temps en buvant un verre. Je crois que cela est vraiment très « cool » !

A-t-il été facile de convaincre ton label de sortir ce CD dont le style s’éloigne de ce que tu pouvais faire auparavant ?
Oui !
Très souvent les labels me suivent dans la direction artistique que je souhaite prendre. Je sors un nouvel album tous les ans et j’essaye, à chaque fois, de montrer une nouvelle facette de ma personnalité. Un nouveau Popa Chubby !
Ce disque est avant tout consacré à un projet de mon épouse, Galea.

Quelle a été la réaction de tes fans lorsqu’ils ont découvert ce disque ?
Très bonne et ils sont nombreux à adorer le résultat. D’ailleurs la chaîne de télévision française Canal+ a décidé de consacrer ce disque, album de la semaine. J’enregistrerai l’émission cet après-midi en live…

Tu sais, ce n’est pas quelque chose de très différent de ce que j’ai pu faire avant. Il y a toujours eu du Rock’n’roll présent dans ce que je faisais…

Comment as-tu sélectionné les morceaux de ce disque et, plus particulièrement, les reprises qui le constituent ?
C'est, pour la plupart, des titres que Galea et moi apprécions et que nous aimons jouer. Il y a aussi des chansons originales que nous avons écrites et que nous jouons, parfois, depuis longtemps.

Comment définis-tu le titre de ce CD « Vicious Country » ?
Parce que ce n’est pas que de la Country Music, c’est aussi quelque chose de virulent !
C’est, avant tout, notre version et notre interprétation des musiques roots.
Il faut dire que ma vision de la chose vient de l’enfer (rires) !

Peux-tu me présenter les musiciens qui jouent sur ce disque et revenir, plus en détails, sur ta collaboration avec Claude Langlois ?
J’ai rencontré Claude il y a quelques années quand il jouait avec Patrick Verbeke. J’ai appris, par la suite, qu’il est le cousin de Philippe Langlois qui est le boss de mon label européen Dixiefrog.
Quand j’ai eu l’idée de ce disque, je lui en ai tout de suite parlé, il y a quelques mois de cela. Il a tout de suite été intéressé.

Il y a environ trois ans, j’avais “renforcé” ma musique lors d’une jam session à New -York. Je m’étais alors produit avec Galea à la basse ainsi qu’avec un Batteur de Jazz et un guitariste de Bluegrass.
Le résultat avait vraiment été formidable. J’ai été si enthousiasmé que j’ai voulu enregistrer quelque chose qui soit similaire à ce qui s’était passé cette nuit-là. Lorsque j’ai rencontré Claude, j’ai immédiatement deviné qu’il pouvait être un élément indispensable à la réalisation de ce projet.

Avec Galea nous avions l’habitude de chanter des titres de Johnny Cash comme « Jackson » qui a aussi été remis au goût du jour, il y a quelques temps, via le film « Walk the line » (film de James Mangold retraçant une partie de la vie de Johnny Cash, Nda). C’était si amusant que nous avions envie de prolonger, par l'intermédiaire d'un CD, nos interprétations de titres appréciés des camionneurs dans les années 60 comme « Six days on the road », « Act naturally », « Tonight the botte let me down » de Merle Haggard et quelques autres…
Nous voulions fonder un groupe ensemble et faire quelque chose de frais !

Dans son enthousiasme Popa oublie de me parler des autres participants du disque à savoir : le batteur Steve Holley qui a joué avec Paul Mc Cartney, Elton John, Joe Cocker, Gary Brooker, Joe Louis Walker etc..., le violoniste Doug Moody et l'excellent pianiste/organiste Dave Keyes qui ne sont pas étrangers à la réussite de ce très bon disque, Nda

Que penses-tu de la situation des musiques roots en France, est-elle très différente de celle que tu retrouves aux USA ?
Non, il y a une grande connaissance du Rock’n’roll en France. Je le dis d’autant plus volontiers que j’ai traversé de nombreux pays en Europe. Je me souviens également des heures glorieuses du Punk-Rock à New-York où se produisait un groupe nommé The Senders  dont le chanteur, Philippe, était français (Philippe Marcadé dont il existe une autobiographie « Au-delà de l’Avenue D », Nda). Je me souviens aussi de nombreux groupes de Rockabilly qui venaient de France …
De plus, je pense que le public français est vraiment ouvert aux bonnes musiques et aux vraies personnalités.

Quels sont tes musiciens préférés en France, en connais-tu beaucoup ?
Je n’en connais vraiment pas beaucoup, ceux que j’aime le plus sont mes amis. Par exemple Jean-Jacques Milteau, Paul Personne, Nico Wayne Toussaint, principalement des artistes qui se situent dans la sphère Blues et Rock…
Je vais faire une jam session jeudi (Popa a, en effet, donné un showcase dans le théâtre de Jamel Debbouze, le Comedy Club, le 19 février 2009, Nda) avec un  gars nommé Nono…

Oui Nono Krief, c’est un très bon guitariste connu pour être l’un des leaders du groupe Trust…
Cool, je serai très content de « jammer » avec lui jeudi alors…
Je sais qu’il a aussi joué avec Johnny Hallyday. J’ai rencontré ce dernier alors que nous devions travailler ensemble. Il préparait un album de Blues et m’avait invité dans son restaurant où je l’ai rencontré. Malheureusement notre collaboration n’a pas vu le jour, « c’est la vie » …

Pour toi la Country Music est-elle davantage une musique de rebelles que le Blues ?
Non, car je crois que toutes ces musiques sont des musiques de rebelles. Le Rock’n’roll en est la démonstration.  La Country que j’aime est celle de la génération des « outlaws » avec des artistes tels que Johnny Cash, Willie Nelson, Waylon Jennings, David Allan Coe etc…
C’est la même chose pour le Blues qui est, ne l’oublions pas, la musique du diable…


Pour l’enregistrement de ce disque as-tu utilisé du matériel d’époque afin de trouver un son proche de celui des studios Sun ?
C’est ce que j’ai fait, d’ailleurs c’est un peu mon truc…
En tant que producteur j’aime utiliser du matériel « vintage », que ce soit des guitares, des amplis, des enregistreurs, des micros, des préamplis etc…

Tout cela me permet d’emprunter la voie classique …
Ce qui est incroyable quand tu écoutes de vieux disques c’est d’entendre ce son qui est si bon. Tu peux utiliser toute la meilleure technologie actuelle, tu n’arriveras jamais à trouver un son aussi bon.

Lors de tes concerts actuels, ne fais-tu que des morceaux dans la veine de « Vicious Country » ?
Non la tournée est une tournée de Popa Chubby !
Elle s’effectue en trio avec A.J Pappas à la basse et Tom Pappadados la batterie. Nous interprétons des morceaux de mes anciens albums, des titres de mon CD hommage à Jimi Hendrix et même certaines chansons qui devraient figurer sur mon prochain opus sur lequel je travaille actuellement. Il devrait sortir en 2010. Il y a également, bien sûr, des extraits de « Vicious Country »…

Comment expliques-tu ton succès en France ?
Je crois que c’est, avant tout, le fruit d’un dur travail. Le fait d’avoir beaucoup tourné, beaucoup joué…
J’ai également la chance de m’appuyer sur de bons partenaires tels que mon label, mon attachée de presse…
Je crois aussi que j’ai une personnalité que les gens aiment bien. Tout cela est très simple, j’aime les gens et eux m’aiment en retour.

Tu as dédié ce CD au « faucon maltais » (The maltese falcon). Est-ce un clin d’œil au milieu cinématographique (The Maltese Falcon est un film réalisé par John Huston en 1941 avec Humphrey Bogart, Nda) et, si oui, es-tu cinéphile ?
Il s’agit en fait du père de Galea qui, en tant que chauffeur routier, utilise ce pseudonyme lorsqu’il communique avec sa Cibie (Popa me fait alors une démonstration assez hilarante de la manière dont on parle à la Cibie).

Quels sont tes projets les plus immédiats ?
Dans un premier temps je veux travailler sur mon prochain disque…

Et quelle direction aimerais-tu donner à ta musique dans le futur ?
Je veux aller vers un Blues Rock direct… un Blues Rock qui soit bien lourd…

Vas-tu continuer à produire d’autres artistes comme tu as déjà pu le faire dans le passé avec Big Ed Sullivan, Arthur Neilson, Magic Slim etc… ?
Oui, d’ailleurs Big Ed est vraiment l’un des gars avec lesquels je préfère travailler. Je suis, cependant, toujours ouvert pour collaborer avec de nouveaux artistes. Cela fait aussi partie de mon cheminement professionnel. Mon objectif est simplement de réaliser, à chaque fois, le meilleur album qu’il soit possible de faire.

As-tu une conclusion à ajouter ?
Je suis vraiment heureux d’être en France où j’ai beaucoup de fans. Ce disque « Vicious Country » est avant tout le résultat d’une histoire d’amour entre moi et mon épouse Galea. Elle est une part importante de ma vie et de ma musique.

Tu sais, depuis toutes ces années j’ai dû écrire une centaine de chansons pour elle. Tant il est bon de vivre et de travailler en sa compagnie…
C’est une partie très précieuse de ma vie, je suis heureux…

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Interview réalisée à
Paris, Place de la République
le 17 février 2009

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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