Richard JOHNSTON
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Pouvez vous vous présenter ?
Je suis un musicien de rue et je pratique depuis sept ans à Memphis. J’ai découvert le country blues il y a un peu près douze ans, ma première découverte a été Robert Johnson. Lorsque j’étais étudiant j’ai profité d’un programme d’échange avec le Japon pour y étudier quelques années, en fait j’y ai découvert l’amour, je me suis marié et suis resté là-bas cinq ans. La vie y étais assez chère, donc pour vivre il a fallut que j’y travaille, j’avais deux possibilités, soit y enseigner l’anglais soit faire de la musique, j’y ai donc fait de la musique dans la rue. Je jouais dans la région de Nagoya où des gens d’un grand journal de Memphis m’ont découverts, je suis donc reparti vivre aux USA.
Mon premier show a été avec Junior Kimbrough dont je n’avais jamais entendu parler quand je vivais au Japon. Malheureusement il n’est jamais venu au Festival car il était malade, il est mort peu de temps après, mais dès ce jour j’ai toujours cherché à savoir qui il était, cela a changé ma vie. Des journalistes m’ont dit que Junior avait un juke joint dans le Mississippi, j’ai décidé d’y aller. J’y ai rencontré son orchestre qui jouait des standards et non de la musique de Junior je suis donc parti en pensant qu’il n’y avait rien de spécial dans cette musique. C’est quelques semaines plus tard que des gens m’ont fait des copies de ses 4 cd afin que je découvre vraiment sa musique, à leur écoute je suis reparti aussitôt pour le Mississippi. Petit à petit je me suis retrouvé le premier blanc du groupe.

Tous les dimanches je jouais pour 25 dollars, un sandwich au poulet et toute la bière que je pouvais boire, cela jusqu’à l’incendie du juke joint. C’est comme cela que j’ai appris la musique que je joue aujourd’hui. Puis j’ai rencontré Sherman Cooper qui m’a soutenu, me trouvant un logement, une guitare etc… Lui et Jessie Mae Emphill m’ont confortés dans le fait qu’il fallait que je reste dans le Mississippi et que je continue à faire ma musique. Il faut savoir que tout ce que je possédais et tout ce que possédait le groupe avait brûlé dans l’incendie du juke joint de Junior.

Je suis reparti vers Memphis où j’ai joué sous la formule « one man band » à Beale Street car là-bas aucun musicien ne pratiquait ce style de blues(…). Le premier batteur qui m’a influencé est Spam, le batteur de T Model Ford qui a un jeu impossible à traduire, j’aime également beaucoup Calvin Jackson ou Cedric Burnside. Je puise mon inspiration dans la musique des apalaches, la musique des montagnes car j’en suis originaire, j’ai également des origines cajun, ma grand mère parlais le patois cajun, c’était ma culture. Je pense être le premier à proposer un style de musique constitué à partir de country music, bluegrass, country blues que j’appelle le « foot hill stomp ». Techniquement parlant on peut aussi dire que je joue le blues avec un accordage qui est utilisé dans la country music.

Pouvez vous nous parlez de l’instrument de musique qui ressemble à une guitare dont vous jouez ?
Un jour j’ai rencontré à Memphis un vieil hippie qui fabrique des « Diddley Bo » (une corde tendue sur une planche maintenue par une bouteille et jouée en slide, Nda). Ce mec fabrique aussi des guitare à une ou deux cordes à base de boites à cigares, je lui ai demandé qu’il m’en fasse une et grâce à celle ci j’ai remporté un concours de blues à Memphis.

Comment vos disques sont ils distribués ?
Je me suis fais la promesse de ne jamais signer dans une maison de disques car c’est grâce à la rue que je peux faire vivre ma musique. Je veux rester indépendant. J’ai fais des études de philosophie et de sociologie, je n’ai pas l’image type du bluesman simplet et je ne suis pas peu fier de mes capacités. Les maisons de disques mettent la pression, c’est du pur business, de la politique.

Je crois en l’indépendance que peu nous amener internet, car grâce à internet je peux mieux gagner ma vie que dans n’importe quelle maison de disques. Avec le réseau des fans il peut y avoir une interconnexion. J’ai l’idée de monter une espèce de guilde pour l’indépendance des artistes car pour moi l’avenir des musiciens est là. Pour cela il faut continuer à faire de bons enregistrements. Pour ce genre de projet, il faut que les fans de blues nous soutiennent et il faut nous tourner vers les vieux bluesmen qui n’ont pas de facilité avec internet. Il faut les aider à monter un site, de s’arranger avec leurs petits enfants pour qu’il aillent consulter leurs e-mails tous les jours.

Internet peut nous permettre de réaliser des albums très facilement. Si Junior Kimbrough était encore vivant ou si on apprenait à la famille de RL Burnside de se servir d’internet on pourrait l’enregistrer en « live » dans son juke joint et vendre son disque sur internet sans passer par les maisons de disques, car ce sont elles qui font de l’argent en faisant tourner des artistes parfois malades et qui ont du mal à se déplacer. Il serait tellement plus simple de vendre les enregistrements de ces artistes sur leurs website tous les 6 mois ou tous les ans en passant par un cercle de liaison. De surcroît de cette façon les artistes gagneraient plus d’argent. C’est dans ce sens là que le veux aller.

 
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Interview réalisée au festival Cognac Blues Passions le 26 Juillet 2003 par David BAERST

 

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