Robert Plant
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Etes-vous plutôt un demi Led Zeppelin ou un Robert Plant à part entière ?

Je crois que je suis un peu les deux. C'est assez mystérieux en fait. J'ai fait ma vie dans la musique et cela comporte aussi différentes personnalités. Dieu merci !

Vous étiez déjà présent hier. Qu'attendez-vous du concert de ce soir ?

Pour chaque soirée de ce festival, l'atmosphère musicale est totalement différente. La nuit dernière était spectaculaire car il n'existe plus de revue " soul ". Seul James Brown demeure. Les plus grandes voix : Etta James, Aretha Franklin et toutes les représentations de revues de soul noire, c'est absolument " show biz " et très excitant. Il ne reste plus que James Brown. Il crée une ambiance où tout tend vers une performance basée sur la qualité. Les musiciens sont fantastiques, tout s'enchaîne très vite. Notre approche est totalement différente. Cette nouvelle formation est composée de musiciens parmi les plus respectés à l'heure actuelle, venant de Portishead, de Cure. C'est une manière de faire totalement différente. Je ne m'attends à rien, je me contente de proposer. Et le public ne sait pas à quoi s'attendre !

Où vous situez-vous dans le paysage musical actuel ?

Partout. Je ne me situe nulle part. Je ramasse par ci, par là. Surtout les sons de Marrakech. Les Berbères, le Sud du Maroc.

Avez-vous un nouvel album en projet ?

Bien sûr. Nous avons commencé la semaine dernière. A l'origine, il s'agissait uniquement de reprises parce que je joue en ce moment les chansons que j'ai toujours aimé. Je ne pouvais pas les jouer auparavant. Maintenant une nouvelle période s'ouvre pour moi. Je ne prévois rien, je ne crains rien. Même pas le prix des billets. Je n'ai pas d'autre partenaire que moi-même. A présent j'ai beaucoup de chance de pouvoir créer de nouvelles musiques. Nous avons joué en Estonie il y a deux semaines. Nous avons commencé à travailler en studio pendant un jour de relâche. L'état d'esprit est bon, ça me rappelle le Led Zeppelin quand nous enregistrions dans chaque ville. Nous avions du temps devant nous pour avancer. La semaine prochaine j'aurais 53 ans et je me sens vraiment très bien parce tout me sourit en ce moment.

Vous n'avez pas le blues ?

Non, pas exactement. Je n'ai pas besoin du blues. Je ne sais pas ce que c'est. Simplement une longue plainte solitaire. Un peu comme une vieille femme.

Vous avez joué des musiques très variées avec des musiciens différents à chaque fois. Est-ce un challenge pour vous ?

Je ne suis pas le meilleur dans ma spécialité. Je suis à la base un chanteur qui a grandit en écoutant Elvis et un peu plus tard, Howling Wolf et Robert Johnson. Donc je suis passé par tous les courants musicaux qui traversent les chanteurs de rock depuis 1961 quand le mot d'ordre était : sex & bullshit. A présent, j'en suis arrivé au point où il y a un peu de sexe mais pas tant que ça ! J'ai beaucoup de chance parce que je suis très limité dans mon domaine. Je fonctionne à peu près comme un catholique, un moine de la musique qui rassemble les sons pour en faire sortir autre chose. C'est une position intéressante.

Une telle évolution est-elle obligatoire pour avancer ?

Eh bien, je suis incapable de jouer au tennis tous les jours. Donc c'est tout à fait exact.

Vous reprenez des vieux blues en concert. Qu'appréciez-vous dans cette musique ?

Nous ne faisons aucun blues. Oh si, un titre de John Lee Hooker pendant un moment. A dire vrai, le spectacle débute par un blues, je suis content que vous m'y faites penser ! Si vous allez en Mauritanie écouter Dinih Mint Abba, c'est une chanteuse très connue ou alors le Gnawha à Marrakech, le blues est là aussi. Avant même d'aller à Chicago et à John Lee Hooker. C'est si proche, d'un idiome à l'autre il n'y a qu'un pas. Une simple histoire de langage et de temps. Un problème de chronologie. La musique est toujours la même affaire. Comme je l'ai déjà dit, une seule chanson peut contenir une myriade de nos expériences. Par exemple les deux gars de Portishead viennent d'endroits complètement différents, vous voyez ? Le batteur vient de travailler avec Roni Size. Le drums & basses entre autres choses. Il s'y retrouve aussi bien avec les rythmes africains. Certains jours nous arrivons à développer quelque chose de fantastique alors que d'autres fois il faut faire très attention parce qu'on ne sait pas ce qui peut arriver au milieu d'un titre. C'est assez rafraîchissant.

Y a-t-il encore des endroits que vous souhaitez explorer musicalement après la Mauritanie, l'Estonie ?

C'est surtout une question de chance. L'Estonie était juste un lieu de passage, nous n'en avons rien emporté musicalement. Ces petits concerts me permettent de voyager dans des endroits où je ne serais pas allé habituellement. Les conséquence sur ma musique sont les mêmes qu'en 1995 lorsque je travaillais avec Jimmy au Maroc. Je suis conscient de disposer d'un plus grand échantillon de sonorités mais je ne propose rien de plus, à part quelques mauvaises blagues !

Quel est votre concept actuel : est-ce un compromis entre ce que vous voulez faire et ce à quoi vos fans s'attendent ?

Pas du tout. Les chansons du Led Zeppelin sont reprises à l'identique. J'aimerais en reprendre quelques uns en plus mais je me limite à 3,4 par soir ; ça suffit. Si je fais cette tournée, c'est pour pouvoir jouer les autres chansons. On reprend des titres d'Arthur Lee de Love et d'autres choses qui m'intéressent. S'il était nécessaire de faire du Led Zeppelin, je serais ici avec Jimmy Page et cela serait complètement différent.

 

 
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le 14 août 2001 à la Foire aux Vins de Colmar

Propos recueillis par Jean-Luc & Eric MULLER

 

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