Rosedale
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Nda : De retour avec un nouvel album, « Wide Awake » (label Dixiefrog), le groupe Rosedale ne fait déjà plus office de figure montante sur la scène blues actuelle. Il faut dire que le quintet (constitué par la chanteuse Amandyn Roses, le guitariste Charlie Fabert, le bassiste Phil Sissler, le batteur Denis Palatin et l’organiste Séraphin Palmeri) s’est forgé une solide expérience en un peu plus de deux ans d’existence. Avec brio, il a su se démarquer sur les scènes de quelques uns des festivals les plus en vue, gagnant au passage un solide et conséquent noyau d’admirateurs. Proposant des compositions ciselées avec soin, le combo allie toujours une bonne dose de rock à son blues mais prend aussi des risques maitrisés lorsqu’il y adjoint une touche de funk voire même de rythmique cubaine (comme le démontre la chanson « How in the world (Did you believe) »). Des couleurs nouvelles agrémentées de textes intelligents qui n’hésitent pas à aborder des sujets délicats, tels que la dépression qui nous rattrape systématiquement alors que nous essayons de la fuir. Il résulte de ces différentes composantes une réussite internationale qui n’impacte en rien l’humilité de ce combo, toujours à l’écoute de l’autre et absorbant avec intelligence les conseils avisés de ses glorieux aînés. Après une première visite à l’émission Route 66 en juin 2017 (voir interview ICI), Rosedale s’est à nouveau déplacé dans notre studio afin d’y livrer (en plus d’une mémorable séquence live) une véritable leçon d’humanité.

Quels sont les faits scéniques les plus marquants, qui ont jalonné votre parcours depuis votre précédente venue dans l’émission en juin 2017 ?
Charlie Fabert : Nous avons eu la chance d’être invités à jouer sur de nombreux beaux festivals. Parmi les premiers qui me viennent en tête figurent le Cognac Blues Passions, ainsi que Guitare en Scène… Pour notre plus grand bonheur, depuis la création du groupe, nous n’avons pas arrêté de tourner. Nous avons, par exemple, fait des premières parties intéressantes (Nanette Workman, Joe Satriani, John Rhino de Status Quo etc.). Il en résulte de belles rencontres et de beaux concerts, aussi bien sur des festivals que dans des clubs. Je n’ai pas un souvenir précis qui se détache en particulier mais, jusqu’à présent, tout s’est excellemment déroulé à 99,99% (rires) !66

Si nous connaissons bien le parcours de Charlie, dont le cursus musical est jalonné par de nombreuses scènes nationales et internationales, nous en savons moins sur l’expérience acquise par Amandyn et Phil durant leurs carrières respectives. Je m’adresse donc à ces deux derniers en leur demandant en quoi ces dernières expériences ont été bénéfiques en ce qui les concerne…
Amandyn Roses : Quand on a la chance de rencontrer des artistes de la trempe de, pour ne citer qu’elle, Nanette Workman on se dit que tout le travail qui a été fait derrière (cela fait 19 ans que je chante, sachant que j’en ferai un jour mon métier) n’a pas été inutile. Lorsqu’on a la possibilité de jouer sur de si belles scènes, il y a toujours des choses à apprendre. Rencontrer des artistes qui jouissent d’une telle aura (bénéficiant de telles carrières et de C.V à rallonge) est particulièrement instructif. De surcroît, ces derniers sont systématiquement dotés d’une grande humilité. Nanette Workman est venue nous saluer alors que nous buvions tranquillement un verre. De notre côté, nous n’osions pas la déranger… Si nous avons la chance de continuer à faire des concerts, j’espère que nous acquerrons la même capacité. Celle de rester tel que nous sommes…
Charlie Fabert : Avant que tu ne cèdes la parole à Phil, j’aimerais préciser que ce dernier était connu dans le milieu du metal puisqu’il était membre d’un groupe qui fait office de référence en la matière. De ce fait, il a tourné en Angleterre ou en Espagne bien avant de nous rejoindre dans cette aventure.
Phil Sissler : En effet, j’ai connu les honneurs d’une tournée française en première partie du groupe Scorpions et une autre en Angleterre (ainsi qu’en Espagne) en ouverture du Michael Schenker Group. Il est vrai que chez ces artistes, on retrouve une forme de simplicité qui va souvent de paire avec le fait qu’ils se produisent à un tel niveau.

Puisque tu n’étais pas parmi nous lors de la précédente venue de Rosedale dans l’émission, peux-tu revenir sur ton cursus musical Phil ?
Phil Sissler : J’ai été membre de plusieurs groupes de la région Alsace et j’ai longuement accompagné le chanteur allemand Enrico Novi. Le toute avant d’être contacté par Matthieu Kleiber, le chanteur de Karelia, dans le but de remplacer le précédent bassiste de ce combo. C’était en 2010 et nous avons rapidement fait cette tournée des Zéniths français en ouverture de Scorpions. La première date s’est déroulée au Galaxie d’Amnéville devant 12.000 spectateurs. Cela demeure un beau souvenir… Ce soir-là, je me suis souvenu de l’adolescent que j’étais qui, à 14 ans, écoutait Scorpions sur son Walkman. Du coup, se retrouver backstage avec Matthias Jabs afin de boire un verre de whisky était plutôt plaisant !

Le groupe est né il y a un peu plus de 2 ans et vous sortez déjà un deuxième opus sans, toutefois, que l’on sente de la précipitation dans son élaboration. Pourquoi avez-vous décidé de donner, aussi rapidement, une suite à « Long Way To Go » ?
Charlie Fabert : Il est vrai que, surtout de nos jours, cela peut sembler rapide. Il ne faut, cependant, pas perdre de vue que des groupes tels que Led Zeppelin (dont je suis un grand fan) pouvaient sortir 3 excellents albums en l’espace de 2 ans. A l’époque, c’était une chose très fréquente… En 2018 (et c’est ce qui est paradoxal), tout va très vite dans notre quotidien grâce à des outils tels qu’internet. Pourtant, les artistes attendent souvent longtemps entre 2 disques. En ce qui nous concerne, un an et demi sépare nos deux albums, ce qui ne me semble pas si court que cela. Dès la sortie de « Long Way To Go », nous avions déjà des idées qui nous trottaient en tête en ce qui concerne la suite à lui donner. Avec Amandyn et Phil, nous étions les seuls à déjà être présents sur le premier album. Notre formation définitive a vue le jour qu’après la sortie de celui-ci. Notre symbiose nous a poussés à sortir quelque chose rapidement. Comme tu le dis, nous ne voulions malgré tout pas précipiter les choses. D’ailleurs, je pense que le résultat final est plutôt posé…

Ce nouveau disque est-il constitué de certains morceaux qui auraient déjà pu apparaitre sur le premier ou sont-ils tous nés entre les deux disques ?
Charlie Fabert : En effet, ils sont nés entre les deux disques. Certaines choses qui étaient prévues pour chacun de ces deux opus ont été mises de côté. Pour l’instant, nous avons la chance de ne pas connaitre le syndrome de la page blanche. Au contraire, nous avons trop d’idées et nous enregistrons un maximum de titres qui nous plaisent. Pour « Wide Awake » nous avons gravé 12 ou 13 chansons, pour n’en retenir que 10 qui nous paraissaient être les plus homogènes et les plus cohérentes. Celles qui correspondaient le plus à l’image que nous voulions donner à cet album.

Avez-vous abordé des sujets inédits, en ce qui vous concerne, sur ce disque ?
Charlie Fabert : On y retrouve beaucoup de choses assez personnelles. Nous y parlons de relations humaines, sur des points précis comme la dépression, l’amour… Il correspond aussi à notre évolution puisqu’avec Amandyn nous arrivons à la trentaine… Du coup, certaines questions commencent à se poser et nous dressons un premier bilan de ce que nous avons fait dans nos vies jusqu’à là…tout en portant une réflexion sur l’avenir.

Plusieurs studios ont été utilisés durant l’enregistrement du disque. En combien d’étape ce dernier a-t-il été réalisé ?
Charlie Fabert : Il y a, en effet, eu plusieurs studios d’utilisés. Le principal est le Downtown Studios situé à Strasbourg. Les autres sont, davantage, liés aux interventions de nos invités (harmoniciste, cuivres, chœurs…). Ce sont ces différents intervenants qui ont fait leurs prises dans d’autres studios. Nous avons souhaité faire participer quelques amis musiciens à ce projet, histoire de faire quelque chose de bien…tous ensemble !

Votre claviériste Séraphin Palmeri a rejoint le groupe après l’enregistrement du disque. C’est pour cette raison que l’on y retrouve un « intérimaire » de luxe en la personne du danois Johan Dalgaard qui est, probablement, l’un des organistes européens les plus demandés. C’est quelqu’un que tu connais depuis longtemps Charlie. Peux-tu revenir sur votre relation ?
Charlie Fabert : Nous avons joué sur de nombreux concerts communs, notamment lorsque nous accompagnions Fred Chapellier. Par conséquent, nous avons également déjà enregistré des albums ensemble. Johan est un bon ami et, comme nous voulions changer de couleur musicale, il a accepté de ce joindre à ce projet alors que nous n’avions pas encore trouvé de remplaçant à Pierre-Alain Goualch. Il a, immédiatement, compris ce que nous voulions obtenir et a réalisé un travail à la fois « monstrueux » et rapide. Honnêtement, nous ne pouvions espérer mieux, tant il s’est investi dans tout ce qu’il a fait sur cet album.

Quelques invités prestigieux viennent agrémenter « Wide Awake », à commencer par l’excellent chanteur-guitariste allemand, Henrik Freischlader. De quelle manière s’est déroulée votre rencontre et comment votre collaboration est-elle née ?
Amandyn Roses : Charlie a eu la chance de rencontrer Henrik il y a quelques années sur un concert. Il a, alors, été impressionné par son talent et sa sympathie… De ce fait, nous souhaitions l’inviter sur un titre de notre nouvel album. « Drifting » était le morceau idéal pour cela et nous avons été touchés qu’il accepte aussi rapidement. Il participera, par ailleurs, à notre release party qui se déroulera le 26 novembre 2018 au New Morning, à Paris (entretien enregistré le 31 octobre, nda).

Henrik est, aussi, un excellent producteur. De ce fait, envisageriez-vous d’à nouveau faire appel à lui dans le futur ?
Charlie Fabert : Nous sommes ouverts à tout et fermés à rien ! Nous verrons ce que l’avenir nous réserve car nous avons pas mal d’autres idées de notre côté. Pour être honnête, nous n’en savons encore rien (rires) !

On retrouve également avec plaisir, sur le morceau « Down the line » le chanteur anglais Paul Cox
avec lequel Charlie a beaucoup travaillé il y a de cela quelques années….

Charlie Fabert : Il y a eu des périodes où, en raison de nos projets respectifs, nous nous sommes un peu perdus de vue. Cependant, nous avons continué à donner occasionnellement des concerts communs…même si nous ne travaillions plus ensemble à « plein temps ». Rosedale est, pour Amandyn et moi-même, un projet personnel qui nous donne l’occasion de rendre la pareille à des copains avec lesquels nous avons envie de partager de bons moments. C’était le cas de Paul qui nous a fait le grand plaisir de venir chanter un morceau en duo, avec Amandyn, sur cet album. Nous avons, également, eu l’occasion de faire une courte tournée en sa compagnie. Ces dates se sont excellemment passées. En fait, ce disque est constitué d’un mélange de musique et d’amitié.

 

Après le grand John Raush de Nashville, une nouvelle équipe technique vous a accompagnés dans l’élaboration de ce projet. Une fois de plus, vous vous êtes adjoint les talents de véritables pointures du son…

Amandyn Roses : En effet… Pour le mix de l’album, nous avons travaillé avec Jared Kvitka qui est basé à Los Angeles. Il a réalisé un travail à la fois formidable et rapide. Etant donné les 9 heures de décalage horaire, c’est surtout Charlie qui était en contact avec lui (rires). Nous le connaissions pour son travail auprès de Joe Bonamassa et Beth Hart (mais aussi Robert Cray, Iron Maiden, John Hiatt, Black Country Communion et certaines musiques de film de Robert Rodriguez ou Quentin Tarantino…). Après avoir écouté nos titres, il a été d’accord pour travailler avec nous. Au final, cela s’est fait tout simplement.

Charlie Fabert : C’est quelqu’un qui a obtenu un Grammy Award pour son travail. De ce fait, nous sommes vraiment honorés qu’il ait souhaité s’investir dans ce projet. Des mecs comme lui ont l’habitude de travailler sur des productions énormes. Ne bénéficiant pas de tels moyens, nous savons qu’il a collaboré avec nous par amour de la musique en ayant envie de nous « filer » un coup de main. Malgré une « dead line » très serrée il s’est « arraché » pour le mix et pour nous mettre en relation avec Piper Payne (qui s’est chargée du mastering à Oakland). De plus, il n’a vraiment pas compté ses heures pour nous aider…

 

Votre assise européenne est amenée à se renforcer dans l’avenir. Vous avez déjà donné des concerts dans des pays germaniques mais aussi en Hollande. D’ailleurs, pour la partie internationale, vous travaillez avec Florence Miller Agency et, pour la France, avec Chazaud Productions. Pouvez-vous revenir sur ce « cocon familial » qui se forme autour de vous ?

Amandy Roses : Nous avons commencé à travailler avec Florence Miller (de Florence Miller Agency) qui, à la base, avait déjà signé 4 artistes. Elle n’en souhaitait pas davantage, afin de concentrer au mieux son travail sur ces derniers. Nous lui avons donc écrit sans trop d’espoir… Il s’est trouvé qu’elle a eu un coup de cœur et qu’elle nous a demandé de la rappeler dans les plus brefs délais. Nous avons longuement discuté et, après nous avoir vus en live, elle a décidé de nous signer malgré tout. Elle travaille énormément (jour et nuit) et reste à notre écoute. En ce qui concerne la France, nous avons le plaisir de collaborer avec Cédric Chazaud. Là aussi, tout se passe très bien. Nous avons la chance d’avoir une équipe solide à nos côtés, une équipe en laquelle nous pouvons avoir confiance. Il n’y a pas de place pour le reste (rires) !

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Interview réalisée au
Studio RDL - Colmar
le 31 octobre 2018

Propos recueillis par

David BAERST

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