Rosie Ledet
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

 

Rosie, tu es l’ambassadrice d’un nouveau style de zydeco. Tu fais entrer cette musique, trop peu connue en France, de plain-pied dans le XXIème siècle. Peux-tu revenir sur ton parcours, qui t’a déjà permis d’acquérir une belle notoriété?
Je suis originaire d’une petite ville de Louisiane qui s’appelle Church Point…
J’étais très jeune lorsque j’ai été sensibilisée à la musique.
Comme tous les adolescents de ma génération, c’est le rock qui avait ma préférence, une musique dont je m’inspire toujours beaucoup. D’un autre côté, j’ai ressenti un véritable coup de foudre pour le zydeco en me rendant dans un club nommé « Richard’s ». rosie ledet
C’est un endroit incroyable et particulièrement festif, où j’ai commencé à passer tous mes samedis soirs dès l’âge de 16 ans. Il y avait constamment de la musique et les gens dansaient sans discontinuer en l‘écoutant…
C’est là-bas que j’ai rencontré Boozoo Chavis (accordéoniste légendaire de l’histoire du zydeco ayant débuté sa carrière en 1954, il est décédé le 5 mai 2001 à l’âge de 70 ans, nda) qui m’a prise sous sa protection. J’ai eu la chance de jouer à ses côtés à mes tous débuts. C’est au même endroit que j’ai rencontré Morris Ledet (accordéoniste et bassiste) qui est devenu mon mari. Ce dernier m’a réellement appris les rudiments du métier et m’a permis de me perfectionner à l’accordéon.
Ma carrière a pris son envol assez rapidement puisque j’ai signé mon premier album « Sweet Brown Sugar » en 1994 (à l’âge de 23 ans, nda) sur le label Maison de Soul. Depuis, je n’arrête pas d’enregistrer et de faire des tournées.
Mon dernier album en date (le 9ème de sa carrière, nda) s’intitule « Come Get Some » est a été édité par le prestigieux label anglais JSP Records. Il me fait bénéficier d’une large distribution internationale, c’est une excellente chose (rires) !

Avant que tu ne rencontres Morris, y avait-il déjà des musiciens dans ta famille ?
Aussi étrange que cela puisse paraitre, j’étais la seule musicienne de ma cellule familiale.
De manière générale, lorsqu’ils sont poussés par leurs parents, les enfants peuvent débuter la musique à 2 ou 3 ans en Louisiane. Ce n’était pas mon cas…

Quelle est l’appréciation des jeunes aujourd’hui, en Louisiane, vis-à-vis de la musique zydeco ?
La popularité de cette musique n’arrête pas de grandir auprès des jeunes. Ceci parce que des artistes tels moi proposent un nouveau zydeco. Nous ajoutons à la recette traditionnelle de nouveaux ingrédients tels que le R&B, le funk ou le rap. De mon côté je laisse aussi une large place au blues et au rock and roll, qui sont des musiques que j’adore. Ce mélange plait énormément aux jeunes !

Quelles sont tes influences exactes ?
Je suis une véritable « amoureuse » de l’œuvre de Carlos Santana (rires) !
En ce qui concerne le zydeco, c’est le regretté Beau Jocque (1953-1999, nda) qui a ma préférence.
Dans la génération actuelle, je me sens proche de Terrance Simien (un cousin de Rosie, nda) qui a remporté des Grammys pour sa musique qui est assez proche de la mienne. Sinon, je suis une grande admiratrice de tout ce qui touche au blues et au rock and roll !

Quelles sont, selon toi, les différences les plus marquantes entre ton style et celui de tes contemporains ?
Waouh…
Je pense que ma musique est beaucoup plus proche du blues que celle de nombreux autres artistes actuels de zydeco. Il ne faut pas oublier que cette musique vient du blues…
J’essaye aussi de me démarquer en utilisant des instruments moins traditionnels, comme les synthétiseurs, une fuzz bass etc…
Avec mon groupe, The Zydeco Playboys, nous faisons le maximum pour ouvrir notre registre à de nouveaux sons.

Justement, comment définirais-tu la musique que tu pratiques avec ton groupe ?
C’est une musique très éclectique, qui s’articule autour de mes origines puisque je suis une créole de Louisiane.

Tu as enregistré très tôt, t’étais-tu déjà produite professionnellement auparavant ?
En fait je suis professionnelle depuis 1995 (soit un an après la sortie de son premier album, nda)…
Cela commence donc à remonter à loin… A ce rythme, je vais me retrouver grand-mère sans m’en rendre compte (rires prolongés) !

De manière générale, comment se porte la musique en Louisiane aujourd’hui. Est-ce qu’on y trouve toujours autant de clubs ?
Dans les années 1990, l’activité musicale y était à son sommet… Aujourd’hui elle y est de moindre importance mais demeure très supérieure à ce que l’on peut retrouver partout ailleurs. Il y a une chose qui est très positive… Il s’agit de l’engouement des jeunes. Il n’est pas rare de voir des adolescents de 13 ou 14 ans se produire dans des groupes de zydeco. Il y a un mouvement de leur part qui est très intéressant, il y a une vraie relève. Cela devrait pérenniser la musique que nous aimons pour un bon moment !

Est-ce la première fois que tu viens donner des concerts en France ?
Oui et je suis vraiment très excitée à cette idée. J’attends vraiment impatiemment de monter sur scène tout à l’heure !

En tout cas, il y a beaucoup de monde autour de toi. Tu sembles très bien représentée…
Oui, je peux compter sur une équipe soudée qui me soutient parfaitement…
Je travaille avec une agence de booking qui s’appelle Piedmont Talent. Elle se situe à Charlotte en Caroline du Nord. Il y a également toute l’équipe du label qui est à mes côtés, j‘ai beaucoup de chances…

Quels sont les espoirs que tu portes en l’avenir ?
Je souhaite faire connaitre le zydeco à un maximum de personnes. Qu’elles s’y intéressent et qu’elles cherchent à découvrir d’autres artistes par la suite. J’espère aussi qu’il y aura plus de filles qui se lanceront professionnellement dans le futur. Actuellement, nous sommes vraiment très peu nombreuses dans le zydeco. J’en encourage un maximum à débuter dans ce registre.

As-tu une conclusion à ajouter ?
Je tiens simplement à dire ceci à tes auditeurs et lecteurs : « Si vous avez la chance de voir Rosie Ledet & The Zydeco Playboys, vous êtes garantis de passer un très bon moment ! » (rires) !

http://www.rosieledet.net

Remerciements : Sophie Louvet et Christine Filippi (service de presse du Cognac Blues Passions), Denis Leblond (Tempo Spectacles), Bruno Migliano pour les photos.

 

 

 
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rosieledet.net

Interview réalisée au
Cognac Blues Passions
le 4 juillet 2012

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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