Roy Hargrove
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST
Pour toi, qu'est ce que le groove actuellement ?
Le groove c'est quelque chose d'universel qui vous fait bouger et aller de l'avant. Le groove vous prend au corps….

Y a t-il aussi un côté spirituel ?
Effectivement et l'aspect spirituel est le sentiment que tu perçois lorsque tu entends ces sons là.

Quelles sont tes influences ?
Mes influences sont diverses ; Clifford Brown, Dizzy Gillepsie, Miles Davis, Louis Armstrong et pas mal de trompettistes. Il y a aussi des grands saxophonistes ; John Coltrane, Dexter Gordon, Charlie Parker etc….

Parmi les batteurs Art Blakey, Kenny Clarke, Buddy Rich, Alvin Jones et tant d'autres. J'aime beaucoup les artistes de la période be-bop.

Dans les années 70, beaucoup de musiciens de jazz se sont orientés vers le rock. Aujourd'hui, tu fais partie de ceux qui s'inspirent des musiques afro-américaines au sens large. Qu'est ce qui te pousse vers ce choix ?
Nous vivons aujourd'hui une époque d'informations où il suffit d'appuyer sur un bouton pour avoir accès au monde entier et à tout ce qui existe. Aussi pour moi, il est important en tant que musicien de ne pas se cantonner dans un style particulier mais de s'ouvrir vers toutes les possibilités.
Cependant il est aussi important pour moi de garder comme base le jazz car c'est une musique où on vous apprend à jouer spontanément. C'est une musique d'improvisation.

On me demande souvent pourquoi je joue du jazz car tout a été fait dans ce domaine. Ce que je réponds, c'est que lorsque tu joues du jazz - quelque soit le style - c'est quelque chose qui se passe sur le moment. La musique reste toujours fraîche même si tu joues un morceau qui a été enregistré des milliers de fois. A partir du moment où c'est toi qui le joues avec ton état d'esprit du moment, c'est toujours frais.

Avec les générations nouvelles qui arrivent, il y a un autre aspect de la musique qui est celui de rendre hommage aux " anciens ". Si vous écoutez la musique telle qu'elle se fait aujourd'hui ; avec l'électronique et les samples vous pouvez entendre deux mesures qui reviennent et vous dire que cette musique vous plait car il y a quelque chose de familier dedans. C'est souvent des mesures de jazz qui sont très bien camouflées. C'est un hommage aux pionniers.

Etant donné que tu es jeune, qu'est ce qui t'a poussé à t'orienter vers le jazz plutôt qu'une autre musique ?
En fait j'ai fais les deux car, par exemple, si tu viens du Texas, tu es obligé de faire du rythm and blues pour vivre de la musique. Pour moi, jouer du jazz est un vrai défi. La première fois que j'ai entendu Clifford Brown, j'ai réalisé à quel point il y avait une plus grande profondeur dans le jazz.

Comment est-ce que tu abordes les ruptures entre tes albums à cordes et tes disques plus traditionnels ?
Cela se passe à deux niveaux. Dans un premier temps, pour mon label, Verve, chaque album doit être un événement.
Dans un deuxième temps et à un niveau plus personnel, en tant que musicien, j'avais toujours eu envie de faire un album de ballades qui serait un hommage au trompettiste Clifford Brown.

Je trouvais qu'y ajouter des cordes comme l'avait fait dans le passé Chet Baker rendait les ballades encore plus belles. De surcroît, grâce à l'apport des musiciens, les arrangements de ces disques ont été particulièrement soignés.

Cela avait été la même chose avec mon album de jazz latino qui reprenait un concept déjà utilisé auparavant. De notre côté nous avions joué à Cuba et nous avons ramené des musiciens de là-bas. J'ai souvent entendu des musiciens dire qu'ils essayaient de reproduire sur disque ce qu'ils entendaient dans la tête. C'est ce que j'ai essayé de faire sur mon album funk.
C'est une question d'envie et de choses que l'on a en soit que l'on veut sortir à un moment donné.

Quelle place accordes-tu à la voix dans ton œuvre ?
Quand on joue de la musique comme du funk ou de la soul, à un moment donné il faut qu'il y ai quelqu'un qui chante.

J'ai fais, de ce fait, mon dernier album avec de nombreux chanteurs de la scène R&B actuelle comme Erika Badhu avec laquelle j'étais à l'école. A cette époque elle écrivait des poèmes, dansait et je n'ai découvert que beaucoup plus tard qu'elle chantait.

J'ai une anecdote à son sujet ; un jour je rentrais chez moi pour une fête des anciens de l'école où j'ai revu Erika, elle m'a fait écouter une cassette sur laquelle elle jouait avec 2 cousins qui faisaient du rap. J'ai trouvé ça super et juste après elle est devenue une grande star.

Il est très facile de travailler avec certains chanteurs et beaucoup moins avec d'autres, cependant je suis très satisfait du résultat final.

Remerciements: Un grand merci à toute l'équipe de la société Rémy Martin (et plus particulièrement à Tim Banks) pour la qualité de leur accueil et leur sympathie.


 
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Interview réalisée au Cognac Blues Passions le 29 juillet 2005

Propos recueillis par David BAERST

 

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