Pouvez-vous me parler de la genèse du groupe,
depuis quand existez-vous ?
Greenbullet (chanteur / harmoniciste): Le groupe a été
fondé à la fin de l'année 1998, suite à une
rencontre entre Jacker (guitariste) et moi-même. A l'époque,
il faisait partie du groupe Eugène Kradoc qui rendait hommage
à Gene Vincent. Comme je connaissais un bassiste et un batteur, nous
avons décidé de remonter un combo, uniquement pour le fun,
avec un répertoire très inspiré, au départ,
par celui de Dr Feelgood. De fil en aiguille nous avons usé beaucoup
de bassistes...
Nous avions Toma, ici présent, dans le rétroviseur depuis
longtemps et nous avons dû nous immoler au moins 15 fois devant chez
lui pour qu'il daigne jouer avec nous. Ce qu'il a fini par faire...
Notre batteur d'origine étant parti vivre en Bretagne nous en avons
cherché un autre, après plusieurs essais infructueux, nous
avons supplié El Professor Villatte afin qu'il vienne s'adjoindre
à cette histoire.
Nous sommes à nouveau sur la route depuis un an et avec plein de
projets dans tous les sens.
Si vous êtes catalogués comme un
groupe de Pub Rock, vous avez tous des influences diverses. Quelles sont-elles
?
El Professor Villatte (batteur): Moi je viens du Blues puisque,
avant de jouer avec les Shaggy Dogs, j'accompagnais Pascal Swampini
avec lequel j'ai enregistré deux albums.
Je suis donc l'élément le plus "Blues" du groupe
mais nous avons toujours été branchés sur les mêmes
musiques. Le problème des influences ne s'est pas posé dans
ce groupe, nous sommes tous sur la même longueur d'ondes depuis
le début, même si certains sont un peu plus "Rock"
que d'autres. Nous pratiquons un Pub Rock au sens large avec des reprises
et des compos et nous nous éclatons vraiment.
Quels sont les morceaux qui constituaient vos
sets à vos débuts ?
Greenbullet: Comme je te le disais au début, nous avons
monté ce groupe au départ pour nous faire plaisir. Ce qui
nous plaisait alors, c'était de faire du Dr Feelgood. Aussi nous
avions une quarantaine de titres de ce groupe à notre répertoire
plus peut être 2 ou 3 autres. Par la suite nous avons incorporé
des morceaux "Garage" de groupes obscurs.
Plutôt que de reprendre 15.000 fois les mêmes titres que
les autres groupes nous avons décidé de personnaliser notre
set. Si nous restons dans la famille Pub Rock tu te rendras compte par
toi même, si tu viens nous voir ce soir, que nous faisons aussi
des reprises qui sont rarement jouées par des groupes de Pub Rock.
Nous voulions ajouter notre "patte" à l'histoire.
El Professor Villatte: Avant ils faisaient du Pub Rock et maintenant
nous jouons dans les Pubs, c'est un peu près la seule différence
(rires).
Toma (bassiste): Dans le répertoire actuel il y a de plus
en plus de Rythm & Blues noir américain, c'est plus nuancé
qu'avant.
Pourquoi avez-vous décidé de sortir
un "Live" dès le deuxième album ?
Jacker (guitariste): C'est parce que la musique que nous faisons
se joue dans les bars. Nous nous sommes rendu compte que nous avions enregistré
quasiment tout notre premier album dans des conditions "live"
dans le studio. En une journée toutes les prises avaient été
faites pour les instruments et en une journée de plus nous avons
collé le reste, à savoir le chant et les choeurs. Nous nous
sommes aperçu qu'il se passait vraiment quelque chose avec notre
public et nous avons voulu capter cela.
El Professor Villatte: Le jour de l'enregistrement, c'était
mon sixième concert avec eux, super souvenir (rires).
Vous êtes assez peu nombreux à représenter
ce genre musical en France, existe-t-il une connexion avec des groupes
tels que les Classic and Troubles ?
Greenbullet: Tout à fait et il vaut mieux qu'il y ait cette
connexion car nous sommes, comme tu le disais, peu de groupes à
représenter cette musique. Donc il vaut mieux nous serrer les coudes
plutôt que de nous mettre des bâtons dans les roues. Nous
sommes assez potes avec les Double Stone Washed, les Medecin'e et les
Classic and Troubles.
Ceci dit la personne qui reste notre maître à penser, en
ce qui concerne la philosophie de la route, c'est Little Bob qui nous
regarde de chez lui et qui aime bien tous ces groupes là.
A chaque fois qu'il a l'occasion de nous donner un coup de pouce, en nous
citant ou en nous invitant en première partie, il le fait.
Nous sommes tous solidaires les uns envers les autres tout en gardant
nos étiquettes respectives, avec un son et une démarche
qui nous soient propres.
Cela se concrétise comment, vous échangez
des plans concernant les salles et les Festivals ?
Greenbullet: Je vais être concret, ce week-end j'ai laissé
un paquet d'affiches à Medecin'e pour qu'ils les déposent
dans un club dans lequel nous allons jouer prochainement. Avec les Double
stone Washed c'est pareil. Par exemple nous organisons ensemble un Festival
de Pub Rock à Beauvais. Nous essayons vraiment de collaborer, si
nous n'avons encore rien fait avec les Classic and Troubles, cela ne saurait
tarder.
El Professor Villatte: Oui ils essayent les bières et nous
disent où elle sont bonnes. Alors nous y allons (rires).
Les lieux dans lesquels vous vous produisez ne
connaissent pas trop de problèmes au niveau des restrictions actuelles
?
Toma: Nous jouons très peu à Paris car il y a de
moins en moins d'endroits pour notre musique. Ceci dit en faisant 50 ou
100 kilomètres nous arrivons à trouver des lieus sympas
où l'accueil est chaleureux.
El Professor Villatte: Nous jouons beaucoup, en fait, dans le nord
de la France .
Jacker: Oui, il y a une vraie culture de clubs et le public y est
soudé, nous y trouvons des couleurs particulières.
El Professor Villatte: Les gens du nord ont dans leurs coeurs le
soleil qu'ils n'ont pas... dehors !
Greenbullet: Nous avons aussi de bonnes relations avec un groupe
hollandais et un groupe polonais. Nous échangeons des adresses
et ainsi nous nous produisons parfois en Hollande et prochainement en
Pologne. Nous allons faire la même chose avec un groupe suédois
au mois de février 2007.
El Professor Villatte: Si nous continuons vers l'est, nous nous
sommes promis de jouer un jour au Japon !
Greenbullet: En disant cela il ne rigole qu'à moitié
car notre album est en passe de sortir sur un label au Japon. Reste à
financer le voyage, mais plus les projets sont fous plus nous trouvons
des solutions pour les réaliser.
Vous vous êtes toujours autoproduits, avez-vous
des contacts qui pourraient aboutir avec des labels français ?
Greenbullet: Nous avons fait le choix de conserver nos métiers
respectifs. Donc nous ne sommes sur la route que le week-end, d'où
le peu d'intérêt, pour un label, de signer une licence avec
nous.
Pour être en distribution il faut vendre des disques et pour vendre
des disques il faut être sur la route toute la journée. C'est
pour cela que, pour le moment, nous préférons vendre nos
disques après les concerts.
Toma: Il est aussi possible de les acheter sur notre site internet,
ainsi que tous les produits dérivés.
El Professor Villatte: Cela nous laisse une vraie liberté.
A notre niveau, rester en autoprod c'est être libre. Nous ne faisons
ça que pour le fun et les bonnes expériences. Nous n'avons
pas de raison de changer pour le moment.
Quels sont les amateurs de musique qui constituent
votre public ?
El Professor Villatte: c'est comme Tintin, de 7 à 77 ans,
hommes et femmes. Les gens sont sensibles à l'énergie, ils
s'en foutent de ce que tu joues, ils veulent des gens qui mouillent leurs
chemises. C'est comme cela que ça se passe dans les pubs et dans
le genre nous ne sommes pas trop mauvais.
Greenbullet: Il y a autant de puristes que de novices. Ce sont
ces derniers qui nous intéressent le plus lorsqu'ils sortent plutôt
que de regarder la télévision. Nous gardons d'excellents
souvenirs de rencontres avec ces gens qui parfois étaient un peu
dans les clubs par hasard.
El Professor Villatte: Parfois ils se retrouvent à aboyer
avec les Shaggy Dogs, quand le public aboie le concert est réussi!
Jacker: Quand ils marchent à 4 pattes par terre, c'est le
top (rires).
Outre les concerts, avez-vous de nouveaux projets,
travaillez-vous déjà sur des compositions ?
Greenbullet: La prochaine étape est un album de compos.
Sur le live qui vient de sortir il y en a 3 ou 4 qui, parait-il, tiennent
la route. Notre vraie fierté serait de réussir ce pari en
faisant de bons textes et en créant de bonnes ambiances. Nous y
travaillons d'arrache pied et nous sommes proches du but avec, à
ce jour, 13 ou 14 nouveaux titres. Nous espérons enregistrer à
la fin de l'année.
En conclusion avez-vous autre chose à ajouter,
sur la situation des groupes tels que les vôtres par exemple ?
El Professor Villatte: Internet est très important pour
nous en nous permettant de vendre disques et t-shirts, nous pouvons nous
débrouiller seuls et cette liberté n'a pas de prix.
C'est une révolution qui nous permet aussi de faire notre publicité
et de trouver des dates de concerts, nous n'avons plus besoin de maison
de disques aujourd'hui...
Toma: Cela va même, peut être, peser sur nos enregistrements
de la fin de l'année. Ils sortiront peut être en cd ou peut
être en téléchargement gratuit ou payant.
El Professor Villatte: Que les maisons de disques aient peur de
ne plus vendre de cd, c'est leur problème. Nous cela ne nous fait
pas peur du tout. Nous n'avons jamais autant joué, eu de public
etc...
Toma: La vente à grande échelle est un accident dans
l'histoire du disque. Il y a 50 ans, plein de gens vivaient de la musique
sans faire de disques et ça ne posait pas de problème. Il
n'y a pas de raison que cela s'arrête.
Outre la musique, vous vous attachez à
l'imagerie du Pub Rock, fringues etc... ?
El Professor Villatte: Il faut savoir que je joue avec des alcooliques,
donc on joue dans les pubs, il n'y a pas de problème ! Sinon, en
effet, on se fringue, surtout Jacker.
Jacker: Oui nous nous faisons beaux, c'est aussi une question de
respect vis à vis du public. Nous mettons les vêtements du
dimanche pour jouer, pas de jean's - baskets.
El Professor Villatte: J'avais essayé le jogging jaune mais
ils m'ont jeté (rires)!
Greenbullet: Nous sommes très sensibles au côté
"spectacle", un de mes premiers concerts auquel j'ai assisté
avec mon grand frère était KISS. J'y ai vu un show avec
des gens maquillés sur scène et ce goût du spectacle
est resté en moi. Qu'il y ait 10 ou 1000 spectateurs, c'est la
même chose pour nous, on se transforme.
El Professor Villatte: Quoiqu'il en soit nous jouons pour les gens
et nous voulons leur offrir un vrai spectacle.
Avez-vous déjà ouvert pour des groupes
connus, comme les Inmates ou les Dr Feelgood et eu des retours de leur
part ?
Greenbullet: Oui nous avons ouvert pour tous nos "grands frères",
Dr Feelgood, les Yardbirds, Nine Below Zero, Little Bob, les Jesus Volt...
Les Dr Feelgood ont félicité Jacker pour son son à
la guitare.
Jacker: Tout le staff des Yardbirds est venu nous voir aussi. Ils
nous ont dit que nous représentions le "vrai Rock'n'Roll des
origines"...
Toma: Nous attendons de voir ce que les Pirates vont nous dire
à Béthunes.
El Professor Villatte: S'ils nous disent rien, qu'est-ce qu'on
fait (rires)...
Greenbullet: Il ne nous reste plus qu'à ouvrir pour les
Pretty Things et Wilko Johnson, pour ce dernier nous sommes en bonne voie
pour le faire en novembre.
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