Shaggy Dogs
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST


Pouvez-vous me parler de la genèse du groupe, depuis quand existez-vous ?
Greenbullet (chanteur / harmoniciste): Le groupe a été fondé à la fin de l'année 1998, suite à une rencontre entre Jacker (guitariste) et moi-même. A l'époque, il faisait partie du groupe Eugène Kradoc qui rendait hommage à Gene Vincent. Comme je connaissais un bassiste et un batteur, nous avons décidé de remonter un combo, uniquement pour le fun, avec un répertoire très inspiré, au départ, par celui de Dr Feelgood. De fil en aiguille nous avons usé beaucoup de bassistes...

Nous avions Toma, ici présent, dans le rétroviseur depuis longtemps et nous avons dû nous immoler au moins 15 fois devant chez lui pour qu'il daigne jouer avec nous. Ce qu'il a fini par faire...
Notre batteur d'origine étant parti vivre en Bretagne nous en avons cherché un autre, après plusieurs essais infructueux, nous avons supplié El Professor Villatte afin qu'il vienne s'adjoindre à cette histoire.
Nous sommes à nouveau sur la route depuis un an et avec plein de projets dans tous les sens.

Si vous êtes catalogués comme un groupe de Pub Rock, vous avez tous des influences diverses. Quelles sont-elles ?
El Professor Villatte (batteur): Moi je viens du Blues puisque, avant de jouer avec les Shaggy Dogs, j'accompagnais Pascal Swampini avec lequel j'ai enregistré deux albums.
Je suis donc l'élément le plus "Blues" du groupe mais nous avons toujours été branchés sur les mêmes musiques. Le problème des influences ne s'est pas posé dans ce groupe, nous sommes tous sur la même longueur d'ondes depuis le début, même si certains sont un peu plus "Rock" que d'autres. Nous pratiquons un Pub Rock au sens large avec des reprises et des compos et nous nous éclatons vraiment.

Quels sont les morceaux qui constituaient vos sets à vos débuts ?
Greenbullet: Comme je te le disais au début, nous avons monté ce groupe au départ pour nous faire plaisir. Ce qui nous plaisait alors, c'était de faire du Dr Feelgood. Aussi nous avions une quarantaine de titres de ce groupe à notre répertoire plus peut être 2 ou 3 autres. Par la suite nous avons incorporé des morceaux "Garage" de groupes obscurs.

Plutôt que de reprendre 15.000 fois les mêmes titres que les autres groupes nous avons décidé de personnaliser notre set. Si nous restons dans la famille Pub Rock tu te rendras compte par toi même, si tu viens nous voir ce soir, que nous faisons aussi des reprises qui sont rarement jouées par des groupes de Pub Rock. Nous voulions ajouter notre "patte" à l'histoire.

El Professor Villatte: Avant ils faisaient du Pub Rock et maintenant nous jouons dans les Pubs, c'est un peu près la seule différence (rires).

Toma (bassiste): Dans le répertoire actuel il y a de plus en plus de Rythm & Blues noir américain, c'est plus nuancé qu'avant.

Pourquoi avez-vous décidé de sortir un "Live" dès le deuxième album ?
Jacker (guitariste): C'est parce que la musique que nous faisons se joue dans les bars. Nous nous sommes rendu compte que nous avions enregistré quasiment tout notre premier album dans des conditions "live" dans le studio. En une journée toutes les prises avaient été faites pour les instruments et en une journée de plus nous avons collé le reste, à savoir le chant et les choeurs. Nous nous sommes aperçu qu'il se passait vraiment quelque chose avec notre public et nous avons voulu capter cela.

El Professor Villatte: Le jour de l'enregistrement, c'était mon sixième concert avec eux, super souvenir (rires).

Vous êtes assez peu nombreux à représenter ce genre musical en France, existe-t-il une connexion avec des groupes tels que les Classic and Troubles ?
Greenbullet: Tout à fait et il vaut mieux qu'il y ait cette connexion car nous sommes, comme tu le disais, peu de groupes à représenter cette musique. Donc il vaut mieux nous serrer les coudes plutôt que de nous mettre des bâtons dans les roues. Nous sommes assez potes avec les Double Stone Washed, les Medecin'e et les Classic and Troubles.
Ceci dit la personne qui reste notre maître à penser, en ce qui concerne la philosophie de la route, c'est Little Bob qui nous regarde de chez lui et qui aime bien tous ces groupes là.
A chaque fois qu'il a l'occasion de nous donner un coup de pouce, en nous citant ou en nous invitant en première partie, il le fait.
Nous sommes tous solidaires les uns envers les autres tout en gardant nos étiquettes respectives, avec un son et une démarche qui nous soient propres.

Cela se concrétise comment, vous échangez des plans concernant les salles et les Festivals ?
Greenbullet: Je vais être concret, ce week-end j'ai laissé un paquet d'affiches à Medecin'e pour qu'ils les déposent dans un club dans lequel nous allons jouer prochainement. Avec les Double stone Washed c'est pareil. Par exemple nous organisons ensemble un Festival de Pub Rock à Beauvais. Nous essayons vraiment de collaborer, si nous n'avons encore rien fait avec les Classic and Troubles, cela ne saurait tarder.

El Professor Villatte: Oui ils essayent les bières et nous disent où elle sont bonnes. Alors nous y allons (rires).

Les lieux dans lesquels vous vous produisez ne connaissent pas trop de problèmes au niveau des restrictions actuelles ?
Toma: Nous jouons très peu à Paris car il y a de moins en moins d'endroits pour notre musique. Ceci dit en faisant 50 ou 100 kilomètres nous arrivons à trouver des lieus sympas où l'accueil est chaleureux.

El Professor Villatte: Nous jouons beaucoup, en fait, dans le nord de la France .

Jacker: Oui, il y a une vraie culture de clubs et le public y est soudé, nous y trouvons des couleurs particulières.

El Professor Villatte: Les gens du nord ont dans leurs coeurs le soleil qu'ils n'ont pas... dehors !

Greenbullet: Nous avons aussi de bonnes relations avec un groupe hollandais et un groupe polonais. Nous échangeons des adresses et ainsi nous nous produisons parfois en Hollande et prochainement en Pologne. Nous allons faire la même chose avec un groupe suédois au mois de février 2007.

El Professor Villatte: Si nous continuons vers l'est, nous nous sommes promis de jouer un jour au Japon !

Greenbullet: En disant cela il ne rigole qu'à moitié car notre album est en passe de sortir sur un label au Japon. Reste à financer le voyage, mais plus les projets sont fous plus nous trouvons des solutions pour les réaliser.

Vous vous êtes toujours autoproduits, avez-vous des contacts qui pourraient aboutir avec des labels français ?
Greenbullet: Nous avons fait le choix de conserver nos métiers respectifs. Donc nous ne sommes sur la route que le week-end, d'où le peu d'intérêt, pour un label, de signer une licence avec nous.
Pour être en distribution il faut vendre des disques et pour vendre des disques il faut être sur la route toute la journée. C'est pour cela que, pour le moment, nous préférons vendre nos disques après les concerts.

Toma: Il est aussi possible de les acheter sur notre site internet, ainsi que tous les produits dérivés.

El Professor Villatte: Cela nous laisse une vraie liberté. A notre niveau, rester en autoprod c'est être libre. Nous ne faisons ça que pour le fun et les bonnes expériences. Nous n'avons pas de raison de changer pour le moment.

Quels sont les amateurs de musique qui constituent votre public ?
El Professor Villatte: c'est comme Tintin, de 7 à 77 ans, hommes et femmes. Les gens sont sensibles à l'énergie, ils s'en foutent de ce que tu joues, ils veulent des gens qui mouillent leurs chemises. C'est comme cela que ça se passe dans les pubs et dans le genre nous ne sommes pas trop mauvais.

Greenbullet: Il y a autant de puristes que de novices. Ce sont ces derniers qui nous intéressent le plus lorsqu'ils sortent plutôt que de regarder la télévision. Nous gardons d'excellents souvenirs de rencontres avec ces gens qui parfois étaient un peu dans les clubs par hasard.

El Professor Villatte: Parfois ils se retrouvent à aboyer avec les Shaggy Dogs, quand le public aboie le concert est réussi!

Jacker: Quand ils marchent à 4 pattes par terre, c'est le top (rires).

Outre les concerts, avez-vous de nouveaux projets, travaillez-vous déjà sur des compositions ?
Greenbullet: La prochaine étape est un album de compos. Sur le live qui vient de sortir il y en a 3 ou 4 qui, parait-il, tiennent la route. Notre vraie fierté serait de réussir ce pari en faisant de bons textes et en créant de bonnes ambiances. Nous y travaillons d'arrache pied et nous sommes proches du but avec, à ce jour, 13 ou 14 nouveaux titres. Nous espérons enregistrer à la fin de l'année.

En conclusion avez-vous autre chose à ajouter, sur la situation des groupes tels que les vôtres par exemple ?
El Professor Villatte: Internet est très important pour nous en nous permettant de vendre disques et t-shirts, nous pouvons nous débrouiller seuls et cette liberté n'a pas de prix.
C'est une révolution qui nous permet aussi de faire notre publicité et de trouver des dates de concerts, nous n'avons plus besoin de maison de disques aujourd'hui...

Toma: Cela va même, peut être, peser sur nos enregistrements de la fin de l'année. Ils sortiront peut être en cd ou peut être en téléchargement gratuit ou payant.

El Professor Villatte: Que les maisons de disques aient peur de ne plus vendre de cd, c'est leur problème. Nous cela ne nous fait pas peur du tout. Nous n'avons jamais autant joué, eu de public etc...

Toma: La vente à grande échelle est un accident dans l'histoire du disque. Il y a 50 ans, plein de gens vivaient de la musique sans faire de disques et ça ne posait pas de problème. Il n'y a pas de raison que cela s'arrête.

Outre la musique, vous vous attachez à l'imagerie du Pub Rock, fringues etc... ?
El Professor Villatte: Il faut savoir que je joue avec des alcooliques, donc on joue dans les pubs, il n'y a pas de problème ! Sinon, en effet, on se fringue, surtout Jacker.

Jacker: Oui nous nous faisons beaux, c'est aussi une question de respect vis à vis du public. Nous mettons les vêtements du dimanche pour jouer, pas de jean's - baskets.

El Professor Villatte: J'avais essayé le jogging jaune mais ils m'ont jeté (rires)!

Greenbullet: Nous sommes très sensibles au côté "spectacle", un de mes premiers concerts auquel j'ai assisté avec mon grand frère était KISS. J'y ai vu un show avec des gens maquillés sur scène et ce goût du spectacle est resté en moi. Qu'il y ait 10 ou 1000 spectateurs, c'est la même chose pour nous, on se transforme.

El Professor Villatte: Quoiqu'il en soit nous jouons pour les gens et nous voulons leur offrir un vrai spectacle.

Avez-vous déjà ouvert pour des groupes connus, comme les Inmates ou les Dr Feelgood et eu des retours de leur part ?
Greenbullet: Oui nous avons ouvert pour tous nos "grands frères", Dr Feelgood, les Yardbirds, Nine Below Zero, Little Bob, les Jesus Volt...
Les Dr Feelgood ont félicité Jacker pour son son à la guitare.

Jacker: Tout le staff des Yardbirds est venu nous voir aussi. Ils nous ont dit que nous représentions le "vrai Rock'n'Roll des origines"...

Toma: Nous attendons de voir ce que les Pirates vont nous dire à Béthunes.

El Professor Villatte: S'ils nous disent rien, qu'est-ce qu'on fait (rires)...

Greenbullet: Il ne nous reste plus qu'à ouvrir pour les Pretty Things et Wilko Johnson, pour ce dernier nous sommes en bonne voie pour le faire en novembre.

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Interview réalisée au Cognac Blues Passions le 28 Juillet 2006

Propos recueillis par David BAERST

 

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