Shane Murphy
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Shane, afin de débuter cet entretien, peux-tu te présenter et me parler de tes origines ?
Je viens de Montréal, Québec, au Canada. Je suis un artiste dont je qualifie le style de « post-funk-blues-soul-explosion » (rires) !

De quelle manière es-tu entré dans le monde de la musique, à quel âge as-tu commencé à jouer de la guitare et pourquoi as-tu ressenti un tel engouement pour cet instrument ?
J’ai commencé à l’âge de 12 ans…
C’est un de mes cousins qui, un jour, m’a donné une guitare électrique.
J’ai conservé cette dernière, sans en jouer, pendant deux ans. sahen murphy
J’ai été « pris au piège » le jour où il est revenu en me demandant de lui interpréter quelque chose. Me voyant dans l’incapacité de plaquer le moindre accord, il a jugé que cette guitare m’était inutile et qu’il ferait mieux de l’offrir à un autre de mes cousins si je ne m’y mettais pas. Face à cette situation j’ai dit « ok » et je me suis lancé dans l’apprentissage de cet instrument. Puis, j’ai commencé à écouter la musique d’artistes tels que Chuck Berry et Muddy Waters…
Ceci m’a conduit à découvrir Jimi Hendrix, j’avais 15 ans et cela a été un véritable choc pour moi. A partir de là, j’ai décidé de consacrer ma vie à la musique même si je n’imaginais pas encore devenir professionnel un jour. Cependant j’ai rapidement commencé à me produire dans des salles de spectacle et des clubs de Montréal.
J’avais, 17 ans à ce moment là…

Etait-ce déjà sous ton propre nom ou au sein de différents groupes ?
Au départ, je jouais de la basse dans un groupe constitué avec mes cousins. Puis j’ai intégré diverses formations en compagnie d’amis. En fonction du style de ces dernières, je jouais les chansons du Top 40, du punk rock ou du country punk…
A l’âge de 21 ans, j’ai commencé à me produire sous mon propre nom. Je voulais faire mes « choses » et développer mon propre style. Je tenais vraiment à créer mes chansons…
Dans les groupes dont je faisais partie, c’était n’était jamais moi le directeur musical (band leader). Au bout d’un moment je n’arrivais plus à me contenter de cette situation, je voulais être indépendant…
En commençant à faire de la musique sous le nom de Shane Murphy, il devenait impossible de me dicter ce que je devais faire et encore plus de me virer de ma propre formation (rires) !
Cela s’est passé comme cela !

Quels sont les artistes canadiens, de blues et de rock, que tu appréciais le plus à cette époque ?
Je trouve qu’il y a beaucoup de talents au canada…
Ceci ne s’arrête pas au blues, on en trouve aussi dans le funk, le jazz, la pop music etc…
A titre d’exemple, je suis un grand fan de Feist…
Le regretté Jeff Healey avait un talent énorme… Il est, pour moi, tout en haut d’une liste d’une centaine d’artistes que j’apprécie particulièrement, à l’instar de Neil Young…

As-tu eu l’occasion de rencontrer Jeff Healey qui était, également, très apprécié en Europe ?
C’est le premier artiste que j’ai vu en concert alors que j’avais 15 ans. C’était dans un bar de Montréal où il fallait avoir 18 ans au minimum pour pouvoir entrer… J’ai, malgré tout, assisté à ce show. Cela reste pour moi une magnifique expérience.
Je l’ai également vu au Festival de Jazz de Remouski, qui se situe à proximité de la Maritime du Fleuve Saint-Laurent. Il se produisait avec le groupe Jeff Healey’s Jazz Wizards et introduisait du jazz traditionnel et manouche à sa musique. Dans cette configuration, il jouait aussi de la trompette… c’était génial !
C’est la dernière fois que je l’ai vu…
Ce n’était pas une connaissance personnelle, j’étais simplement un fan qui allait assister à des prestations de l’une de ses idoles…

Tes influences sont très diversifiées. Peux-tu me parler de ton propre son, comment pourrais-tu définir la musique que tu pratique aujourd’hui ?
C’est assez difficile à dire…
C’est un mélange dont la base est le blues mais qui reste, malgré tout, assez éloigné du blues électrique contemporain… C’est davantage une fusion avec du reggae, beaucoup de vieux funk de la Nouvelle-Orléans, des titres inspirés par de grands songwriters (Bruce Springsteen, Tom Waits…)…
Je cherche à obtenir un son qui ressemble à ce que ferait Bruce Springsteen s’il se produisait avec les musiciens de James Brown. Ou si Sly & The Family Stone se mélangeait aux Rolling Stones…
Je nomme cela « Sly & The Family Rolling Stones » (rires) !
Je désire faire des chansons qui « groovent » mais avec des paroles plus « matures » que celles que nous avons l’habitude d’entendre traditionnellement dans le funk. Ces dernières sont sympas à entendre la nuit dans les bars lorsque les gens veulent danser, mais je veux aller plus loin…
J’écris aussi des titres plus intimistes destinés à être interprétés uniquement avec la voix et une guitare acoustique. Puis, je suis toujours partant pour construire un titre à partir d’une jam…

Justement, puisque tu parlais de tes textes, peux-tu me dire ce qu’ils évoquent ?
En Europe, nous avons l’impression que tout se passe très bien au Canada, nous n’avons pas forcément conscience des éventuels problèmes de société qui existent dans ce pays.
De ton côté, es-tu revendicatif dans tes propos ?

Oui, j’essaye de l’être…sahen murphy
J’ai mes propres expériences puisque je suis un anglophone (né à Québec) qui vient de Montréal.
Ainsi j’ai constaté qu’il existe, à Montréal, une véritable frontière culturelle entre les anglophones et les francophones. De même, lorsque je fais des concerts à Toronto (par exemple), je ressens des sensations bizarres. Tout ceci parce que je ne viens pas de l’Ontario mais du Québec… C’est vraiment bizarre tu sais…
Sinon je m’inspire de ce que j’ai pu voir dans mon quartier lorsque j’étais enfant ou de ce qu’il a pu m’arriver en allant donner des concerts dans certains bars. J’évoque donc les conditions humaines, les réactions des gens face à la violence, à l’alcool etc…
En voyant certains spectateurs, j’essaye d’imaginer comment ils vivent… C’est de là que me proviennent mes histoires…

Combien de disques as-tu enregistré à ce jour ?
J’ai sorti 3 EP (5 chansons) au Canada. J’ai aussi fait un album entièrement acoustique « West End Plaza » en 2007 puis l’album « Street Money Miracle » qui a été le premier enregistré pour le compte du label Big Fat Truck. J’ai également enregistré deux autres EP au Texas (« Texas Sessions Vol. 1 & 2 ») dans le studio de Willie Nelson, avec le réalisateur canadien Gordie Johnson. Mon prochain album « Dirty Work » en est à la phase mastering.

Arrives-tu à te produire dans tout le Canada ou te cantonnes-tu au Québec ?
A Montréal, il y a beaucoup de bars où les musiciens peuvent jouer.
Ceci dit, c’est principalement bon pour les groupes qui jouent le Top 40 et qui doivent faire 3 sets de 45 minutes chacun… A Montréal on appelle cela un « bar à gigs».
Sinon il y a des salles que l’on peut louer pour y faire nos shows. C’est ainsi dans tout le pays…

Après celle de juin 2011, tu effectues actuellement ta deuxième tournée en France….
(enthousiaste Shane me coupe la parole, nda) Oui, en effet, j’ai déjà joué à Paris, Marseille, Valence, Dijon…
Je garde un grand souvenir de mon concert dans la cours des ducs de Bourgogne… C’était cool d’être dans ce palace (rires) !
J’effectue donc, actuellement, ma deuxième tournée française. Je suis venu sans mon groupe car je donne mes concerts en solo et partage l’affiche avec Steve Hill. C’est toujours un plaisir de se produire dans d’autres pays que le sien. Comme cela c’était très bien passé la dernière fois, je suis particulièrement content d’être de retour en France afin d’y présenter ma musique.

Culturellement parlant, ressens-tu une grande différence entre le public canadien et le public français ?
J’ai constaté que les français attachent beaucoup plus d’importance aux repas par exemple…
Cela est un vrai rituel chez vous, on fait attention à tout ce qui va autour. C’est une chose qui est vraiment ancrée dans votre tradition. Sinon, je trouve que les différences culturelles « tombent » entre le début et la fin d‘une soirée, après avoir bu deux ou trois verres par exemple… Les gens sont simplement des gens…

Est-ce que tu connais la scène musicale française ?
Je connais Johnny Hallyday, Edith Piaf et Serge Gainsbourg.
Sinon, je ne suis pas un très grand connaisseur de la scène musicale française….

Quels sont tes projets ?
Je prépare une tournée afin de promouvoir l’album « Dirty Work ».  En revenant de France, je me produirai dans le sud de l’Ontario (fin avril-mai 2012). C’est une grande région où vivent plus de13 millions de personnes. On peut la comparer au nord est des Etats-Unis (Boston, Chicago…).
Puis je ferai une tournée du côté de Terre-Neuve à la fin de l’été…
Je pense aussi commencer à travailler sur un nouvel album dont j’ai déjà signé quelques compositions.
Ma vie, c’est simplement « keep making records, keep touring & keep living » !

As-tu déjà eu l’occasion de donner des concerts aux Etats-Unis ?
Oui, d’ailleurs j’ai des amis dans l’Ohio. J’ai donc souvent joué dans ce secteur géographique. En 1998, j’ai aussi l’occasion de participer à une « Talent Night At The Apollo Theater » à Harlem…
C’est, définitivement, l’un de mes plus grands souvenirs musicaux… C’était incroyable de se retrouver sur cette scène mythique…
J’aimerais me produire dans d’autres états. Le fait de rencontrer de nouveaux groupes, de nouvelles cultures est quelque chose de tellement enrichissant… Puis, retourner aux racines des musiques que nous aimons est aussi une chose très importante et émouvante. Les expériences vécues par les populations afro-américaines nous ont marqués à tout jamais… L’histoire de ce pays (et des gens qui le constituent) est tout simplement fascinante…

As-tu une conclusion à ajouter à cet entretien ?
Je suis très content d’être de retour en France et j’espère avoir la possibilité de revenir au plus vite.
Ici, il y a beaucoup de gens qui soutiennent les différentes formes d’arts. Les européens ont toujours eu le plus grand respect pour les artistes. Ces derniers en sont conscients, ils vous en sont très reconnaissants.
En effet, on ne peut pas dire que le respect a la même forme aux Etats-Unis ou au Canada.
Merci beaucoup, c’est formidable d’être ici !

Remerciements : Alexandre Alonso

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Interview réalisée au
Caf'Conc d'Ensisheim
le 20 mars 2012

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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