Slim,
par quel biais en es tu venu aux claviers ?
A l'âge de trois ans, ma mère m'avait acheté un petit
piano en bois sur lequel j'arrivais à reproduire les sons de ce que
j'entendais à la radio. Du coup elle s'est dit : " Ca y est
! Un nouveau Mozart ! ". De ce fait vers l'âge de sept ans
j'ai eu droit à mon premier piano. J'ai donc commencé à
travailler, à prendre des cours. Cependant
à l'époque on ne pouvait travailler que sur du " classique
" ce qui m'a un peu dégoûté de l'histoire. De ce
fait j'ai effectué quelques " aller-retour ", soit vers
la guitare, soit vers la basse ou d'autres instruments un peu plus modernes,
disons
.
Cela jusqu'au jour où j'ai entendu un pianiste de blues.
Là, ça a été un premier " tilt ",
je me suis donc remis au piano et le deuxième " tilt
" c'est quand j'ai entendu ma première note d'orgue Hammond.
Là c'était réglé, je me suis dis " Enfin,
c'est ça ! ".
Quel type de musique écoutais tu à
l'époque ?
J'avais beaucoup de chance car j'habitais dans un petit bled de Picardie
près d'une base américaine, mes potes étaient américains.
J'allais avec eux (leurs parents travaillaient à la base) écouter
la musique américaine de l'époque.
De ce fait nous étions au courant, bien à l'avance, de tout
ce qui allait marcher en France. Dès qu'une vedette française
reprenait une chanson, nous nous la connaissions déjà depuis
longtemps mais interprétée par le créateur original.
C'était vraiment un " bon coin " et une bonne époque
pour la musique.
Tu nous disais que la découverte l'orgue
Hammond avait été un grand frisson pour toi, quels sont
les artistes qui ont eu le plus d'influence dans ce style en ce qui te
concerne ?
Billy Preston déjà, pour moi c'est un " dieu vivant
" en ce qui concerne l'orgue Hammond, avec tous les changements de
sons et puis le style ! Beaucoup plus tard j'ai connu Eddie Louis qui
pour moi aussi est un " dieu vivant " et qui a une technicité
incroyable et un excellent feeling. Ce sont vraiment mes deux instrumentistes
préférés !
Le chant est-il venu naturellement par la suite,
l'as tu beaucoup travaillé ?
C'est venu petit à petit car j'ai commencé sur le tas.
Je me suis forgé ma propre technique. On m'a proposé un
jour de donner des cours dans une école et depuis je prends des
cours tout en les donnant. Cela fait trois ans et me fait un bien énorme.
Aujourd'hui, je me dis que c'est bien dommage d'avoir attendu si longtemps
pour bien travailler ma voix.
J'ai quand même apporté à l'école le fait d'être
le seul professeur qui soit aussi dans la vie active. Les autres ont tous
les diplômes mais n'ont pas forcément d'expérience
de la scène. Les responsables de l'établissement voulaient
quelqu'un du " cru " qui puisse donner une autre vision et un
autre enseignement aux élèves.
Quand
a eu lieu pour toi le grand " top départ " professionnel
?
C'était en 1969 avec un groupe de rythm and blues américain
qui s'appelait Dave & JJ, cela a duré jusqu'à ce que
les flics me retrouvent car je n'étais pas parti à l'armée.
On m'a donc embarqué de force en Allemagne
.
Bef, ce groupe est vraiment celui qui m'a mis le pied à l'étrier.
Par la suite, quelles ont été tes
rencontres les plus marquantes ?
Peut être Percy Sledge avec qui j'ai tourné un petit peu
en France il n'y a pas très longtemps d'ailleurs.
Je ne parle pas de tous les artistes français que j'ai pu accompagner
qui sont toujours des gens que j'aime beaucoup, enfin pour la plupart
.
Il y a aussi Beverly Jo Scott que j'ai rencontré lors de l'aventure
" Autour du blues " (2 albums et DVD édités par
le label CREON, Nda). J'ai eu la chance de faire un duo avec elle sur
l'album, ce qui a donné le point de départ de cette "
association " avec " Planet Janis " (voir interview de
Beverly Jo Scott sur ce même site, Nda) dans un premier temps, puis
avec son propre groupe dans un second temps.
Sinon j'ai manqué de rencontrer Ray Charles pour lequel j'ai collaboré
sur un album (sur le morceau " Imagine " de John Lennon, Nda),
c'est une rencontre manquée que j'aurai bien voulu faire
.
Lors de cette session l'as tu accompagné
à l'orgue ou aux churs ?
C'était sur les deux.
J'aimerai également parler de ton amour
pour le peuple et la culture sioux, tu es notamment l'auteur d'un ouvrage
" Comment parler le sioux " (éditions du Rocher, Nda),
comment cette passion t'es-elle venue ?
Cela vient de toujours !
Je crois que l'on est tous dans le même cas en Europe de toute façon.
Nous sommes beaucoup réceptif à ce peuple. Ce qui m'intéressait
c'était d'aller un peu plus loin dans ce qu'est l'art indien, j'ai
par exemple travaillé les perles et les piquants de porc épic.
Pour moi ce n'était pas assez, j'ai donc appris la langue. Mon
anglais étant plus que bon, en raison de mon enfance passée
en partie dans les bases américaines, j'ai donc pu lire tous les
bouquins en anglais sur les sioux. Un jour j'ai rencontré un sioux
qui est resté un an à Paris, nous sommes devenus très
amis. Un jour je suis parti avec lui, depuis je connais toute sa famille,
j'y vais très souvent etc
J'étais également dans une association et parlant un peu
le sioux je me suis dis : " Pourquoi ne pas en faire profiter
les gens ". J'ai donc fait des cours avec cassettes pour les
membres. Cela jusqu'à ce que Olivier Delavaux des éditions
du Rocher me propose de mettre tout cela noir sur blanc.
Le livre a été édité il y a 6-7 ans, depuis
j'ai réalisé un CD audio qui va avec.
En ce moment je travaille sur une comédie musicale sur les sioux.
Je travaille avec Michel Gaucher, le saxophoniste d'Eddy Mitchell. Ce
projet est prévu pour l'année prochaine, bref je baigne
dans les plumes.
C'est un projet qui sera assez lourd, peux tu
nous en dire plus sur la structure que vous pensez mettre en place ?
Ce sera sous chapiteau genre 2000-3000 places, il y aura des chevaux,
la scène sera à 180 degrés, il y aura une exposition
à côté qui fera partie de l'entrée du grand
tipi. Il y aura aussi un village indien où on pourra retrouver
une exposition d'art contemporain, ainsi que probablement une expo photos
pour retracer l'histoire du peuple sioux pour que les gens qui viennent
voir le spectacle passent par un petit tunnel avec plein de choses à
découvrir. Nous essayerons de naviguer un peu partout dans l'Europe
francophone. Il y aura de vrais indiens avec nous
.
On croise les doigts, nous sommes en train de faire les castings, nous
sommes en bon chemin.
Tu nous parlais de Michel Gaucher, gardes-tu souvent
des rapports avec les musiciens que tu rencontres au fil des tournées
et sessions d'enregistrement ?
Oui, de surcroît avec Michel nous avons un groupe ensemble
.
Nous avons aussi joués ensemble chez Eddy Mitchell ainsi qu'avec
Chance Orchestra. Il s'occupe d'une péniche qui s'appelle le Mélodie
Blues à Paris dont il est le programmateur.
Que penses tu de la situation du blues aujourd'hui,
toi qui aimes tant cette musique ?
Je pense que le blues ne se porte pas si mal que ça.
C'est plutôt mieux, petit à petit, on retrouve des endroits
pour jouer. Je suis d'avantage confiant aujourd'hui.
On te retrouve actuellement avec Beverly Jo Scott,
que peux tu nous dire sur elle ?
Je suis enchanté qu'elle m'ait proposé d'être avec
elle car je crois que c'est ma chanteuse préférée
actuellement. C'est un énorme plaisir pour moi.
Outre la comédie musicale sur les sioux,
as-tu d'autres projets que tu souhaiterais concrétiser ?
Me débarrasser de tous les huissiers qui viennent me relancer,
ce serait pas mal !
Sinon j'aimerai faire un album et plein d'autres choses mais je ne me
plains pas.
Tu as accompagné pléthore d'artistes,
as tu une idée du nombre d'enregistrements sur lesquels tu figures
?
Non, absolument pas. De temps en temps je reçois un album et me
dis : " Tiens c'est vrai j'ai joué là dessus !
" (Rires).
Aurais-tu quelque chose à ajouter en conclusion
?
J'espère qu'il y aura toujours un public pour venir voir des vieux
bluesmen (rires).
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