Stacie Collins
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Nda : Chanteuse et harmoniciste, tout autant appréciée pour sa musique que pour son jeu de scène énergique, Stacie Collins parcourt inlassablement les routes afin de se faire connaitre du plus grand nombre. Possédant un son à faire pâlir d’envie le plus tatoué des musiciens baroudeurs (fréquentant, comme il se doit, les scènes d’authentiques honky-tonks du Tennessee), la jeune femme suit sa route avec une abnégation exemplaire. Elle a répondu à mes questions avec un charme et un enthousiasme désarmants…

Stacie, Afin de débuter cet entretien, peux-tu me présenter les musiciens qui sont à tes côtés durant cette nouvelle tournée européenne ?
 Il y a eu quelques changements récemment…Pour cette tournée, en particulier, je suis accompagnée par Al Collins à la basse, par Jon Sudbury aux guitares et par Ryan Mc Cormick à la batterie.sc

Changes-tu de musiciens régulièrement ?
 Oui, dans la mesure où je suis une artiste indépendante qui gère son staff seule.Bien sûr mon mari Al, qui joue de la basse à mes côtés, m’aide dans cette démarche. Donc, à chaque nouvelle tournée, je fais appel à ce que l’on peut considérer comme une « réserve de musiciens ». Ils ont tous beaucoup de talent et ont déjà eu l’occasion de travailler avec moi dans le passé. Je puise donc dans ce vivier, en fonction des disponibilités de chacun. Parfois, tous ne peuvent pas voyager ce qui fait qu’il peut y avoir des rotations dans mon groupe, même si la configuration de ce dernier est toujours sensiblement la même. Actuellement, je me produis avec les gars que je viens de mentionner.

Tu habites actuellement à Nashville mais peux-tu me parler de tes origines exactes ?
 Bien, oui oui ! Comme tu le disais, je vis actuellement à Nashville dans le Tennessee. Cependant je suis originaire d’une petite ville où j’ai grandi. Cette dernière se nomme Bakersfield et se situe en Californie. Ce n’est pas là que je suis née car j’ai vu le jour à Muskogee dans l’Oklahoma. Aujourd’hui je vis à Nashville avec Al et nous nous produisons, en couple, dans un groupe de rock’n’roll dont je suis la chanteuse.

As-tu suivi un apprentissage en particulier afin de devenir chanteuse ?
 En fait je me suis aperçue que j’avais un talent, qui m’a permis de devenir une chanteuse et une musicienne, mais sans vraiment avoir cherché à le travailler. C’est lorsque j’ai rencontré Al que j’en ai davantage pris conscience et que je me suis lancée. Si cela a été assez « tardif », j’ai toujours adoré la musique et il m’arrivait très souvent de chanter et de danser comme une folle lorsque j’étais petite.Peut-être que certaines personnes sont nées pour être sauvage… et je pense que j’en suis (rires) !

Appartiens-tu à une scène musicale spécifique de Nashville ?
Une scène en particulier…Tu sais, commeje tourne beaucoup depuis ces cinq dernières années je ne passe plus beaucoup de temps à la maison. Il y a beaucoup de scènes formidables à Nashville et c’est vraiment une ville fantastique où l’on peut écouter beaucoup de bonnes musiques, toutes différentes les unes des autres. J’y compte de nombreux excellents amis mais je dois t’avouer que lorsque je rentre chez moi, je sors moins qu’auparavant. Il y a donc beaucoup de scènes différentes, dans divers quartiers.Les musiciens, contrairement à ce que l’on pense, ne se produisent pas tous dans un style propre à Nashville… qu’il s’agisse de Nashville sound ou de quelque chose de lisse et de formaté. Des artistes plus branchés ont créé des musiques qui leurs sont propres et qui se démarquent totalement des clichés. C’est notamment le cas dans l’est de la ville. Il en résulte une cité très vivante et novatrice d’un point de vue musical.

A ton avis, pourquoi beaucoup de gens te considèrent-ils comme une outlaw ?
 Je pense que cela pourrait être lié à des aspects de ma propre personnalité.C’est probablement une résultante de mon attitude, de ma manière de me comporter sur scène ou dans le milieu du music business.J’ai décidé de vivre de ma musique et de tourner à travers le monde afin de la présenter. Je n’ai jamais attendu après qui que ce soit pour que l’on me donne la permission de le faire. J’ai gagné en ambitions en commençant à faire des tournées et en traçant mon propre chemin. En ce qui concerne la scène, mes shows sont particulièrement sauvages et drainent une sorte de folie communicative. Tout et n’importe quoi peut se dérouler à n’importe quel moment. Ma musique pousse à cela. De surcroit, je ne me confine pas à un seul son. Je peux aborder la country music puis enchainer sur du rock’n’roll. J’aime également le vieux blues de Chicago… d’ailleurs j’intègre aussi du blues dans ma musique…

Dans le passé, il y a eu un mouvement de rébellion (dit des « outlaws ») mené par certains artistes (Waylon Jennings, Kris Kristofferson, Mickey Newbury, Johnny Cash…) qui s’est attaqué au music business de « grand-papa » qui régnait à Nashville. De nos jours, quels sont pour toi les vrais « hors-la-loi » de Nashville ?
Tu sais… c’est vraiment une bonne question ! Pour moi, le dernier à représenter cette mouvance, datant d’une période révolue, est un gars nommé Jamey Johnson. C’est un formidable chanteur et songwriter qui possède une excellente voix. Il a vécu de mauvais moments à Nashville mais il a tenu le coup et il a commencé à faire des choses de son propre côté. Il est aussi un rebelle face au système qui te dit ce que tu dois faire.C’est cela être un rebelle, s’opposer aux normes. Jamey est passé à travers et il est actuellement un artiste accompli qui réalise de très bons albums et qui a gagné des grammys. Il est à l’image de cette « vieille école ».Dans un état d’esprit proche de celui-ci, je suis aussi inspirée par une artiste que je connais et qui vit à Hollywood après avoir quitté Nashville et vécu en Alabama. Elle s’appelle Tonya Watts et possède un style qui fait penser à celui de Dolly Parton mais aussi à certains artistes de rock. C’est une chanteuse qui a une forte personnalité est dont l’attitude est « dure ». Sinon, je ne sais pas où sont passés les rebelles, c’est une bonne question (rires).

Quels sont, actuellement, tes songwriters préférés ?
J’apprécie des gens que, probablement, beaucoup de personnes ne connaissent pas. Je pense, notamment, à un gars qui s’appelle Jon Byrd. Il vit à Nashville où il est l’un des meilleurs représentants d’une country « old school ». J’aime aussi Kevin Gordon qui lui aussi écrit très bien. Il y a beaucoup d’excellents songwriters à Nashville… Ceci dit, pour moi le meilleur de tous les temps est un certain Al Collins (rires) ! Al est mon partenaire et le songwriter de mon groupe. Je pense sincèrement qu’il est vraiment incroyable et qu’il est un formidable auteur.sc

Pourquoi t’es-tu, en particulier, lancée dans l’apprentissage de l’harmonica ?
 Oh… c’est une bonne question… Lorsque j’ai commencé à faire de la musique, j’ai tout d’abord écrit des chansons avec Al. Puis nous avons fini par interpréter ces titres sur scène où je me suis rendu-compte qu’en plus de chanter, j’avais besoin d’avoir un instrument à jouer. Sans cela je me sentais un peu nue… Lorsque j’écrivais avec Al, je ressentais aussi le besoin de jouer d’un instrument pour mieux lui décrire ce que j’avais en tête. De plus, mon père était un harmoniciste et c’était une occasion pour moi de lui rendre un petit hommage, en espérant pouvoir hériter d’un peu de son talent.Je n’ai pas vraiment commencé à jouer de cet instrument avant de constater les bienfaits que l’électricité a sur lui. Pour cela, je me suis branchée sur un vieil ampli Fender avec un modèle custom de micro d’harmonica. J’ai mis le contact et je me suis lancée en écoutant des bons vieux disques de Chicago blues. De ce fait mon registre s’étend d’un style folk à la Bob Dylan jusqu’à des sons plus expérimentaux et électriques, à la Jimi Hendrix… quelque chose de très lourd et de fort.

A quand remontent, exactement, tes débuts en tant qu’artiste professionnelle ?
Je ne peux pas me rappeler, en particulier, de mon tout premier spectacle mais je sais que c’était en 1996. C’est Al qui m’a poussée à me lancer alors que nous n’avions que très peu de chansons finalisées. C’était quelque chose de nouveau pour moi mais il savait que j’étais prête. Ce devait être aux alentours du mois de septembre… Je suis montée sur scène, nous avons joué la chanson que j’avais préparée pour l’occasion. L’accueil a été très chaleureux car le public me réclamait davantage de titres et je devais m’excuser en disant que c’était tout ce que j’avais en stock pour le moment. Les gens, malgré tout, me poussaient à ne pas m’arrêter et me disaient « non, non… tu dois en avoir d’autres ». Cela a été une révélation pour moi et ça m’a encouragée à travailler davantage avec Al car, à partir de ce moment-là, c’était ce que je voulais faire de ma vie. J’avais découvert ma vraie passion… J’ai pris un peu de temps contrairement à des gamins qui, très tôt, se lancent dans l’apprentissage de la guitare ou de la batterie avant de former un groupe de reprises.Moi, j’ai pris mon temps car j’ai souhaité me forger mon propre répertoire… constitué de titres originaux. Je n’ai jamais été dans un groupe de reprises, j’ai préféré écrire mes chansons avant de me lancer dans une carrière…

Tu as diverses influences et tu aimes des musiques différentes ; la country, le blues, le rock…De ce fait, comment définirais-tu ton propre style ?
Je pense que c’est une sorte de chose que l’on peut appeler du « harp-howlin’ twang bangin’ rock’n’roll ».Mes influences country viennent d’artistes tels que Patsy Cline et Merle Haggard que j’écoutais alors que j’étais enfant. Puis, à l’adolescence, je me suis plongée dans la musique de Led Zepellin, Rod Stewart, AC/DC, des Rolling Stones…Par la suite, j’ai écouté du Chicago blues et me suis mise à adorer Howlin’ Wolf, Muddy Waters, James Cotton etc…Lorsque tu commences à écrire des chansons et à te produire sur scène, parfois tu te fixes un objectif en te disant ce que tu dois faire et parfois tu laisses venir à toi les idées. Mon son est le reflet de tout ce qui est en moi, de ma personnalité et de mes goûts. C’est donc à chemins équidistants du honky-tonk, du roadhouse et du rock’n’roll. C’est une musique qui rend les gens heureux à en juger par tous les sourires que je peux voir lorsque je suis sur scène. Elle fait danser, apporte de la joie. Si la connexion se fait entre moi, mes chansons et le public… nous sommes sûrs que nous passerons une soirée formidable tous ensemble !

Ce n’est pas la première fois que tu effectues une tournée de ce côté-ci de l’Atlantique. Ta musique y réunie même déjà de nombreux admirateurs. Un tel intérêt de la part du public européen est-il surprenant pour toi ?
Tu sais, je suis vraiment reconnaissante pour cet intérêt que les européens portent à ma musique. Ceci parce que nous venons régulièrement depuis les 5 dernières années, à raison de 3 ou 4 fois par an. Je suis de plus en plus rarement chez moi, à la maison, car le public est vraiment incroyable ici. Les gens viennent assister assidument à mes concerts. Dernièrement j’y ai vu un petit garçon de 6 ans qui était accompagné par son grand-père dont l’âge avoisinait les 80 ans. Tous deux dansaient et prenaient du bon temps de la même manière. Je ne pouvais pas croire qu’ils pouvaient soutenir ce style de musique à ce point. Ce sont eux qui me poussent à revenir régulièrement, c’est une belle chose...

Deux de tes albums ont été produits par Dan Baird (musicien, chanteur, songwriter et producteur américain, connu pour son travail au sein du groupe The Georgia Sattelites). Comment ces collaborations se sont-elles produites ?
 J’adore Dan Baird !Lorsque nous nous sommes installés à Nashville avec Al, nous venions de terminer l’enregistrement et la production de mon premier album. Cela nous avait pris beaucoup de temps et avait nécessité énormément d’efforts. Le déroulement de la chose n’avait pas forcément été très joyeux. De ce fait, pour le disque suivant, nous souhaitions vraiment le soutien d’un producteur. Quelqu’un qui puisse superviser tout ce qui se passe dans le studio…Nous n’avions pas beaucoup d’argent afin de pouvoir embaucher un grand nom de la musique. De plus, nous ne souhaitions pas avoir un son qui ressemble aux autres, nous voulions obtenir une véritable identité sonore. De ce fait, le nom de Dan Baird s’est rapidement immiscé dans notre conversation. Il faut dire qu’il est un formidable artiste qui avait déjà, auparavant, réalisé ce type de travail pour des gens que nous apprécions beaucoup. Comme il vit également à Nashville, nous avons décidé de lui envoyer un e-mail via son management. Quelques jours plus tard, Al a reçu une réponse de Dan. J’étais folle de joie. Nous lui avons donc envoyé une démo qu’il a écoutée. Puis il a assisté à l’un de nos concerts et est venu nous rencontrer dans les coulisses à l’issu de celui-ci. Il a dit qu’il appréciait notre musique et nous sommes devenus amis. Il nous a alors expliqué tout ce qui n’était pas bon dans ma démo, lorsque je chante dans une mauvaise tonalité par exemple. Il m’a aussi aidé à capturer l’énergie que je déploie sur scène afin de la faire transparaitre dans mes enregistrements. Son travail a été phénoménal et a donné naissance à l’album « The Lucky Spot », en 2007, qui a été enregistré dans le Kentucky. C’était vraiment une expérience incroyable !En 9 jours tout le disque a été réalisé de superbe manière et de façon très confortable, ce gars est vraiment un génie. Il a réussi à obtenir le meilleur de tout le monde, y compris de moi en tant que chanteuse.

Tu es, bien sûr, très appréciée pour tes prestations en live. Quelles sont les sensations que tu éprouves lorsque tu es sur scène ?
De la joie (rires) ! Du bonheur également ! De manière générale je me sens simplement très reconnaissante pour avoir obtenu l’incroyable opportunité de pouvoir faire des tournées avec mon mari. J’ai aussi beaucoup de chance d’avoir pu travailler avec tant de musiciens exceptionnels, qu’il s’agisse de guitaristes ou de batteurs. Mon mari Al est aussi le bassiste du groupe Jason & The Scorchers et parfois nous donnons des concerts ensemble. Je me considère donc comme une femme heureuse et très chanceuse de pouvoir faire ce qu’elle aime le plus avec son mari. De plus, j’ai l’opportunité de pouvoir rencontrer de nombreuses personnes formidables à travers le monde. Je suis heureuse…

Aurais-tu, malgré tout, un rêve pour ton avenir professionnel ?
 J’en suis actuellement à trois albums enregistrés en studio (« Stacie Collins » en 2001, « The Lucky Spot » en 2007, « Sometimes Ya Gotta… » en 2010) ainsi qu’un CD/DVD capté en public lors d’une tournée en Angleterre (« Shinnin’ Live »). Si ce disque est déjà sorti en Europe, il ne sera distribué aux Etats-Unis qu’à compter du mois d’octobre 2013.Nous travaillons sur de nouveaux projets mais il est difficile pour nous d’écrire lorsque nous sommes sur les routes. Si je ne peux pas encore avoir mon prochain disque en tête,j’ai déjà quelques idées en ce qui le concerne. Nous devons aussi cumuler les concerts pour pouvoir financer cet album car cela coute cher et l’argent nous manque pour retourner rapidement en studio.Nous allons nous atteler à la tâche et faire en sorte que cela se réalise au plus vite !

Souhaites-tu ajouter un dernier mot pour ton public français ?
 Non, sinon merci pour votre soutien. Les français ont toujours été très bons avec moi. J’adore ce pays…Enfin, merci à toi d’avoir pris de ton temps afin de me présenter à tes auditeurs et lecteurs…

Remerciements : Al Collins

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Interview réalisée au
Caf’ Conc’ des 3 Frontières
de Bartenheim

le 23 septembre 2013

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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