The Summer Rebellion
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Nda : Le regretté animateur de Radio Nova, Rémy Kolpa Kopoul, disait affectueusement que The Summer Rebellion est en fait un « micro big band ». Il faut dire que le tonitruant duo bruxellois (pourtant constitué par le batteur-chanteur canadien David Koczij et par l’accordéoniste alsacien Arthur Bacon) donne inlassablement, depuis la sortie de son premier album « Strength & beauty » (Machette Production - 2015), de la voix sur les scènes des festivals et des salles de musiques actuelles. Entre timbre caverneux à la Tom Waits ou à la Arno, arrangements originaux lorgnant aussi bien du côté du rock que de la musette et textes finement taillés (mais à la hache), le tandem se place d’emblée au sommet du richissime milieu artistique belge…tellement décalé et rayonnant.

Quels sont vos parcours respectifs en amont de la fondation de The Summer Rebellion ?
Arthur Bacon : Pour ma part, je joue de l’accordéon depuis que je suis tout petit. Comme chaque enfant qui se lance dans la pratique de cet instrument, je suis passé par l’école du musette avant d’intégrer un Conservatoire de jazz. C’est au sein d’une telle structure que j’ai évolué pendant quelques années, que ce soit à Strasbourg ou à Berlin. Par la suite, je suis arrivé à Bruxelles où j’ai rencontré David.66
David Koczij : En ce qui me concerne, c’est à l’âge de 11 ans que j’ai débuté la pratique de la batterie. Durant de nombreuses années, j’ai joué avec des groupes à droite ou à gauche. C’est six mois avant de rencontrer Arthur que j’ai arrêté toutes mes activités qui n’étaient pas liées à la musique. Je me suis, alors, complètement consacré à cet art. Notre projet a donc vu le jour au bout de six mois et, depuis, ça va !

Dans quelles circonstances exactes vous êtes-vous rencontrés ?
David Koczij : J’ai eu une « crise médicale » en 2011, juste avant que je ne prenne la décision de me consacrer pleinement à la musique. Après ma guérison, je me suis retrouvé temporairement sans domicile fixe. En fait, j’étais sdf dans le salon d’Arthur puisque j’étais pote avec ses colocataires. Ils m’ont hébergé pendant trois semaines, le temps de trouver un appartement. Ces trois semaines se sont transformées en trois mois. J’étais dans le salon alors qu’Arthur était dans sa chambre. Il travaillait l’accordéon de son côté alors que moi j’écrivais et chantais mes morceaux de l’autre. Un soir, nous avons décidé de tenter de travailler ensemble afin de voir ce que le résultat pourrait donner.

Aviez-vous des influences musicales communes ou, au contraire, veniez-vous d’univers artistiques diamétralement opposés ?
Arthur Bacon : C’est, justement, ce qui a été très intéressant en ce qui concerne notre rencontre. Nos références et nos univers musicaux sont, en effet, très différents. J’ai un bagage qui m’est propre…à savoir le patrimoine du musette, de la musique balkanique et du jazz. David, quant à lui, possède une vraie culture de rock’n’roll nord-américain. Chacun d’entre nous avait, de surcroit, des envies que l’autre pouvait combler. En effet, j’en étais à un moment où j’avais envie de faire du rock, des choses qui fassent davantage danser les gens et qui soient plus bestiales. Notre rencontre est donc arrivée à point nommé afin que je puisse me lancer à fond là-dedans !

Est-ce que vous connaissez et, suis oui, appréciez-vous le groupes Les Primitifs Du Futur qui allie à merveilles diverses sonorités (musette, blues, jazz…) ?
Arthur Bacon : Je connais de nom mais je n’ai écouté que deux morceaux de ce combo. Du coup, je ne peux pas te donner un « vrai » avis. Cependant, ce que j’ai entendu m’a beaucoup plu…

D’où vient ce nom de The Summer Rebellion, quelle est sa signification exacte ?
David Koczij : Au départ, j’avais en tête de me produire en solo. Je devais jouer de l’accordéon, faire de la batterie avec les pieds et chanter. A cette époque, le projet se nommait Bedouins & Beauty Queens. Lorsque j’ai rencontré Arthur nous l’avons transformé en duo et il a préféré changé le nom, afin que ce dernier soit davantage compréhensible pour le public francophone. J’ai donc cherché et suis tombé sur The Summer Rebellion. Cette appellation fait référence à des idées que j’aime aborder dans mes textes. C’est-à-dire des juxtapositions et des oxymores. Il y a donc Summer qui évoque l’été, une période chaude, nostalgique et vive qui nous rappelle l’herbe, les lacs, les amis et les barbecues. Puis il y a Rebellion, qui évoque davantage la destruction et le changement. J’apprécie les images qui peuvent être véhiculées par ces deux termes lorsqu’ils sont accolés.

Il existe, actuellement, de nombreux duos dans l’univers musical. Le vôtre est assez atypique, liez-vous cela à un « accident » ou était-ce une volonté dès le départ ?
David Koczij : A titre personnel, j’aime beaucoup les duos. C’est un format efficace si le résultat final est complet au niveau sonore. De surcroit, travailler dans cette formule provoque moins de débats, de défense d’arguments et de prises de tête. Cela simplifie aussi la vie d’un point de vue administratif car si l’un de nous soumet une réticence concernant un choix à faire, on ne fait pas. Avant The Summer Rebellion j’ai joué, durant plusieurs années, dans un autre duo…j’ai pris goût à cette formule.

Est-il déjà arrivé que d’autres musiciens s’adjoignent à votre projet ?
Arthur Bacon : Oui, c’est arrivé plusieurs fois. Notamment au cours de nos tournées, lorsque nous proposons à des artistes de nous rejoindre sur scène. Nous avons, également, travaillé avec une chanteuse bruxelloise (Gudrun Roos) et une violoniste strasbourgeoise (Elodie Messmer) sur notre album. Elles sont venues en invitées sur certains de nos morceaux. C’est une chose que nous apprécions car cela nous ouvre à de nouvelles sonorités. Un duo est un concentré d’énergie où il faut tout tenir à deux. Il y a un gros investissement et une grosse présence à donner. Il en résulte une musique très compacte qui peut être colorée par l’apport d’invités, chose que nous pratiquons dès que possible…

Au final, de quel idiome musical vous sentez-vous les plus proches ?
David Koczij : Moi, cette semaine, je l’appelle le trash musette (rires)… Ceci dit, je n’aime pas trop donner un nom à notre musique car nous venons d’univers différents. Nous essayons de faire des mélanges plus ou moins inattendus. Nous tentons d’aller au-delà de ces considérations. Donc cette semaine c’est trash musette mais la semaine prochaine ce sera freak blues et plus tard ours caverneux…cela peut changer !66

Pouvez-vous évoquer vos discographies respectives à ce jour ?
Arthur Bacon : Je travaille sur un autre concept nommé Zakouska. Il a vu le jour en Alsace et il s’illustre dans un genre qui est une fusion entre le jazz et la musique tsigane. Nous avons sorti notre deuxième album l’année dernière. Sinon, je participe à divers projets dans le domaine des musiques du monde et j’interviens en tant qu’invité auprès de différents musiciens tels que le duo d’electro-rock lillois Margaret Catcher. Il s’agit, à chaque fois, de choses assez différentes.
David Koczij : Avec The Summer Rebellion, nous avons sorti un EP de 4 titres en 2012. Il s’agissait du premier jet de notre projet… En mars 2015, notre premier album « Strength & Beauty » (« la Force et la Beauté ») a été édité. C’était, pour nous deux, un travail très satisfaisant et chargé d’inspiration. Nous sommes très contents du résultat…

En ce qui te concerne David tu es, comme tu le dis sur scène, un admirateur de Tom Waits. Qu’est-ce qui t’accroche le plus dans son art ou chez le personnage qu’il est ?
David Koczij : Il y a deux trucs que j’aime vraiment beaucoup chez lui. Il s’agit de son côté « we are in america » ainsi que ses mélodies, lorsque ces dernières sont tristes. J’ai parfois du mal avec certains de ses albums, lorsqu’ils se concentrent trop sur des petites histoires engageantes. Je trouve qu’il manque alors l’émotion que l’on retrouve si souvent dans sa musique. Nous reprenons souvent sa chanson « Anywhere I lay my head » issue du disque « Rain Dogs » (1985, nda). J’aime quand il arrive à toucher, à la fois, le cerveau et le cœur…

De manière plus personnelle, quels sont les messages que vous souhaitez véhiculer à travers vos chansons ?
David Koczij : Parfois, il n’y a pas de message dans ce que nous exprimons… J’ai toujours aimé apprendre des langues étrangères. Je suis anglophone et j’adore travailler l’anglais avec des sons spécifiques et des concepts qui ne sont pas forcément évidents. Nous faisons, parfois, des chansons d’amour et nous évoquons les relations entre les gens. Il nous arrive aussi d’aborder le sujet de la fatigue. Celle que l’on ressent à force d’être sur la route…

Vous n’êtes que deux à la produire, mais votre musique est extrêmement riche. Outre ce côté musette évoqué avec Arthur, on se retrouve confrontés à la culture rock américaine ou encore à l’art du beatbox. Comment souhaiteriez-vous, encore, la faire évoluer ?
David Koczij : Cette question est bien placée car nous avons fait une petite semaine de résidence il y a peu de temps. Ceci afin de débuter le travail de création de notre deuxième album. Nous espérons le sortir au printemps 2017. Nous avons déjà bien bossé sur 3 ou 4 morceaux et nous nous demandons quelle direction nous allons prendre. Je pense que nous essayerons de continuer à sentir les forces de chacun de nous deux (Arthur dans les harmonies, la musique et la composition et moi dans des trucs primitifs d’un point de vue rythmique). Nous verrons bien ce que cela va donner…

Avez-vous d’autres projets ?
David Koczij : Nous avons commencé à retravailler les morceaux de notre premier album, sur scène, en compagnie de trois chanteuses et d’un batteur (ainsi qu’un violoniste en guest). Cela nous permet d’élargir notre son sans changer notre instrumentation, ni ajouter des trucs différents. C’est un travail que je souhaite continuer à explorer car j’aime le mélange de ma voix (qui est assez virile) à celles de ces filles. C’est un beau mélange…
Arthur Bacon : C’est une chose qui nous permet de renouer avec le nom originel du groupe puisque ce projet devrait se nommer The Summer Rebellion & The Bedouins Orchestra.

Auriez-vous, l’un et l’autre, une conclusion à ajouter ?
Arthur Bacon : Buvez du Picon, mais ça on ne peut pas le dire (rires) ! David Koczij : J’invite tous les auditeurs et lecteurs du présent entretien à passer nous faire un petit coucou sur notre page Facebook, sur Youtube ou sur notre site internet. Nous sommes très visibles et avons sorti de nombreux clips ces derniers temps. Si cela vous inspire, n’hésitez pas à nous contacter !

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Interview réalisée au
Cognac Blues Passions
le 4 juillet 2015

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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