The BellRays
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Nda : Formé à Riverside, en Californie, le groupe The Bellrays fait office d’avion supersonique au sein d’une armada de coucous branlants…censés représenter les musiques actuelles. Avec force, caractère (ainsi qu’une incroyable énergie) Lisa Kekaula (chant) et Bob Vennum (guitare et chant) distillent depuis plus de 25 ans un breuvage devenu essentiel à la croissance de tout bon rocker qui se respecte. Les ingrédients de base, au fil des ans, restent les mêmes (soul, rock’n’roll, punk…) au même titre qu’une sincérité qui force évidemment au respect. A l’occasion de la sortie de l’album « Punk Funk Rock Soul Vol.2 » et à l’issue d’une nouvelle prouesse scénique, ces deux personnalités charismatiques m’ont reçu dans leur loge. C’est avec une désarmante gentillesse, qu’ils ont répondu aux questions qui suivent…

En préambule à cet entretien, pouvez-vous revenir sur la naissance du groupe The BellRays ?
Bob Vennum :
Cela remonte à si longtemps…je ne sais pas si quelqu’un s’en souvient encore (rires) ! J’étais membre de quelques groupes locaux lorsque j’ai rencontré Lisa. Ensemble, nous avons décidé de monter celui-ci. 66
Lisa Kekaula : C’était il y a très très longtemps, dans une ville si éloignée (rires)…et nous avions le rock en nous (rires) !
Bob Vennum : Nous avions simplement besoin d’un groupe qui nous permette d’exprimer ce que nous avions vraiment envie de faire…et nous l’avons créé !

Lisa, ta voix est toujours aussi puissante et ne cesse de nous étonner. Quand as-tu, précisément, commencé à chanter ? As-tu suivi un apprentissage en particulier ?
Lisa Kekaula : Je ne me souviens pas ne pas avoir chanté…et je ne me souviens pas avoir eu une éducation particulière en ce qui concerne cet art ! Ma voix s’est forgée au fil du temps, parce que j’ai grandi auprès d’une mère qui chantait également beaucoup. Elle n’a jamais été professionnelle, mais elle ne cessait de donner de la voix à longueur de journée. Tu sais, si tu grandis auprès de gens qui passent leur temps libre à cueillir des fleurs, tu fais pareil. Pour moi le fait de chanter est une extension naturelle de ma personne, je me suis toujours exprimée de la sorte…

Te souviens-tu de ton premier émoi musical ?
Lisa Kekaula : La première sensation que j’ai ressentie a été, pour moi, comme une deuxième naissance. Je me suis, alors, dit « waouh, quel pouvoir ! ». J’étais assise sur le siège arrière de la Datsun 510 de ma mère lorsqu’elle a allumé la radio et que j’ai entendu Joe Tex interpréter « I gotcha ». Je suis, alors, devenue totalement déchainée, je me souviendrai toujours des bonds que j’ai fait dans cette voiture ! C’est la première sensation musicale dont je me souvienne…

Comment l’idée de mélanger la soul music avec le funk, le rock’n’roll et l’esprit punk est-elle venue à vous ? Comment pouvez-vous définir ce qui en découle ?
Bob Vennum : Nous venons juste de le faire sur scène (rires) !
Lisa Kekaula : Dans les années 1970, en Californie, nous pouvions écouter une station de radio qui diffusait de nombreux genres musicaux différents.
Bob Vennum : En effet, tu pouvais écouter The Rolling Stones, The Carpenters, Burt Bacharach, The Beatles et tout cela d’un seul trait. Il n’y avait aucune barrière et cette profusion de sons a largement contribué à notre éducation musicale. Grâce à cette radio, nous découvrions plein de nouvelles choses à chaque fois que nous rentrions dans une voiture.

J’ai l’impression que votre musique revient de plus en plus à ses racines. L’esprit du blues continue-t-il de planer au dessus de ce que vous produisez actuellement ?
Bob Vennum : Oui…le blues est le sol sur lequel nous sommes assis, absolument !

Le rythme que vous vous astreignez lors de vos tournées est incroyable. Où puisez-vous toute cette énergie ?
Bob Vennum : Si cela se savait, je crois que nous serions brutalisés et enfermés (rires).
Lisa Kekaula : Oui, il ne faudrait jamais dévoiler tout ce que nous avons pu faire sur la route (rires) !

Je connais des personnes qui vous suivent, systématiquement, sur plusieurs dates de chacune de vos tournées européennes. Comment expliquez-vous cet engouement et cette fidélité ?
Lisa Kekaula : Je pense simplement qu’il s’agit d’un besoin. Ce qu’il se passe dans la société actuelle est lié au marketing qui te dicte ce qui est bon ou non pour toi. Cette commercialisation est, en partie, due aux groupes de discussion dont il ressort que ce qui est bon pour une personne doit l’être pour tous les autres. Je pense que beaucoup de gens ont besoin de tout ce qui se fait. Ils ne se satisfont pas du minimum, de l’essentiel… C’est comme lorsqu’ils sont dans un bar. Ils veulent un steak, un milkshake et tout ce qu’il s’en suit. Je pense que notre public nous est fidèle car il ressent de l’émotion dans notre musique. Il y trouve cette sensation qui lui permet de se lâcher et d’oublier tous les dictats de notre société de consommation. Il se retrouve face à une déferlante, une sorte d’énergie qui l’extirpe de ce monde qui te dit ce que tu dois faire. Il se retrouve lui-même et peut se lâcher. Nous ne nous contentons pas de jouer notre musique, nous essayons de répondre à ce besoin…car nous le comprenons.
Bob Vennum : Les gens apprécient le fait d’aller écouter de la musique. Pour beaucoup d’entre eux, cela est la résultante d’une promotion intensive, qui les pousse à se déplacer pour voir tel ou tel groupe. Il y a, très souvent, des millions de dollars qui se cachent derrière cette musique…quelle soit bonne ou non. Les gens qui viennent nous voir et qui nous sont fidèles sont, eux, touchés par l’honnêteté qui se dégage de nos prestations. Nous ne cherchons pas à forcer l’opinion des gens, nous restons nous-mêmes et pratiquons un art qui nous ressemble. Bien sûr, beaucoup de groupes qui effectuent de grandes tournées sont plus suivis que nous…mais, souvent, leur démarche n’est pas la même que la nôtre.

Que ressentez-vous lorsque vous voyez les mêmes visages d’un concert à l’autre ?
Lisa Kekaula : Ce n’est jamais les mêmes visages d’un jour à l’autre (rires)… Je pense à ce que je fais à l’instant T et il m’est difficile de me projeter dans notre prestation de la nuit suivante, ou dans celle de la veille. De ce fait, lors du concert, je ne remarque pas toujours les spectateurs qui nous suivent d’une soirée à l’autre. D’autant plus qu’ils sont, parfois, situés à l'arrière de la salle. Par moments, un visage peut être éclairé par un projecteur et, là, je le reconnais. Sinon, je pense que ceux qui nous suivent si assidûment ne sont qu’une petite minorité…

A titre personnel, j’estime qu’il y a The BellRays d’un côté et que tous les autres groupes se situent d’un autre côté. Selon vous, en quoi êtes-vous différents ?
Bob Vennum : Tu sais, nous travaillons différemment parce que c’est nous qui le faisons. C’est la seule chose que je peux dire…nous reflétons, tout simplement ce que nous sommes et ce que nous pensons. Nous n’avons aucun mérite en cela.
Lisa Kekaula : Nous le faisons car nous devons le faire !
Bob Vennum : Parce que nous sommes les seuls à pouvoir le faire. C'est une chose très personnelle, c'est la musique que nous aimons faire.
Lisa Kekaula : Je pense que ce qui nous rend si spéciaux, Bob et moi, est le fait que nous collaborons depuis de nombreuses années ensemble. De plus, cela ne se cantonne pas aux BellRays, nous nous retrouvons aussi bien avec ce groupe électrique qu’avec notre duo acoustique ou dans un registre funk. Tout cela est très naturel en ce qui nous concerne, c’est comme si nous ne formions qu’un seul être.
Bob Vennum : Nous sommes les dernières personnes sur terre qui peuvent se vanter de projeter tous les autres combos à l’autre bout de la planète (rires) ! En fait, nous raisonnons comme un vrai groupe. Nous ne sommes pas individualistes et nous formons une vraie communauté entre nous. Il y a beaucoup de gens créatifs qui cherchent à s’extirper de la masse. Nous ne cherchons pas à dépenser de l'énergie pour nous mettre en concurrence avec eux… et à passer notre temps dans une espèce de course effrénée. Les gens qui nous entourent ressentent bien notre état d’esprit et notre équipe est très unie. Le fait d’être individualiste est un mystère en ce qui me concerne.
Je trouve que c’est une erreur. Notre démarche est totalement collective, nous faisons partie de la même famille.

Pour vous, le fait de jouer de la musique actuellement pourrait-il être considéré comme étant une action politique ?
Bob Vennum :
Non, c'est simplement une action politique dans le fait que nous continuons avec abnégation notre carrière.
Lisa Kekaula : Les gens s’attendent à ce que ce soit une action politique…
Bob Vennum : Oui, mais il ne suffit pas de prendre une guitare et de s’écrier « arrêtons la guerre » ! Ce n’est pas ça…Pas une chanson, pas un groupe n’est arrivé à arrêter une guerre. Cela ne rentre pas dans le spectre de nos possibilités. Nous ne sommes qu’une alternative, un groupe qui ne défend que les intérêts du rock’n’roll. C’est là que se situe notre mission. Pour moi, il ne s’agit que d’être le plus créatif possible. D’ouvrir mon esprit sans, toutefois, dicter aux gens ce qui doit être fun ou qui ils doivent détester. Tu sais, le plus important avec la musique est simplement d’offrir du plaisir…

Pouvez-vous me présenter votre nouvel album, « Punk Funk Rock Soul Vol.2 » ?
Bob Vennum : Ce disque est un grand coup de pied au derrière et nous avons mis un certain temps pour le donner !
Lisa Kekaula : C’est un retour vers tout ce que nous a offert cette radio californienne dont je te parlais précédemment. Nous avons travaillé sur ces chansons en ayant pour objectif de revenir vers tous ces styles qui nous ont influencés. C’est une déclaration d’amour définitive, portée aux registres musicaux cités dans le titre. Chaque chanson peut se démarquer des autres et possède sa propre particularité.
Bob Vennum : Tu sais nous avons d’autres projets que les BellRays. Avec Lisa, nous formons également le duo acoustique Bob & Lisa, le groupe Lisa & The Lips et lorsque j’écris une chanson, je ne le fais pas particulièrement pour l’un de ces ensembles. Je suis, en premier lieu, un songwriter qui propose ses morceaux aux uns ou aux autres. Il appartient, dès lors, à chaque groupe de les compléter ou de les arranger à leur manière…s’ils estiment qu’ils peuvent en tirer quelque chose qui leur soit propre.

Quelle est l’équipe technique qui a travaillé à vos côtés sur ce projet ?
Bob Vennum : Nous avions Jim Diamond (qui s’est déjà, entre autres, illustrés en produisant des disques pour The White Stripes, The Fleshtones, The Sonics, Left Lane Cruiser, Kim Fowley etc.). C’est lui qui s’est chargé de l’enregistrement et qui nous a accompagnés pour la production…bien que nous nous chargeons principalement de cette partie du travail. Les enregistrements se sont déroulés à Barcelone, au Sol Sants Studio de Mike Mariconda.
Lisa Kekaula : C’est, en effet, un projet américain qui a vu le jour en Europe. Puis nous sommes rentrés chez nous où nous avons finalisé le disque. Tout cela s’est déroulé en 2016. Jim Diamond nous a été d’une aide précieuse afin de nous aiguiller dans les tournures que devaient prendre les chansons. Il a trouvé le bon son pour chacune d’entre elles.
Bob Vennum : Le fait de pouvoir se concentrer sur la musique, en pouvant s’appuyer sur une telle personnalité, était très agréable. Il trouvait les bons compromis en nous conseillant de jouer plus doucement ou, au contraire, plus rapidement. Son apport a fait la différence !

Dans le futur, aimeriez-vous collaborer avec quelqu’un d’autre en particulier ?
Bob Vennum : Paul McCartney (rires) !
Lisa Kekaula : Nous sommes biens maintenant…et suffisamment à l’aise pour nous produire nous-mêmes. Cependant, nous avons aussi travaillé avec Blag Dahlia du groupe The Dwarves. J’ai, en fait, un projet avec lui pour un disque split. Nous sommes toujours ouverts aux collaborations mais il faut que ce soit un amusement. Nous ne concevons pas la chose avec des gens qui pourraient essayer de changer nos personnalités. Si quelqu’un devait me forcer à enregistrer quelque chose qui ne soit pas dans ma nature, je crois qu’il aurait affaire à moi ! Lorsque les artistes ne font pas quelque chose qui vient directement de leur cœur, il en résulte très souvent de grosses conneries. Voilà ce que j’avais à dire (rires) !
Bob Vennum : Quelqu’un a, un jour, conseillé à Paul McCartney de collaborer avec Robbie Williams. L’ancien bassiste des Beatles s’était alors étonné : « Pourquoi devrais-je faire cela, je suis Paul McCartney…pourquoi aurais-je besoin de lui ». On lui a, alors, répliqué que ce serait bien pour son image, pour élargir et rajeunir son public… Il a, alors, simplement répondu : « Je suis Paul McCartney depuis plus de 70 ans, vous n’avez pas à me dicter ce que je dois faire, allez vous faire foutre ».

En conclusion, estimez-vous que cette fameuse « Soul Punk Revolution », dont vous êtes à l’origine, est toujours bien vivante ?
Bob Vennum : Elle reste vivante…parce que nous continuons de jouer. Nous avons encore de nombreux spectacles à venir et beaucoup de choses à faire tu sais. Nous sommes faits pour cela…
Lisa Kekaula : Ce terme est simplement devenu plus exclusif… Le fait de voir des gens essayer de se greffer à cette doctrine ne me dérange pas. Cependant, malheureusement, beaucoup de ces personnes réduisent la chose. Elles pensent qu’il suffit de faire du bruit pour faire du monde un endroit meilleur. Je ne me sens pas à l’aise avec cela et je ne me considère en rien comme la meneuse d’un mouvement. Je n’ai pas spécialement envie d’inviter tout le monde à faire partie de notre équipe. Je ne suis pas cette personne…Peu importe que cette révolution soit punk, rock ou soul. Le plus important est que les gens restent ouverts et qu’ils fassent preuve de cœur…

Remerciements : Anne-Sophie Henninger (La Laiterie-Artefact), Matyas Omasta et Sébastien Kervella.

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Interview réalisée à
La Laiterie - Strasbourg
le 16 février 2018

Propos recueillis par David BAERST

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