Théodore, Paul & Gabriel
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST


Nda : Si la musique de Théodore, Paul & Gabriel (Théodora de Lilez, Pauline Thomson, Clémence Gabriel) est le fruit d’un savant dosage entre pop, rock et folk, le trio parisien n’en revendique pas moins une grosse affection pour toutes les musiques issues du terroir américain.
Un alliage qui leur permettra, à coup sûr, de voir grandir leur nom sur les frontons des salles de concerts dans un futur proche. En attendant, le trio parisien marque de son empreinte le site de l’émission Route 66 en lui offrant sa 500ème interview transcrite.


Afin de débuter cet entretien, pouvez-vous vous présenter et revenir sur vos parcours respectifs ? tpg
Gabriel :
Nous sommes le groupe Théodore, Paul et Gabriel dont je suis la chanteuse et guitariste. Je ne serai pas longue pour évoquer mon parcours car il se limite à la musique… et c’est ce qui me rend heureuse !
Paul : Je suis guitariste mais mon cursus est plutôt étrange dans la mesure où j’ai d’abord fait Sciences Po puis de la finance. Comme tu l’auras compris, j’ai rapidement décidé de tout plaquer pour me consacrer à la musique (rires) !
                                       
Théodore : Pour ma part je fais de la musique depuis un certain temps et je suis très contente d’être la bassiste de ce groupe… 

Dans quelles circonstances vous êtes-vous rencontrées, de quelle manière le groupe a-t-il vu le jour ?
Gabriel : J’ai rencontré Paul dans un café où il m’arrivait de jouer de la guitare. Une rumeur circulait, disant qu’elle était une as de la six cordes. De ce fait, j’ai pris mon courage à deux mains et je suis allé la voir. Comme une chanson de BB King passait dans les haut-parleurs, je lui ai demandé si elle était capable de la jouer. Elle m’a répondu par l’affirmative et, du coup, je lui ai fixé un rendez-vous pour le lendemain matin afin qu’elle s’exécute.                                                                                                       
Suite à un réveil difficile elle est arrivée un peu en retard mais une amitié s’est rapidement nouée entre nous, ainsi qu’une forte envie de faire de la musique ensemble. Nous avons ressenti le besoin d’ajouter une âme à cette aventure. C’est donc Théodore, déjà bassiste d’un groupe de rock, qui avait des amis communs avec Paul qui a accepté de faire un essai pour nous. Il s’est révélé concluant et elle n’est jamais partie… en fait, depuis elle vit dans ma cave (rires) !

Le nom Théodore, Paul & Gabriel n’est pas sans rappeler, dans sa structure, celui de Crosby, Stills & Nash. Ce groupe aurait-il une part de responsabilité dans le choix de votre appellation ?
Gabriel :
Oui, d’autant plus, qu’au même titre que Simon & Garfunkel, Crosby, Stills & Nash (& Young) nous touche beaucoup artistiquement. Nous sommes très sensibles aux harmonies vocales et apprécions l’art du songwriting. D’ailleurs, nous apportons une attention particulière à l’écriture de nos chansons. Nous aimerions nous inscrire dans la lignée de grands songwriters. Cet exercice nous plait énormément…

De plus large manière, quelles sont vos influences ?
Gabriel :
Notre influence principale demeure les Beatles… parce qu’ils sont les plus forts !            
Sinon, le folk-rock des années 1970 a été notre terreau de départ. Ce mouvement nous a aidées à construire notre propre univers musical.                                                                                                     
Nous possédons, évidement, chacune nos goûts personnels. Pour ma part j’aime beaucoup le blues…

Vous dégagez beaucoup de personnalité, comment définiriez-vous votre style ?
Gabriel :
Nous sommes assez rock sur scène car nous y déployons beaucoup d’énergie. Le plaisir de voir des gens devant nous charge nos accus et nous pousse à nous dépenser au maximum… avec sincérité ! 

Puisez-vous également votre inspiration dans des mouvances artistiques autres que la musique (peinture, mode, cinéma etc…) ?
Gabriel :
Bien sûr, puisqu’il s’agit de vases communicants. Les arts se remplissent les uns des autres bien que la musique demeure notre principal vecteur d’expression. J’espère cependant, qu’un jour, nous arriverons à monter un projet mélangeant différentes formes d’expressions artistiques. Pour l’instant nous nous concentrons sur la musique, rien d’autre…

Le fait d’avoir masculinisé votre nom peut-il être pris comme un clin d’œil au phénomène d’androgynie présent dans le rock et la pop des années 1960/70 ?
Gabriel :
Non, je ne crois pas… Nous avons masculinisé nos prénoms car un jour, un journaliste suisse nous a dit « c’est marrant, quand il y a un groupe de mecs on appelle ça un groupe alors que pour des filles on précise un groupe DE filles ».                                                                                                      
Nous ne voulions pas être cataloguées comme un groupe de filles, puisque la musique peut venir de n’importe qui. Nous utilisons donc le masculin de notre nom comme d’un neutre. Quelque chose ne dévoilant rien de nous et poussant les gens à s’intéresser en priorité à notre musique. Cela nous permettant de reste « incognito » jusqu’à ce que les gens entendent nos voix… ce qui doit provoquer une certaine surprise chez eux.

Pensez-vous appartenir au mouvement folk féminin qui sévit actuellement avec des artistes telles qu’Alela Diane ou First Aid Kit ?
Gabriel :
Oui, mais c’est avant tout aux gens de décider ou non de nous mettre dans le même « sac ».  Cela doit venir de l’auditeur…                                                                                                                                                 
Il est vrai que tu cites ici des artistes formidables et nous ne pouvons qu’être fières si on nous compare à elles. Ceci dit, le fait de leur ressembler plus ou moins directement n’est pas un choix de notre part.                                                                                                                                                          
Paul : D’un autre côté, surtout en ce qui concerne First Aid Kit, notre style est beaucoup moins acoustique. Nous tirons davantage vers le rock et la pop que vers le folk…                                               
Ce que font ces filles est très beau, mais c’est très très folk (rires) !

Vous parliez de songwriting précédemment. Beaucoup de femmes (Joni Mitchell, Joan Baez, Karen Dalton…) que vous n’avez pas citées parmi vos influences ont été ou sont expertes en la matière. Sont-elles importantes à vos yeux ?
Gabriel :
Oui, leur apport a été énorme !                                                                                                                                                      
Ce sont des artistes qui nous influencent aussi en raison de leurs démarches libertaires et « couillues ». Ce sont des femmes de front et nous essayons toutes les trois d’être assez frontales. Nous nous inspirons donc de leur droiture…

Odetta, en tant que chanteuse, femme et auteure, a beaucoup œuvré pour les droits de la femme aux USA. Pensez-vous qu’il y a toujours plus de choses à revendiquer pour les femmes que pour les hommes de nos jours ?   
Gabriel :
Dans le milieu même de la musique, il est vrai que la femme prend de plus en plus de place. Ceci est certainement lié au fait qu’elles sont de plus en plus émancipées. Par contre, il faut bien avouer que nous n’avons pas à protester contre notre statut en France. Nous sommes dans un pays où nous vivons à l’égal de l’homme. A titre d’exemple, nous avons donné des concerts en Turquie où le concept de Théodore, Paul & Gabriel prend un peu plus de sens et une tournure plus protestataire. Sinon, de manière générale, nous ne protestons pas… nous disons simplement que l’on peut faire ce qu’on veut aujourd’hui, que l’on soit un homme, femme, un adulte ou un enfant. Bien que dans le dernier cas cité il faille l’accord des parents (rires) !                                                                                  
Nous sommes tous libres, que l’on soit un garçon ou une fille… c’est un peu pareil !

Pouvez-vous me parler de la réalisation de votre album « Please Her Please Him » (Belleville Music, 2012) ?
Gabriel :
C’est Pierre Guimard qui en est le réalisateur. Pouvoir entrer en studio et figer nos morceaux, de manière définitive, pour la première fois a été un grand pas pour nous.                    
Pierre nous a apporté beaucoup de choses et a été à notre écoute. Il a fait preuve d’un regard inspiré sur ce que nous avions écrit et nous a aidées, de la plus belle des façons, à sublimer notre travail. La chose qui a été la plus marquante dans sa présence a vraiment été l’écoute qu’il nous offrait. Il a compris notre musique et nous a aidées, grâce à son savoir-faire, à l’exprimer.

Vous débordez d’énergie sur scène. Cet élément vous permet-il de donner davantage de relief à votre musique et d’oser encore plus de choses ?
Gabriel :
Oui c’est vrai, bien sûr !   
Une fois que la scène vous tient, elle ne vous lâche plus !
Nous avons l’impression de beaucoup grandir grâce aux nombreux concerts que nous donnons actuellement. A chaque fois que nous sommes devant un public, c’est comme une porte supplémentaire qui s’ouvre ou qu’un recoin inexploré s’offre à nous. Nous nous y baignons à loisir !                      
Avec notre batteur, Benjamin Colin, nous sommes quatre sur scène… ce qui n’est pas énorme.            
Si en studio, nous sommes pointilleuses et pouvons mettre au point des contrechants… ce n’est pas toujours possible sur scène. De ce fait, nous compensons par quelque chose de plus énergique, de plus rock et de plus frontal comme je le disais tout à l’heure.

Pouvez-vous évoquer vos projets ? 
Gabriel :
Non (rires) ! En fait, nous poursuivons notre travail d’écriture. Ces chansons constitueront, si Dieu le veut et je pense qu’il en a très envie, un deuxième album qui paraitra en 2014.   
Pour le moment, notre projet principal est la route. Nous voulons tourner et aller à la rencontre des gens afin de voir si tout cela prend du sens. C’est chouette !

Souhaitez-vous ajouter une conclusion à cet entretien, une chose dont vous auriez aimé parler et que j’aurais omis de vous demander ?                                                                                                     
 Gabriel :
Non tout était parfait, il n’y a rien d’autre à dire sinon que c’est vraiment magnifique d’être en tournée. Sur la route, nous avons la chance de croiser des gens généreux, qui écoutent avec attention et émotion. Nous rencontrons aussi des groupes talentueux qui nous inspirent…             
C’est la plus belle des jeunesses, merci !

Remerciements : Valérie, Rebecca & Chloé (R&V Hayat Chatelus), l’ensemble du service de presse du Cognac Blues Passions, Sharon Mohoonee.

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Interviews:
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Interview réalisée au
Cognac Blues Passions
le 3 juillet 2013

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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