Thomas Ford
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Nda : Emprunte d’authenticité, la musique de Thomas Ford est à l’image de son interprète… sincère et touchante. Bien que né au milieu des champs anglais, l’artiste promène avec nonchalance son blues rugueux vers des contrées plus ou moins urbanisées, des pays de l’est aux Indes Orientales en passant par la France...une nation qui lui tient particulièrement à cœur. Muni de ses guitares et de quelques harmonicas, il parvient systématiquement à y capter l’attention d’un public charmé par son humour et par sa classe naturelle. Loin d’être un succédané de l’une de ses idoles née dans le Mississippi, Thomas Ford sait nous transposer dans le contexte originel des musiques afro-américaines, tout en demeurant so british…

Thomas c’est, aujourd’hui, ton anniversaire. Es-tu content de le fêter en France ?
Oui, c’est vraiment super ! J’adore tourner dans ce pays et j’arrive à y donner des séries de concerts six à sept fois par an. J’espérais, depuis longtemps, jouer au Cognac Blues Passions car la réputation de cette manifestation est très bonne. C’est pour cette raison que j’ai insisté auprès de mon agent français, Alain Michel, afin qu’il fasse le maximum pour que j’y sois programmé. C’est en janvier ou février dernier qu’il m’a appelé pour me dire que le directeur du festival me proposait de m’y produire le 4 juillet. J’ai immédiatement pensé que cela était parfait puisqu’il s’agit de la date de mon anniversaire. J’ai pris cela comme des vacances et je suis, aujourd’hui, vraiment très content d’être ici !66

Le 4 juillet est également le jour de la fête nationale américaine, pays où le blues est né. De quelle manière as-tu, à titre personnel, découvert cette musique ?
C’est par l’intermédiaire de mon père qui est un très bon harmoniciste. Je me souviens que, lorsque j’étais petit, il écoutait toujours cette musique…que ce soit à la maison ou dans la voiture. Il apprécie surtout le blues des années 1960 (Taj Mahal, Allman Brothers…) et des harmonicistes tels que Charlie Musselwhite ou Sonny Boy Williamson. J’ai donc été confronté à ces sons durant 25 ans. De ce fait, lorsque j’ai commencé à étudier la guitare et l’harmonica (quelques années plus tôt), tout est venu très naturellement. J’avais déjà cette musique en moi et la tâche m’a été considérablement facilitée.

Peux-tu me parler de la ville dans laquelle tu as grandi. Y avait-il des clubs et d’autres endroits au sein desquels il était possible d’entendre ou de jouer de la musique ?
J’ai grandi dans une petite ville qui est très agricole, mon père y est avocat… J’ai évolué dans une famille constituée de 5 enfants où la musique était très importante pour nous tous. J’ai une sœur qui est chanteuse et des frères qui sont batteurs de blues.

Vous arrive-t-il de jouer ensemble ?
Oui, de temps en temps. J’ai un petit groupe avec l’un de mes frères et un bassiste. Nous nous produisons principalement dans les pubs. La musique live dans les bars anglais est une chose très populaire. Parfois, je joue aussi de la guitare dobro en étant accompagné par ma sœur au washboardet au chant. C’est vraiment cool !

As-tu appris les rudiments de la musique avec un professeur ?
J’ai dû passer 3 ou 4 heures avec un guitariste pour qu’il m’enseigne les bases. Tout le reste, je l’ai appris par moi-même en écoutant des disques de Son House, Muddy Waters ou Howlin’ Wolf. J’étais très attentif et j’ai répété leurs techniques à l’infini. Je jouais, au minimum, 6 heures par jour tout en étant un étudiant à l’Université. Maintenant, je ne peux plus m’y consacrer autant car j’ai un autre travail et une épouse. C’est durant mes deux premières années d’apprentissage que je me suis le plus exercé…

Lorsque tu as commencé à te professionnaliser dans la musique, était-ce déjà en jouant seul ?
J’ai toujours préféré jouer en solo. C’est quelque chose de plus original car il y a beaucoup de groupes que ce soit en France, en Angleterre ou en Allemagne. Le fait d’être seul me permet aussi d’être plus expressif et de puiser un maximum de choses au fond de moi-même.

As-tu beaucoup de contacts musicaux en Angleterre. Y-a-t-il des artistes dont tu te sens plus proche que d’autres ?
Non… Je trouve qu’il y a trop de blues rock, ce qui n’est pas exactement ce que je recherche. J’estime qu’il y a trop de clichés qui sont actuellement véhiculés dans ce registre particulier. A savoir jouer fort et, si possible, en évoquant le whisky, les cigarettes et les filles. Je pense, humblement, que tout a déjà été écrit à ce sujet. A force d’entendre ce type de thèmes, j’ai fini par les détester. J’essaye de réaliser des chansons différentes, qui apportent quelque chose de nouveau. Mais je ne sais pas si j’y arrive (rires) !

Justement, qu’évoques-tu dans tes chansons ?
Je m’inspire de la vie… Lorsque j’entends un formidable groupe de blues, je peux écrire une chanson sur l’émotion qu’il m’a procuré. J’ai également fait une chanson pour ma femme, ce qu’elle me demandait de faire depuis 5 ans (rires) ! Mon influence principale demeure la vie…

Tu es très inspiré par le vieux blues rural. Représente-t-il une grande partie de ton répertoire ?
Oui, même si je mélange ces vieux titres à des morceaux originaux dont je suis l’auteur. Il est très important, pour moi, de marquer une différence entre ces deux registres que j’interprète.

Afin de restituer au mieux ces anciens morceaux, joues-tu sur du matériel d’époque ?
Je joue, en effet, sur d’anciennes guitares. Ma préférée est une Harmony Stratotone mais je possède, également, une National Reso-Phonic et une Fender Telecaster (signature Muddy Waters) qui est un cadeau de mon épouse. De plus, il m’arrive de me produire avec un Dobro et un petit banjo… Je préfère les anciennes guitares car elles portent une histoire, ce qui est très important à mes yeux.

Tu as, régulièrement, l’occasion de donner des concerts en France. Connais-tu bien la scène blues de ce pays, apprécies-tu des artistes en particulier ?
A titre personnel, je préfère la scène blues française que la scène blues anglaise ! Ici, cette musique est plus authentique et elle est moins emprunte de rock. J’adore des artistes tels que Bad Mules ou encore Bo Weavil. J’aime aussi des musiciens américains comme Cash Box Kings. J’ai d’ailleurs un rendez-vous qui se profile avec Joel Paterson, le guitariste du groupe… Je peux, également, te citer Nathan James. En Angleterre le blues penche, à mon sens, trop du côté du rock…

Matt de Bo Weavil (devenu Mr Bo Weavil), mélange de nouveaux sons à sa musique (racines africaines, rythmes contemporains…). Pourrais-tu, dans l’avenir, suivre cette démarche originale ?
Non, car je tiens à ne jouer que du blues traditionnel. Je ne me considère pas comme un très bon guitariste, je suis juste normal…avec, je l’espère, un style qui m’est propre. Je ne m’aventurerai jamais du côté du jazz, du funk ou de la soul car ce sont des musiques compliquées. C’est donc impossible pour moi…

Tu préfères donc le feeling à la technique… Quel est l’aspect du blues qui te touche le plus ?
Pour moi le feeling est nécessaire. Sur notre planète, il y a énormément de grands techniciens de la guitare. Je trouve que cet aspect gomme l’éventuelle passion que l’on peut retrouver dans leurs musiques. C’en est presque ennuyeux… Je préfère les musiciens très « organiques » et qui font preuve d’honnêteté…

Comme tu me le disais, tu vas bientôt rencontrer certains artistes. Peux-tu m’en dire davantage sur tes projets ?
J’espère avoir, dans l’avenir, la possibilité de jouer davantage dans des territoires tels que la Belgique, l’Allemagne ou l’Italie. J’aimerais, aussi, accentuer la cadence de mes concerts dans mon propre pays, l’Angleterre. En effet, le blues-rock y a la faveur des programmateurs et il n’est pas aisé de se frayer un chemin vers les grands festivals lorsque l’on joue un blues traditionnel. Je trouve, de surcroit, que les gens sont plus gentils dans le reste de l’Europe… une grande hospitalité s’en détache. Je souhaite me produire, prochainement, aux Etats-Unis. Ce n’est pas une chose facile car il y a déjà beaucoup de très bons musiciens là-bas. J’ai la chance d’avoir une activité professionnelle et, pour moi, la musique est avant tout une passion. Cette situation est parfaite car elle m’évite de stresser pour gagner de l’argent. Je peux, ainsi, m’occuper de ma maison, de ma femme et de ma famille en toute quiétude. J’espère pouvoir continuer à concilier mes deux activités le plus longtemps possible…

Souhaites-tu ajouter une conclusion à l’attention des amateurs français de blues ?
Oui, j’aimerais leur dire que j’espère progresser dans ma pratique de la langue française (rires). Je leur donne rendez-vous sur un prochain festival de blues !

Remerciements : Alain Michel (Pbox Blues)

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Interview réalisée au
Cognac Blues Passions
le 4 juillet 2015

Propos recueillis par
David BAERST

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