Tia
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

 

Nda : Deux jours après cet entretien, Tia s’est vu remettre, à juste titre, le Prix Cognac Blues Passions 2012. Une distinction qui lui donnera l’opportunité de se produire, en première partie d’une star internationale, devant 6000 spectateurs lors de l’édition 2013 du festival. Une récompense largement méritée et qui, je l’espère, permettra à la chanteuse-guitariste de trouver enfin la place qui lui est due, parmi les artistes incontournables de la scène blues française.

Tia, comment as-tu découvert le blues ?
Je fais de la musique depuis que je suis toute petite…tia
Je suis passée de la guitare classique à la guitare électrique de manière très naturelle. Cela a commencé à partir du moment où je me suis mise écouter des artistes emblématiques de la fin des années 1960 et des débuts des années 1970. Il s’agissait de gens tels que Janis Joplin, Led Zeppelin, Deep Purple et ACDC. Petit à petit je me suis orientée vers le blues en allant voir des gens sur scène et en écoutant l’excellente émission de radio de Patrick Verbeke (« De quoi j’vais m’plaindre » de 1993 à 1998 sur Europe 1, nda).

Puisque tu as commencé à jouer très tôt de la guitare classique, tu as du suivre un cursus spécifique. Peux-tu me parler, plus en détails, de celui-ci… ton environnement familial était-il propice à ce type d’enseignement ?
Pas du tout, mais ma mère tenait à ce que moi et mes soeurs fassions de la musique.
De ce fait elle nous à inscrites dans des écoles de musique et nous avons choisi nos instruments. Pour ma part ça a été la guitare alors que j’avais six ans.
Par la suite nous nous sommes retrouvées au Conservatoire.
A titre personnel, cette expérience n’a pas été une réussite car je me suis fait virée à l’âge de 10 ans (rires) !
D’ailleurs je remercie les gens qui ont pris cette décision car c’est elle qui m’a permis d’aller vers des musiques où je retrouve plus de liberté que dans le domaine du classique.

Je me souviens très bien de toi lors d’une tournée du Chicago Blues Festival en 1999. Tu avais, alors, été invitée sur scène par Larry Garner. De quelle manière cette opportunité s’est-elle offerte à toi ?
C’était en 1999-2000... J’étais allé assister à un concert du Chicago Blues Festival à Clermont-Ferrand. A la fin du show j’ai eu l’opportunité de discuter avec Larry Garner, lui expliquant que j’étais guitariste moi aussi. Découvrant que je n’avais pas grand-chose d’autre à faire le lendemain, il a proposé que j’accompagne toute la troupe. De ce fait, je suis partie avec eux pendant une dizaine de jours.
Il me faisait monter sur scène afin de me permettre de participer à la jam finale. Nous jouions aussi dans les chambres des hôtels et il me parlait de sa culture. Il faut dire qu’il est issu du sud des USA et a grandi dans des circonstances spéciales… Il faisait du gospel et cachait à ses parents qu’il jouait aussi du blues. Il m’a transmis beaucoup de choses…

A partir de quand as-tu décidé de former ton propre groupe et de te produire sous ton nom (Tia & The Patient Wolves ») ?
Après cette tournée avec Larry Garner, l’idée m’est venue de commencer à chanter.
Passer une dizaine de jours sur les routes, avec des bluesmen américains, procure une source d’inspiration inépuisable. C’est ce qui m’a porté…

Combien de disques as-tu enregistré depuis cette période ?
J’ai enregistré deux albums et plusieurs démos.
Le premier CD est « Foggy Head Warm Heart », qui a été réalisé en trio.
Il reflète une expérience difficile puisqu’il s’agit de mon premier album.
On fait toujours beaucoup d’erreurs les premières fois…
Ce n’est pas un super souvenir mais, voilà, il est fait !
J’apprécie beaucoup plus le deuxième « Travellin’ With My Guitar » que nous avons enregistré il y a deux ans. On y trouve quelques invités dont Cedric Le Goff à l’orgue (et aux chœurs) et Freddy Pohardy Riteau au saxophone (le disque a été produit par Marc Tee, nda).
Le choix des chansons me tient particulièrement à cœur, c’est un CD qui est assez éclectique…

Cette année tu es de retour au Cognac Blues Passions, une manifestation chère à ton cœur. Peux-tu évoquer ton intérêt pour ce festival où je t’ai souvent croisée ?
Quand j’ai commencé à jouer du blues, à Clermont-Ferrand, j’avais l’impression d’être la seule personne intéressée par ce registre musical dans toute la ville. Je commençais donc à me poser des questions…
Puis, je suis venue ici et j’ai rencontré beaucoup de musiciens français.
Ainsi, j’ai pu me rendre compte qu’il y a plein de gens qui aiment le blues. Bien sûr, j’ai également pu y côtoyer de nombreux artistes, plus ou moins connus. tia
Je me suis vraiment attachée à ce festival car on y trouve un état d’esprit génial. Ne serait-ce que par la diversité des scènes et des registres qui y sont abordés.
J’aime y revenir, même comme simple festivalière, afin de me « nourrir » de tout ce qu’on y entend.
Puis j’adore jouer ici, car le public du Cognac Blues Passions est vraiment très bon !

Cette année, tu y présentes un concept original. Ton blues se voit teinté de nouvelles couleurs sonores, liées à l’arrivée d’instruments inédits…
Oui, parallèlement à mon groupe, nous venons de monter un trio avec un percussionniste et un joueur de vielle à roue. Ce trio se nomme Hypnotic Wheels et nous nous contentons de jouer de nombreuses reprises pour le moment. C’est la rencontre entre les musique du centre de la France (grâce à la vielle), des sons africains (via une calebasse mais aussi un cajon) et de mon univers blues. Nous nous entendons très bien et nous avons d’excellents retours. Nous sommes donc très contents !

Avant cette expérience, t’étais-tu déjà plongée dans l’univers des musiques africaines et, en particulier, maliennes qui sont un peu à l’origine du blues ?
Oui, d’ailleurs il y a des musiciens que j’apprécie particulièrement comme Toumani Diabaté…
J’adore, également, la démarche de Taj Mahal (qui a, justement, enregistré l’album « Kulanjan » avec Toumani Diabaté) qui, bien que bluesman américain, n’a jamais cessé de s’ouvrir à des sonorités venues d‘autres continents.
Quand on écoute de la musique d’Afrique de l’Ouest, on ressent parfaitement le lien avec le blues.

Ces derniers mois, tu as aussi eu l’occasion de te rendre aux USA. Quelles sont les expériences musicales et les rencontres que tu as pu y faire ?
J’y suis allé à plusieurs reprises et ce dans différents endroits. C’est un pays très vaste…
Dernièrement j’étais dans le sud où j’ai vu beaucoup de musiciens.
Ceci dit, c’est surtout à Los Angeles que j’ai fait les rencontres les plus marquantes. J’étais chez des amis et j’ai pu y jouer avec Kirk Fletcher qui m’a permis de connaitre les musiciens avec lesquels il travaille. Ces gens sont vraiment marquants… Ils ont une grande générosité et nous encouragent, nous les blancs français, lorsque l’on se demande si on a vraiment une légitimité à se produire dans ce registre.
Ils sont très contents de voir des gens jouer leur musique de l’autre côté de l’Atlantique.
C’est une chose très positive…

Voici une question que, je l’espère, tu ne vas pas mal prendre… Est-ce une facilité ou un handicap, lorsqu’on intègre le milieu du blues, d’être une jolie jeune femme ?
Cela dépend surtout de sa manière d’être…
Il y a des avantages, c’est certain. Nous nous faisons plus vite remarquer que les garçons par exemple…
Il y a aussi des inconvénients comme dans la vie de tous les jours. C’est un milieu très masculin mais pas plus macho qu’un autre. Il faut simplement faire sa route… et les gens seront touchés.

Quels sont tes projets ?
J’aimerais beaucoup enregistrer un « vrai » album avec mon projet Hypnotic Wheels… Nous avons déjà un 4 titres et souhaitons aller plus loin. Je souhaite également faire un nouveau disque avec mon propre groupe et j’essaye de développer un concept en solo ainsi qu’un duo avec une amie chanteuse.

Serais-tu prêtes à aborder des domaines beaucoup plus éloignés du blues traditionnel ?
Oui, mais il faut pouvoir le faire (rires) !
En tant que musicienne, je considère que nous apprenons tout au long de notre vie.
Qu’il faut se laisser porter par ce qu’on aime sans se mettre des barrières de style.
Il ne faut pas se brider, sinon on entre dans la frustration et on ne fait pas ce qu’on aime.
Si, un jour, ma musique m’amène vers quelque chose de différent… pourquoi pas !

As-tu une conclusion à ajouter ?
Je suis ravie qu’on ai enfin eu le temps de faire une interview ensemble. J’espère pouvoir te donner beaucoup de nouvelles la prochaine fois que nous nous verrons !

Remerciements : Sophie Louvet et Christine Filippi (service de presse du Cognac Blues Passions)

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Interview réalisée au
Cognac Blues Passions
le 5 juillet 2012

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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