Tim,
pour commencer, comment pourrais tu te présenter ?
Mon nom est Timothy Duffy, fondateur de la Music Maker Relief Foundation.
Avant de créer cette fondation, étais
tu musicien toi même ?
Non j'étais un étudiant, j'ai commencé la musique
par la guitare à mon adolescence. C'est à ce moment que
j'ai commencé à faire des enregistrements et de la photo.
Quand et pour quelle raison as tu décidé
de créer la fondation Music Maker ?
J'ai créé cette fondation en 1994 après avoir travaillé
quatre à cinq années durant avec de vieux artistes de blues.
Le but, au départ était de leur trouver des engagements,
des concerts. Puis j'ai décidé de les enregistrer de les
prendre en main et leur permettre de se faire connaître. Il sont,
ou étaient, des héritiers de plusieurs styles de musiques
populaires américaines.
En fait leur façon de jouer n'est pas unique, ce qui l'est c'est
que leur enseignement musical leur a été directement transmis
par leurs pères ou grands-pères qui aujourd'hui sont décédés.
J'ai donc décidé avec la fondation de leur venir en aide
pour différents programmes.
Par exemple, pour les démarches administratives, pour leur permettre
de partir sur la route en voiture, pour leur développement professionnel.
Nous réalisons les cd et les spectacles ensemble, nous essayons
de donner à leur message un retentissement à travers le
monde comme c'est le cas dans ce Festival aujourd'hui en France et de
laisser ainsi aux gens la possibilité de découvrir ce qu'est
vraiment le blues.
Comment est ce que tu te situes par rapport à
la famille Lomax ?
J'étais un bon ami d'Alan Lomax
.
John et Alan Lomax étaient de formidables collecteurs de musiques
américaines. Ils ont fait un très beau travail, suivre la
trace de géants de la musique et ainsi de les faire découvrir
à un maximum de personnes.
Ils ont fait ce travail afin de récolter de nombreux documents
qui reflètent une certaine Amérique traditionnelle et qui
disent ce qu'est l'Amérique, ces documents font actuellement autorité.
Mon opinion vis à vis de leur enregistrements est que ceux ci sont
très représentatifs des USA ne peuvent pas évoquer
la situation politique d'un autre pays.
A ce jour, combien de disques constituent le patrimoine
Music Maker ?
Nous en sommes à 63 disques sortis et nous en avons enregistré
en tout et pour tout plus de 150. Nous enregistrons continuellement.
Je ne sais pas mais c'est probablement mon fils qui sera chargé
de continuer à travailler sur ces enregistrements car je n'aurai
pas assez de toute ma vie pour les sortir. J'essaye de donner le meilleur
de moi même pour tenter de faire entre 10 et 20 disques tous les
ans.
Quels sont tes meilleurs souvenirs d'enregistrements
?
Mes meilleurs souvenirs sont quand mon père Tommy m'a transmis
sa passion et son savoir faire. Puis j'ai découvert Guitar Gabriel
avec lequel nous avons reçu le soutien de personnalités
telles que Bob Dylan et Eric Clapton. Nous avons pu partager
la scène avec eux au Carnegie Hall.
Il est important de faire de bons disques et de donner le meilleur de
toi afin de pouvoir toujours mettre 25 dollars pour te procurer une bande
d'enregistrement afin de faire un nouveau document et capturer ainsi un
peu de l'âme de ces artistes.
Que peuvent faire les gens pour aider la fondation
?
Aujourd'hui nous avons organisé un programme pour venir en aide
aux musiciens de la Nouvelle Orléans, car il y en a plus de 500
qui n'ont plus rien suite au passage des cyclones. Les gens peuvent leur
venir en aide et faire des dons via notresite www.musicmaker.org
il y a un espace où ils peuvent donner de l'argent avec leurs cartes
bancaires. L'argent parvient par la suite directement aux musiciens qui
ainsi ont une aide pour pouvoir subvenir à leurs besoins les plus
urgents.
Aujourd'hui, combien de musiciens vivent grâce
à votre aide ?
Nous avions une centaine de musiciens avant le cyclone qui s'est abattu
sur la Nouvelle Orléans et depuis cette catastrophe nous en avons
une centaine de plus. Donc à ce jour nous aidons plus de 200 artistes.
Es-tu fier d'un artiste en particulier que tu aurais
aidé ?
Je suis fier de tous ! Par exemple je suis très fier cette année
d'Adolphus Bell que j'ai rencontré il y a deux ans en Alabama.
C'est actuellement son deuxième passage en France. D'une façon
générale, je suis fier de tous mes artistes. Le blues a
besoin de bouger, il a une âme et ne disparaîtra jamais
.
Que peux tu dire sur la compilation Music Maker
qui vient de paraître sur le label Dixiefrog ?
La compilation Dixiefrog ! J'en suis très fier, ce label à
entrepris ceci en respectant l'état d'esprit du concept Music Maker
et en investissant sur les artistes. De surcroît les deux cd sont
présentés dans un très beau packaging avec à
l'intérieur un très joli livret.
Cette maison de disques investit aussi beaucoup de temps et d'argent
dans la promotion de ces enregistrements. Nous n'avions jamais eu ce genre
d'expérience en dehors de notre pays auparavant et je suis très
fier du résultat. Je les remercie vivement.
Quels sont tes futurs projets ?
De nouveaux enregistrements de 3 frères qui viennent de Virginie.
Puis à notre retour nous participerons à un documentaire
avec Kenny Wayne Sheppard et d'autres artistes qui devrait sortir
au printemps prochain. Le 28 octobre nous organisons un " benefit
" (concert caritatif, Nda) for the bayou (pour le bayou,
Nda) avec Robert Randolph & Family Band afin de récolter
de l'argent. En juin 2006 nous participerons à un grand Festival
à Washington DC.
Est-ce que tu souhaites ajouter autre chose ?
Oui, que nous passons un bon moment ici en France et que nous y rencontrons
beaucoup d'amour et d'enthousiasme.
Remerciements : Philippe Langlois (Dixiefrog),
Benjamin "One Man Band" Téhoval et tout le staf du NJP.
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