Tiny Legs Tim
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

 

Tim, dans un premier temps, peux-tu te présenter à tes auditeurs français ?
Je suis né dans un petit village de la campagne flamande. Son nom est Westouter (Westoutre en français, nda).
J’y vivais seul avec mes parents. Nous n’avions pas de voisins car notre maison se situait dans un endroit particulièrement isolé.
Après l’école secondaire, je suis allé à Gand afin d’y poursuivre mes études. C’est là que, pour moi, le monde s’est complètement ouvert (rires) !

Comment as-tu découvert la musique et le blues en particulier, je crois que cela est lié à une histoire familiale… ?
J’étais très jeune lorsque j’ai commencé à écouter du blues. Mon père possédait quelques albums dans ce registre musical (6 ou 7). C’était toujours ces disques là que je prenais afin de les écouter.
Ne parlant pas encore anglais à cette époque, je ne comprenais rien aux textes. Par contre j’étais particulièrement touché par la musique, les voix et le son que j’entendais à travers ces enregistrements. J’étais complètement « infecté »…
C’est à cette même période que j’ai ressenti l’envie de jouer de la guitare et d’écrire mes propres chansons.

Saurais-tu dire, plus précisément, ce qui te touchait dans cette musique que tu découvrais alors ?
C’est une chose difficile à dire car je n’étais qu’un petit enfant… et ma mémoire est susceptible de me jouer des tours !
Je ne peux pas vraiment l’expliquer…
C’était des très vieux blues de Blind Lemon Jefferson, Mississippi John Hurt et Lightnin’ Hopkins…
La musique est universelle, on peut ressentir de l’émotion sans comprendre les mots. L’explication se trouve peut être là…
Il n’est pas impossible que l’enfant que j’étais ait aussi été impressionné par les pochettes de ces disques, avec ces hommes noirs qui tenaient une guitare. J’étais absolument fasciné…

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Peux-tu évoquer tes débuts de musicien, avant de t’installer à Gand ?
C’est à l’âge de 8 ans que j’ai vraiment commencé à jouer de la guitare. J’ai pris des cours dans une école de musique située dans la ville de Poperinge (Poperinghe en français, nda) où, pour commencer, j’ai étudié la guitare classique. Très vite, j’ai expérimenté d’autres styles dont le blues… C’est de cette manière que j’ai débuté mon apprentissage.

As-tu joué au sein de différents groupes avant de te lancer dans l’expérience du one man band ?
J’ai commencé tout seul alors que j’avais aux alentours de 15 ans. Après cela j’ai joué dans quelques groupes et, notamment, The Heartfakers… c’était dans un registre blues rock.
Puis, j’ai décidé de me remettre à jouer en solo.

Etais-tu inspiré par des one man bands en particulier ?
Ce n’est qu’une fois que j’ai commencé à me produire dans cette configuration que je me suis intéressé aux autres one man bands. C’est donc vraiment une chose qui sort du plus profond de moi…
C’est aussi la vie qui a un peu décidé à ma place…
En effet, après avoir joué avec The Heartfakers, je suis tombé très grièvement malade.
Cela a duré six ans…
Six années durant lesquelles j’ai subi de nombreuses opérations. C’était une période particulièrement difficile pour moi. J’ai regardé la mort dans les yeux à plusieurs reprises.
J’ai dû beaucoup me battre pour rester en vie. Aujourd’hui j’ai trouvé un nouvel élan et je me considère comme à peu près guéri. Cependant je n’oublie pas toute cette époque de ma vie, durant laquelle j’étais seul au monde. La musique était mon seul compagnon et c’est elle qui m’a donné suffisamment d’énergie pour me battre.
J’ai donc recommencé tout seul…
D’autant plus que les membres de mon groupes ont continué leur vie.
En six ans, il se passe beaucoup de choses dans l’existence d’un homme…
Après avoir débuté en tant que one man band, j’ai constaté que les gens m’encourageaient de plus en plus afin que je poursuive dans cette voie. C’est de cette manière que cela s’est fait…

On peut considérer que la musique a été une forme de thérapie en ce qui te concerne…
Je pense que oui… je suis un peu comme un survivant.
La musique m’a aidé dans le sens où elle a toujours été un rêve en moi. Grâce a elle, j’avais vraiment un but dans la vie.
Avant cette épreuve, cet art était une passion que j’exerçais parallèlement à mon travail.
Je considère ma maladie comme mon « deal with the devil »… les hôpitaux, les docteurs… c’était mon crossroads à moi…
C’est à ce moment là que j’ai pris conscience du fait que je voulais consacrer ma vie à la musique.

Ce crossroads te mène aujourd’hui en France. Que représente pour toi le fait de pouvoir faire des tournées en dehors de tes frontières, sachant que tu reviens de très loin ?
Chaque jour, je suis heureux de pouvoir faire ce que je veux faire.
Même lorsque je suis coincé dans les embouteillages je me sens heureux, alors que tous les autres gens sont stressés car il ont peur d’arriver en retard au travail.
De mon côté, je sais que je suis en route pour un concert et que je vais y interpréter mes chansons… c’est magnifique !

D’où te vient ton nom de scène, Tiny Legs Tim ?
C’est une forme de plaisanterie. Afin de respecter la tradition du blues rural, je tenais à un nom en trois parties comme Blind Willie Johnson ou Big Bill Broonzy…
C’est aussi lié à une caractéristique physique car, avant ma maladie, j’étais une personne normalement constituée. Puis j’ai beaucoup maigri et je n’ai pas réussi à reprendre du poids. De ce fait, mes jambes sont très fines et je suis devenu quelqu’un de fragile.
Ce nom de Tiny Legs Tim est donc une forme d’autodérision, j’aime me moquer de moi-même (rires) !

C’est donc ça le fameux humour belge…
Oui, je pense que c’est cela (rires) !

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Tu as sorti deux EP et un album complet, peux-tu me les présenter ?
J’ai commencé avec un EP qui se nommait « They say small birds don’t fly » ce qui est, je le conçois, un titre assez long (rires). Cependant, il a une signification précise…
Il est constitué de 5 titres mais n’est plus disponible. Par contre, il est possible de le télécharger sur toutes les bonnes plateformes spécialisées.
Le deuxième EP « Constant Constable » est entièrement instrumental. Les morceaux qui en sont issus illustrent, en musique, les peintures de John Constable. Ce dernier est un artiste anglais (1776-1837), issu de l’école du romantisme (il est aussi considéré comme un précurseur de l‘impressionnisme, nda).
Je l’ai vraiment découvert lors d’une exposition à Gand et ses œuvres mon littéralement parlé. J’ai donc décidé de m’en inspirer afin d’écrire des musiques…
Ces dernières sont dans un style qui peut rappeler l’ambiance du film « Paris, Texas » de Wim Wenders, dont la bande originale est signée Ry Cooder.
Quant à l’album, il s’appelle « One Man Blues ». Il a été enregistré « live en studio » avec un public d’une trentaine de personnes. Je voulais avoir l’énergie d’un concert sans que ce soit vraiment un enregistrement live. On y trouve 14 chansons et je suis très content qu’il obtienne d’aussi bonnes critiques, que ce soit dans la presse belge ou à l’étranger.
Cela aussi m’a donné beaucoup de courage pour continuer…

Ton registre est très roots. Comptes-tu le conserver dans l’avenir ou le faire évoluer vers des sons plus électriques ?
J’ai des « plans » pour enregistrer un nouvel album en décembre.
Je pense que j’irai encore plus loin en direction des racines du blues.
Ceci dit, j’envisage aussi d’enregistrer quelques morceaux qui seront agrémentés par la présence d’une petite batterie et d’une contrebasse. Ce disque sera donc un peu plus diversifié que son prédécesseur…
Je suis quelqu’un qui adore le vieux delta blues, même si le plus important à mes yeux reste de proposer une œuvre originale… qui me soit propre.
J’écris des morceaux qui allient ces deux aspects.
Je tiens sincèrement à préserver le son du vieux delta blues… c’est un peu ma mission (rires) !

En conclusion à cet entretien, aurais-tu un message spécifique pour tes lecteurs (et auditeurs) français… toi qui reviens de si loin ?
Leur dire que j’apprécie le fait d’avoir une certaine reconnaissance ici… 
J’ai déjà joué en France auparavant et j’aimerais beaucoup y revenir plus souvent dans l’avenir.  J’aime ce pays et, de surcroit, dans le sud… le climat y est parfait pour une personne comme moi (rires) !
Enfin, merci beaucoup à toi… je souhaite beaucoup de succès à Route 66 !

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Interview réalisée
au Camionneur
le 2 novembre 2012

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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