Tommy Castro
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Quelle fut votre première sensation musicale ?

Ma toute première ? B.B. King, sans aucun doute. Il fut l'un des premiers à m'avoir fait ressentir le vrai blues. Mais j'ai également entendu Mike Bloomfield, Eric Clapton et Johnny Winter. Je me suis très rapidement retrouvé dans B.B. King et cela a tout changé pour moi.

Quand avez-vous commencé à jouer ?

A dix ans, simplement pour m'amuser. Mon frère aîné jouait de la guitare et m'a appris quelques trucs. Ensuite, avec des amis à moi âgés de douze ans, nous avons formé un petit groupe dans un garage. Au départ, c'était pour le fun jusqu'à ce que plus tard dans la vie (pour résumer une longue histoire), je me suis rendu compte que je n'étais bon à rien d'autre que la musique. J'en ai donc fait mon métier au bout du compte.

Le blues faisait partie du répertoire original ?

Depuis le début, j'imagine que nous avons commencé par faire du rock'n roll mélangé de soul et de blues. Cream, les Rolling Stones et tous les groupes de ce genre. Puis un jour, j'ai découvert B.B. King et Muddy Waters, les vrais bluesmen. Je n'ai quasiment écouté plus que ça. Dans le même temps, je me suis ouvert à la " soul music " en écoutant Wilson Picket, Otis Redding et James Brown. En opérant la fusion entre soul et rock'n roll, j'ai créé mon propre son.

Quand avez-vous rencontré B.B. King ?

Lors d'une tournée, je l'ai accompagné durant deux étés à la suite. L'été dernier et le précédent, j'ai eu la chance de faire la connaissance de B.B. pour la première fois. C'était formidable de pouvoir jouer avec lui. Nous sommes passés par 50 villes au travers des U.S.A. lors de grandes manifestations. Buddy Guy était aussi là dans ce spectacle. Chaque nuit, jouer avec Buddy Guy et B.B. King réunis, wahou ! ! ! Je n'arrive toujours pas à y croire.

Comment se portent les musiques " roots " autour de San Francisco ?

La scène locale est dynamique comme elle l'a toujours été. La région de la Baie de San Francisco possède une forte tradition ancrée dans le blues. D'un côté, Les spectacles y sont nombreux et les groupes sont légion, quelque soit le style. On peut  trouver des musiciens locaux que personne n'a encore jamais entendu. D'un autre côté, John Lee Hooker a vécu ici jusqu'à sa mort. Robert Cray, Bonnie Raith, Joe Louis Walker, Charlie Musselwhite, Elvin Bishop et Mick Graves vivent tous dans la région de la Baie. Les clubs de blues ne manquent pas, pas plus que les festivals de blues.

Vous étiez très proche de John Lee Hooker. Comment avez-vous travaillé ensemble pour votre dernier disque ?

Ces sessions font partie des plus mémorables moments de ma vie ! Nous sommes devenus amis après une série de concerts dont je faisais la première partie. Nous avons peu à peu appris à nous connaître. Alors que je travaillais sur mon album " Guilty of Love ", publié en France par Dixiefrog, je me suis surpris à chanter comme John Lee Hooker sur la première chanson " Guilty of Love ". Inconsciemment, j'avais adapté ma façon de chanter à son phrasé, à force de le regarder et de l'écouter, de sorte que cela a déteint sur moi. Quand j'ai commencé à chanter ainsi, l'idée m'est venue de demander à John Lee de me rejoindre. Il a tout de suite été d'accord quand je lui ai posé la question. C'est comme cela que je me suis rendu dans sa maison. La musique avait déjà été enregistrée en entier avec le groupe. Il n'a eu qu'à chanter sur cet enregistrement, car nous avions apporté un studio d'enregistrement mobile chez lui. Il était simplement assis dans le divan de son salon avec le micro et les baffes placés devant lui. Je me suis assis à côté de lui, ce qui a donné une superbe photo que l'on peut admirer sur mon site web (www.tommycastro.com). C'était vraiment inimaginable pour moi, j'étais époustouflé !

Vous avez enregistré un album live au Filmore West, pourquoi avoir choisi cet endroit ?

C'est évidemment une salle légendaire dont l'histoire musicale est très riche. Si seulement les murs pouvaient parler ! Cela fut une expérience formidable pour nous tous de nous y retrouver. D'être arrivés à l'endroit où se sont tenus tant de grandes stars au fil des années et dans tous les genres de musique. D'être parvenus à un niveau d'excellence au pont de figurer en tête d'affiche au Filmore West, c'est un grand rêve qui se réalise. Ce n'est pas aussi fort que la tournée avec B.B. King, mais presque !

Comment pouvez-vous qualifier votre propre style ? Du pur blues ou du soul blues ?

C'est notre manière d'interpréter le rythm'n blues, le blues traditionnel de tous horizons (Texas, Chicago, Memphis) et enfin la musique soul. Nos influences viennent, comme je vous l'ai dit, de Ray Charles, de Wilson Picket et toute l'équipe Stax avec tous les grands chanteurs de l'époque. Ensuite nous travaillons à faire notre musique en prenant ça et là des sons dans ce qui nous plaît. Au final on trouve plutôt un mélange de blues et de soul, avec une pointe de rock.

Dans le futur, vous pourriez changer de direction musicale ?

Personne ne peut le savoir ! Ces choses-là doivent arriver par elles-mêmes. Des tas de choses différentes peuvent influer sur votre vie, les expériences vont et viennent, on vieillit et on découvre d'autres musiques et d'autres musiciens. N'importe qui peut avoir un effet sur moi d'une certaine manière. J'ai bien des projets, mais qui sait ce qu'ils peuvent devenir ? Il y aura toujours les racines du blues et de la soul dans ma musique car cela fait partie de moi. Ceci ne changera pas.

Mon prochain projet est un album hommage composé de reprises de mes musiciens favoris. Ray Charles, B.B. King, Buddy Guy, Muddy Waters, James Brown et toutes sortes d'artistes du blues et de la soul. Howling Wolf, Albert King. Je vais reprendre une douzaine de ces chansons en hommage. Le disque sortira en février, mars de l'an prochain. Ensuite, je reviendrait à des compositions originales.

Comment se passe la composition de vos chansons ?

Cela arrive de plusieurs manières différentes. J'ai commencé par collaborer avec d'autres personnes pour l'écriture. De très bons compositeurs m'ont enseigné leurs méthodes. Je pars d'une idée de chanson, puis je construit autour. Une accroche, les paroles s'enchaînent et j'essaye d'y associer la mélodie pour que toute la chanson tienne ensemble.

 

 
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le 7 décembre 2002 au Cylindre de Larnod
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Propos recueillis par Jean-Luc & David BAERST

 

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