Quelle
fut votre première sensation musicale ?
Ma toute première ?
B.B. King, sans aucun doute. Il fut l'un des premiers à m'avoir fait ressentir
le vrai blues. Mais j'ai également entendu Mike Bloomfield, Eric Clapton
et Johnny Winter. Je me suis très rapidement retrouvé dans B.B. King et
cela a tout changé pour moi.
Quand avez-vous
commencé à jouer ?
A dix ans, simplement
pour m'amuser. Mon frère aîné jouait de la guitare et m'a appris quelques
trucs. Ensuite, avec des amis à moi âgés de douze ans, nous avons formé
un petit groupe dans un garage. Au départ, c'était pour le fun jusqu'à
ce que plus tard dans la vie (pour résumer une longue histoire), je me
suis rendu compte que je n'étais bon à rien d'autre que la musique. J'en
ai donc fait mon métier au bout du compte.
Le blues
faisait partie du répertoire original ?
Depuis le début,
j'imagine que nous avons commencé par faire du rock'n roll mélangé de
soul et de blues. Cream, les Rolling Stones et tous les groupes de ce
genre. Puis un jour, j'ai découvert B.B. King et Muddy Waters, les vrais
bluesmen. Je n'ai quasiment écouté plus que ça. Dans le même temps, je
me suis ouvert à la " soul music " en écoutant Wilson Picket,
Otis Redding et James Brown. En opérant la fusion entre soul et rock'n
roll, j'ai créé mon propre son.
Quand avez-vous
rencontré B.B. King ?
Lors d'une tournée,
je l'ai accompagné durant deux étés à la suite. L'été dernier et le précédent,
j'ai eu la chance de faire la connaissance de B.B. pour la première fois.
C'était formidable de pouvoir jouer avec lui. Nous sommes passés par 50
villes au travers des U.S.A. lors de grandes manifestations. Buddy Guy
était aussi là dans ce spectacle. Chaque nuit, jouer avec Buddy Guy et
B.B. King réunis, wahou ! ! ! Je n'arrive toujours pas à y croire.
Comment se
portent les musiques " roots " autour de San Francisco ?
La scène locale
est dynamique comme elle l'a toujours été. La région de la Baie de San
Francisco possède une forte tradition ancrée dans le blues. D'un côté,
Les spectacles y sont nombreux et les groupes sont légion, quelque soit
le style. On peut trouver des musiciens locaux que personne n'a
encore jamais entendu. D'un autre côté, John Lee Hooker a vécu ici jusqu'à
sa mort. Robert Cray, Bonnie Raith, Joe Louis Walker, Charlie Musselwhite,
Elvin Bishop et Mick Graves vivent tous dans la région de la Baie. Les
clubs de blues ne manquent pas, pas plus que les festivals de blues.
Vous étiez
très proche de John Lee Hooker. Comment avez-vous travaillé ensemble pour
votre dernier disque ?
Ces sessions
font partie des plus mémorables moments de ma vie ! Nous sommes devenus
amis après une série de concerts dont je faisais la première partie. Nous
avons peu à peu appris à nous connaître. Alors que je travaillais sur
mon album " Guilty of Love ", publié en France par Dixiefrog,
je me suis surpris à chanter comme John Lee Hooker sur la première chanson
" Guilty of Love ". Inconsciemment, j'avais adapté ma façon
de chanter à son phrasé, à force de le regarder et de l'écouter, de sorte
que cela a déteint sur moi. Quand j'ai commencé à chanter ainsi, l'idée
m'est venue de demander à John Lee de me rejoindre. Il a tout de suite
été d'accord quand je lui ai posé la question. C'est comme cela que je
me suis rendu dans sa maison. La musique avait déjà été enregistrée en
entier avec le groupe. Il n'a eu qu'à chanter sur cet enregistrement,
car nous avions apporté un studio d'enregistrement mobile chez lui. Il
était simplement assis dans le divan de son salon avec le micro et les
baffes placés devant lui. Je me suis assis à côté de lui, ce qui a donné
une superbe photo que l'on peut admirer sur mon site web (www.tommycastro.com).
C'était vraiment inimaginable pour moi, j'étais époustouflé !
Vous avez
enregistré un album live au Filmore West, pourquoi avoir choisi cet endroit ?
C'est évidemment
une salle légendaire dont l'histoire musicale est très riche. Si seulement
les murs pouvaient parler ! Cela fut une expérience formidable pour nous
tous de nous y retrouver. D'être arrivés à l'endroit où se sont tenus
tant de grandes stars au fil des années et dans tous les genres de musique.
D'être parvenus à un niveau d'excellence au pont de figurer en tête d'affiche
au Filmore West, c'est un grand rêve qui se réalise. Ce n'est pas aussi
fort que la tournée avec B.B. King, mais presque !
Comment pouvez-vous
qualifier votre propre style ? Du pur blues ou du soul blues ?
C'est notre
manière d'interpréter le rythm'n blues, le blues traditionnel de tous
horizons (Texas, Chicago, Memphis) et enfin la musique soul. Nos influences
viennent, comme je vous l'ai dit, de Ray Charles, de Wilson Picket et
toute l'équipe Stax avec tous les grands chanteurs de l'époque. Ensuite
nous travaillons à faire notre musique en prenant ça et là des sons dans
ce qui nous plaît. Au final on trouve plutôt un mélange de blues et de
soul, avec une pointe de rock.
Dans le futur,
vous pourriez changer de direction musicale ?
Personne ne
peut le savoir ! Ces choses-là doivent arriver par elles-mêmes. Des tas
de choses différentes peuvent influer sur votre vie, les expériences vont
et viennent, on vieillit et on découvre d'autres musiques et d'autres
musiciens. N'importe qui peut avoir un effet sur moi d'une certaine manière.
J'ai bien des projets, mais qui sait ce qu'ils peuvent devenir ? Il y
aura toujours les racines du blues et de la soul dans ma musique car cela
fait partie de moi. Ceci ne changera pas.
Mon prochain
projet est un album hommage composé de reprises de mes musiciens favoris.
Ray Charles, B.B. King, Buddy Guy, Muddy Waters, James Brown et toutes
sortes d'artistes du blues et de la soul. Howling Wolf, Albert King. Je
vais reprendre une douzaine de ces chansons en hommage. Le disque sortira
en février, mars de l'an prochain. Ensuite, je reviendrait à des compositions
originales.
Comment se
passe la composition de vos chansons ?
Cela arrive
de plusieurs manières différentes. J'ai commencé par collaborer avec d'autres
personnes pour l'écriture. De très bons compositeurs m'ont enseigné leurs
méthodes. Je pars d'une idée de chanson, puis je construit autour. Une
accroche, les paroles s'enchaînent et j'essaye d'y associer la mélodie
pour que toute la chanson tienne ensemble.
|