Two Shy
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Nda : Basé sur la complicité que partagent Emmanuelle Lesquerade et Freddy Fuhro, le duo Two Shy ne laisse pas insensible. Entre amour, émotions, évocations de voyages réussis et de passés parfois douloureux (le tout savamment enrobé par de subtiles mélodies acoustiques, voire des riffs à la Angus Young), le répertoire coloré de cet attachant tandem puise dans toutes les couleurs d’une large palette de peintre.
A l’occasion de la sortie de son album, « Come Closer », Two Shy a accepté d’être le premier groupe invité de l’émission Route 66 pour l’année 2017. Voici, en substance, ce qui s’est raconté alors…

Avant de parler, plus précisément, de votre duo j’aimerais revenir sur vos parcours respectifs. Aussi pourriez-vous, l’un et l’autre, évoquer vos tribulations artistiques ?
Emmanuelle Lesquerade : Pour moi, cela a commencé alors que j’étais toute petite. Je chantais et dansais partout, notamment chez mes voisins. J’y montais des spectacles et cela me permettait de recevoir, en échange, des tablettes de chocolat et des bonbons. Par la suite j’ai intégré une première chorale, puis une deuxième… Arrivée au Collège j’ai commencé à rejoindre des groupes avant de, totalement, arrêter la musique. Je me suis, alors, dirigée vers le théâtre et me suis consacrée à cet art. Il y a quelques années, j’ai rencontré Freddy. Nous fréquentions des soirées durant lesquelles nous participions à des karaokés en live. Je me suis donc remise à pousser la chansonnette. Freddy m’a remarquée et a eu l’idée de monter un duo avec moi. C’est ainsi que Two Shy est né et que nous avons commencé à nous produire dans des bars. 66

Ton expérience d’actrice te sert-elle dans le cadre de ce projet musical (mise en scène, tenues…) ?
Emmanuelle Lesquerade : Au niveau de la tenue oui, car je porte un chapeau haut de forme qui prend une certaine importance. Sinon, ma prestance scénique est bien sûr directement héritée du théâtre et de mes expériences dans ce domaine. En dehors de cela, on ne peut pas réellement parler de mise en scène ou de jeu théâtral lors des concerts. Ceci dit, il est clair que ce passé joue dans le groupe…

A quel âge, tes propres goûts musicaux se sont-ils développés ?
Emmanuelle Lesquerade : Durant mon adolescence j’écoutais Nightwish, Within Temptation… Avant cela, lorsque j’étais enfant, ma grand-mère me réveillait avec Johnny Hallyday et me couchait avec Dalida. Elle me faisait, aussi, écouter la musique de Barbara…ce qui ne ressort pas aujourd’hui. Puis, à force de sortir, je me suis découvert une véritable attache pour le rock. De plus ma sœur, qui écoutait bien plus de musique que moi, m’a fait découvrir pas mal de choses dans ce domaine. Enfin, Freddy a parfait mon apprentissage en élargissant mon horizon musical.

Justement, j’aimerais que Freddy revienne aussi sur son parcours…qui fait de lui l’un des piliers de la scène rock alsacienne depuis plus de trente ans…
Freddy Fuhro : Je fréquente des groupes depuis l’âge de 10 ou 11 ans. A cette époque- là, nous sommes passés de Led Zepellin à ACDC. Le blues est arrivé un petit peu plus tard car, à l’époque, il n’était pas évident de trouver des disques dans ce registre précis. C’était, presque, impossible en fait. Nous étions donc rivés sur les « gros groupes » que tout le monde écoutait ou allait voir lors de leurs tournées respectives. Mes goûts étaient donc très orientés vers le rock-blues des années 1970. Puis il y a eu ces fameux groupes de Collège montés avec des potes. Tout est parti de là…
C’est vers l’âge de 15 ou 16 ans que j’ai formé des combos qui ont, vraiment, commencé à tourner. Je ne me souviens même plus de tous les noms de ceux-ci (rires)…

Pour ma part, je t’ai découvert en 1992 alors que tu faisais une première partie de Calvin Russell au sein de Sol Angel. Y-a-t-il eu d’autres expériences notables au préalable ?
Freddy Fuhro : Oui, il y a eu First Line avec Alex Bianchi (également membre de Sol Angel). C’est le groupe qui a marqué notre adolescence. Nous avons écumé toute la scène locale, alors que nous n’avions pas encore de voiture. Nous faisions tout à pieds, en portant nos amplis sur le dos. C’est ainsi que nous nous rendions dans les salles et dans notre local de répétition strasbourgeois. Il faut dire, qu’à l’époque, il y avait beaucoup plus de lieux dans lesquels nous pouvions nous exprimer. Puis il y a eu Sol Angel qui a bien tourné. En 1994, j’ai rencontré Corinne Jacquin lors de l’un de nos concerts. Ensemble, nous avons monté le groupe Alice qui a duré pendant pas mal d’années. Puis, il y a eu le groupe de pub rock The Doctors avec Yvan Dantzer, Philippe Stephan et toujours Corine Jacquin à la batterie. Enfin j’ai formé Two Shy avec Emmanuelle ainsi que les Toxic Pistoleros dans un registre plus électrique.

Le fait d’intégrer The Doctors a, d’ailleurs, pour toi été l’occasion de te replonger dans un répertoire plus proche des racines du blues…
Freddy Fuhro : Oui, le fait de former ce qui était, au départ, un tribute à Dr Feelgood m’a rendu très heureux. Cela m’a permis de redécouvrir plein de standards en les réinterprétant de manière brutale. Ce groupe est une superbe expérience. D’autant plus que nous nous sommes lancés dans la composition originale et que nous avons édité un album. D’ailleurs, l’aventure n’est pas terminée…66

De quelle manière s’est matérialisée cette collaboration avec Emmanuelle. Comment en êtes-vous venu à fonder Two Shy et à revenir à registre plus acoustique ?
Freddy Fuhro : Comme le disait Emmanuelle, cela s’est fait un peu par hasard lors de « soirées jam » dans un bar…où nous étions souvent collés ensemble (rires).
Emmanuelle Lesquerade : Il y a vraiment eu un concert qui a tout lancé. Nous avions remplacé un autre groupe suite à son désistement pour une soirée. Nous avons donc monté un petit répertoire en quinze jours. C’est ce qui a tout lancé…
Freddy Fuhro : C’était des reprises car, bien sûr, nous n’avions pas encore eu le temps de composer.

Vous êtes-vous réparti les tâches en ce qui concerne l’écriture de votre premier album « Come Closer ». Comment avez-vous travaillé ?
Emmanuelle Lesquerade : Au ressenti… Freddy a écrit certains textes, moi d’autres…idem pour les parties musicales acoustiques. Tout s’est passé de manière naturelle en fonction des idées que nous pouvions avoir. Cela a très bien fonctionné.
Freddy Fuhro : Oui, c’était au feeling, nous ne nous sommes fixés aucune règle au préalable. L’un de nous pouvait terminer la chanson de l’autre par exemple. Le titre qui ouvre l’album, « Overdose », est le premier que nous avons écrit puis enregistré. Nous le faisions écouter 25 fois à chaque personne que nous croisions (rires). Puis, bien plus tard, il y en a eu un deuxième…suivi d’un autre et encore d’un autre...

Au moment d’écrire ces morceaux, pensiez-vous déjà réaliser un disque ou étaient-ils uniquement prévus pour vos concerts ?
Freddy Fuhro : Les premiers titres ont été écrits pour la scène, nous ne pensions pas enregistrer un disque avec. Ce n’est qu’après avoir élaboré plusieurs chansons que nous avons estimé qu’il était temps de faire un album. Nous avons réuni toutes nos notes et tout ce que j’avais enregistré sur mon téléphone.
Emmanuelle Lesquerade : Nos tiroirs sont remplis, j’ai toujours des textes qui trainent partout. Parfois on les perd, puis on les retrouve…
Freddy Fuhro : Nous avons sélectionné les dix chansons les plus terminées, afin de les réunir sur disque.

Vous arrive-t-il d’utiliser plusieurs « brouillons » de chansons pour, au final, n’en créer qu’une seule ?
Emmanuelle Lesquerade : Cela est arrivé au niveau des textes. C’était comme jouer avec un puzzle…
Freddy Fuhro : Ce n’est, par contre, pas arrivé pour les musiques. Je préfère rester assez simple en ce concerne ces dernières. J’évite de partir dans trop de directions différentes, je ne me complique pas la vie.
Emmanuelle Lesquerade : Cet album marque mes débuts en tant que guitariste. Auparavant, je n’avais jamais tenu une guitare entre les mains. Dès que j’ai maitrisé mes trois premiers accords, je me suis mise à bidouiller des morceaux…je trouvais cela génial !Au départ, je n’arrivais pas à chanter simultanément puis, à force de travail, tout s’est mis en place. L’album est empreint de tout cela…
Freddy Fuhro : Je lui ai dit que pour savoir chanter il fallait savoir jouer de la guitare (rires).

En sortant un album de manière aussi rapide, n’aviez-vous pas peur de « mettre la charrue avant les bœufs » ?
Freddy Fuhro : Non car les chansons étaient là et, de plus, on nous le demandait. Pour certaines chansons, nous avons même gardé le brouillon tel quel en retravaillant quelques parties. Ceci afin de conserver une certaine fraicheur. Nos idées pouvaient venir au milieu de la nuit ou à l’heure du café. A chaque fois, nous enregistrions sur le moment. C’est ce résultat que j’ai souhaité conservé au final…
Emmanuelle Lesquerade : Au départ nous voulions partir en studio et tout réenregistrer.Nous avons préféré conserver le travail original qui est, vraiment, à notre image.
Freddy Fuhro : Tout est fait maison, nous n’avions pas d’impératif donc nous avons travaillé à notre rythme.

Sur quel type de matériel avez-vous enregistré ?
Freddy Fuhro : Le disque a été enregistré sur mon vieux Tascam 8 pistes qui doit dater de 1990. Je trouve que cet enregistreur est fabuleux et je l’ai toujours utilisé.Je le trouve parfait pour les sons de guitares et de batterie acoustique. Les seuls effets du CD sont ceux réalisés avec mes pédales de guitare. Tout a été fait en analogique, il n’y a pas eu d’ordinateur jusqu’à la phase final (transfert). A titre personnel, je ne sais même pas régler un compresseur (rires). Dans le passé, avec d’autres groupes, il m’est souvent arrivé de ne pas immédiatement obtenir le son que je souhaitais…y compris dans des studios plus perfectionnés et onéreux. Avec ce disque, ça a été le cas… j’aime tous les sons. Quand ça sature, c’est la bande qui vibre

C’est aussi une volonté de conserver un côté plus « organique »…
Freddy Fuhro : Oui, les compressions à outrance, ce n’est pas mon truc. Nous avons écouté ce disque sur de nombreuses sources différentes (voitures, bars, chaines hi-fi…) et, s’il est vrai qu’il ne sonne pas comme le dernier Metallica, il me plait beaucoup !

Quelle a été la réaction de vos premiers auditeurs qui, pour certains d’entre eux, sont peut-être habitués à des sons plus compressés ?
Freddy Fuhro : Bizarrement, tout le monde a trouvé le résultat surprenant et bien.Les gens ne savaient pas pourquoi, mais ils trouvaient cela bien !

A quel rythme travaillez-vous ?
Freddy Fuhro : Le rythme n’est pas du tout quotidien. Tout est spontané…
Emmanuelle Lesquerade : C’est lorsque nous sentons la chose. Nous sommes capables de nous lever à deux heures du matin, de faire une omelette et de trouver une idée.
Freddy Fuhro : C’est, peut-être, un tort… nous devrions organiser de vraies séances de travail. Ces dernières ne sont planifiées que pour l’enregistrement final des titres. Pour le moment, notre groupe est basé sur la spontanéité.

Vous préparez un deuxième album. Avez-vous déjà plusieurs titres de prêts, en quoi sera-t-il différent ?
Freddy Fuhro : Le son sera différent, il y aura un autre rendu même si nous souhaitons conserver l’esprit du premier album. Nous prenons notre temps pour le réaliser, même si nous espérons le sortir en 2017. Nous nous octroyons le plus de liberté possible…

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Interview réalisée au
Studio RDL - Colmar
le 4 janvier 2017

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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