Veronica Sbergia
(& The Red Wine Serenaders)
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

 

Nda : C’est la chanteuse (également joueuse de rubboard et de ukulélé) Veronica Sbergia qui a répondu à la majeure partie des réponses qui suivent (sauf mention contraire). Durant l’entretien, les autres membres du groupe étaient également présents, à savoir : Alessandra Cecala (contrebasse) et Max de Bernardi (dobro, mandoline, ukulélé).veronica

Veronica, comment pourrais-tu définir le style musical de ton groupe ?
Il s’agit de musique « old time »…
Nous ne nous consacrons pas uniquement au folk blues mais pratiquons un mélange de différents styles. Ainsi, nous abordons le ragtime, des titres de « l’early » jazz des années 1920-1930 et le gospel.
Le vaudeville est, également, très présent dans notre univers…
Lorsque nous mélangeons toutes ces composantes on peut, finalement, se rendre compte que le terme qui correspondrait le mieux à ce que nous faisons est « old time music » !

Comment l’idée de remettre à l’honneur de tels styles vous est-elle venue ?
J’ai commencé à chanter toute petite en interprétant tous les genres de musiques italiennes… en passant par le reggae, la folk irlandaise, le rock etc…
C’est à l’âge de 20 ans, un peu près, que je me suis mise à m’intéresser au blues. Je me consacrais, alors, principalement au Chicago blues et au rhythm and blues. Puis j’ai rencontré le guitariste Max De Bernardi qui étudiait les racines de cette musique. Notre collaboration a, rapidement, commencé et je me suis complètement concentrée sur les différents types de blues traditionnels. Maintenant, j’adore vraiment faire cela !

Etes-vous, vous-mêmes, surpris par l’intérêt du public pour cette musique aujourd’hui ?
Oui, surtout en Italie !
Ceci est très intéressant car, actuellement, ce n’est pas une bonne période pour la musique en Italie.
Pourtant, là-bas, les gens s’amusent beaucoup en écoutant ce que nous faisons. Chose qui ne se limite pas aux personnes d’un certain âge car je constate que notre public est, de plus en plus, constitué de jeunes.
Par ce biais, ces derniers commencent aussi à partir à la recherche d’anciens albums et sont curieux de connaître ce qui se faisait il y a près d’un siècle…

Cette musique est très entraînante mais cherchez-vous, aussi, à la rendre plus « sérieuse ». Ceci en faisant passer des messages à travers les textes, comme c’était souvent le cas à l’époque. D’autant plus que la situation politique de l’Italie, actuellement, est assez particulière…?
Oui mais nos messages sont très subtils.
Tu sais nous avons joué un petit extrait de « Bella ciao » (chanson traditionnelle italienne connue pour son ton protestataire, elle est devenue le chant des partisans italiens et est souvent utilisée aujourd’hui dans le milieu anarchiste, nda) au sein de l’un de nos titres. C’est une façon, pour nous, d’exprimer ce que nous pensons et de faire part de nos idées tout en veillant à ne pas provoquer le public. Bien sûr, nous préférons quand ce dernier est d’accord avec nous (rires) !

Est-ce que l’on vous écoute de la même manière des deux côtés des Alpes ?
Je dois avouer que le fait de jouer en France est une chose très différente que le fait de se produire devant le public italien. Je pense qu’il s’agit d’une question culturelle. Je trouve que les gens, en France, sont plus ouverts. Ils ont davantage envie de découvrir des choses nouvelles et originales. Bref, ils n’ont pas peur de sortir de la maison et d’aller écouter un groupe italien qu’ils ne connaissaient pas avant. Dans notre pays, il est plus difficile de convaincre le public afin qu’il aille écouter un artiste qui est inconnu pour lui. Il ne faut pas avoir peur de se fatiguer afin d’obtenir un minimum de visibilité. Selon moi c’est à cause de la télévision, dont les programmes prennent un malin plaisir à endormir les gens.
Alessandra Cecala : Je suis d’accord avec Veronica. Ensemble, nous parlons beaucoup de cette chose car nous sommes intéressées par les attitudes de nos contemporains. Nous essayons, humblement, de leur donner le maximum de bonheur… D’ailleurs, en Italie, nous somme cruellement en manque de bonheur. Nous avons besoin de sortir et d’assister à des spectacles vivants. Rester, tous ensemble, devant un écran n’est pas une solution. La télévision est vraiment un problème en Italie… Les français ont une plus grande culture générale, les italiens ne connaissent que Canal 5 et Media 7 etc… (rires) !
Le groupe est, de ce fait, très heureux et se sent privilégié d’être ici !

Vous sentez-vous « marginalisés » sur la scène italienne ou d’autres groupes se produisent-ils dans votre registre ?
Nous sommes des « Aliens » (rires) !
Il est vraiment très difficile, dans notre pays, de trouver des artistes qui jouent le même type de musique. Les genres que nous abordons ne font pas partie de notre culture musicale. C’est, probablement, pour cela que les gens qui viennent à nos concerts en ressortent toujours très surpris.
La musique « old time » et le blues acoustique ne sont vraiment pas répandus chez nous…

Avez-vous, cependant, accès à certains gros médias ?veronica
C’est une chose encore assez difficile… Notre musique n’est pas assez « fashion » (rires) !
Chez nous, les gros médias sont toujours à la recherche de quelque chose qui soit « sensationnel »… et pas forcément au sens artistique du terme. Il faut que les artistes invités soient susceptibles de réunir un maximum de monde et de faire vendre de la publicité.
Notre look est susceptible de plaire aux médias français, dont la plupart sont avides de différence et d’originalité, mais en Italie c’est différent…
C’est, en partie, pour cela que nous somme très fiers d’être ici. C’est notre deuxième programmation au Cognac Blues Passions  en deux ans…
L’an passé, nous avions donné un concert sur la scène du « Tonic Day » le dimanche matin à 10h30.
Nous pensions qu’il n’y aurait personne dans le public. A notre grande surprise c’était noir de monde !
Le fait de revenir ici cette année et de nous produire sur la scène « Eden Blues » a enfoncé le clou…
Ce Festival est un véritable coup de cœur pour moi. J’étais très émue en retrouvant ce public… chose qui était aussi le cas pour l’ensemble des Red Wine Serenaders.

Maintenant que vous avez pris l’habitude de vous produire en France, avez-vous eu le temps de vous intéresser à la scène blues française ?
Nous connaissons le groupe Bo Weavil, et son leader Matt, pour avoir déjà partagé l’affiche de quelques Festivals avec lui. Nous l’aimons beaucoup et apprécions particulièrement sa musique.
Nous avons, aussi, rencontré les Crippled Frogs à Cognac…
Sinon, en toute objectivité, je ne connais pas encore beaucoup les artistes français de blues.
Je te promets que j’étudierai la chose dès que je rentrerai à la maison (rires) !

Que pouvons-nous attendre du groupe dans les prochains mois ?
Notre nouvel album est sorti il y a un mois. Nous allons, maintenant, nous consacrer à sa promotion avant de revenir donner des concerts en France en 2012. Nous sommes toujours en mouvement…
Mon prochain objectif est de me consacrer, davantage, à l’écriture de nos propres chansons.

Qu’aimerais-tu évoquer dans ces prochaines chansons ?
Il est encore trop tôt pour en parler…
C’est une chose à laquelle je commence à réfléchir et je ne voudrais pas te raconter des bêtises en l’évoquant trop tôt !

Sinon, au-delà de la réussite de tes projets musicaux, à quoi aspires-tu dans l’avenir ?
J’aimerais beaucoup aller aux Etats-Unis où je n’ai jamais mis les pieds.
Je souhaite découvrir les lieux où ma musique de prédilection est née et, pour revenir à mon métier, faire la connaissance de musiciens locaux et jouer avec eux.
Découvrir une autre manière de jouer leur musique…

Penses-tu que le fait d’être une européenne et, à fortiori, une italienne est un handicap pour pouvoir s’imposer dans ce registre musical ?
Oui je le pense… surtout, chez moi, en Italie…
Cependant, je ne veux pas me décourager car j’aime ce que je fais et j’adore la musique que je pratique.
Nous la jouons de manière authentique et vivons, au quotidien, comme le public peut nous voir lorsque nous sommes sur scène. La musique n’a rien à voir avec l’endroit où tu es né et où tu as vécu. C’est une chose que tu portes dans le cœur et dans tes sentiments. Si je chante du blues, j’ai le droit de le faire comme une chanteuse noire-américaine. Je veux simplement que les gens m’écoutent… et qu’ils apprécient ma manière de le faire.

Penses-tu, à un certain niveau, porter le blues italien ?
Mmmm… oui !
Je dois t’avouer que lorsque je vois mon nom sur le programme d’un festival tel que celui de Cognac… cela me rend orgueilleuse !
Nous sommes, aujourd’hui, l’un des très rares groupes italiens à pouvoir nous prévaloir de participer à de grands Festivals européens. Pour moi, cela veut vraiment dire quelque chose…
C’est la preuve que notre musique est vraiment prise au sérieux…

Quels sont les artistes que les membres du groupe écoutent le plus actuellement ?
Max est un grand admirateur du Reverend Gary Davis alors qu’Alessandra voue un culte à Nina Simone, Charles Mingus (album « Blues & Roots ») et Billie Holiday. Pour ma part, je me délecte toujours autant de tout le répertoire de Memphis Minnie.

Souhaiterais-tu ajouter une conclusion à cet entretien ?
Merci à toi qui nous aide à faire découvrir notre musique en France. Je tiens, sincèrement, à saluer les auditeurs de ton émission et tous les lecteurs assidus de ton site internet… merci encore !

Remerciements : Alain Michel  (P Box Blues)

www.redwineserenaders.it
www.myspace.com/veronicasbergia

 

 

 

 
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Les liens :

redwineserenaders.it
myspace.com/veronicasbergia

Interview réalisée
au Cognac Blues Passions
le 7 juillet 2011

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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