Vigon, peux tu te présenter, d'où
viens tu ?
Je viens du Maroc
.
Est-ce dans ce pays que tu as passé ton
enfance ?
Oui, je suis resté au Maroc jusqu'à l'âge de 15 ans
puis je suis venu en France.
Qu'écoutais tu lorsque tu étais
enfant au Maroc ?
Du rock et du rythm'n'blues.
Par quel biais avais tu accès à
cette musique, y avait-il des amateurs de ces styles au Maroc ou bien
y avais tu accès grâce aux radios françaises ou américaines
?
C'était grâce aux bases américaines, j'y travaillais.
Je chantais là bas et j'ai découvert cette musique de bonne
heure, c'est à dire avant qu'elle n'arrive en France car elle était
déjà présente dans les bases américaines.
C'est pour cela que lorsque je suis arrivé en France j'étais
à la page en matière de rock et de rythm'n'blues.
C'est après avoir découvert le rythm'n'blues
que tu as commencé à chanter ou bien chantais tu déjà
auparavant ?
C'est quand j'ai découvert le rythm'n'blues que j'ai commencé
à chanter.
Quelles ont été tes premières
influences ?
Ray Charles, Little Richard, Fats Domino, The Platters comme tout le monde,
tous les tubes de l'époque
.
Quelle était la réaction des soldats
américains vis à vis de ce jeune chanteur de rythm'n'blues
et de rock marocain que tu étais ?
Cela leur faisait plaisir car j'allais les voir tous les samedis, c'était
le jour où ils pouvaient danser.
J'y allais donc chaque semaine et je m'y suis fait plein de copains, ça
marchait tout le temps.
Est
ce qu'il s'agissait déjà de contrats professionnels ou de
contrats amateurs ?
C'était payé mais je faisais cela plus pour le plaisir.
Il y avait tout un orchestre, nous étions rémunéré
mais ce n'était pas énorme
.
Ton arrivée en France était-elle
un choix afin de donner plus d'élan à ta carrière
?
Non, je suis arrivé en France par hasard, en y venant en vacances
avec des amis. J'ai découvert le Golf Drouot et c'est de là
que tout est parti.
C'est au Golf Drouot que tu as fait tes premiers
pas en France ?
Oui c'est grâce au Golf.
Quels étaient tes premiers contacts ici
à Paris ?
Le premier était Henri Leproux, le deuxième était
d'avoir trouvé l'orchestre les Lemons avec Michel Jonasz à
l'orgue.
Peux tu nous parler de ta rencontre avec le groupe,
de votre constitution et du choix de votre répertoire ?
Je suis allé un dimanche après-midi chez Henri Leproux au
Golf Drouot à qui j'ai demandé si je pouvais chanter comme
une publicité dans le journal Cinémonde invitait les jeunes
artistes à le faire.
Il m'a dit oui sans problème, ce soir là il y avait Ronnie
Bird qui chantait. Je suis monté sur scène rejoindre le
groupe et j'ai chanté quelques rocks avec eux.
Comme ça a bien marché on m'a dit de revenir le vendredi.
Quand je suis revenu, le vendredi en question, j'ai chanté avec
un groupe qui s'appelait les Silver Stars avec comme pianiste un certain
Alain Chamfort qui était très jeune.
En descendant de scène j'ai croisé un groupe qui cherchait
un chanteur, comme ils étaient les premiers à me le proposer
j'ai dis d'accord, c'était Michel Jonasz et ses comparses
.
Il n'était que organiste à l'époque
?
Il ne voulait surtout pas chanter, son truc c'était de jouer du
piano. Mais venant du Maroc mes trois mois venaient à expiration
.
Nous avons habité ensemble pendant un an et allions tous les vendredis,
samedis et dimanches au Golf Drouot pour jouer.
C'était notre plaisir, nous ne faisions que ça !
Peux tu nous parler de vos enregistrements communs
?
Oui nous avons enregistré " Bama Lama Bama Loo " de Little
Richard, " Dizzy Miss Lizzy " de Larry Williams, " Hound
Dog " etc
.
Il s'agissait de disques enregistrés pour la firme Barclay.
Y-avait il aussi des titres en français
dans votre répertoire ?
Non, il n'y avait que des titres en anglais.
Nous aimions cela et nous sommes restés ensemble 2-3 ans (de 1964
à 1967, Nda).
Peux tu nous parler de l'ambiance qui régnait
entre les groupes au Golf Drouot, y avait il de la concurrence ou bien
était ce " bon enfant " ?
Je n'ai pas constaté de concurrence à l'époque, tout
le monde était heureux de jouer. Le public était là
pour chauffer avec nous la salle.
Après les Lemons as tu connu d'autres groupes ou as tu mené
d'emblée une carrière solo ?
J'ai trouvé un contrat au Bus Paladium avec d'autres musiciens
avec lesquels je suis resté 3 ans, cela marchait très bien.
Puis Johnny Hallyday m'a proposé de faire sa première partie
tout en devenant son choriste aux côtés de Nanette Workman.
C'était à l'époque de la tournée " Johnny
Circus " en 1972.
Il était prévu de faire de nombreux concerts mais le nombre
de galas a été considérablement réduit car,
par malchance, nous avons eu beaucoup de problèmes.
Après cela as tu recommencé à
te produire sous ton nom ?
Oui, j'ai continué tout seul.
Peux tu nous en dire plus sur ton cursus car on
a un peu perdu ta trace après ton aventure avec les Lemons ?
C'est tout simple je suis parti pour jouer deux semaines au Maroc et finalement
j'y suis resté en jouant 23 ans tous les soirs. Cela ne fait que
5 ans que je suis rentré à Paris
.
Peux tu nous parler de la scène rock et
rythm'n'blues marocaine, y-a t-il beaucoup de clubs et d'artistes qui
s'y produisent ?
J'étais à Agadir et je n'ai jamais vu une ville avec autant
d'artistes. Ceci parce qu'il y a de nombreux hôtels pour touristes
et dans chaque hôtel il y a un artiste qui travaille. Il y a de
tout, comme ici en France, musiques actuelles le hit parade etc
.
En revenant en France as tu recommencé
immédiatement à te reproduire ?
Une semaine après mon retour en France j'ai retrouvé un
contrat avec Monsieur Lelouch à L'American Dream.
Cela fait 5 ans que je chante tous les soirs là-bas.
Le grand public t'a retrouvé l'année
dernière à l'occasion du concert " Les Pionniers du
Rock français, le retour ! " le 20 juin 2004 à l'Olympia,
que peux tu dire sur tes contacts avec Jean-Claude Marionneau (producteur
du show, Nda) et sur le travail en amont du spectacle ?
Jean-Claude est venu me voir à l'American Dream et m'a dit : "
On monte un spectacle sur les années 60 ", j'ai répondu
ok sans problème je suis prêt.
Je ne le regrette pas car j'ai passé une soirée où
il y avait tous les anciens donc l'ambiance Golf Drouot - Bus Paladium
- Locomotive je l'ai retrouvé dans une seule soirée.
C'était magique comme tu as pu le constater puisque tu y étais.
Qu'est ce que cela t'avais fait de retrouver une
salle de 2000 places et un grand groupe avec cuivres au diapason derrière
toi ?
C'était touchant car j'étais le premier en France à
avoir un grand orchestre avec cuivres à l'époque.
De 1970 à 2004 je n'avais pas chanté avec un orchestre,
je chantais avec des bandes
.
J'ai vraiment eu un grand plaisir d'être devant les gens et que
ça sonne de cette façon. J'avais perdu l'habitude et je
suis très heureux de l'avoir retrouvé !
Y-a t-il des artistes que tu n'avais pas vu depuis
longtemps que tu as retrouvé et comment se sont passé les
contacts ?
Justement pour cela je remercie Jean-Claude Marionneau de nous avoir réuni
pour que l'on se revoit.
Il y en a qui ont grossi, certains n'ont plus de cheveux, d'autres sont
grand pères comme moi.
En plus j'étais dans la même loge que Burt Blanca qui est
un ami que je n'avais pas vu depuis les tournées de l'époque.
J'ai même proposé à Jean-Claude de faire une tournée
en province sous cette formule. Ce serait fantastique et c'est paraît-il
en projet
.
Il se pourrait que tu enregistres un album prochainement,
quelle couleur musicale souhaiterai tu lui donner ?
C'est en pourparler avec Jean-Claude
.
Comme je suis resté 23 ans à Agadir qui est une ville berbère
et comme je suis berbère j'ai proposé à Jean-Claude
de produire des titres en arabe et en berbère.
Je vais te donner une copie de ce que je souhaite faire, j'attends Jean-claude,
c'est lui qui décide.
Il
s'agirait de morceaux originaux alors ou bien de reprises ?
Il y aurait de reprises de morceaux populaires marocains des années
50 mais remis au goût du jour revisités rythm'n'blues, dance
et tout ce que l'on fait de nouveau aujourd'hui.
A mon âge ou ça passe ou ça casse, en attendant je
chante ces chansons tous les soirs au public qui vient me voir.
Les gens te connaissent par rapport à un
certain répertoire, quelle est alors leur réaction quand
tu chantes en arabe ?
Quand on me connaît on me regarde, mais quand on me connaît
pas on danse quelle que soit la langue.
En dehors de l'album, quels seraient les souhaits
que tu souhaiterais concrétiser ?
Ma vie a toujours été le hasard
.
J'ai rencontré Jean-Claude il m'a proposé de me produire
dans ses studios, j'attend c'est tout, je ne suis pas pressé, j'ai
attendu des années à Agadir
.
Déjà il y a le DVD et le CD du concert de l'Olympia, c'est
un bon échantillon bien fait.
On verra pour la suite, la vie est belle
.
Inch Allah
Inch Allah (rires).
Remerciements: Noémie, David & Jean-Claude d'IT Production.
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